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- A Paris X-Nanterre, l'AGEN, syndicat étudiant d'extrême gauche, revendique la pensée de Durban, recrute chez les étudiants
- maghrébins et cherche à faire la loi.
- Johan Weisz, proche-orient.info, 5 janvier 2004
- De grands panneaux qui proclament "Mon peuple vivra, Palestine vaincra", l'image d'un fedayin palestinien armé d'une kalachnikov, des photos de bébés irakiens ensanglantés sur les panneaux d'affichage... Bienvenue à l'université de Paris X-Nanterre. Dans ce temple du savoir, les murs des couloirs ou les parois des ascenseurs enseignent que l'étoile de David égale la croix gammée; les tags "USA=SS" viennent rappeler qu'ici, 35 ans plus tôt, toute une génération d'étudiants s'en était pris, selon la même absurde et ignominieuse équation, aux CRS.
- Sur le campus, le syndicat étudiant qui se veut à la pointe de l'agitation politique s'appelle l'AGEN, "Association Générale des Etudiants de Nanterre, pour un syndicalisme de combat". Avec trois élus dans les conseils centraux de l'université, l'AGEN peut faire valoir une légitimité certaine. D'autant que ses militants disposent d'une solide formation idéologique. Ainsi Aïda, qui représente le syndicat au Conseil d'administration de la faculté. Elle se définit comme "marxiste-léniniste", dénonce “l'instrumentalisation de l'université par la bourgeoisie". Ses lectures? Le Manifeste du Parti Communiste, bien sûr. Mais aussi Principe sélémentaires de philosophie, de Georges Politzer, qui enseignait en université populaire dans les années 1930. Quant aux tracts de l'AGEN, ils vantent les faits d'armes du général Vo Nguyên Giap, un des fondateurs du Viêt-Minh. La question proche-orientale est sans surprise très présente dans les publications du syndicat, avec, par exemple, un poème de Kamal Nasser, un des principaux responsables de "Septembre noir", organisation tristement célèbre pour l'assassinat d'athlètes israéliens à Munich, en 1972. L'AGEN apporte un soutien affiché au FPLP et multiplie les slogans contre "Arafat et sa clique liquidationniste”, considérés comme trop modérés. Face à l'AGEN et ses dizaines de militants, rares sont les étudiants qui osent affirmer à voix haute leur réprobation. Mais à mi-voix, beaucoup, comme cette animatrice de l'association "Fac verte", confient leur agacement: "Moi qui ne cache pas mon engagement pro-palestinien, je trouve que l'AGEN en fait trop. Ce panneau où l'on voit un Palestinien avec sa kalachnikov, c'est de la provocation !" A SOS-Racisme, Rémy fait remarquer que l'AGEN "cible son recrutement sur les étudiants maghrébins".
- Un tract diffusé à grande échelle sur le campus: le "Communiqué antisioniste n° 5"
- Le malaise vis-à-vis de cet activisme anti-israélien est évidemment encore plus profond chez les étudiants juifs. "Ici, avec l'AGEN, c'est un peu l'Intifada des campus", dit Léo, étudiante depuis deux ans à Nanterre. Elle raconte son altercation avec un membre de cette association: "Moi qui suis plutôt pour le dialogue, j'ai tout de suite été prise à partie; on m'a lancé: "T'es quoi, toi ? Moi je suis antisioniste !" Face à ça, qu'est-ce que je pouvais répondre ? Que je suis sioniste ?" L'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) et ses membres sont la cible privilégiée du syndicat d'extrême gauche qui, dans un ahurissant "Communiqué antisioniste n°5", décrivait l'UEJF comme "rattachée à des mouvements d'extrême droite israéliens".
- Sur le tract, largement diffusé au mois de novembre dernier, on pouvait également lire: "la plate-forme des 3000 ONG au forum de Durban en 2001 a remis à l'honneur la nécessité de lutter contre cet apartheid qu'est le sionisme".
- Incarnation d'une extrême gauche convertie à la pensée de Durban, l'AGEN retient également l'attention par les contacts qu'elle entretient avec les milieux ultras. Illustration le 8 décembre dernier, dans l'amphi D1 de l'université où l'AGEN tient un meeting intitulé "Résistance contre le nouvel ordre raciste". Une centaine d'étudiants ont sacrifié leur pause déjeuner pour assister à la conférence. Une jeune femme sur deux porte le voile. A la tribune, le porte parole du "Mouvement de l'Immigration et des Banlieues", un sociologue, et Michel Bousquet, présenté comme simple "syndicaliste CGT". Alors que ce dernier ne cache pas son engagement aux côtés du négationniste Mondher Sfar, qui a publié ses thèses dans la Revue d'histoire révisionniste d'Henri Roques. Michel Bousquet explique également au public qu'il milite avec Ginette Skandrani, laquelle est en voie d'exclusion des Verts, et est connue pour ses accointances avec l'islamiste Mohamed Latrèche ou l'auteur antisémite Israël Shamir.
- La conférence, aux accents marxistes-léninistes affichés, pose avec vigueur la question des discriminations dont sont victimes les "populations issues de la colonisation", selon l'expression consacrée. Force est de constater que la dialectique employée oppose à "la bourgeoisie" un "Nous" qui désigne alternativement "les musulmans" ou "les dominés". Parfois, les termes se mélangent et tout est très confus: Ainsi Michel Bousquet appelle "soeur", une femme voilée. On aurait plutôt attendu, qu'en responsable de la CGT, il la gratifie d'un "camarade". Suivent les interventions du public. Un jeune homme au verbe éloquent, très applaudi par la foule, explique : "Les membres du "lobby sioniste agissent déguisés. Ce sont de véritables soldats d'Israël, déguisés en journalistes, comme Christine Ockrent; comme Arthur, à la télévision, qui a organisé une manifestation pour le Likoud. C'est comme si on organisait une manifestation pour Al Qaïda [rires], on serait déjà tous en prison. Donc lui, il organise une manif pour soutenir un fasciste qui tue des enfants palestiniens." [...] Les musulmans sont "en train de vivre un véritable pogrom. L'antisémitisme, à côté, c'est rien du tout, ça fait pitié" [rires].
- Michel Bousquet profite de cette intervention pour fustiger "l'apartheid" dirigé contre les musulmans et qui permet aux "sionistes" de "faire ce qu'ils veulent au plan mondial". Il est longuement applaudi. Bien seul, Tarek Kawtari du "Mouvement de l'Immigration et des Banlieues" – une organisation pourtant connue pour son discours radical – tente de rappeler la salle à la raison: "Il ne faut pas qu'on fantasme tous sur le délire du sionisme mondial. Ça me gêne; quand j'entends ça, j'ai l'impression que tout est de la faute du sionisme mondial." C'est peine perdue. Un autre étudiant prend la parole. Il se désole de la fermeté adoptée par la France et la Tunisie contre le port du foulard islamique: "Même en Angleterre, dit-il, maintenant, on peut trouver des policières voilées, sans poser problème. Si quelqu'un part à Bruxelles, l'exception [parmi les femmes musulmanes] c'est celles qui ne portent pas le voile; et on n'entend pas beaucoup de bruit", de protestations contre cet état de fait. Et l'étudiant de poursuivre, avec un accent maghrébin très prononcé, pour expliquer combien les pays orientaux constituent un havre de paix pour les populations juives.
- Sur le plan national, l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) vient de rompre l'alliance électorale qui perdurait depuis de longues années avec l'UNEF (le syndicat majoritaire, de gauche). "A partir du moment où l'UNEF n'a plus été un rempart contre l'extrême gauche dans les facs, on s'est tourné vers d'autres acteurs", explique Yonathan Arfi, président de l'UEJF. D'où l'alliance avec SOS- Racisme, considéré comme un partenaire plus crédible et moins complaisant vis-à-vis de l'extrême gauche antisémite et anti-israélienne. Ensemble, les deux organisations ont créé une structure, "la Fédération des enfants de la République", qui présente des listes aux élections universitaires.
- SOS Racisme et l'UEJF ont fait alliance contre cette extrême gauche Rencontré à un stand des "Enfants de la République", lors des deux jours d'élections les 9 et 10 décembre derniers, Maxime, vice- président, jusqu'à l'année dernière, de la section UEJF de Nanterre, nous explique être venu "donner un coup de main" à ses anciens camarades, pour la campagne électorale. Visiblement lassé par des polémiques qui épuisent les étudiants juifs de Paris X, il commence par tendre une publicité pour "The night of your dreams", la prochaine soirée dansante de l'UEJF. Puis il se décide à témoigner: "Les responsables de l'AGEN connaissent les limites à ne pas dépasser. Du coup, en public, ils font attention à ne pas franchir la ligne rouge. Ils savent que crier "Mort à Israël" n'est pas puni par la loi. Mais, en privé, des gens m'ont, à plusieurs reprises, traité de "sale juif"".
- La direction de l'université suit, de l'aveu de tous, très attentivement les tensions qui peuvent être liées au conflit du Proche-Orient sur le campus. Les services préfectoraux des Hauts de Seine se tiennent, eux aussi, au fait du climat qui règne à Paris X. Mais le sentiment rencontré chez plusieurs responsables administratifs est que, depuis plusieurs mois, l'agit-prop menée par l'AGEN va decrescendo. Il n'en demeure pas moins que l'association d'extrême gauche continue à entretenir une atmosphère nauséabonde sur le campus.
- Ludovic, 19 ans et "responsable militantisme" de la section UEJF, joue le guide et nous montre les tags antisémites sur les murs des différents bâtiments. Parfois, il retrouve le sourire: certains ont été effacés. Mais ce n'est "pas encore la joie", et tout nouvel arrivant serait écoeuré par ces inscriptions. Mais lui ? Plus vraiment, car "on s'habitue à tout ça. Et c'est presque cette accoutumance qui est la plus grave".
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