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Jan 29th, 2020
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  1. L’Autorité palestinienne ne s’attendait sans doute pas à un tel affront, ni à une telle condescendance sur la forme de la part des Américains.
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  3. L’Autorité palestinienne (AP) ne s’attendait sans doute pas à un tel affront, sur le fond, du plan Trump pour le Proche-Orient, lors de son dévoilement mardi 28 janvier à Washington. Ni à une telle condescendance sur la forme, exprimée par le président américain puis appuyée par son gendre, Jared Kushner, l’un des architectes de la proposition de paix. Celui-ci estimait sur CNN qu’en rejetant ce « deal », les Palestiniens « rateraient encore une opportunité, comme ils ont raté toutes les opportunités qu’ils ont jamais eues dans leur existence ».
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  5. L’AP a coupé le contact avec l’administration américaine depuis sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, en décembre 2017. Lundi encore, le président Mahmoud Abbas avait refusé un appel téléphonique de Donald Trump. Ouvrira-t-il la lettre que le président américain lui a adressée ? M. Trump l’y exhorte à saisir ce qui est peut-être « la dernière » chance pour les Palestiniens d’obtenir un Etat indépendant. Pour M. Abbas, cette offre n’est qu’une machine à saper la légitimité de la cause nationale et à cimenter l’occupation israélienne.
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  7. « Après avoir entendu ces absurdités », Mahmoud Abbas, 84 ans, s’est contenté de redire non, « mille fois non », avec une emphase où l’épuisement le disputait à l’exaspération. Il a redit que « Jérusalem n’est pas à vendre. Nos droits ne sont pas à vendre », entouré par des représentants des factions palestiniennes, y compris du Jihad islamique, groupe armé radical de Gaza. C’est le premier résultat de l’annonce américano-israélienne, qui rapproche les frères ennemis de l’AP et du Hamas, au pouvoir à Gaza.
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  9. M. Abbas a annoncé des mesures immédiates mais vagues, y compris la modification d’une part des prérogatives de l’Autorité palestinienne. Son entourage avait agité ces derniers jours la menace d’une réduction de la coopération sécuritaire avec Israël, voire une dissolution de l’AP, qui laisserait à Israël la responsabilité d’assumer seul le contrôle sécuritaire en Cisjordanie, comme avant les accords d’Oslo, signé en 1993. Cette menace n’est pas nouvelle mais rien n’a été rien spécifié.
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  11. Mardi soir, des manifestants se sont heurtés aux forces israéliennes dans les faubourgs de Ramallah, près de la colonie de Beit El. Au moins 13 personnes ont été blessées. Les factions ont appelé à des manifestations mercredi. Le Hamas avait auparavant signalé la reprise des Marches du retour vers la frontière de l’enclave de Gaza, mises en sommeil au profit d’une trêve négociée indirectement avec Israël, qui avait creusé le fossé avec Ramallah.
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  13. Dans un second temps, Mahmoud Abbas entend consulter ses homologues jordanien, saoudien et égyptien lors d’une réunion exceptionnelle de la Ligue arabe samedi, dans l’espoir de présenter une réponse coordonnée. Ses alliés encourageaient avec gêne, mardi soir, la reprise d’un dialogue israélo-palestinien sous les auspices de Washington. Ce long délai de quatre jours avant que la réunion du Caire puisse réaligner les positions est déjà une marque de l’isolement de M. Abbas.
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  15. Au-delà de l’arène diplomatique, où le coup de force américain contraste avec les communiqués policés des Européens, héritage d’un autre temps, M. Abbas attend que le plan se transforme en actes. Il n’a pas intérêt à alimenter la campagne électorale de Benyamin Nétanyahou, à l’approche des législatives israéliennes. Il n’est pas assuré que ce gouvernement israélien de transition ait l’autorité suffisante pour décréter, dès dimanche, l’annexion de la vallée du Jourdain et des colonies de Cisjordanie, comme il l’a promis ; ni qu’il survive au scrutin prévu le 2 mars.
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  17. Mais, si l’annexion se matérialise, « Abbas ne pourra pas se contenter d’encourager une démonstration de colère populaire. Il subira une immense pression, notamment de son organisation, le Fatah, pour réarmer le parti, ou pour mettre un terme à la coopération sécuritaire. Alors, ce ne sera qu’une question de temps avant que des incidents n’éclatent avec les forces israéliennes, qui peuvent mener à une confrontation », estime Khalil Shikaki, analyste au Centre palestinien de recherche politique et de sondage, à Ramallah.
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  19. M. Abbas a régulièrement agité depuis 2011 la menace d’une réduction de cette coopération sécuritaire, un chantage au chaos jamais vraiment appliqué. Ce dialogue se situe à de multiples niveaux, de l’échange de renseignement à la coordination des opérations quotidiennes des forces israéliennes en territoires palestiniens. Il permet entre autres l’entrée de biens de consommation courante d’Israël en Cisjordanie.
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  21. De plus en plus isolé, treize ans après les dernières élections palestiniennes, en 2006, M. Abbas sait la longue érosion de sa légitimité. Les sondages de l’institut de M. Shikaki indiquent qu’une majorité de jeunes, qui ont grandi après Oslo et n’ont jamais voté, ont perdu toute illusion sur ce processus. La plupart soutiennent une fin des contacts politiques et sécuritaires avec Israël et privilégient la lutte pour des droits égaux au sein d’un seul Etat, Israël. Mais pas nécessairement une dissolution de l’Autorité palestinienne, qui gère les services de santé et de police et demeure un pourvoyeur majeur d’emplois.
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  23. « Il faut penser à autre chose qu’à la solution à deux Etats. C’est tout ce dont on nous abreuve depuis vingt-cinq ans mais elle est morte de longue date, et ce n’est pas pour ça qu’il n’y a pas d’espoir », estime Yara Hawari, 31 ans, politiste et citoyenne arabe israélienne basée à Ramallah.
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