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Tribune

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Apr 25th, 2017
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  1. Voici une tribune que nous avons rédigé avec Martin!
  2. Dites-nous ce que vous en pensez, et n'hésitez pas à nous dire si vous voulez être ajoutés à la liste des signataires et si vous connaissez des personnes susceptibles d'être intéressés.
  3.  
  4. Etudiant.e.s, nous nous abstiendrons ou voterons blanc le 7 mai 2017
  5.  
  6. Le 21 avril 2002, la France était secouée par un événement historique, l’accession de Jean-Marie Le Pen, candidat d’extrême-droite, au second tour des élections présidentielles. Quinze ans plus tard, rien n’a changé, ou presque.
  7. Dimanche, à l’issue du premier tour des élections présidentielles, une configuration similaire à celle de 2002 a émergé, à savoir un deuxième tour opposant le Front National à un candidat censé représenter le « Front Républicain ». Notre rejet viscéral du Front National pourrait nous conduire à voter contre Marine Le Pen le 7 mai, pour faire barrage aux idées nauséabondes qu’elle défend et à l’histoire du parti qu’elle représente. Pourtant, dans le contexte préoccupant actuel, il est primordial de prendre de la distance pour comprendre les raisons (qui n’ont pas la prétention d’être développées de manière exhaustive ici) pour lesquelles le Front National est parvenu, une nouvelle fois, à se hisser au second tour.
  8.  
  9. Les politiques libérales destructrices dont Macron en est l’étendard, ont contribué à la montée du FN
  10.  
  11. Le faible émoi suscité par la qualification de Marine Le Pen pour le second tour, est révélateur de la normalisation de son parti et de la place prépondérante que celui-ci occupe désormais dans le paysage politique français. Depuis une dizaine d’années, et l’essor progressif du FN, les mêmes politiques néo-libérales sont menées, malgré l’alternance politique. Ces politiques destructrices ont engendré la dégradation des conditions de vie, le chômage de masse, la précarisation des emplois, la baisse des salaires et des retraites, ainsi que le démantèlement des services publics et la fragilisation de notre système de protection sociale. La soumission de nos dirigeants politiques aux diktats des autorités supra-nationales de Bruxelles, appliquant des mesures d’austérité accrues, a fortement contribué à la paupérisation de notre pays et à l’accroissement des inégalités, avec 9 millions de nos concitoyens sous le seuil de pauvreté, et le record de millionnaires français. Privilégiant la main droite de l’Etat à sa main gauche, les politiques libérales ont donné priorité aux coupes budgétaires, à la dérégulation économique, au détriment de la santé, du logement, de l’enseignement et de la protection sociale. Ainsi, profitant de l’explosion des difficultés socio-économiques dans notre pays, le FN est parvenu à constituer son terreau électoral auprès de populations désemparées, victimes des ravages de la mondialisation et des politiques menées. Profitant de la brèche ouverte par les effets des politiques mises en place ces dernières années, le Front National a propagé un discours xénophobe et identitaire, en faisant croire aux Français confrontés à un déclassement social, à la précarité, que la cause de leur sort découlait de l’immigration.
  12. La montée du FN résulte donc, en partie, de l’action politique de ces dernières années, dont Emmanuel Macron en est l’étendard, le symbole. Jugeant que la loi El Khomri ne va pas « assez loin », l’ancien ministre de l’économie veut réformer le code du travail par ordonnances, en juillet, profitant de l’inertie des vacances scolaires pour annihiler toute velléité de mobilisation de masse. Macron souhaite par conséquent poursuivre et accentuer la flexibilisation du marché du travail, entrainant la fragilisation des salariés. Nous considérons que ce projet politique néo-libéral contribue de manière inéluctable, à la montée du FN au fil des différents scrutins électoraux, et que c’est en perpétuant le système économique actuel que l’extrême-droite finira par accéder au pouvoir. Le schéma consistant à brandir la menace FN pour lui faire front et voter « utile » ne résistera pas ad vitam aeternam. Le FN doit au contraire être combattu en proposant un programme politique clair basé sur une république sociale et humaniste.
  13. Par ailleurs, le traitement sécuritaire du gouvernement Valls ces dernières années, au sein duquel Emmanuel Macron a été ministre pendant deux ans, a participé à la banalisation du discours du Front National. En reprenant les anathèmes du Front National, sur la déchéance de nationalité notamment, le gouvernement a brouillé les cartes du jeu politique et a légitimé les positions réactionnaires de Marine Le Pen.
  14.  
  15. « Nous ne pouvons accepter des propositions écologiques lancées uniquement pour plaire et sans qu’elles ne soient fermement ancrées à un projet d’ensemble pour notre pays et le monde. »
  16.  
  17. En tant qu’habitant.es du XXIe siècle, nous ne pouvons appuyer de manière responsable des candidats qui ne proposent de réponse précise à la plus grande question de notre siècle : la problématique écologique. L’ultra-mondialisation forcée, aux profits des uns et aux détriments des autres, poussent à la destruction de la planète et au dérèglement catastrophique du climat. Il nous paraît invraisemblable de soutenir quiconque ne reconnaissant pas notre entrée dans l’ère géologique de l’Anthropocène, première ère où les activités de l’Homme ont marqué notre planète dans sa composition et son fonctionnement interne. Ainsi, face à l’urgence de plus en plus brûlante, nous ne pouvons accepter de candidature qui ne propose de plan précis et concret de transition écologique vers une énergie 100 % renouvelable. Nous ne pouvons accepter des propositions écologiques lancées uniquement pour plaire et sans qu’elles ne soient fermement ancrées à un projet d’ensemble pour notre pays et le monde. Emmanuel Macron étant le seul candidat qui soutient ouvertement le traité CETA et les autres traités de libre-échange similaires, qui encouragent le grand déménagement du monde générant une pollution aujourd’hui indécente. Ces traités poussent au productivisme, épuisant les ressources limitées de la planète, détruisant les terres arables ou poussant à leur conversion en production de masse rentable pour les multinationales au détriment des populations locales, bien souvent elles-mêmes confrontées à la famine et à l’extrême-pauvreté. Les accointances entre Emmanuel Macron et le haut-patronat ne peuvent que nous effrayer quant à la pleine liberté que pourront avoir des entreprises éco-criminelles comme Total ou Areva. Il ne propose non plus aucun plan précis concernant la réduction du nucléaire qu’il annonce, et ne se ferme pas à une prolongation de 40 ans de l’exploitation du parc nucléaire français. Nous déplorons aussi l’absence de propositions pour la sécurisation de ces centrales, vis-à-vis de la menace climatique ou terroriste. Car les animaux ne sont pas des choses, nous ne pouvons voter pour un candidat souhaitant rouvrir les chasses présidentielles. Il nous est également impossible de cautionner la vision réactionnaire de l’écologie portée par le Front National, où la terre n’est vue que comme un « héritage de lignée », et non comme biodiversité essentielle à notre survie. La politique de surconsommation que Marine Le Pen désire entretenir et développer est radicalement incompatible avec la nécessité de changement des modèles de production nécessaires pour exister en accord avec la planète. La candidate fait également preuve d’une absence de conviction dangereuse vis-à-vis du nucléaire, qui varie au gré des élections et qui s’est d’autant plus cette fois-ci fixée sur un maintien évident de la France dans les énergies nucléaires. Enfin, cette façade écologique artificielle ne fait que se confirmer par le climato-scepticisme de nombreux dignitaires FN, et par leur refus obsessionnel irresponsable de prendre en considération les migrations climatiques qui auront lieu dans les années à venir. Dépassant les clivages idéologiques, nous mettons l’urgence écologique en tête de nos préoccupations pour la survie de l’Humanité, que ces deux candidats poussent à la catastrophe.
  18.  
  19. Un manque de propositions évident ne répondant pas aux besoins des étudiant.e.s
  20.  
  21. Sur un sujet complètement absent de la campagne, l’Enseignement Supérieur et la Recherche, là encore la logique libérale chérie par Emmanuel Macron prédomine. La détérioration des conditions d’études à l’université, suite aux lois Pécresse et Fioraso sur l’autonomie et la fusion des universités, sera poursuivie par la fusion des universités avec des grandes écoles privées, ce qui tendrait vers la privatisation de l’enseignement. Macron veut également encourager les chercheur.ses à l’entrepreneuriat, en soumettant la recherche au marché de l’emploi et au secteur privé. Le savoir et la connaissance seront réduits à des marchandises, servant à générer toujours plus de profits pour les entreprises du CAC 40, entre autre. Attachés au prestige de la culture et du savoir, nous ne pouvons cautionner cette vision capitaliste de la recherche et de l’enseignement, ni celle de Marine Le Pen caractérisée par une absence de propositions concrètes pour nos conditions d’études.
  22. « Le pire concernant les libertés de création et de contestation inhérentes à la production artistique en France »
  23. C’est dans le même esprit que nous ne pouvons cautionner une candidate dont le programme culturel repose sur l’obscurantisme au service d’une propagande nationaliste digne des régimes coloniaux du XIXe siècle et des totalitarismes que certains ont pu donner au XXe. Ainsi, la seule attention du programme de Marine Lepen portée sur la culture consistant à la création d’un « art national », consistant en la préservation du patrimoine et non à la création et à la rencontre entre l’art et les populations, pour ne faire vivre la Culture en France qu’au service d’un fantasme de roman national ethnique représente un grave danger. D’abord, car il ne saurait être véridique et porterait une vision biaisée de l’Histoire. Ensuite, car une telle démarche impulsée par l’État pousserait ouvertement et de manière irresponsable aux conflits entre citoyen.nes français.es. Enfin les déclarations ouvertement hostiles du Front national vis à vis de la création contemporaine, qui serait mise en opposition réactionnaire avec « l’art national », ne peuvent que nous faire craindre le pire concernant les libertés de création et de contestation inhérentes à la production artistique en France, la fameuse « exception culturelle française », qui reste un exemple presque unique sur toute la planète. Dans la même démarche, nous ne pouvons non plus tolérer les propositions du candidat Macron, dans la même démarche d’abandon des créatrices et créateurs, ne proposent que d’encourager à la « consommation ». Son « Pass culture » de 500 euros donnés au 18e anniversaire de chaque Français.e n’est qu’un pur appel à la simple consommation, ne prenant pas en compte l’importance des multinationales dans le domaine de la production culturelle et l’influence qu’elles ont dessus, toujours en quête de profit et non par mécénat bienveillant. Ainsi, ce portefeuille offert, par son importance, n’est qu’un appel à la surconsommation et à l’idée que l’argent dépensé est la principale dynamique de la Culture en France, alors que notre pays a justement fait le paris d’essayer de l’en libérer dans un objectif de démocratisation culturelle et de foisonnement de la création. Ses propos affirmant qu’il n’existait pas de culture française, en plus d’être sociologiquement faux, sont une négation des associations d’initiative populaire et organismes publics qui permettent l’épanouissement et la création culturels propres aux territoires et aux quartiers populaires et qui favorisent la cohésion sociale. Nous refusons donc cette société de la consommation culturelle, ainsi que celle de la domination réactionnaire du passé patrimonial, substituées à celle de la création culturelle, diverse, populaire et émancipatrice.
  24.  
  25. Pour les différentes raisons que nous venons d’exposer, nous ne voterons pas pour la représentante d’un parti fondé par des néo-fascistes français et soutenus par leurs homologues italiens, elle-même habituée aux bals des dignitaires de l’extrême-droite européenne qui ne manque la soutenir dès qu’elle peut et qui axe son discours politique sur la division des citoyens, en fonction de leur appartenance ethnique et/ou religieuse, ni pour un ancien banquier, fervent défenseur d’une économie dérégulée, qui a pour plan de détruire nos acquis sociaux par ordonnances, poussant à l’individualisme exacerbé et à l’accroissement des écarts entre les plus riches et les plus pauvres.
  26. Combattons plus que jamais la xénophobie et le libéralisme qui la nourrit. Unissons-nous dès le 1er mai dans les rues pour que la belle promesse du mouvement créé par Jean-Luc Mélenchon, la France Insoumise, devienne une grande force progressiste, anti-libérale et écologiste d’opposition lors du prochain quinquennat.
  27.  
  28. Signataires :
  29. • Bougeard Diane (Université Paris 10)
  30. • Calfuquir Julian (Université Paris 10)
  31. • Chelbani Mélissa (Université Paris 10)
  32. • Coste Andréas (Université Paris 10)
  33. • Demange Charles (Université Paris 10)
  34. • Guéry Valentin (Université Paris 10)
  35. • Hertout Pierre (Université Paris 10)
  36. • Lanzalotta Elsa (Université Paris 10)
  37. • Lassus Baptiste (CESACOM)
  38. • Mendiharat Martin (Université Paris 10)
  39. • Pochat Maël (Université Paris 10)
  40. • Ryan Christophe (Université Toulouse Capitole)
  41. • Ryan Kathleen (Université de Bruxelles)
  42. • Gardin Simon (Université de Rouen)
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