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Jun 25th, 2017
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  1. Lecture analytique n°7 : L'Equipage de Joseph Kessel : mort d'un symbole
  2. Extrait de «Le temps passait » jusqu’à « lambeau très cher, très pur et très noble de leur jeunesse », p. 234-236
  3. 1. Du ciel à la terre, de la guerre à la paix
  4. La force vitale exceptionnelle du capitaine Thélis qui perdure jusque dans la mort, voici ce que veut mettre en valeur Kessel à travers cette description, dont la lenteur épouse celle des gestes du capitaine. Passant progressivement de l’évanouissement à la conscience (« Lentement, confusément, le capitaine comprenait qu’il vivait encore») et «ramassant ses forces défaillantes», Thélis semble s’arracher une première fois aux bras de la mort. Alors que son corps dépérit (« ses lèvres desséchées aspiraient l’air avec un râle », « de son flanc gauche giclait une source tiède »), son désir de vivre se manifeste de façon surhumaine : il trouve la force d’exhorter son camarade à se battre (« C’est toi, Marbot. Tire donc encore ») et de marcher.
  5. Une fois au sol, les sens de Thélis semblent se taire, la vue disparaît et seule l’ouïe le rattache encore au réel. Les derniers instants de Thélis sont marqués par une impression de « douceur », de fluidité et de tendresse. Dans cette mort qui semble se dérouler dans une paix absolue, c’est paradoxalement la vie qui a le dernier mot : « Et dans la tendre mort le capitaine entra vivant encore. »
  6. 2. Thélis, héros solaire
  7. Cet épisode décrit le retour symbolique du corps de Thélis de l’air à la terre. Le texte met en valeur la gravité qui influence désormais les mouvements du héros. Il semble aspiré par le sol : il « coul[e] [...] vers la terre », marche, trébuche, s’assoit « [tombe] une dernière fois », « mor[d] l’herbe grasse ».
  8. Son agonie suit le mouvement de l’aurore (« les premiers feux du soleil l’éblouirent » ; « Soudain, le matin s’anima »), comme un écho à sa personnalité solaire. Les sons et les voix qui accompagnent sa mort sont clairement associés au féminin et à l’enfance : le capitaine accueille ainsi la sonnerie des cloches « comme une amie, très vieille berceuse des enfances ».
  9. Dans l’esprit de Thélis, le son des cloches semble relier le soleil et la terre : « Une plainte suave traînait sous le ciel. Timide, elle effleurait la terre à sa naissance », pour enfin accompagner leur fusion : « Et la terre et le ciel s’étaient dissous en un fluide espace. »
  10. 3. Un vibrant hommage
  11. Si les morts des autres pilotes sont à peine esquissées, ce qui retranscrit plutôt le refoulement dont elles font l’objet de la part de l’escadrille – il faut oublier pour continuer à combattre –, le fait que Kessel prenne le temps de décrire les derniers instants de Thélis n’a rien d’anodin. Avec le capitaine, c’est toute une époque qui disparaît.
  12. La mort du chef de l’escadrille est mise en scène de façon grandiose, pour rendre hommage à des qualités hors norme. La focalisation interne, la lenteur du rythme, qui semble mimer celle des derniers pas de Thélis, la description de chacun de ses gestes et, enfin, son osmose métaphorique avec les éléments naturels contribuent à la sacralisation du héros.
  13. Si le registre est nettement pathétique, il n’est pas larmoyant. En effet, Thélis ne fait ici qu’achever le cours de son destin, qui était de mourir au combat. Cet épisode constitue une forme de tombeau poétique, conférant au capitaine Thélis – et à travers lui, à son modèle Thélis Vachon – une forme d’immortalité.
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