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En France, la riposte des réseaux pro-Hamas (2023)

Apr 16th, 2024
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  1. En France, la riposte des réseaux pro-Hamas
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  3. L'Express, vendredi 27 octobre 2023
  4. Etienne Girard
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  6. La mouvance propalestinienne, morcelée, peine à ériger un cordon sanitaire avec ses membres les plus complaisants à l'égard du terrorisme.
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  8. "Voici la France." Jean-Luc Mélenchon jubile sur X (ex-Twitter), ce dimanche 22 octobre. Il partage une vidéo du rassemblement "pour un cessez-le-feu immédiat en Palestine", auquel il vient de participer place de la République à Paris, à l'appel d'une quarantaine d'organisations, dont La France insoumise. Une réunion pacifiste, au sein de laquelle on reconnaît l'Etat d'Israël tout en distinguant clairement entre les "crimes de guerre" du Hamas, dixit l'appel à manifester, et le sort du peuple palestinien? Pas uniquement. Le militant franco-palestinien Omar Alsoumi, animateur du collectif Urgence Palestine, s'est exprimé depuis l'estrade de l'organisation en évoquant les "roquettes de la résistance", à propos du bombardement de l'hôpital Al-Ahli de Gaza, que la Direction du renseignement militaire français attribue avec prudence à un tir du Djihad islamique, allié du Hamas. Aux côtés d'une carte d'Israël entièrement recouverte du drapeau palestinien, du slogan "I can't breath since 1948", année de création de l'Etat hébreu, et sous les cris de "résistance", il a aussi rêvé de la destruction "prochaine" de l'Etat d'Israël : "A l'intérieur de ce qu'ils appellent Israël, dans les villes occupées en 1948, tout le monde se soulève. La Palestine, cette terre sainte imprenable, elle est en train de se libérer."
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  10. Nul dérapage imprévu, Omar Alsoumi étant un habitué de ce discours. En juillet et août 2014, il organisait plusieurs manifestations propalestiniennes à Paris au nom du Palestinian Youth Movement (PYM), un collectif que la DGSI estime "affilié au Front populaire pour la libération de la Palestine" (FPLP), peut-on lire dans un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes, le 8 novembre 2019, consacré à un autre militant propalestinien. Un lien invariablement nié par les adhérents au PYM. C'est que le FPLP, allié du Hamas, "est inscrit sur la liste européenne des organisations terroristes", rappelait la DGSI dans la même affaire. Par le passé, ce groupe a revendiqué plusieurs attentats, dont l'assassinat du ministre du Tourisme israélien, Rehavam Zeevi, le 17 octobre 2001.
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  12. Le 10 octobre dernier, Omar Alsoumi revenait sur l'attaque du Hamas dans une vidéo sur son compte Facebook. Tout en affirmant ne "pas aimer" la guerre et "le sang", il saluait une "cause noble et sacrée" ainsi qu'une "lutte légitime, nécessaire contre le colonialisme, qui a marqué des points majeurs". Et d'ajouter : "On est aux côtés de la résistance palestinienne quoi qu'il en coûte". La veille, il relayait un appel à un premier rassemblement propalestinien à Paris, accompagné d'un communiqué encore plus explicite, signé du collectif Résistance Palestine. Les rédacteurs y exaltaient les "combattants" de la "résistance palestinienne" engagés "dans un processus de libération qui aboutira avec l'abolition de l'Etat colonial Israël et la création d'un Etat palestinien démocratique sur l'ensemble de la terre de Palestine". Un message ponctué de l'exclamation : "Gloire aux martyrs".
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  14. Une mouvance propalestinienne morcelée
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  16. Depuis l'attaque du Hamas, le 7 octobre, et ses 1 400 victimes civiles, la mouvance propalestinienne en France se trouve plus "morcelée" que jamais, dit Marc Hecker, chercheur à l'Ifri et auteur du livre Intifada française? De l'importation du conflit israélo-palestinien, tiré de sa thèse. Les organisations les plus radicales, Palestine vaincra et Comité action Palestine, dissoutes en février 2022 par Gérald Darmanin, avant que cette décision ne soit cassée en référé par le Conseil d'Etat, sont tenues à l'écart des grands rassemblements. Le Parti des indigènes de la République désormais également, depuis qu'il a tweeté, le 9 octobre : "Que la Résistance palestinienne qui mène son action avec détermination et confiance dans des conditions héroïques reçoive en ces heures terribles toute notre fraternité militante. La Palestine vaincra, et sa Victoire sera la nôtre".
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  18. A l'inverse, l'association France Palestine solidarité (AFPS) forme l'aile la plus modérée de la mobilisation. Cette organisation est l'héritière de l'Association France Palestine, fondée en 1979 par de nombreux militants communistes mais aussi par quelques cadres gaullistes, comme Louis Terrenoire, ancien ministre et député, nommé alors coprésident. Elle milite, non pour la disparition d'Israël, mais pour une solution à deux Etats avec le retour aux frontières de 1967, avant la guerre des Six-Jours. L'AFPS n'a pas maintenu son appel à manifester du 12 octobre après l'interdiction du rassemblement, confirmée par la justice. La veille, elle dénonçait dans un communiqué "les actes effroyables commis par les commandos du Hamas". Ce sera tout. Car le 7 octobre à 16 heures, elle évoquait dans un premier communiqué "une opération militaire du faible contre le fort" et "mettait en garde contre l'utilisation du terme de "terroriste" qui a été utilisé de tout temps contre les mouvements de résistance".
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  20. Loin d'être éloignés par un cordon sanitaire, certains groupes qui soutiennent l'attaque du Hamas restent, eux, associés aux actions militantes. Sur son site Internet, l'AFPS invite à participer à une réunion de soutien à la militante palestinienne Mariam Abou Daqqa en compagnie de plusieurs organisations, dont Samidoun Paris Banlieue, une association qui a qualifié les massacres du 7 octobre de "chapitre" de "l'héroïque résistance palestinienne". Parmi les membres du collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, organisateur de la manifestation du 19 octobre, on retrouve aussi, outre La France insoumise, l'AFPS, la CGT ou la branche jeunesse du Parti communiste, une association comme Participation et spiritualité musulmanes (PSM), favorable à la destruction d'Israël. Cette organisation est affiliée au mouvement islamiste marocain Justice et spiritualité. Le 9 octobre, PSM partageait un court texte du prédicateur marocain Abdessalam Yassine, son maître à penser, aux relents antisémites. Il était question de la "propagande juive", du "soi-disant Holocauste", de la prétendue culpabilité de l'Occident à l'égard des juifs qui interdirait "toute critique du credo politique sioniste". "Non seulement les terres arabes sont occupées et aménagées pour recevoir les juiveries appelées à la terre des ancêtres, mais le mythe même qui fonde la revendication juive est préservé de toute atteinte", raillait l'imam.
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  22. "Les juifs, c'est vous les terroristes"
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  24. Cette porosité potentielle entre militantisme propalestinien, antisionisme et antisémitisme, Pascale Léglise, directrice des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur, l'a soulevée devant le Conseil d'Etat, le 17 octobre. Invitée à justifier la décision de Gérald Darmanin de demander aux préfets d'interdire tout rassemblement propalestinien, la haut fonctionnaire a expliqué que "toutes les manifestations déclarées jusqu'à présent avaient pour but de se féliciter des modalités utilisées pour la résistance". Puis elle a cité un slogan entendu à une manifestation à Marseille, le 11 octobre : "Les juifs, les juifs, c'est vous les terroristes". Ce rassemblement s'était tenu à l'appel de l'Union juive française pour la paix, des Jeunes communistes locaux, de la CGT des Bouches-du-Rhône et de Révolution permanente, un groupuscule d'extrême gauche scissionnaire du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), assumant son "soutien à la résistance palestinienne".
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  26. Le NPA fait lui l'objet d'un signalement à la justice pour apologie du terrorisme après avoir "rappelé son soutien aux Palestinien/nes et aux moyens de lutte qu'ils et elles ont choisi pour résister", dans un communiqué. En 2014, des affrontements avaient eu lieu en marge de manifestations contre l'opération militaire israélienne Bordure protectrice. Le 13 juillet 2014, des membres de la Ligue de défense juive (LDJ) et des militants propalestiniens s'étaient battus à proximité de la synagogue de la Roquette, à Paris. Le 20 juillet 2014, un autre rassemblement virait à l'émeute. Une épicerie casher était notamment visée. Enfin, les 19 et 26 juillet 2014, deux rassemblements interdits avaient été marqués par des violences contre les CRS, puis une tentative d'incursion dans le Marais, le quartier juif parisien. A chaque fois, l'organisateur avait été débordé. Il s'agissait du NPA.
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