2002 « On voit arriver une véritable Intifada des campus » (Patrick Klugman, Actualité Juive, 2002)

« On voit arriver une véritable Intifada des campus »
Patrick Klugman, Actualité Juive, 2002

Le président de L'Union des Étudiants Juifs de France dresse un constat
accablant. Il confirme que les universités sont devenues l'un des lieux d'
expression favoris de l'antisionisme.

Actualité Juive : Comment qualifiez-vous la situation qui prévaut aujourd'
hui sur certains campus français ?

Patrick Klugman : La situation se radicalise et est de pire en pire. Cette
année, le phénomène nouveau est l'implantation sous forme de sections
étudiantes de mouvements d'extrême-gauche pro-palestiniens. Dans d'autres
facultés où la situation était déjà très tendue, on voit arriver une
véritable Intifada des campus, avec des appels à la haine et même au
meurtre, des affiches en masse, etc. On utilise ainsi l'espace public
universitaire, on le détourne sur cette question puis on détourne cette
question de tous ses éléments objectifs.

A. J. : Comment l'UEJF compte-t-il réagir ?
P. K. : Nous allons dresser un état des lieux et tirer le signal d'alarme
car il faut savoir que l'on est dans une situation d'aberration où l'
université devient le dernier endroit où la justice a son mot à dire et où
le président d'Université ferme les yeux sur ce qu'il veut sans avoir à
répondre de quoi que ce soit. Le ministre de l'Éducation nationale que nous
avons interrogé, nous dit d'ailleurs être au courant de ce qui se passe mais
ne pas savoir comment réagir. Nous allons également mener une campagne dans
les facs, en parallèle à la sortie de notre prochain livre « Le sionisme
expliqué à nos potes », au cours de laquelle nous effectuerons une tournée,
avec affichages et conférences, à travers tous les campus de France.

A. J. : Parvenez-vous, malgré ce climat, à entretenir des relations avec les
associations telles que celle des Étudiants Musulmans de France ?

P. K. : J'avais, au début de mon mandat, tenté de nouer un dialogue avec l'
EMF mais je me suis rendu compte que ces dirigeants n'étaient pas clairs
quant à leur conception de la laïcité, de la pratique religieuse, de la
République et du monde étudiant. On sait qu'ils sont financés par l'Arabie
Saoudite et qu'ils se revendiquent comme étant proches des Frères Musulmans.
Ils représentent une force émergente sur les campus qui est radicalement
différente de ce qui existe aujourd'hui. C'est en outre une association
faible d'un point de vue national, qui n'offre donc aucune garantie en cas
de dérapage local.

«L'ensemble de la mobilisation intellectuelle contre Israël part des
facultés»

A. J. : La situation qui prévaut en France est-elle singulière ou bien
identique dans d'autres campus étrangers ?

P. K. : L'ensemble de la mobilisation intellectuelle contre Israël part des
facultés. On retrouve cette situation ailleurs en Europe, en Australie, en
Afrique du Sud et aux États-Unis. Mais dans ce dernier cas, si un professeur
dérape, le président de l'Université intervient aussitôt. Ce qui est
exactement l'inverse de ce que nous connaissons en France.

A. J. : L'UEJF entretient-il des relations avec les syndicats étudiants
juifs étrangers afin de gérer ce problème commun ?

P. K. : A l'Union mondiale des étudiants juifs dont l'UEJF fait partie, nous
nous sommes rendu compte que les thématiques, les arguments et parfois même
les affiches sont les mêmes partout. Néanmoins, on ne peut répondre que
localement. Ainsi, j'utiliserais pour ma part des arguments relatifs à la
laïcité française. Chacun va exploiter sa spécificité locale. Nous
commençons néanmoins à réfléchir à des réponses plus unitaires sur certains
thèmes. Ce sujet sera au centre de nos discussions lors de notre congrès
mondial qui se déroulera début janvier.


L.A.