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Apr 1st, 2020
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  1. UN PETIT PAS POUR CASTORIADIS, UN GRAND PAS POUR L'IMAGINAIRE 1️⃣
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  3. Castoriadis en résumé 2️⃣↙️
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  5. Cornélius Castoriadis quitte la Grèce en 1945 à bord de la « nef des Grecs¹ ». Il arrive à Paris à seulement 23 ans, et s'engage au sein de la section française de la IVème Internationale trotskiste. Il y rencontre le penseur Claude Lefort avec qui il quitte rapidement le parti pour fonder la revue "Socialisme ou Barbarie" après .
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  8. Socialisme et Barbarie ↙️
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  10. Leur projet est clair, pointer du doigt la contradiction au sein du capitalisme et des prétendus pays communistes. Le capitalisme bureaucratique aliène les travailleurs, ses dirigeants lui demandant de se comporter en machine tout en l'obligeant à faire preuve de créativité et d'ingéniosité pour maintenir des taux de production élevés. La solution à ce problème, selon Castoriadis et Lefort, ne reposerait pas sur une nationalisation des moyens de production, mais bien sur la gestion de leur travail par les travailleurs eux-mêmes. Pour contrer ce capitalisme bureaucratique (dont font partie les pays communistes), il faut valoriser les actions autonomes et directes des prolétaires. « Si le but est la démocratie ouvrière, elle doit se pratiquer dès aujourd'hui »². Cette volonté de mettre les décisions individuelles des ouvriers en avant positionnent les conseils ouvriers³ à une place importante dans la pensée de Castoriadis, étant des créations originales du prolétariat dans une optique de mise en place d'une démocratie directe.
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  13. Marx et Castoriadis 3️⃣↙️
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  15. Pour Marx, le capitalisme est un régime économique de libre concurrence basé sur l'appropriation privée des moyens de production. Le développement scientifique allait cependant transformer le capitalisme, désormais fondé sur la rationalisation de la production, dirigée et organisée par l'État. Selon Schumpeter, l'entrepreneur du début du capitalisme était remplacé par une nouvelle classe dirigeante, la bureaucratie.
  16. Castoriadis considère l'antagonisme capitalistes/prolétaires insuffisant pour caractériser cette nouvelle forme de régime. Il développe alors le concept de capitalisme bureaucratique, fondé sur une opposition des dirigeants et des exécutants dans le processus de production bureaucratique. Ce concept permet à Castoriadis de mettre en relation les régimes politico-économiques en Europe au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, qu'ils soient libéraux ou socialistes. En effet, ces régimes avaient quelque chose en commun : l'étatisation de la politique et de l'économie.
  17. Il est absurde, pour le mouvement ouvrier, de désirer la prise de pouvoir de l'État ou l'abolition de la propriété privée, car ces objectifs ont déjà été accomplis en URSS, donnant lieu à une exploitation plus grande encore du prolétariat.
  18. Il n'est donc plus question pour l'ouvrier de gérer l'usine ou de mettre en place une démocratie directe. Il faut refaire complètement les institutions et modes de pensées, pour agir sur des domaines aussi variés que l'éducation, l'égalité des sexes ou la culture dans son entièreté.
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  21. Le développement de l'imaginaire ↙️
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  23. Après avoir rompu avec la pensée marxiste, Castoriadis développe donc ses travaux autour de l'imaginaire. L'imagination, depuis Platon, était relégué à un statut inférieur dans la philosophie, cantonné au domaine de l'art avec les romantiques. Elle n'a jamais été étudiée en elle-même, c'est-à-dire comme une faculté positive. Castoriadis veut remédier à ça car elle est selon lui fondamentale à la compréhension de la réalité. Même si certaines données sont naturelles (il est nécessaire de manger pour vivre, par exemple), l'individu et la société interprètent ces données par le prisme de l'imaginaire, et en créent des nouvelles grâce à l'imagination. L'imaginaire est donc nécessaire à l'individu pour percevoir la réalité et lui donner un sens. Pour un grec ancien, Zeus est tout aussi réel que les téléphones portables pour l'homme moderne, ils sont tous les deux soutenus par une structure sociale mettant en place les conditions de leur existence aux yeux des individus.
  24. L'homme est un être qui imagine, créant ainsi des symboles, des valeurs, des significations, et des institutions – religion, culture – comme modes de pensée collectifs. Castoriadis définit cette nature humaine par le concept « d'imaginaire radical ».
  25. L'imaginaire radical donc, doit être compris comme « imaginaire premier », car il est à l'origine de toute représentation du monde, de toute pensée qui en découle, donnant un sens au monde qui nous entoure.
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  28. L'imaginaire en société ↙️
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  30. Nous avons jusqu'à présent expliqué l'imaginaire radicale par le prisme de l'individu, mais Castoriadis, contrairement aux théoriciens libéraux, refuse d'opposer l'individu et la société. La société permet l'individu, qui n'existerait pas en tant qu'individu sans socialisation. La langue, exemple suprême de création sociale, permet à l'individu de penser et de communiquer.
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  32. ❗Un individu ne sera cependant jamais totalement socialisé, pur produit de la société, car il ne serait alors que robot ou zombie. Il est en effet toujours possible pour l'individu de critiquer sa société et de la remettre en question.❗
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  34. La société, quant à elle, n'est pas la simple somme des individus qui la composent, et n'est pas non plus un simple déterminisme économique ou structurel. Elle dispose cependant d'un « imaginaire social instituant », à l'origine de la création de toutes les institutions humaines existantes, car elle ne peut exister sans institutions posées et acceptées comme telles par ses membres. Cette impulsion créatrice permet de mieux décrire une société, qui ne peut se réduire aux conditions économiques, sociales, géographiques, historiques ou biologiques dans lesquelles elle est apparue. Des institutions, une culture ou encore un imaginaire collectif viennent compléter cette représentation de la société.
  35. Cependant, ces institutions, fruits de l'imaginaire social instituant, cachent leurs origines. La religion, la coutume, la tradition... toutes ces institutions tendent à faire oublier à la société qu'elle les a elle-même créées. C'est ce que Castoriadis appelle l'hétéronomie. Quand la société, donc les individus la composant, ne se rend plus compte que tout provient d'elle-même, et non d'une loi supérieure imposée à la société (loi divine, loi de la nature, loi de l'histoire). Il extrait cependant deux exceptions à l'hétéronomie des sociétés : l'Athènes antique et les révolutions modernes⁵, qu'il qualifiera de sociétés « autonomes », devenant pour lui, le fondement de tout projet révolutionnaire.
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  44. ¹ Podcast de France Culture sur l'occupation nazi en Grèce, la guerre civile qui a suivie et l'exil de nombreux intellectuels grecs à bord de la Nef des grecs (c'est long mais super intéressant) :
  45. youtube.com/playlist?list=PLG-VVuadrXisNzvt6DCfVAHmeOvK2nkLT
  46. fr.wikipedia.org/wiki/Mataroa
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  48. ² Castoriadis, géant imaginaire (Article de Galaad Wilgos dans le hors-série Socialter, n°8 - avril-mai 2020)
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  50. ³ Les soviets sont l'exemple le plus connu de conseils ouvriers. Mis en place dans la Russie du début du 20ème siècle, les soviets sont des organes de pouvoir locaux réunissant des travailleurs, paysans, soldats et habitants. Organismes de démocratie directe, ils ont énormément participés aux révolutions russes de 1905 à 1917, avant de disparaître au profit d'un gouvernement centralisé dirigé par le parti communiste à Moscou, l'URSS.
  51. D'autres exemples existent, comme les "cordones industriales" faisaient office de conseils ouvriers au Chili en 1973, de la même manière que les travailleurs espagnols qui se réunissaient en "Juntas".
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  53. ⁴ Castoriadis, l'imaginaire radical (Nicolas Poirier dans Revue du MAUSS, n°21- janvier 2003) : cairn.info/revue-du-mauss-2003-1-page-383.htm
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  55. ⁵ Note : on pourrait penser que la liste des sociétés autonomes est un peu courte, comparée au nombre de sociétés différentes ayant existé, mais c'est en tout cas comme ça que Castoriadis présente les choses.
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  58. Interview de Cornélius Castoriadis, restranscrite et disponible en téléchargement sur le site du Collectif Lieux Communs :
  59. Pas des grands discours, mais des discours vrais (collectiflieuxcommuns.fr/50-nous-sommes-dans-l-ere-de-l)
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