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- - Dis-moi donc, le Monstre, pourquoi manges-tu l'Homme ?
- - Et pourquoi, petit d'homme, manges-tu les baies ?
- - Un fruit et un humain, non, ce n'est pas tout comme.
- - Tu penses en humain ; tu ne sauras jamais.
- Mais regarde moi bien : mon corps est de fumée,
- Ma griffe est faite d'ombre et mes pensées d'orage.
- Je ne suis pas plus proche de l'humanité
- Que tu l'es de la fleur, du fruit ou du feuillage.
- - Et alors ? - Et alors (et ne m'interrompt pas)
- Les hommes sont pour moi comme pour toi les fruits.
- Quand tu vois un semblable je vois un en-cas.
- - D'accord, mais ton en-cas, il peut discuter, lui !
- - Et quelle différence ? Un homme qui cultive
- Souvent parle à sa plante avant de la couper.
- Mais tu ne me crois pas. Ta moue dubitative...
- - C'est que tu ne m'as pas encore dévoré.
- - Et qui te dit que je ne compte pas le faire ?
- - Tu n'as pas l'air de voir en moi un simple mets.
- - Je suppose que non. La cause est singulière :
- À force de manger l'Homme je me défais
- Graduellement de mon immatérialité.
- C'est ainsi que je peux comprendre ton langage
- Et percevoir, un peu, ton mode de pensée.
- Mais cette évolution est pour moi un outrage !
- - N'es-tu pas satisfait d'être plus consistant ?
- - Non ! J'avais la beauté abstraite du désastre.
- J'étais, moi, le Destin funeste et imminent.
- J'étais le sort du vivant inscrit dans les astres !
- Toujours et en tout lieu vient la calamité :
- Moi. Je ne pensais pas. J'étais, seulement. Las,
- Me voilà affligé de parole et pensée.
- - Oh, je ne doute pas que bientôt tu t'y fasses
- À titre personnel, réfléchir et causer
- Sont mes activités préférées. - Fascinant...
- Et pourtant cet échange vient à me lasser.
- Je te prie de partir, et promptement, avant
- Que ton optimisme et… ma faim soient abrégés.
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