Advertisement
Guest User

fb

a guest
Jan 11th, 2021
307
0
Never
Not a member of Pastebin yet? Sign Up, it unlocks many cool features!
text 5.68 KB | None | 0 0
  1. Nicolas Vivant : « Vous êtes chez Twitter, c'est privé, ils font ce qu'ils veulent. »
  2.  
  3. Nicolas Vivant, c'est moi. Et vous avez supprimé la dernière phrase de mon message : « Battez-vous plutôt pour la naissance de réseaux sociaux publics ». C'est dommage, parce que c'était le plus important. À mon tour, donc, de répondre en plus de 240 signes.
  4. Vous écrivez : « C’est l’argument le plus courant, le plus partagé, et il signe, à mon sens, une immense résignation, une gigantesque soumission ».
  5.  
  6. Pas du tout, et bien au contraire.
  7.  
  8. D'abord ce n'est pas un argument, c'est un fait. En rejoignant Twitter, vous acceptez un contrat d'utilisation qui stipule, entre autres clauses scandaleuses : « Nous pouvons suspendre ou résilier votre compte, ou cesser de vous fournir l’ensemble ou une partie des Services, à tout moment, pour un quelconque motif ou sans motif, notamment (...) ».
  9.  
  10. Vous écrivez ensuite : « D’abord, il faut dire la dépendance de la démocratie à ces réseaux. On peut le regretter, on peut le déplorer, et je le regrette, et je le déplore, mais c’est un fait (...) ».
  11. Voilà où se trouve l'immense résignation, la gigantesque soumission.
  12.  
  13. Nous sommes d'accord : c'est un fait. Sauf que vous êtes un homme politique. Et que d'un d'homme politique on attend des positionnements politiques. S'indigner de la suppression d'un compte Twitter, ce n'est pas faire de la politique. Faire de la politique, c'est partager une vision du numérique (et pas seulement de la liberté d'expression, mais du système dont il est l'émanation), et inscrire ses éventuelles indignations dans le cadre de cette vision. Donc plutôt que de déplorer ou regretter, réfléchissons.
  14.  
  15. Mettre en oeuvre d'autres réseaux, qui fonctionnent sur d'autres modes, semble peut-être impossible à vos yeux. Pourtant il existe des réseaux ouverts, gérés autrement, démocratiquement (ou au moins de façon transparente), sans intérêts financiers associés, basés sur des logiciels libres. Les états pourraient subventionner massivement ces réseaux au fonctionnement différent, et tenter de les aider à acquérir la visibilité dont ils manquent. Ou ils pourraient aider au développement de nouveaux réseaux mieux faits, plus utiles, plus beaux et qui ne seraient pas soumis au marché.
  16.  
  17. Ça c'est une vision politique (qui vaut ce qu'elle vaut, c'est à dire peut-être pas grand chose, mais c'est une vision). Ça, c'est ce que nous attendons de vous. Une vision claire, qui va au-delà des réseaux sociaux, qui ne satisfait pas du monde tel qu'il est, et qui nous propose une direction, un horizon.
  18.  
  19. Vous écrivez également : « c’est une bataille à mener : refuser « l’auto-régulation » de ces firmes, et leur imposer notre régulation, nos règles, devant une instance externe ».
  20.  
  21. Sur le respect de la loi (propos racistes, sexistes, etc.) on n'y arrive déjà pas et vous voudriez mettre cela en œuvre sur l'accès au service lui-même ? Je vous le dis : c'est mort (mais ça commence à ressembler à de la politique). Parce qu'après Twitter il faudra vous attaquer à Facebook, puis à Youtube, puis à Instagram, puis à Snapchat, Tiktok, et ceux qui viendront ensuite et qui contourneront tranquillement les règles que vous aurez mis des mois à bâtir pour tenter de juguler quelque chose qui est de l'ordre... du système. S'opposer ne marchera pas. La ruse c'est de contourner, proposer une meilleure alternative (rappel : c'est ce qu'ils font, à longueur de temps).
  22.  
  23. Vous écrivez enfin : « nous sommes confrontés ici non pas à des « médias » mais à des « réseaux », qui plus est quasiment en situation de monopole. Des réseaux, comme le sont l’eau, le gaz, l’électricité… Imagine-t-on que, demain, on vous coupe soudain l’eau, le gaz, l’électricité, l’eau, et vous sous prétexte que « c’est privé », que c’est Veolia, Engie, Enedis, vous devriez subir sans réagir ? Accepter d’en être privé ? ».
  24.  
  25. Analogie vertigineuse, et limitée.
  26.  
  27. On a déjà vu des réseaux sociaux péricliter (coucou MySpace), des moteurs de recherche disparaître (coucou AltaVista), etc. Ils ont été remplacés par d'autres. Contrairement à ce que vous semblez imaginer, Twitter et Facebook ne sont pas éternels. Les jeunes ont d'ailleurs déjà quitté Facebook (pour Instagram, Snapchat et autres Tiktok encore plus moisis, mais bref), ce qui n'est vraiment pas bon signe pour ce réseau. On peut mourir par manque d'eau, de gaz, d'électricité ou d'eau, raison pour laquelle il est très important de se battre pour que ces biens communs restent publics. On ne peut pas mourir par manque de Twitter ou de Facebook.
  28. S'indigner de la suppression du compte de Trump, c'est un peu comme s'indigner d'une coupure d'eau par Véolia. On peut le faire, c'est sympa pour la personne concernée, mais ce n'est pas le fond du problème. La privatisation de biens communs essentiels, voilà le problème.
  29.  
  30. C'est la même chose pour le numérique. Battez-vous contre sa privatisation, pas juste contre la suppression du compte d'un type, aussi « important » soit-il. L'enjeu est énorme et aucun parti politique ne le prend en compte sérieusement (sauf, peut-être, le très minoritaire Parti Pirate)
  31.  
  32. « Il n’y a aucune évidence au : « puisque c’est privé, on doit se taire. »».
  33.  
  34. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Essayons, tous ensemble de créer autre chose, et de nous affranchir de cette dépendance que nous déconçons (et à laquelle nous nous soumettons, en ayant bien conscience de la contradiction que cela représente, parce que « c'est là que sont les gens »).
  35. Et même si cela est voué à l'échec, au moins aurons-nous eu une ambition politique digne de ce nom.
  36.  
Advertisement
Add Comment
Please, Sign In to add comment
Advertisement