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- Dans la vie il est ceux qui savent où ils vont,
- D’une démarche vive et le buste en avant,
- Comme ailleurs une horde ils tracent à l’unisson,
- Sur la trame du monde un bien joli segment.
- En ce qui me concerne je crois devoir avouer,
- Que ma règle est tordue, je ne vois que cela :
- Malgré tous mes efforts pour avancer tout droit,
- Mon chemin, bout à bout, dessine un gros pâté.
- Comme l’abeille en vol, butinant sans repères,
- Je batifole, j’erre, et me laisse distraire,
- Je ne sais que chercher, et des fleurs mignonnes
- Du grand champ des possibles, mille bouquets façonne.
- Ce faisant il est vrai que je ne serai pas,
- Celui dont les exploits feront chanter demain ;
- M’ériger en modèle, on s’en gardera bien,
- Et rien de ma vie ne subsistera hélas.
- Mais à quoi bon cela, tant il m’est profitable,
- De ne regarder loin et de tourner en rond ?
- J’ai là contre la mort une arme redoutable :
- C’est ne pas la voir arriver à l’horizon.
- Et quand mon temps viendra, devant le Créateur,
- Il m’ouvrira les portes, en grand de son séjour,
- Mais encore indécis, j’irai flâner ailleurs,
- M’égarerai sans doute, m’offrirai un détour.
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