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A propos de Michelet, Gobineau et du Code Noir par Soral (saidchomsky, 2012)

Sep 28th, 2023
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  1. A propos de Michelet, Gobineau et du Code Noir
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  3. saidchomsky, 2012
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  5. Voici une analyse percutante de saidchomsky sur certaines déclarations d’Alain Soral dans sa dernière vidéo du mois, à propos de Michelet, Gobineau et du Code Noir.
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  7. Alain Soral cite cette phrase de Jules Michelet (La Bible de l’Humanité) : « Tout le progrès des Juifs aboutit à la stérilité profonde ».
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  9. [vidéo absente]
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  11. On pourrait penser que l’historien de la IIIe République juge sévèrement les Juifs, les essentialise, puisque sortie de son contexte narratif, cette phrase apparaît comme une sentence implacable. En réalité, il s’agit d’un passage du chapitre Le juif – L’esclave dans le livre dont voici quelques extraits qui infirment ce que Soral veut bêtement laisser croire:
  12.  
  13. « Le Juif est dès l’origine homme de paix, homme d’affaires. Son idéal n’est ni le guerrier, ni l’ouvrier, ni l’agriculteur. Nomade jadis, comme berger, plus tard il revient à la vie nomade, comme colporteur, comme banquier ou brocanteur. La Bible pose fortement, simplement, cet idéal. C’est Jacob qui a le type et le nom consacré du peuple (Israël). Jacob est homme pacifique. (…) La grande et vraie gloire des Juifs qu’ils ont due à leurs misères, c’est que, seul entre les peuples, ils ont donné une voix, une voix pénétrante, éternelle, au soupir de l’esclave ».
  14.  
  15. Plus loin dans ce chapitre, il écrit :
  16.  
  17. « On ne peut croire un mot des massacres épouvantables que les Juifs auraient faits dans le pays de Chanaan, de cette extermination prétendue des tribus qui subsistent après. Leurs nombreuses servitudes les mettaient fort loin, à coup sûr, de la vie guerrière des Arabes et de ces gloires de bouchers. Ces récits sont pure vanterie, une revanche en paroles de tant de maux réels. (…) Du reste, ce qui attriste, ce qui peut sécher l’âme, ce sont bien moins les massacres improbables, les sensualités mauvaises, que l’aridité générale. Sauf telle partie de la Genèse, des Juges et les premiers livres des Rois, l’esprit est dur et sec. (..) Et dans la forme et dans le fond, la sécheresse est radicale. Tout le progrès des Juifs aboutit à la stérilité profonde ».
  18.  
  19. Michelet fait une analyse littéraire de la Bible. Il ne parle pas des Juifs en général, de tout temps, ou des Juifs à son époque. Il parle de la Bible, des Juifs dans la Bible, de leur rapport à Dieu, de la manière dont la Bible les dépeint, etc.
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  21. Michelet se fait théologien, exégète.
  22.  
  23. Juste avant, Soral dit de Balzac qu’ « il est assez nuancé sur le sujet [des Juifs] comme les gens intelligents, ils savent faire la part des choses ». Nous en déduisons que Soral, lui, est un sombre crétin car s’il avait lu le livre (ce qu’il n’a pas fait), il aurait vu cette note en dessous de la phrase de Michelet qu’il nous lit.
  24.  
  25. Voici la note :
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  27. « Rien ne m’a plus coûté que ce chapitre. J’aime les Juifs. Je n’ai perdu aucune occasion de rappeler leurs martyres, leurs vertus de famille, les admirables talents qu’ils ont déployé de nos jours. Comment ne pas être touché de la destinée de ce peuple, auteur du monde chrétien, et tellement persécuté, crucifié par son fils ? Dès qu’on veut être sévère, on le regrette, on se dit : « Ses vices sont ceux que nous lui fîmes, et ses vertus sont à lui ». Respect au peuple patient sur qui, tant de siècles durant, le monde a toujours frappé ; qui de nos jours a tant souffert en Russie. Respect au peuple fidèle dont le culte antique nous garde le type d’où l’on partit, où l’on retourne, le pontificat domestique, celui où va l’avenir. Respect à la vive énergie qui, du fond Oriental, a suscité de nos jours tant de talents imprévus, savants, artistes en tous arts ».
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  29. Plus loin, Michelet rappelle tout de même que c’est au nom des textes juifs et chrétiens qu’on autorise et sanctifie l’esclavage (par exemple en Amérique). Juifs et chrétiens.
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  31. Pour conclure sur Michelet, on peut dire qu’il fait une analyse très subtile et nuancée de la Bible, des chrétiens, des Juifs et de tout autre sujet dans ce livre. Il sait, lui, faire la part des choses. C’est ce qui fait sans doute que c’est quelqu’un de très intelligent qui restera dans l’Histoire. Alors que Soral…
  32.  
  33. Joseph Arthur de Gobineau
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  35. Soral affirme :
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  37. « On nous dit toujours que Gobineau est le père du racisme. Et évidemment c’est un aristocrate français catholique. Ce qu’on oublie de dire c’est que dans la théorie des races de Gobineau, Gobineau dit que les Blancs ont l’intelligence et que les Noirs ont la sensibilité. Et que pour atteindre au sommet du génie humain, il faut métisser les Noirs et les Blancs. Ce qui est donc une apologie du métissage et une reconnaissance du génie spécifique des races ».
  38.  
  39. On pourrait croire tout d’abord que le crétin Soral a raison. Gobineau écrit :
  40.  
  41. « Il serait inexact de prétendre que tous les mélanges sont mauvais et nuisibles. (…) Mais tout n’aurait pas été gain dans une telle situation. La supériorité relative, en persistant d’une manière plus évidente, n’aurait pas, il faut le reconnaître, été accompagnée de certains avantages que les mélanges ont produits, et qui, bien que ne contrebalançant pas, tant s’en faut, la somme de leurs inconvénients, n’en sont pas moins dignes d’être, quelque fois, applaudis. (…) Je ne le nie pas : ce sont là de bons résultats. Le monde des arts de la noble littérature résultant des mélanges du sang, les races inférieures améliorées, ennoblies, sont autant de merveilles auxquelles il faut applaudir. Les petits ont été élevés. Malheureusement les grands, du même coup, ont été abaissés, et c’est un mal que rien ne compense ni ne répare ».
  42.  
  43. Les grands ce sont les Blancs, les inférieurs ce sont les Jaunes, les Nègres et autres races (ce sont les termes de Gobineau).
  44.  
  45. « Mais ce sont autant de bénéfices transitoires, et si je reconnais que le mulâtre, dont on peut faire un avocat, un médecin, un commerçant, vaut mieux que son grand-père nègre, entièrement inculte et propre à rien… »
  46.  
  47. Voici une affirmation qu’approuve Soral et qu’il ne manque donc pas de partager avec Dieudonné, fils d’un Camerounais et d’une Bretonne (mulâtre selon Gobineau) dont le grand-père paternel était ou est sans doute Camerounais (donc nègre selon Gobineau, et entièrement inculte et propre à rien). Poursuivons l’analyse de Gobineau :
  48.  
  49. ===
  50.  
  51. « La race blanche possédait originairement le monopole de la beauté, de l’intelligence et de la force. À la suite de ses unions avec les autres variétés, il se rencontra des métis beaux sans être forts, forts sans être intelligents, intelligents avec beaucoup de laideur et de débilité. Il se trouva aussi que la plus grande abondance possible du sang des blancs, quand elle s’accumulait, non pas d’un seul coup, mais par couches successives, dans une nation, ne lui apportait plus ses prérogatives naturelles. Elle ne faisait souvent qu’augmenter le trouble déjà existant dans les éléments ethniques et ne semblait conserver de son excellence native qu’une plus grande puissance dans la fécondation du désordre.
  52.  
  53. Cette anomalie apparente s’explique aisément, puisque chaque degré de mélange parfait produit, outre une alliance d’éléments divers, un type nouveau, un développement de facultés particulières. Aussitôt qu’à une série de créations de ce genre d’autres éléments viennent s’adjoindre encore, la difficulté d’harmoniser le tout crée l’anarchie, et plus cette anarchie augmente, plus les meilleurs, les plus riches, les plus heureux apports perdent leur mérite et, par le seul fait de leur présence, augmentent un mal qu’ils se trouvent impuissants à calmer.
  54.  
  55. Si donc les mélanges sont, dans une certaine limite, favorables à la masse de l’humanité, la relèvent et l’ennoblissent, ce n’est qu’aux dépens de cette humanité même, puisqu’ils l’abaissent, l’énervent, l’humilient, l’étêtent dans ses plus nobles éléments, et quand bien même on voudrait admettre que mieux vaut transformer en hommes médiocres des myriades d’êtres infimes que de conserver des races de princes dont le sang, subdivisé, appauvri, frelaté, devient l’élément déshonoré d’une semblable métamorphose, il resterait encore ce malheur que les mélanges ne s’arrêtent pas ; que les hommes médiocres, tout à l’heure formés aux dépens de ce qui était grand, s’unissent à de nouvelles médiocrités, et que de ces mariages, de plus en plus avilis, naît une confusion qui, pareille à celle de Babel, aboutit à la plus complète impuissance, et mène les sociétés au néant auquel rien ne peut remédier.
  56.  
  57. C’est là ce que nous apprend l’histoire. Elle nous montre que toute civilisation découle de la race blanche, qu’aucune ne peut exister sans le concours de cette race, et qu’une société n’est grande et brillante qu’à proportion qu’elle conserve plus longtemps le noble groupe qui l’a créée et que ce groupe lui-même appartient au rameau le plus illustre de l’espèce. Pour exposer ces vérités dans un jour éclatant, il suffit d’énumérer, puis d’examiner les civilisations qui ont régné dans le monde, et la liste n’en est pas longue.
  58.  
  59. Du sein de ces multitudes de nations qui ont passé ou vivent encore sur la terre, dix seulement se sont élevées à l’état de sociétés complètes. Le reste, plus ou moins indépendant, gravite à l’entour comme les planètes autour de leurs soleils. Dans ces dix civilisations, s’il se trouve, soit un élément de vie étranger à l’impulsion blanche, soit un élément de mort qui ne provienne pas des races annexées aux civilisateurs, ou du fait des désordres introduits par les mélanges, il est évident que toute la théorie exposée dans ces pages est fausse. Au contraire, si les choses se trouvent telles que je les annonce, la noblesse de notre espèce reste prouvée de la manière la plus irréfragable, et il n’y a plus moyen de la contester.
  60.  
  61. C’est là que se rencontrent donc, tout à la fois, la seule confirmation suffisante et le détail désirable des preuves du système. C’est là, seulement, que l’on peut suivre, avec une exactitude satisfaisante, le développement de cette affirmation fondamentale, que les peuples ne dégénèrent que par suite et en proportion des mélanges qu’ils subissent, et dans la mesure de qualité de ces mélanges ; que, quelle que soit cette mesure, le coup le plus rude dont puisse être ébranlée la vitalité d’une civilisation, c’est quand les éléments régulateurs des sociétés et les éléments développés par les faits ethniques en arrivent à ce point de multiplicité qu’il leur devient impossible de s’harmoniser, de tendre, d’une manière sensible, vers une homogénéité nécessaire, et, par conséquent, d’obtenir, avec une logique commune, ces instincts et ces intérêts communs, seules et uniques raisons d’être d’un lien social. Pas de plus grand fléau que ce désordre, car si mauvais qu’il puisse rendre le temps présent, il prépare un avenir pire encore ».
  62.  
  63. ===
  64.  
  65. C’est ce qu’Alain Soral Baudet Soral nomme une apologie du métissage !
  66.  
  67. Le Code Noir
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  69. « Arrêtez de nous faire passer le judaïsme pour le vecteur de la Lumière et le catholicisme pour celui de l’obscurité. C’est évidemment l’inverse, y compris d’ailleurs dans le Code noir, pour ceux qui s’y intéressent. C’est encore un autre sujet sur lequel nous viendrons (30’14’’ de la vidéo ci-dessous)
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  71. [vidéo absente]
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  73. « Le Code noir c’est à un moment donné la royauté française très catholique qui chasse les Juifs d’un commerce dont ils avaient le monopole, ce qui est entièrement vérifiable (…) Le Code noir avait pour but de chasser les Juifs du monopole du commerce des esclaves, pour le christianiser, car effectivement, pour le rendre moins brutal et aussi d’ailleurs le récupérer »
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  75. Moins brutal ?! Il est prévu la mort pour l’esclave qui fait couler le sang de son maître, des peines afflictives de toute sorte pour n’importe quel délit, les oreilles coupées en pointe, le jarret coupé et le marquage à la fleur de lys pour toute tentative de fuite… L’esclave est considéré comme un meuble !
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  77. Quant au monopole des Juifs, tous les historiens sérieux ont discrédité cette thèse.
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  79. Alain Soral s’appuie donc sur la Nation of Islam, dont les membres fondateurs étaient des criminels particulièrement brutaux. La Nation of Islam prône un racialisme violent (les Blancs sont une race inférieure, des démons, proches du singe et du cochon). Son leader Louis Farrakhan a appelé au meurtre de Malcolm X deux mois avant qu’il ne soit assassiné. Il est coutumier de violentes diatribes racistes et homophobes.
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  81. Surtout il s’appuie sur David Duke. David Duke est un membre éminent du Ku Klux Klan. Donc un ennemi déclaré de Dieudonné qu’il aurait très bien pu lyncher dans les années 60. Or Dieudonné est l’ami de Soral. Cherchez l’erreur.
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