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Oct 15th, 2019
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  1. Au terme de douze jours d’une mobilisation qui a paralysé le pays et de quatre heures de négociations, les Indiens équatoriens ont obtenu gain de cause dimanche soir. Le président Lenin Moreno a en effet accepté de retirer le décret 883 qui, supprimant les subventions publiques aux carburants, avait provoqué une hausse du prix du diesel à la pompe de plus de 100 % et la colère populaire. Quito a immédiatement explosé de joie.
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  3. Le chef de l’Etat avait proposé vendredi « un dialogue direct » pour tenter de mettre un terme à la crise. Les dirigeants de la Confédération des nationalités indigènes de l’Equateur (Conaie) avaient exigé, samedi, que le dialogue soit « public ». Tenu sous l’égide des Nations unies et de la Conférence épiscopale, il a donc été retransmis dimanche, en direct à la télévision, et suivi comme un match de football.
  4. Lire aussi En Equateur, le mouvement indigène accepte le dialogue, le président ordonne le couvre-feu à Quito
  5. « Le peuple uni ne sera jamais vaincu ! »
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  7. Les parties sont convenues de « concerter un nouveau décret annulant le 883 », a annoncé le fonctionnaire onusien Arnaud Peral. Le président de la Conaie, Jaime Vargas, a immédiatement donné ordre à ses camarades de lever des barrages qui bloquaient les routes partout dans le pays. Les classes devaient reprendre dès lundi, l’activité économique et la production de pétrole aussi.
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  9. A l’annonce de la concession gouvernementale, la liesse a éclaté aux abords de la Maison de la culture, dans le centre de Quito, où les Indiens venus de tout le pays avaient installé leur quartier général. Les rues de la capitale, désertes depuis l’instauration, samedi après-midi, d’un couvre-feu général, ont alors ressuscité en quelques instants. Le bruit des feux d’artifices fusant dans la nuit fraîche a remplacé celui des bombes lacrymogènes qui résonnait encore quelques heures plus tôt. Les Indiens ont scandé le traditionnel slogan latino-américain : « Le peuple uni ne sera jamais vaincu ! »
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  11. « Merci nos frères », ont crié les manifestants qui déferlaient à pied, en voitures, en camions. Tous brandissaient des drapeaux équatoriens. Les klaxons sonnaient joyeusement : « Je suis tellement heureuse, expliquait de sa voix douce Maria, chapeau de feutre sur la tête. On a gagné et on peut rentrer chez nous, avec dignité ». Entre 7 000 et 10 000 Indiens ont occupé la capitale.
  12. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Quito, épicentre de la contestation en Equateur : « Couvre-feu ou pas, dialogue ou pas, on reste »
  13. Actes de vandalisme inédits
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  15. « La raison et le bon sens ont gagné et nous en somment heureux, s’est félicité, dans la ville de Cuenca, le leader indien Yaku Perez. Mais nous sommes tristes aussi parce que nous n’oublions pas nos morts. » Selon la Defensoria del Pueblo, l’organisme public chargé de veiller au respect des droits de l’homme, sept personnes ont été tuées et plus d’un millier a été blessé au cours des affrontements avec les forces de l’ordre.
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  17. Les organisations de défense des droits de l’homme Amnesty International et Human Rights Watch se sont publiquement inquiétées de la brutalité de la répression depuis le début des manifestations. De l’avis des observateurs, les violences policières ont contribué à radicaliser le mouvement indien.
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  19. Au total, sept personnes ont été tuées et plus d’un millier a été blessé au cours des affrontements avec les forces de l’ordre.
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  21. Des actes de vandalisme inédits ont marqué les manifestations. Samedi, un immeuble public a été incendié dans le centre, les locaux de la chaîne Teleamazonas et du quotidien El Comercio ont été attaqués. La Conaie a attribué les violences commises à des casseurs et des infiltrés. Dans un pays où les manifestations ont toujours été pacifiques, ces images de destructions et leur bilan humain ont suscité une vive émotion.
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  23. « Nous n’allons rien céder », promettait dimanche matin Jaime Vargas à sa base avant de rejoindre la salle des négociations, en compagnie de tous les autres dirigeants de la Conaie. D’aucuns au sein de la confédération, et notamment les nombreux jeunes, auraient voulu continuer le mouvement pour forcer Lenin Moreno à la démission.
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  25. « Je n’ai jamais eu l’intention d’affecter les secteurs les plus démunis et les plus pauvres », a tenté d’expliquer, au début de la réunion, le chef de l’Etat qui a pris la décision d’augmenter le prix de l’essence dans le cadre d’un accord avec le FMI. Les chefs indiens présents se sont montrés inébranlables. « Si vous ne retirez pas le décret 883, nous continuerons, fermes et unis », a déclaré Jaime Vargas, le visage peint et coiffé de plumes. Lenin Moreno a cédé. Il va devoir désormais affronter la colère de la droite.
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