Advertisement
max-ou

Trois articles sur l'affaire Adama Traoré (2020-2022)

Sep 5th, 2023 (edited)
30
0
Never
Not a member of Pastebin yet? Sign Up, it unlocks many cool features!
text 20.37 KB | None | 0 0
  1. Sur le Web: Affaire Traoré, la contre-enquête:
  2. https://leforum.culturepsg.com/index.php?s=39f9fa7ee39bf22a4a812243abf82961&showtopic=7084&st=30800&p=3926282&#entry3926282
  3.  
  4. ===
  5.  
  6. Le Point.fr, no. 202006
  7. dimanche 28 juin 2020 530 words
  8. Que veut (vraiment) Assa Traoré ?
  9.  
  10. Par Michel Richard
  11.  
  12. CHRONIQUE. La vérité sur la mort de son frère Adama en 2016 sans doute. Mais pas la paix civile. La justice n'y est pas pour rien.
  13.  
  14. « Adama Traoré sort dans la rue sans sa pièce d'identité, on l'abat. Un de nos frères sort dans la rue sans sa pièce d'identité, on peut l'abattre. Ce sont des restes coloniaux qui sont là depuis l'esclavage. Et mon frère va mourir de ces restes coloniaux qu'on défend aujourd'hui. »
  15.  
  16. Ainsi parle Assa Traoré, la soeur d'Adama mort en juillet 2016 dans des conditions encore controversées après son arrestation par des gendarmes. Des propos qui sont non seulement insensés, mais qui posent la jeune femme en ennemie déclarée de ce qu'est la France, de ce qu'elle veut être et de ce qu'elle fait, même quand elle ne fait pas tout bien.
  17.  
  18. Amalgame
  19.  
  20. Que Assa Traoré se batte pour éclaircir les circonstances de la mort de son frère, et même pour l'innocenter, on peut le comprendre. Qu'elle exagère, enjolive les faits pour mieux servir sa cause, et en passe d'autres soigneusement sous silence, on peut même l'en excuser. On pourra y voir son sens de la famille et l'attachement, forcément un peu aveugle, à son frère.
  21.  
  22. Mais qu'elle invente, extrapole, bouscule les faits, réinvente l'histoire et même l'Histoire, voilà toutes les limites de son militantisme, de plus en plus radical, de plus en plus politique, pour transformer son frère en martyr, en icône, ce qu'il n'est assurément pas.
  23.  
  24. Celle qui devient une icône, c'est elle, au point de recevoir une distinction de la part d'une chaîne américaine saluant son engagement « pour le bien-être de la communauté noire mondiale ». On n'y trouverait rien à redire si son combat était contre le racisme et les violences policières sans procéder allégrement à des amalgames qui, mélangeant tout, pervertissent la légitimité de la cause et manipulent les esprits.
  25.  
  26. Slogan simpliste et réducteur
  27.  
  28. Une fresque peinte sur un mur de la ville de Stains représente Adama Traoré aux côtés de George Floyd, cet Américain mort sous le genou d'un policier, et les confond sous une même bannière « contre le racisme et les violences policières ». C'est un slogan pour le moins simpliste et réducteur. On ne s'attaque bien aux maux qu'en les nommant justement. Tout n'est pas comparable, même si le racisme et des violences policières existent en France.
  29.  
  30. Enflammée par son combat et l'ampleur qu'il prend, Assa Traoré en fait toujours plus. Sa tournée dans plusieurs lycées de Seine-Saint-Denis (à l'image de ces quelques survivants de la Shoah instruisant les jeunes d'une horreur historique !) vient d'être arrêtée par le rectorat, effarouché tout de même par la teneur de ses propos. Peut-être y verra-t-elle un signe de plus de cette répression dictée par des « restes coloniaux ». Peut-être se sentira-t-elle confortée dans le radicalisme de son combat. Mais il faut dire aussi qu'on a laissé en elle grandir cette rage et enfler tous les soupçons. Quatre ans après les faits, la justice en est encore à devoir entendre de nouveaux témoins. Pas de quoi donner confiance.
  31.  
  32.  
  33. ==============================
  34.  
  35.  
  36. Le Point.fr, no. 202209
  37. mercredi 7 septembre 2022 761 words
  38. Dissensions autour du comité « Vérité pour Adama »
  39.  
  40. Par Erwan Seznec
  41.  
  42. L'association contre les violences policières créée par Assa Traoré, en 2016, à la suite du décès de son frère, est de plus en plus critiquée. Jusque dans son propre camp.
  43.  
  44. L'attaque est d'autant plus sévère qu'elle vient d'alliés présumés. Le 2 septembre, le site desarmons.net, qui se donne comme objectif officiel l'abolition pure et simple des forces de l'ordre, a mis en ligneun texte au vitriol, dénonçant ce qu'il considère comme des dérives du comité Adama : starification excessive d'Assa Traoré, opportunisme médiatique, intimidations, violences verbales, paranoïa, la charge est lourde.
  45.  
  46. Les auteurs précisent qu'ils ont reporté pendant deux ans le moment de manifester leurs désaccords, pour ne « pas donner du grain à moudre à la droite et l'extrême droite ». Le collectif étant anonyme et ne donnant aucune information sur sa représentativité, son mouvement d'humeur pourrait être considéré comme négligeable, s'il ne venait pas confirmer un malaise grandissant autour ducomité Adama.
  47.  
  48. Adama, une marque déposée
  49.  
  50. Ce dernier a été créé en 2016, à la suite de la mort d'Adama Traoré lors d'une interpellation par les gendarmes, à Beaumont-sur-Oise, le 19 juillet. Très vite, le comité s'est imposé médiatiquement parmi tous ceux qui dénoncent les « bavures » et les violences des forces de l'ordre. Son succès doit beaucoup à la figure charismatique d'Assa Traoré, demi-soeur du défunt. Coachée par des militants d'extrême gauche expérimentés (Youcef Brakni, Samir Elyes), adoubée par des intellectuels médiatiques comme Geoffroy de Lagasnerie (qui a cosigné un livre avec elle, Le Combat Adama, Stock, 2019), Assa Traoré a capté la lumière. Jusqu'à figurer à la une de l'édition européenne du magazine américain Time, en décembre 2020, comme « gardien de l'année » (« gardien » désignant une vigie des droits civiques).
  51.  
  52. Parallèlement, au fil des années, son comité s'est professionnalisé. La marque « Adama » a été déposée à l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi) le 30 septembre 2016, comme propriété collective de dix membres de la famille Traoré, déclinable en photographies, cartes, objet d'art, serviette de toilettes en papier, etc. En mars 2021, Assa Traoré a créé une société,Doumbé Productions, enregistrée au tribunal de commerce de Pontoise (Val-d'Oise), dans le but probable de réaliser un biopic sur son frère, voire sur elle.
  53.  
  54. Le comité ne goûte guère la concurrence médiatique. En privé, des militants déplorent souvent sa tendance à organiser une hiérarchie de fait entre les victimes présumées de violences policières. « Le Comité Adama fait cavalier seul et mène sa révolution sur les réseaux sociaux, invisibilisant le combat d'autres familles ou en s'en attribuant les mérites », déplore desarmons.net.
  55.  
  56. Onze expertises, aucune mise en examen
  57.  
  58. Autre grief formulé par desarmons.net, et qui revient souvent : l'agenda politique du comité Adama deviendrait un peu trop voyant. Après avoir beaucoup fréquenté LaFranceinsoumise, en particulier par l'intermédiaire deTaha Bouhafs, ses militants se sont rapprochés des écologistes, allant jusqu'à organiser en juillet 2020 une surprenantemarche communecontre les violences policières et pour le climat, avec l'association Alternatiba. L'initiative avait suscité descommentaires très réservéssur les réseaux sociaux.
  59.  
  60. Il y a enfin un problème fondamental que desarmons.net esquive, sans doute délibérément. Adama Traoré est supposé incarner toutes les victimes des violences policières alors que son dossier, sur le plan judiciaire, est fragile. Après six ans d'instruction, aucune mise en examen n'a été prononcée. Dix expertises et contre-expertises médico-légales n'ont dégagé aucun élément établissant une faute quelconque d'un gendarme. Les magistrats instructeurs successifs ne négligeant aucune piste, uneonzième expertiseest en cours depuis juillet 2021, mais il parait peu probable qu'elle rebatte entièrement les cartes. Les experts à l'oeuvre vont relire les conclusions de leurs prédécesseurs, sans pouvoir examiner le corps, inhumé après la deuxième expertise.
  61.  
  62. « Amal Bentounsi a créé le collectif Urgence - Notre police assassine lorsque son frère a été tué en 2012 par un policier d'une balle dans le dos », rappelle un bon connaisseur des violences policières. « Le fautif a été mis en examen, jugé. Il a pris cinq ans avec sursis en appel. Concernant Adama Traoré, l'enquête ne donne rien, mais Assa insiste pour que le nom de son frère à elle apparaisse en plus grand que celui des autres sur les tee-shirts ou les affiches des opérations communes à tous les comités et associations ! Amal Bentounsi ne lui parle plus, ses soutiens dans la sphère militante se raréfient. » La page Facebookd'Urgence-Notre police assassine est illustrée par une galerie de portraits d'hommes décédés lors d'opération de police. Adama Traoré n'y figure pas.
  63.  
  64. Contactées, ni Amal Bentounsi ni Assa Traoré n'ont souhaité s'exprimer.
  65.  
  66.  
  67.  
  68. ==============
  69.  
  70.  
  71.  
  72. Le Point.fr, no. 202209
  73. mercredi 21 septembre 2022 553 words
  74. Affaire Adama Traoré : la mère d'un gendarme mis en cause rompt le silence
  75.  
  76. Par Julie Malaure
  77.  
  78. EXTRAIT. La mère d'un gendarme accusé par le comité Adama pointe les incohérences de ce dernier dans un livre, « Mon fils n'est pas un assassin ».
  79.  
  80. La mort du jeuneAdama Traoré, le 19 juillet 2016, lors d'une interpellation policière à Beaumont-sur-Oise, a été érigée en symbole des violences policières. Une affaireGeorge Floydà la française, judiciaire, politique, médiatique, hautement inflammable. Son souvenir est entretenu par le comité Adama, dont le porte-voix est la demi-soeur du défunt,Assa Traoré. En face, la gendarmerie a choisi le silence. Le gendarme qui commande l'équipe d'interpellation se nomme Romain Fontaine. Sa mère, Virginie, s'est résolue à témoigner, parce qu'elle vivait le matraquage médiatique autour de l'affaire comme un cauchemar, doublé d'une profonde injustice. Dans ce dossier, après six ans d'instruction et onze expertises médicales, aucune mise en examen n'a été prononcée. De nombreux témoignages accréditent la version des gendarmes. Pourtant, dans l'opinion, le nom d'Adama Traoré est devenu synonyme de bavure des forces de l'ordre. Virginie Gautier ne parle pas au nom de son fils. Elle n'a pas eu accès au dossier d'instruction. Mais, pendant des années, elle a relevé toutes les incohérences du comité. Elle cosigne avec le journaliste du Point Erwan Seznec Mon fils n'est pas un assassin.
  81.  
  82. EXTRAIT
  83.  
  84. « Assa Traoré et ses soutiens ne manquent jamais une occasion de le rappeler, Adama Traoré a été ciblé parce qu'il était noir. Il est tombé sous les coups d'un "système répressif et raciste". En réalité, plusieurs des six gendarmes (répartis en deux équipes) qui ont interpellé Adama Traoré le 19 juillet 2016 étaient issus de l'immigration ou de l'outre-mer. Deux d'entre eux étaient noirs. Les gendarmes ont choisi de ne pas mettre ce fait en avant pour se défendre contre les attaques qui les ciblaient, ce qui est conforme aux principes républicains. Qu'il s'agisse des forces de l'ordre ou de la population, la couleur de peau n'entre pas en ligne de compte quand il s'agit de faire respecter les lois, qui sont les mêmes pour tous. L'information a néanmoins fuité, et il est très peu probable qu'elle ne soit pas parvenue jusqu'au comité Adama. »
  85.  
  86. « La scène se déroule lors d'une manifestation àParis, en 2018, à une date imprécise. Assa Traoré lance au mégaphone : "EnAfrique, ils vont renverser le président, ils renversent le palais, ils rentrent dans le palais. Ça se passe comme ça en Afrique, pourquoi ça ne devrait pas se passer comme ça en France ? On est très nombreux, on est forts, on est plus forts."Les images sont restées longtemps disponibles sur les réseaux sociaux. Aucun des médias qui soutient l'égérie du comité Vérité pour Adama n'en a parlé. Aucun ne lui a demandé ce qu'elle entendait exactement par « renverser le président ». C'était superflu. Le propos, très clair, renvoie à une évidence : la mouvance qui soutient Assa Traoré veut la révolution. Elle est non-violente faute de moyens, et non pas faute d'envie [...]. Tout le comité Adama flirte en permanence avec les appels à la violence, rebaptisée "rébellion", alors qu'il s'adresse en connaissance de cause à un public de banlieue qui a déjà du mal à intégrer les limites de la légalité. »
  87.  
  88. Mon fils n'est pas un assassin, de Virginie Gautier, avec Erwan Seznec (Robert Laffont, 252 p., 19 EUR). Parution le 29 septembre.
  89.  
  90.  
  91. ========
  92.  
  93.  
  94. Le Point.fr, no. 202103
  95. Justice, mardi 9 mars 2021 1239 words
  96. Affaire Traoré : les avocats des gendarmes dénoncent des « contre-vérités »
  97.  
  98. Par Valentine Arama
  99.  
  100. La famille d'Adama Traoré, mort en 2016 après son arrestation par deux gendarmes, a versé au dossier une nouvelle expertise à charge pour les militaires.
  101.  
  102. Attaque et contre-attaque. Alors que la famille d'Adama Traoré, le jeune homme de 24 ans mort en marge de son interpellation dans le Val-d'Oise en juillet 2016, a versé une nouvelle expertise à charge pour les gendarmes impliqués dans l'arrestation, leurs avocats ont décidé de répondre par voie de communiqué. « Comme à l'accoutumée, les parties civiles ont réclamé, sans aucun contradictoire, un énième avis médical à des médecins qu'elles ont préalablement sélectionnés seules. [...] Les gendarmes n'ont aucune connaissance de son contenu et sont donc dans l'impossibilité de répondre sur le fond à ces nouvelles contre-vérités », écrivent les trois avocats des gendarmes, Mes Pascal Rouiller, Sandra Chirac-Kollarik et Rodolphe Bosselut.
  103.  
  104. Les avocats de la défense parlent bien d'un « avis médical », estimant qu'il ne s'agit à proprement parler pas d'une « expertise » dans la mesure où le rapport n'a pas été mandaté par la justice. Un point que conteste vivement Me Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille Traoré, qui rappelle que la loi française autorise les parties à fournir des expertises médicales diligentées à leur demande. « Cette expertise a la même valeur que tous les autres éléments », martèle Me Bouzrou, qui souligne aussi le fait qu'en France il n'existe pas de hiérarchie entre les preuves et qu'il reviendra au magistrat instructeur d'apprécier cette dernière expertise versée à la procédure et cotée au dossier.
  105.  
  106. Absence de contradictoire
  107.  
  108. Dans ce nouveau rapport, le docteur Johan Le Guilloux, désigné par la famille Traroré, s'est appuyé sur les conclusions de huit experts français et internationaux. Il conclut que la mort a pour cause principale l'interpellation au sol du jeune homme sous le poids des gendarmes, aggravée par un manque d'oxygène lié à la fuite et au stress. « C'est bien le plaquage ventral lors de son interpellation qui a conduit au décès d'Adama Traoré », renchérit Me Bouzrou.
  109.  
  110. À LIRE AUSSIEXCLUSIF. Adama Traoré, la contre-enquêteProblème, selon les trois avocats de la défense : « l'avis » n'étant pas sollicité par les juges d'instruction, il ne retient pas le contradictoire, comme il est, selon eux, d'usage en matière d'expertise médicale. « Normalement, les expertises sont réalisées par des experts désignés, qui prêtent serment et ont accès à l'ensemble des pièces. Toutes les parties sont interrogées pour savoir si elles souhaitent poser telle ou telle question », explique Me Rodolphe Bosselut au Point. Et l'avocat des gendarmes de préciser : « Les experts mandatés par la famille Traoré, je ne sais pas s'ils sont payés ni ce qu'on leur a donné comme documents... Il y a un manque de transparence. »
  111.  
  112. « Une instruction médiatique »
  113.  
  114. « Il est vrai qu'il est plus facile d'obtenir ce que l'on souhaite en posant soi-même les questions à des personnes choisies, et en leur confiant des documents préalablement sélectionnés. [...] Il serait bien curieux que, dans de telles conditions, les conclusions attendues ne soient pas obtenues... », écrivent en outre les trois avocats dans leur communiqué, estimant que ces méthodes violent « tous les principes essentiels et les garanties de la procédure pénale ». L'avocat de la famille Traoré rétorque de son côté que la liste des documents communiqués aux médecins figure bien dans l'expertise versée au dossier et qu'elle est donc consultable par l'ensemble des parties.
  115.  
  116. Dans leur communiqué, les avocats des gendarmes dénoncent aussi le fait que les parties civiles ont pris le soin d'adresser cet avis médical à la presse, selon eux pour « s'assurer de son retentissement » dans le seul but de « mener une désinformation médiatique ». Un point que dément encore Me Bouzrou, qui qualifie les propos de « diffamatoires », expliquant avoir tout fourni au juge et ne pas être responsable d'éventuelles fuites dans la presse.
  117.  
  118. La famille Traoré estime qu'elle est aux prises avec une justice raciste.
  119.  
  120. « Depuis le début, cette famille a décidé de faire une instruction médiatique », assure toutefois Me Rodolphe Bosselut, avant d'ajouter : « La famille Traoré estime qu'elle est aux prises avec une justice raciste. Mais les investigations menées depuis 2016 le montrent : il n'y a pas de violences policières. Le dossier est ouvert sur le grief de "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Or toutes les constatations des médecins légistes ont établi qu'il n'y avait pas trace de la moindre violence. »
  121.  
  122. Tous les avis concluent à une mort par asphyxie
  123.  
  124. Le rapport d'autopsie d'Adama Traoré a en effet conclu à « l'absence de lésions évocatrices de violences récentes ». Me Bouzrou déposera d'ailleurs une nouvelle plainte pour « non-assistance à personne en péril » : « le choix de ne pas retirer à Adama les menottes qu'il portait alors qu'ils avaient nécessairement conscience que le fait d'être entravé gênait la respiration de M. Traoré », avait-il indiqué en juin 2020 au Point. Reste qu'après des années d'investigations, d'auditions de témoins, de géolocalisation, d'exploitation d'images de vidéosurveillance et de téléphonie, d'expertises et de contre-expertises les parties continuent de s'opposer sur l'élément central du dossier : les causes mêmes de la mort d'Adama Traoré.
  125.  
  126. À LIRE AUSSIAffaire Adama Traoré : le contenu de l'audition de l'un des témoins clés révéléSi tous les avis concluent à une mort par asphyxie, ils divergent sur son origine. Mais, selon Me Bouzrou, il existe aujourd'hui plus de rapports de synthèse d'expertises médicales qui tendent vers la responsabilité des gendarmes. Sur cinq expertises, quatre iraient en effet dans ce sens. (Une sixième expertise, versée en mai 2020, exonérait les gendarmes. Elle a cependant été annulée pour vice de procédure.) Sur ces six expertises, trois ont été mandatées par le juge d'instruction, les trois autres - dont la dernière - par la famille Traoré.
  127.  
  128. La guerre des expertises
  129.  
  130. La première expertise, qui date de septembre 2018, formulait l'hypothèse d'une « défaillance cardiaque » due à une malformation. Une contre-expertise, produite en mars 2019 à la demande de la famille Traoré et menée par un collège de quatre experts, a quant à elle écarté la maladie comme cause possible du décès. Le nouvel avis, rendu en mai 2020 (qui sera par la suite annulé), avançait la piste d'une réaction en chaîne à la suite d'un effort important, allant plutôt dans le sens des gendarmes : une course poursuite de plus de quinze minutes sous une forte chaleur aggravée par deux maladies bénignes dont Adama Traoré était atteint.
  131.  
  132. La partie civile répondra par un nouvel avis défavorable aux gendarmes en juin 2020, puis des médecins belges seront désignés par les magistrats instructeurs. Ces derniers rendent leur rapport en janvier 2021 et évoquent un lien possible entre la mort d'Adama Traoré et son interpellation par les militaires. Vient ensuite la dernière expertise mandatée par la famille Traoré, très largement contestée par la défense.
  133.  
  134. Les avocats des gendarmes annoncent leur intention de porter plainte
  135.  
  136. Dans leur communiqué, les trois avocats des gendarmes rappellent qu'Assa Traoré, la soeur d'Adama, a été condamnée le 26 février dernier pour avoir porté atteinte à la présomption d'innocence des gendarmes, qu'elle avait accusés sur Facebook d'avoir « tué » son frère. Ils estiment que, depuis l'arrêt de la cour d'appel de Paris, un véritable « lynchage médiatique » a été mis en place à l'encontre des militaires, dont les noms et prénoms auraient été diffusés sur Twitter. Ils annoncent qu'ils comptent déposer une plainte « face au durcissement de ces méthodes et à l'intensité des nouvelles mises en cause », ajoutant que « le mépris des décisions de justice est total ».
  137.  
  138.  
  139.  
  140. ========
  141.  
  142.  
  143.  
Advertisement
Add Comment
Please, Sign In to add comment
Advertisement