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- Taha Bouhafs, itinéraire contrasté d’un reporter militant « à mi-chemin entre journalisme et cinéma brut »
- Le jeune homme de 22 ans, qui a perturbé une sortie au théâtre d’Emmanuel Macron le 17 janvier, couvre les manifestations, notamment contre la réforme des retraites.
- Par Raphaëlle Bacqué Publié le 25 janvier 2020 à 12h00, mis à jour hier à 01h43
- Temps deLecture 7 min.
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- Taha Bouhafs, à Paris, en février 2019.
- Taha Bouhafs, à Paris, en février 2019. YANN CASTANIER / HANS LUCAS
- Taha Bouhafs a 22 ans, un visage rond et souriant et un téléphone. C’est avec lui qu’il a filmé, sans savoir qui il était, Alexandre Benalla tabassant un jeune homme, le 1er mai 2018. C’est aussi avec lui qu’il a photographié, en l’identifiant très bien, Emmanuel Macron au théâtre des Bouffes du Nord, le vendredi 17 janvier, avant que des opposants ne viennent perturber la soirée du chef de l’Etat et que Taha Bouhafs ne soit placé en garde à vue.
- Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sortie perturbée d’Emmanuel Macron au théâtre : le reporter et militant Taha Bouhafs remis en liberté
- Campant quasiment dans un petit studio de Seine-Saint-Denis, il paraît toujours sur la brèche, courant les manifestations et les piquets de grève où on le salue souvent chaleureusement comme un frère de combat. « La Macronie, c’est fini », annonce d’ailleurs le bandeau de son profil Facebook, sur fond de fumée rouge.
- Ailleurs, les avis sont plus contrastés. Ses vidéos postées sur les réseaux sociaux font parfois des millions de vues, mais une partie de la presse ne sait toujours pas si elle doit le considérer comme l’un des siens. « Faux journaliste », « vrai provocateur », « diffuseur de “fake news” », « islamo-gauchiste », « antisémite », il est rare, à son âge, de traîner dans son sillage une telle réputation. Il jouit cependant d’une grosse cote parmi sa génération, ces « millennials » qui rebattent les cartes des clivages d’autrefois.
- « Journaliste des luttes »
- Jeudi soir, deux jours après avoir répondu à l’un des journalistes de l’émission « Quotidien », Taha Bouhafs était convié sur le plateau de « Touche pas à mon poste » par Cyril Hanouna, l’arbitre des gloires télévisuelles du moment.
- « Je n’ai pas le bac, je n’ai pas l’habitude de la télé, a expliqué le jeune homme, pas intimidé le moins du monde. Je viens de la banlieue et oui, je suis un “rebeu”. (…) mais je voudrais dire que je continuerai à faire du journalisme d’en bas. » En quarante minutes, il a slalomé entre toutes les accusations sans que les chroniqueurs aient eu le droit d’intervenir, un traitement de faveur réservé aux invités très recherchés. Et le jeune « journaliste des luttes », comme il se nomme lui-même, pouvait remercier, sur ses comptes Twitter, Instagram et Facebook, ses followers, que Daniel Mermet, son employeur du site Internet Là-bas si j’y suis, ex-grande voix de France Inter, appelle « son public ».
- La plupart des médias restent pourtant partagés sur son compte. Est-il vraiment journaliste, ce garçon qui haranguait comme un militant la foule manifestant contre l’islamophobie, le 10 novembre 2019 ? « C’est pas les musulmans qui posent problème, c’est Emmanuel Macron ! C’est Jean-Michel Blanquer ! C’est Valeurs actuelles ! », scandait-il ce jour-là, juché sur une camionnette.
- « Il venait perturber mes réunions publiques »
- Au sein du monde politique, Taha Bouhafs divise tout autant. Jean-Charles Colas-Roy, le député La République en marche (LRM) de l’Isère, où Taha Bouhafs a passé son enfance, le tient pour « un provocateur ». « Il venait perturber mes réunions publiques ou chuchoter à l’oreille de mes interlocuteurs sur les marchés, se souvient-il. Puis lorsqu’on l’avait fait partir, il publiait un communiqué de presse pour se plaindre qu’on l’avait exclu ! » Même La France insoumise (LFI), dont il fut l’un des candidats aux législatives de 2017, le soutient devant les caméras tout en s’en méfiant. De quel genre de gauche est-il ?
- C’est pourtant bien lui qu’on reconnaît, sur les images de la campagne présidentielle de 2017 : il a l’air d’un gamin, dans son survêtement du PSG, chantant La Marseillaise aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, lord d’un meeting à Lyon.
- A l’été 2019, pourtant, le jeune homme a semé la panique au cœur des universités d’été de LFI. Invité à parler de laïcité, notion qui paraissait jusque-là élémentaire dans le parti, le philosophe Henri Peña-Ruiz avait expliqué à la tribune : « On a le droit d’être cathophobe, athéophobe, comme on a le droit d’être islamophobe. En revanche, on n’a pas le droit de rejeter des hommes ou des femmes parce qu’ils sont musulmans. » « Islamophobe », le mot a précipité le divorce entre Taha Bouhafs et les « insoumis ».
- En 2015, Jean-Luc Mélenchon avait prononcé l’éloge funèbre de Charb, le patron de Charlie, assassiné avec une partie de la rédaction de l’hebdomadaire satirique par les frères Kouachi, pour avoir publié des dessins moqueurs sur Mahomet. « Ces pouilleux de Charlie Hebdo n’existent qu’à travers notre indignation. Cessons de commenter leurs “unes” dégueulasses et ils cesseront d’exister », a tweeté Taha Bouhafs, le 30 octobre 2019.
- « Il lui manque le poids des mots »
- La plupart de ceux qui couvent ses débuts de reporter, les politiques qui espèrent profiter de sa popularité dans les banlieues, évitent ces sujets délicats. « Il réagit avec la fougue de la jeunesse et, comme tous les jeunes, il évolue », balaie le député LFI Alexis Corbière. « On a le choc des photos, il lui manque encore le poids des mots, convient Daniel Mermet, mais il a échappé aux délires des indigénistes. » Ses proches lui conseillent de modérer son usage effréné des réseaux sociaux, cette mémoire implacable des erreurs de jeunesse.
- Encore traumatisé par sa chute brutale, son ami Mehdi Meklat, dont la trajectoire d’écrivain fut brisée après la découverte d’une quinzaine de tweets racistes et antisémites, l’a engagé à « se poser ». En vain. Taha Bouhafs a passé des essais pour jouer, dans le prochain film de Laurent Cantet, le rôle vertigineux de… Meklat, comme une sorte de préfiguration des dangers qui le guettent. Il n’est pas prêt, cependant, à renoncer aux débats illusoires en 280 signes, ni à cette célébrité factice mesurée en cœurs sous une photo.
- « C’est un chien fou, mais notre métier a besoin d’avoir des reporters venus d’horizons différents, défend David Dufresne, un ancien de Libération qui, le premier, a alerté sur les violences policières dans les manifestations de « gilets jaunes ». Il est à mi-chemin entre le journalisme et le cinéma brut. Grâce à lui, nous avons un autre regard, comme un contrechamp. »
- « Mon environnement m’a sauvé »
- Ce fils de profs né à Aïn Beïda, en Algérie, tout près de la frontière tunisienne, raconte un milieu plus populaire, un bout de génération, une part de la banlieue. A Echirolles, commune limitrophe de Grenoble où Taha Bouhafs est arrivé avec ses parents et sa sœur jumelle, à l’âge de 5 ans, la mairie est communiste depuis 1945. Le fronton de l’hôtel de ville s’orne d’une immense reproduction de La liberté guidant le peuple de Delacroix, mais la plupart des jeunes s’y sentent coincés.
- En Algérie, la famille Bouhafs vivait dans la fierté des deux grands-pères berbères, anciens combattants du FLN et de la guerre d’indépendance. Trente ans plus tard, la guerre civile et la tentative de prise de pouvoir des islamistes qui ont déchiré le pays, dans les années 90, est un sujet tabou. « Plusieurs de mes oncles sont officiers dans l’armée », sait seulement le jeune Taha. Il peut bien avoir plongé dans la politique française, il affirme n’avoir jamais questionné ses parents sur ce conflit si récent qui a pourtant coupé son pays natal en deux.
- En Isère, Zaim Bouhafs, le père de Taha, qui enseignait autrefois l’électrotechnique, vit de sa pension d’invalidité depuis un accident du travail. Sa mère, professeure de physique en Algérie, « porte le voile et n’a donc pas pu retrouver un travail en France », regrette son fils.
- La jumelle de Taha, bonne élève, porte aussi le voile et suit un master d’économie. Lui a d’abord connu une scolarité chaotique. Aiguillé dès la seconde vers un bac pro électrotechnique par un conseiller d’orientation, il abandonne le lycée en seconde.
- « Trente garçons dans la classe et pas un ayant choisi cette voie !, s’exaspère-t-il. Les copains avaient des business dans la drogue, un de mes voisins s’est suicidé et j’en connais quelques-uns qui ont rejoint Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] et la Syrie. Moi, mon environnement m’a sauvé. »
- En 2016, à 5 kilomètres d’Echirolles, devant la maison de la culture de Grenoble, campent les militants de Nuit debout. Il y est le seul garçon de banlieue.
- « Les gens parlaient de jardins partagés et de plantation de carottes bio, en ignorant totalement la vie des jeunes des quartiers, s’amuse-t-il encore aujourd’hui, mais j’ai découvert le féminisme, les écolos… »
- Quand, à l’été, les alternatifs partent en vacances ou en Erasmus à Dublin, lui s’inscrit au comité Adama, du nom de ce jeune homme mort après une interpellation policière, à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise).
- Deux ans plus tard, il est à Paris. Les premiers mois, c’est un militant socialiste qui l’héberge dans la capitale, alors qu’il multiplie les petits boulots tout en suivant les grèves étudiantes. Occupation des facs, manifs, une vidéo le montre insultant copieusement, en avril 2018, des policiers en faction devant Tolbiac. « Les CRS épongent le sang des étudiants à l’intérieur de la fac pour ne laisser aucune trace. C’est tout simplement incroyable ce qui se passe », tweete-t-il en relayant la rumeur bidon d’un mort au sein de la fac. « Depuis, j’ai appris de mes erreurs et à vérifier mes infos », promet-il.
- Cela n’empêchera pas Daniel Mermet, frappé par le succès de ses vidéos, de lui offrir son premier job de journaliste. Le jour, il cavale de manifs de « gilets jaunes » en rassemblements contre le régime des retraites. Le soir, il pénètre un nouveau monde. Le comité Adama et Mehdi Meklat lui ont offert son premier réseau. Des militants venus de banlieue, mais aussi l’écrivain Edouard Louis « et des gens du théâtre et du cinéma » qu’il retrouve dans des bars à chicha, ces lieux où il se sent enfin chez lui. Tout à fait la vie qu’il cherchait.
- Lire aussi Interpellation du journaliste Taha Bouhafs : « Une nouvelle atteinte à la liberté de la presse »
- Raphaëlle Bacqué
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