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Qatar, PSG Les liaisons dangereuses de Pascal Boniface (Marianne 2025)

Aug 25th, 2025 (edited)
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  1. Qatar, PSG, Les liaisons dangereuses de Pascal Boniface
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  3. Martin Lom, Marianne, no 1484, 21-27 août 2025
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  5. Star auprès des jeunes sur les réseaux et auteur à succès, le géopolitologue Pascal Boniface s’est illustré avec ferveur
  6. dans la lutte contre le “Qatar bashing”. Un engagement qu’il a toujours présenté comme désintéressé...
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  8. Le 18 décembre 2022, à Doha, la France perd sa finale de Coupe du monde. Le géopolitologue Pascal Boniface est dans les tribunes du stade de Lusail. Ce n’est pas la première fois que le très médiatique directeur de l’iris (Institut de relations internationales et stratégiques) se rend dans le pays. Entre deux piques de façade, il multiplie les déclarations en faveur de l’émirat du Golfe. D’ailleurs, Pascal Boniface le dit et l’assume : il veut lutter contre le « Qatar bashing » qui sévirait en Occident. Fréquemment attaqué, pré­senté comme un « ambassadeur des sports du Qatar », il a coutume de hurler au complot et dénonce des « rumeurs calomnieuses » venues de « partisans inconditionnels de l'actuel gouvernement israélien ».
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  10. Pourtant, le 5 avril 2016, le chercheur monte à la tribune du Royal Monceau, palace parisien racheté par Doha, pour un événement organisé par Qadran, conglo­ mérat d’entreprises françaises et qataries chapeauté par l’émirat. Objectif de son intervention : vanter les « bénéfices mutuels » des relations économiques entre les deux pays. L'Iris, son cercle de réflexion, facture ainsi un rapport et la conférence « entre 30 000 et 35 000 € », selon une source proche de l'émirat. Sylvie Matelly, coré­ dactrice du rapport, confirme le montant tout en assurant que l’étude a été menée « en toute indépendance ». Selon nos infor­mations, la somme est négociée directe­ ment entre Pascal Boniface et l’ambassadeur qatari. Une intermédiaire proche du dossier se souvient parfaitement, elle aussi, de la séquence qui donne alors lieu à un quiproquo cocasse : « Pascal s'impatientait parce qu'il n'avait pas reçu le virement. Enfait, l'ambas­ sadeur attendait simplement le RIB de l'iris! »
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  12. Dans un mail adressé en amont aux orga­nisateurs, dont un diplomate de l’ambassade du Qatar, Pascal Boniface réclame l’invitation de Nabil Ennasri - agent d’influence qatari proche des Frères musulmans, aujourd’hui mis en examen pour corruption et trafic d'influence - à la petite sauterie du Royal Monceau. Après tout, « il a mouillé le mail­lot pour le Qatar »,justifie-t-il dans un autre courriel. Mais le personnage Ennasri ne plaît guère à l’ambassadeur d'alors, qui refuse. Visiblement très affecté par la nouvelle, le directeur de l’iris menace de « tout envoyé balader [sic] ». « Qu 'ils gardent leur fric j'en ai marre », tente-t-il une dernière fois auprès d’une intermédiaire... avant de finalement
  13. se rendre sagement le jour dit au palace de l’avenue Hoche.
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  15. Table ouverte au Parc des Princes: le chercheur peut compter sur une des 242 places du “carré de Nasser”, les plus convoitées de la tribune présidentielle du Parc des Princes.
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  17. Selon une source proche du Qatar, Pascal Boniface bénéficie également d’avan­tages en nature auprès d’une entreprise qui fait battre son cœur et qui fait la fierté de l’émirat : le Paris Saint-Germain. « Il est dans les invitations obligatoires du carré de Nasser depuis le début du PSG sous pavillon qatari », nous confie cette source. Le carré de Nasser, c’est le petit nom des 242 places les plus prestigieuses de la tribune présidentielle du Parc des Princes. Pour ces invités soigneuse­ ment triés par le club, la mi-temps se trinque au champagne et les petits fours sont signés du traiteur de luxe Potel et Chabot, dont le nom « chic à la française » ferait presque oublier qu’il appartient désormais... au Qatar. La présence de Boniface interroge jusque dans les hautes sphères de l’État. « Chaque fois quej'allais voir le PSG, il était dans la tri­bune. Il a table ouverte au Parc des Princes », nous assure un ancien ministre, inquiet des financements publics que perçoit l’institut. « Il faudrait vérifier s'il déclare au fisc ses avan­tages en nature », s'interroge un haut fonctionnaire qui l'a également souvent croisé au stade. Notre source proche du pouvoir qatari le concède : « On ne va pas se mentir, c’est une rémunération déguisée en échange de services rendus au Qatar. »
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  19. Contacté par Marianne, Pascal Boniface nie toute négociation directe avec l’ambas­sadeur du Qatar au sujet de la conférence au Royal Monceau, indiquant que « c'était Qadran qui organisait ». Le géopolitologue assure par ailleurs ne plus avoir de liens avec Nabil Ennasri et reste convaincu que les cri­tiques viennent « du lobby pro-israélien ». Et de poursuivre: « Les attaques ont commencé en 2009, parce que, tant que le Qatar avait de bonnes relations avec Israël, jamais on ne m'a emmerdé là-dessus. Dès 2004, j'ai évo­qué la situation des travailleurs immigrés au Qatar, je n'ai pas attendu la Coupe du monde pour le faire. » Des arguments qui peinent à convaincre. « Ce dontje suis étonné, c'est qu’il ait dit qu’il n'avait jamais rien touché du Qatar », glisse un ex-ministre.
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