Advertisement
Guest User

Untitled

a guest
Feb 23rd, 2020
502
0
Never
Not a member of Pastebin yet? Sign Up, it unlocks many cool features!
text 7.16 KB | None | 0 0
  1. Merci pour ce texte un peu plus argumenté auquel je vais tenter de répondre et qui donne sans ambiguité ton orientation politique (je me permets le tutoiement) et sans doute idéologique. Ce n'est pas un reproche, bien au contraire, il s'agit là de la démonstration textuelle de tes opinions et cela ne peut que me satisfaire puisque nous ne faisons pas encore partie de ceux qui doivent échapper à la censure ou aux crimes de leurs pays respectifs. Cependant, la normalisation, la surveillance, voire la répression auxquels beaucoup aspirent de plus en plus mérite d'être un peu plus questionnés.
  2.  
  3. Pour cette raison, je souhaite poser un préalable à notre discussion. Nous venons d'entamer un dialogue et je m'en félicite. Nous n'avons pas les mêmes opinions. Cela me semble assez clair. Mais nous avons la même démarche et c'est le plus important. Cette démarche, c'est à mes yeux de se parler. Je suis prêt pour ma part à rencontrer un interlocuteur autrement que sur le net sous couvert d'un respect réciproque cela va de soi. Remettre un peu de sociabilité dans un monde de plus en plus atomisé ne me paraît pas superflu. Je suis donc disponible pour boire un verre si tu le souhaites. J'ai d'ailleurs des amis qui ont des opinions littéralement opposées aux miennes (y compris racistes), je les vois quotidiennement en buvant une bière par exemple et nous avons appris à nous connaître, à essayer de "lire entre les lignes", de chercher à comprendre pourquoi tel individu a tel comportement (une agression), pourquoi il se passe tel ou tel événement dans un quartier (une série de "préjudices" au sans large dans le notre) ou dans un pays (le mouvement des gilets jaunes). Tout cela n'est pas anodin et mérite de l'attention. Pourquoi . Comment ? Qui ? Avec qui ? Contre qui ? Etc... Mais cela signifie que si de "bons français de souche" peuvent se parler, essayer de se comprendre pourquoi en serait-il autrement entre migrants et français, et bien sûr entre français d'origine sociales et culturelles différentes ?
  4. Voilà pour une introduction un peu longue, j'en conviens. Venons-en maintenant à ton argumentation.
  5. Tu dis d'abord que "la classe sociale ne désigne pas la nature de l'individu". Dois-je entendre par là qu'elle ne le détermine pas dans son savoir-être, son son savoir-faire ? N'agit-elle pas de façon déterministe sur la trajectoire de vie d'un individu, sur son enfance, sa scolarité, ses choix de vie ? Personnellement je le pense et je m'appuie pour cela sur le concept d' "habitus" de Bourdieu (que tu connais j'en suis sûr).
  6. Tu dis ensuite que "la pauvreté est plus propice au larcin que l'opulence ". C'est vrai. Mais en retour je crois que l'opulence est plus propice à l'emprise, à l'exploitation, aux détournements de fonds, aux non-déclarations d'impôts... Ce sont des larcins de "riches", d'opulents comme tu dis. Mais ces larcins de riches ne méritent ils pas d'être poursuivis ? Or je ne les vois guère condamnés. Je les vois même bien souvent magnifiés, voire exemplarisés et la plupart du temps déniés ou occultés par les mêmes personnes d'ailleurs qui condamnent les voleurs de cigarettes.
  7.  
  8. Entendons-nous bien. Je n'excuse pas les petits délits à répétition qui gangrènent notre vie quotidienne. Ils méritent d'être sanctionnés et pour ce qui concerne leurs auteurs ils méritent d'être "accompagnés" pour reprendre un terme éducatif. Car il ne s'agit pas de confondre l'acte et son auteur. Un "accompagnement" cela passe par de l'éducation, de la prévention, de l'écoute, parfois des soins, mais aussi un cadrage y compris la sanction. C'est autre chose que de résoudre les délits à répétition par un principe de répression ou la création de nouvelles prisons. Il ne s'agit pas non plus comme tu le sous-entend d'une question d'approche idéologique, socialiste ou libérale, mais d'une approche relationnelle de la personne et cela est bien plus complexe à mettre en oeuvre (mais plus payant à terme) que de poser (ou de condamner) des principes idéologiques. Quand on vit en société entre êtres humains, on ne coche pas des cases comme dans un catalogue de tests pour savoir si l' "autre" vit bien ou mal, c'est plus compliqué.
  9. Tu me dis aussi "moralisateur et culpabilisateur ". Soit. Je l'assume. Je n'ai pas à contester ton ressenti, il t'appartient. Mais sache que j' assume d'autant plus mon "ton moralisateur" qu'il cherche à contrer une idéologie moralisatrice. Je préfère un ton moralisateur au service de la justice (mon idéal) qu'une idéologie moralisatrice qui par définition protège une élite qu'elle soit religieuse, sociale ou politique. Tu ajoutes que j'ai un ton culpabilisateur. Cela aussi je l'assume. C'est la preuve que j'ai touché à quelques-unes de tes failles argumentaires qui se voient à la lecture de tes courriers successifs. J'ai cependant un regret et une crainte. Je t'estime et je ne souhaite pas que tu prennes ce ton comme une marque d'agressivité de ma part. Si c'est le cas, je m'en excuse.
  10.  
  11. Quelques mots sur la fin de ton courrier.
  12. Tu as parfaitement raison quand tu dis que les actes que tu évoques ne doivent pas être banalisés, mais moins quand tu parles d' "âme charitable" à mon égard. Je ne suis pas une âme charitable (je laisse ce vocabulaire aux églises). Je ne suis pas quelqu'un qui jette une pièce aux miséreux en se donnant bonne conscience, en leur enjoignant de se nourrir avec une pièce jaune et de quitter le centre ville. J'ai une autre conception de la dignité humaine et de sa propre éthique personnelle. Je crois être une personne accueillante et solidaire, c'est tout.
  13. Autre propos de ta part. L'accusation d'un défaut d' "étiquetage" ne permettant pas de rendre la vie aux victimes que tu évoques. J'avoue mal comprendre ces propos. Mais si je les reprends au premier degré, je ne peux te répondre que je ne vois pas en quoi l' "étiquetage" de ces mêmes personnes rendra la vie à ces victimes. Je préfère toutefois par correction envers elles m'abstenir de commentaires qui pourraient s'avérer mal-venus (une forme de récupération ou d'utilisation douteuses par exemple).
  14.  
  15. Cher Damien (je peux me permettre cette familiarité ?), tes courriers successifs m'ont beaucoup enrichi. Sincèrement. Et pour trois raisons.
  16. D'abord parce qu'au-delà de nos divergences et de ton argumentation, au-delà de tes prises de positions politiques et de tes dénonciations factuelles, ce qui m'a intéressé dans ton discours, c'est comme je l'évoquais plus haut de " lire entre les lignes", c'est-à-dire finalement d'approcher la personnalité d'une personne, ses émotions, sa sensibilité, ses défenses...
  17. La deuxième et la troisième raison concernent la rhétorique de ton discours qui laisse apparaître, sans vouloir te vexer, un certain nombre de contradictions d'une part et une évolution argumentaire (signe positif !) parfois un peu désarmante.
  18.  
  19. Voila. J'espère que mon long courrier ne t'aura pas trop fatigué. Pour ma part, j'ai voulu prendre le temps de te répondre. Je te souhaite de bons moments à venir.
  20.  
  21. JC
  22.  
  23. NB Je n'ai aucune sympathie particulière pour la municipalité actuelle comme tu as l'air de l'entendre. Mais ceci est une autre question.
Advertisement
Add Comment
Please, Sign In to add comment
Advertisement