Chapitre 3

	Antone, Yelith, février 471

*Après s'être reposés, nos héros partent à la reconquête d'Antone, ville voisine à Rionne, alors sous le joug de Xantor.*

Antonio: Tercival, mes condoléances, mec. Ça doit être vraiment chaud de perdre ses parents comme ça.

Tercival: …

Hearthrade: Je vois les murs d'Antone! Nous y sommes presque!

Cadulis: Soyez prudents, nous ne devons pas être repérés. Gardez à l'esprit que notre but est de les attaquer par surprise.

Terionne: Tiens, ces deux personnes, là-bas... Que font-elles?

Antonio: Ch'ai pas. On dirait qu'elles causent. Vous pensez qu'y sont méchants?

Hearthrade: On dirait plutôt qu'ils se cachent...

Cadulis: Ils ne revêtent pas l'uniforme de l'armée de Xantor. Ce sont probablement des civils Yeliens.

Terionne: Ils doivent être des habitants d'Antone. Vous pensez qu'on devrait aller les voir?

Cadulis: Allons-y. Ils auront peut-être des informations sur l'intérieur de la ville qui pourraient nous être utiles.

-

Hearthrade: Bonjour. Je suis...

Inconnu: Aaaahhhhh!! Non! Par pitié! Ne nous tuez pas! J'ai une famille!

Cadulis: Chut! Du calme! Nous sommes de Rionne, nous sommes venus libérer Antone!

Inconnu: Comment? Libérer Antone?

Deuxième inconnu: Pardonnez les manières de mon compagnon. C'est que, voyez, l'attaque de Xantor l'a traumatisé. Veuillez me laisser nous présenter. Cet innocent être que vous voyez là s'appelle Arwige. Il s'agit de mon ami. Il est particulièrement doué à l'épée. Quant à moi, je me prénomme Spencer. Je n'ai pas de talent particulier, aussi chevauché-je cette charmante jument que j'ai baptisée Mariane. Nous sommes des habitants d'Antone, mais je vois que vous avez déjà été informés de sa situation; en effet, elle est sous l'emprise de Xantor. Par chance, nous avons réussi à fuir la ville à temps.

Arwige: Oui, et d'ailleurs, 'faudrait qu'on se tire rapidos, si on veut pas qu'y nous rattrapent. Allez, viens, laisse ces preux chevaliers libérer not' ville comme ils l'entendent dire.

Spencer: «Se tier», voyez-vous. Je crains hélas devoir m'opposer à cette décision.

Arwige: Et pourquoi ça, hein? Moi, mon plan, il me plaît. On s'en va, on est tirés d'affaire, on crève pas, fini, basta.

Spencer: Ce serait abandonner nos familles qui restent prisonnières sous le joug de ces atroces Xantons dont j'ai ouï des rumeurs très pessimistes concernant leurs valeurs morales. Avez-vous déjà tant souillé votre honneur, très cher compagnon, que vous seriez prêt à tolérer un tel affront? Hélas, je ne vous suivrai pas. Ma sœur est encore dans la ville, et je souhaite bien lui porter secours. Allez, si le cœur vous le dit, et ne revenez point. Mais sachez que vous serez châtié pour cela.

Arwige: Parbleu, t'es obligé de faire des phrases si longues, quand tu parles? J'pige la moitié de c'que tu dis!

Antonio: Sur ce point-là, je te rejoins... Par contre, t'es un trouillard ou quoi? Fuir comme ça, sérieux, et abandonner ta famille?

Arwige: Qui ça, moi, trouillard?

Terionne: C'est vrai que c'est un comportement déplorable. Mais après tout, qui voudrait d'une poule mouillée dans son équipe?

Arwige: Poule mouillée? Non mais?! Okay, vous allez voir qui c'est, la poule mouillée. Sapristi, quel manque de respect! Allons-y, allez, dépêchez! On a pas d'temps à perdre!

Cadulis: ...Quels étranges personnages...

*Nos héros, accompagnés de deux nouveaux compagnons, entrèrent dans Antone. Ce combat risquait d'être plus ardu que les précédents.*

Xanton: Vous! C'est un territoire Xanton, ici! Vous allez payé pour avoir empiété sur le territoire du Saint-Empire!

Spencer: Saint-Empire, voyez? Je ne suis pas convaincu que vos méthodes d'expansion de territoire soient très «saintes». Vous le demanderez aux divinités elles-mêmes, quand vous les aurez rejointes.

Arwige: Qu'est-ce que j'fous là? J'le sens pas, j'le sens pas...

Spencer: Approchez, hargneux soldats! Goûtez du fer de ma lance fraîchement aiguisé! Mariane et moi nous ferons un plaisir de souffler sur la flamme de votre vie comme s'il s'agissait d'une vulgaire bougie!

Antonio: Il parle beaucoup, le nouveau. Ça nous changera, tiens.

Terionne: Toi, là, euh... Artige, ne reste pas derrière, bouge-toi un peu!

Arwige: C'est Arwige, Ar-wige, par «Artige»!

Hearthrade: Sans vouloir te manquer de respect... Ton épée peut être dévastatrice, seulement il faudrait que tu te trouves au front. Derrière, tu ne vas pas faire de grands miracles...

Arwige: Quoi? Vous êtes déjà deux épéistes, au front, plus Spencer et l'autre garçon aux cheveux châtains, alors moi je reste derrière pour... Au cas où, vous savez. On sait pas, y peuvent v'nir de partout...

Antonio: Pour ta gouverne, le garçon aux ch'veux châtains, il s'appelle Antonio, et toi, tu t'appelles «froussard» pour l'instant, alors viens là servir à quelque chose plutôt que de compter les pissenlits à l'arrière.

Arwige: Grrr... Bon, allez, ça va bien se passer, t'es bon à l'épée, tu vas le faire. Ouais, c'est ça, tu vas le faire. T'es bon à l'épée. Bon à l'épée...

*Nos héros de démènent. Ils se battent tant bien que mal contre les soldats xantons, qui sont bien plus nombreux qu'eux. Cependant, les attaques à distance de Tercival et de Terionne, couplés à l'agilité d'Arwige, la mobilité de Spencer et le talent d'Antonio, d'Hearthrade et de Cadulis leur permettent de tenir bon face à des adversaires tous quasiment identiques dans leur équipement et leur manière de combattre.*

Terionne: Fiouh... Je commence à fatiguer... Il en reste encore beaucoup?

Cadulis: Je ne sais pas... J'en vois encore quelques-uns, je dirais que nous en avons fait une bonne partie. Si nous continuons comme ça, nous y arriverons. Un dernier effort, tous, et nous aurons repris Antone!

Spencer: Mariane, ma belle, c'est avec grâce et agilité que tu me portes à nos adversaires! Sans toi, je ne serais bon à rien, mais à deux, nous formons un duo inexpugnable. Une soif inextinguible de combats acharnés dont nous sortirons toujours vainqueurs, avec brio, en parfaite harmonie, une coordination sublime entre un être humain, modeste et prosaïque, et un être animal, époustouflant et vertueux! Va, galope de toute ta splendeur vers l'ennemi; je lui assénerai le coup apothéotique, l'attaque fatale, celle qui mettra un terme à son existence, et à notre combat, douce splendeur, entrevu par Dame Victoire l'émérite elle-même! Va, galope, et ne t'arrête point!

Antonio: Il est perché ce type.

Hearthrade: Plus que cinq de mon côté.

Arwige: Allez... Encore deux... Tu vas le faire...

*Après quelque effort supplémentaire, nos héros parviennent à achever les derniers soldats, reprenant ainsi possession d'Antone.*

Cadulis: Plus aucun ennemi en vue. Nous avons gagné!

Antonio: Et une nouvelle défaite pour Xantor! Pardi, celle-là, ils sont pas près de l'oublier!

Spencer: Et c'est ainsi qu'une bande de roturiers est parvenue à défaire une armée de soldats de l'Empire le plus puissant de Chysme.

Arwige: On... On l'a fait?! Incroyable! On a repris Antone!

Spencer: Et en bonne et due forme. Veuillez m'excuser, je me dois de m'assurer que ma sœur est saine et sauve. Attendez-moi une minute.

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Fillette: Vous êtes les villageois qui ont aidé mon frère à reprendre la ville? Merci! Merci infiniment! Sans vous, seul le Ciel sait ce qui aurait pu m'arriver...

Spencer: Mes plus sincères remerciements, chers camarades. Vous avez sauvé la vie de ma tendre sœur. Je ne saurais vous exprimer ma gratitude.

Hearthrade: Inutile de nous remercier. Sans votre aide et celle d'Arwige, nous n'aurions pas réussi à reprendre la ville.

Spencer: Mais je tiens à vous remercier comme il se doit. J'ai une dette envers vous de laquelle je dois m'acquitter, désormais. Jeunes gens, où allez-vous? Je vous suivrai. Il faut bien que je vous rende ce que vous avez fait pour ma sœur.

Cadulis: Eh bien... Je dois avouer que toute aide nous serait fort utile. Nous comptons réquisitionner les territoires conquis par Xantor, mais nous manquons désespérément d'effectif. Quelqu'un de votre trempe serait un atout considérable.

Spencer: Vous m'en voyez fort aise. Je serai ravi de payer ma dette.

Fillette: Grand frère... Tu t'en vas?

Spencer: Oui, Mia, je m'en vais, mais promis, je reviendrai bien vite. Le devoir m'appelle, je suis navré, mais il faut que j'aille avec ces gens pour les remercier de t'avoir sauver et d'avoir libéré notre charmante cité. Reste bien prudente jusqu'à mon retour.

Mia: Spencer... Je veux venir avec toi!

Spencer: Comment? Mia, enfin, serais-tu tombée sur la tête?! Sont-ce ces pleutres de Xantons qui t'ont donné pareille idée?

Mia: Non, mais... Je ne veux pas te laisser tout seul! C'est vrai, je suis grande maintenant... Je veux servir une cause noble, moi aussi! Et puis, père et mère ne sont plus à la maison, ils ne reviennent que dans très longtemps... S'il te plaît, laisse-moi venir!

Spencer: Mia, mais c'est bien trop dangereux!

Arwige: La p'tite se débrouille. Elle sait lancer des sorts, maintenant. Je l'ai vue soigner un lapin, l'aut' jour. J'pense qu'elle pourrait être utile. Vous aurez b'soin de quelqu'un pour soigner vos blessures.

Spencer: Arwige, mon cher, ne soutiens pas ses idées folâtres, veux-tu! Tu es bien conscient de ce qu'elle risque!

Tercival: La laisser seule dans une ville qui a déjà été assaillie est un gros risque également. Si elle reste avec nous, tu pourras veiller sur elle.

Spencer: Certes... Mais tout de même...

Mia: Spencer, je t'en prie!

Spencer: ...Bon. D'accord. Puisque tu insistes, je n'aime pas peiner ton cœur; viens avec nous. Mais sois d'une prudence extrême! Je ne me pardonnerais jamais s'il t'arrivait quelque chose.

Mia: Youpi! Merci, grand frère!

Hearthrade: Arwige, tu viens aussi?

Arwige: Qui ça? Moi? Et puis quoi, encore? Partir affronter Xantor? Très peu pour moi. J'suis pas taré comme vous. J'reste bien au chaud chez moi et j'attends que l'conflit se finisse.

Spencer: Arwige, mon ami... J'aurais moins peur pour ma chère sœur si tu venais avec nous. Tu possèdes un talent inné pour l'épée, mais il est gâché par ta couardise. Es-tu sûr de ne point vouloir nous accompagner?

Arwige: Spencer, on en a déjà parlé... J'veux pas me mêler à des affaires dangereuses comme ça. Vous pouvez très bien sauver Yelith sans moi.

Antonio: Bah, laissez-le, tant pis, on trouvera quelqu'un d'autre.

Terionne: Un poltron comme lui ferait tâche dans notre escouade. Bien que je sois contrainte de reconnaître ses talents à l'épée.

Arwige: Un poltron? C'est pas la première fois que tu me parles mal, fillette! Fais gaffe à toi!

Terionne: De quoi devrais-je avoir peur? Tu n'as même pas l'étoffe de partir sauver ton pays. Tu préfères te concentrer sur ta personne et être le plus en sécurité possible. Sache que si nous n'étions pas partis libérer Antone, en dépit de tous les risques que cela nous a fait prendre, tu n'aurais plus de chez-toi, à l'heure actuelle.

Arwige: Toi, y va falloir qu'on t'apprenne les bonnes manières! C'est pas comme ça qu'on cause à un gars comme moi! Tu vas voir, je vais venir avec vous, et rira bien qui rira l'dernier!

Cadulis: Voilà comment faire changer d'avis une personne sans honneur sans avoir recours à l'argent. Ainsi, notre petit groupe s'agrandit. Nous formons une vraie équipe. Je pense que nous avons désormais de réelles chances de reconquérir un maximum de territoire perdu. Et il y a de toutes les personnalités...

*En effet, le groupe de nos héros s'agrandissait. Et cela n'était pas prêt de s'arrêter. En chemin pour Lempard, ils ouïrent un cri terrible, et tombèrent sur une maison attaquée par des bandits. Après s'en être débarrassés, il découvrirent les cadavres de quatre personnes, ainsi qu'une jeune femme larmoyante.*

Cadulis: Malheur! Que s'est-il passé? Jeune fille, allez-vous bien? Êtes vous blessée?

Villageoise: Père! Mère! Mes sœurs! Pourquoi? *Sanglote*

Hearthrade: La Déesse soit louée... Quelle horreur... En temps de guerre, les bandits n'ont rien de mieux à faire que de piller de pauvres gens et les assassiner...

Spencer: Miséricorde... Toutes mes condoléances, jeune fille...

Villageoise: Nous avions des gardes, dans le village... Mais ils sont partis à Antone après avoir entendu que la ville s'était faite prendre... C'est à cause de ces Xantons que ces bandits ont pu entrer... Maudits soient-ils! Qu'ils meurent tous dans de terribles souffrances!

Arwige: T'as une dent contre Xantor, toi aussi? Ça te dirait de nous rejoindre? Nous non plus, on les aime pas. On va les chercher justement. Pour les tuer. Ça t'intéresse?

Antonio: *Chuchote* Mec, sérieux, elle vient à peine de perdre ses parents, et toi tu veux déjà l'enrôler? Un peu de respect, quand même...

Villageoise: Que dites-vous? Vous partez tuer les Xantons? Prenez-moi avec vous! Je veux me venger! Je veux venger la mort de mes parents et mes sœurs!

Arwige: Super. Tu t'appelles comment.

Villageoise: Myrlène Mirviya. Mais cela a peu d'importance. Qu'attendons-nous? On y va! Ces soldats vont voir de quel bois je me chauffe! *Snif*

*Et ainsi ils recrutèrent leur dernier allié du jour. Myrlène n'était pas seulement une fille enragée, elle était également une chevaucheuse de pégase, adepte de la lance. Endeuillée, elle était prête à rendre aux soldats Xantons, qu'elle considère comme les assassins de sa famille, la monnaie de leur pièce. Nos héros partirent donc, cette fois-ci sans plus d'embûches, vers Lempard. Ce combat s'annonçait encore plus rude que les précédents. Pendant ce temps-là, Xantor continuait, conquête sur conquête, cependant Yelith commença à réagir, en lançant des unités de contre-attaque et en envoyant toujours plus de soldats vers les villes qui menaçaient de se faire assaillir. Quel camp sera le plus rapide? Xantor parviendra-t-elle à conquérir tout Yelith, ou bien ceux-ci garderont leur position? Qui sortira victorieux de cette guerre? Ce dont nous pouvons être certains, c'est que nos héros auront une importance capitale dans cette affaire.*