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May 23rd, 2018
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  1. Journal Entry | 134 Comments · 195 Love It | 1 day ago
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  3. Je suis vidéaste et je suis entrée en contact avec la communauté des cordes en septembre 2016 pour les besoins d’une série de reportages sur les espaces safe en matière de sexualités alternatives.
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  5. Je témoigne ici de ce que j’ai vécu entre septembre 2016 et janvier 2017 au sein de la Place des Cordes.
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  7. J’ai d’abord fait connaissance d’un couple de professionnels du shibari par le biais d’un collègue photographe. Ce couple m’a orienté vers la Place des Cordes, où j’ai rencontré Cyril parce que je cherchais à interviewer un "dominateur" dans le cadre de ma série. Je n'étais pas du tout du milieu. Je connaissais le monde des modèles photo, mais pas du BDSM. Je me suis présentée ainsi et tout le monde savait que j’étais étrangère au monde kinky parisien.
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  9. J’ai interviewé Cyril. Je lui ai dit que j'avais envie d’apprendre à attacher pour devenir rigger, en spécifiant que je ne voulais pas me faire attacher.
  10. Ce qui m’attirait dans les cordes c’était le coté thérapeutique de la connexion tel que décrit par Cyril. Mon but était de faire du bien aux femmes que j'aurais attachées.
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  12. J’ai commencé à fréquenter régulièrement la Place des Cordes pour mon reportage. Cyril a proposé que je ne paye pas mes entrées. C’était important pour moi de payer afin que notre relation reste neutre et professionnelle. Je lui ai souvent exposé mon point de vue et il insistait sans cesse. J’en parlais avec son collègue en lui disant que ça me déplaisait. Celui-ci me répondit laconiquement « Il veut te baiser ».
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  14. Fin octobre 2016, est venu le workshop de Gorgone. Apparemment je n’avais pas encore le niveau pour participer au workshop. Cyril m’a alors proposé d’être sa modèle pour le workshop pour que je puisse participer gratuitement. J’ai fermement refusé en lui signifiant que ses propositions répétées étaient pesantes.
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  16. Je précisais une fois de plus que je ne voulais pas être attachée.
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  18. Il a alors cessé de me proposer la gratuité des cours, après m’avoir dit avoir compris.
  19. Son attitude a alors changé. Il a commencé à être très attentionné à mon égard, et en public. Il m’invitait à venir fréquemment, puis à me donner des rendez-vous pour que j’assiste à ses cours.
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  21. On passait du temps de manière cordiale. On discutait mais je n’aimais pas ses gestes de tendresse. Cyril m’a offert protection en quelque sorte, vantant les valeurs familiales du lieu.
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  23. J’ai donc assisté à tous ses cours sur la connexion. Il ne cessait de ressasser l'importance du switch, et mon esprit commençait à en être imprégné.
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  25. Il a recommencé début décembre à me signifier son fort désir de m'attacher, de me “libérer de mes traumatismes”. Je lui ai expliqué encore une fois que je ne voulais pas mais j’ai finalement craqué. J’ai accepté éventuellement une séance dans la petite salle, et uniquement au sol. Nous prenons rendez-vous pour le 24 décembre. « Pas forcément pour t'attacher mais passer au contraire un moment ensemble et voir si il y a connexion ». Finalement, la veille du rendez-vous, prétextant que la Place des Cordes n’est pas disponible, il me dit qu’il vaut mieux que je vienne chez lui. Il précise que c’est une faveur réservée à peu de gens.
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  27. Quand j'arrive, il a préparé un dîner aux chandelles. On discute et on boit longuement. Il souligne l’importance d’être clair avec son modèle et de bien lire les besoins et les envies du modèle.
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  29. Il m’invite à faire des cordes, nous sommes tous les deux ivres.
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  31. Je lui demande quand même : « t'es sûr qu'avec l'alcool tu gères ? ». Il me gronde un peu, je ne me rends pas compte que je suis déjà dans ses filets.
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  33. Il m'a attaché médiocrement.
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  35. Il me restait des cordes lorsqu’il a commencé à me baiser, sans rien dire. Sans négociation, direct. Je n’ai pas eu la force de refuser verbalement.
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  37. Il ne s’est pas préoccupé de mon désir ou de mon état.
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  39. Il s’est éloigné à un moment, toujours en silence, mes jambes toujours attachées dans la position levrette facile, ma tête au sol. Je ne voyais rien. Il est allé chercher un sex toy et sans rien dire toujours, il m’a enfoncé le vibromasseur dans le cul. Et il a recommencé à me baiser avec son truc vibrant très fort. J’étais pétrifiée, c’était trop tard dans ma tête et il fallait que ça se passe vite.
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  41. Quand il a fini, j'ai filé sous la douche. Il est rentré sans frapper pour se plaindre d’une fuite d’eau. J'avais vraiment besoin de me laver et de faire couler beaucoup d'eau sur moi.
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  43. Il m’a rappelé je ne devais rien dire à cause de sa partenaire principale, mais que pour moi, rien que pour moi, il avait fait une exception.
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  45. Je suis partie dégoutée. Je me suis repliée et j'ai finalement disparu du lieu en janvier 2017.
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  47. Ce que je retiens de cette expérience à la Place des Cordes c’est d’avoir été manipulée. Ce n’est que depuis que la parole a été libérée sur le sujet que je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule.
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  49. Ça fait un an que je dis à qui veut l’entendre que ce milieu est vérolé et dangereux mais les personnes connues et très présentes m’ont fait savoir que mon avis n’était pas le bienvenu.
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  51. Cyril a été emporté par la grosse tête de représenter la Place des Cordes et a abusé du prestige et de l’image de marque du lieu. Découvrir que c’est de lui qu’il s’agit dans les autres atteintes au consentement m’a soulagée en même temps qu’atterrée.
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  53. J’étais débutante et vulnérable, je n’avais aucun recul sur la « norme » des pratiques et des discours. Je n’avais ni la force ni le poids nécessaire pour en parler. Je me suis dit que j'étais pas faite pour tout ça.
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  55. Le staff de la Place des Cordes se défile face aux pratiques de Cyril et fuient leurs responsabilités en terme de collectif. Ils devraient plutôt fuir le lieu. La bienveillance affichée n’est qu’un support de communication. Les agissements de Cyril doivent être condamnés et il ne devrait plus avoir de couverture médiatique. Il est inadmissible que cet homme profite de sa position pour pouvoir abuser de néophytes. Je voudrais rebondir sur l’évocation d’autres témoins de l’abus de pouvoir et de hiérarchie verticale. C'est exactement ce que je supposais avant de finalement tomber à mon tour dans le panneau
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