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Jan 16th, 2018
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  1. Damiens avait été condamné, le 2 mars 1757, à « faire amende
  2. honorable devant la principale porte de l'Église de Paris »,
  3. où il devait être « mené et conduit dans un tombereau, nu, en
  4. chemise, tenant une torche de cire ardente du poids de deux
  5. livres »; puis, « dans le dit tombereau, à la place de Grève,
  6. et sur un échafaud qui y sera dressé, tenaillé aux mamelles,
  7. bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite tenant en
  8. icelle le couteau dont il a commis le dit parricide, brûlée de
  9. feu de soufre, et sur les endroits où il sera tenaillé, jeté du
  10. plomb fondu, de l'huile bouillante, de la poix résine brûlante, de la cire et soufre fondus ensemble et ensuite son corps tiré et
  11. démembré à quatre chevaux et ses membres et corps consumés
  12. au feu, réduits en cendres et ses cendres jetées au vent1
  13. « Enfin on l'écartela, raconte la Gazette d'Amsterdam2. Cette
  14. dernière opération fut très longue, parce que les chevaux dont
  15. on se servait n'étaient pas accoutumés à tirer; en sorte qu'au
  16. lieu de quatre, il en fallut mettre six; et cela ne suffisant pas
  17. encore, on fut obligé pour démembrer les cuisses du malheu- reux, de lui couper les nerfs et de lui hacher les jointures...
  18. « On assure que quoiqu'il eût toujours été grand jureur, il ne
  19. lui échappa aucun blasphème; seulement les excessives dou- leurs lui faisaient pousser d'horribles cris, et souvent il répéta :
  20. Mon Dieu, ayez pitié de moi; Jésus, secourez-moi. Les specta- teurs furent tous édifiés de la sollicitude du curé de Saint-Paul
  21. qui malgré son grand âge ne perdait aucun moment pour
  22. consoler le patient. »
  23. Et l'exempt Bouton : « On a allumé le soufre, mais le feu était
  24. si médiocre que la peau du dessus de la main seulement n'en
  25. a été que fort peu endommagée. Ensuite un exécuteur, les
  26. manches troussées jusqu'au dessus des coudes, a pris des
  27. tenailles d'acier faites exprès, d'environ un pied et demi de
  28. long, l'a tenaillé d'abord au gras de la jambe droite, puis à la
  29. cuisse, de là aux deux parties du gras du bras droit; ensuite
  30. aux mamelles. Cet exécuteur quoique fort et robuste a eu
  31. beaucoup de peine à arracher les pièces de chair qu'il prenait
  32. dans ses tenailles deux ou trois fois du même coté en tordant,
  33. et ce qu'il en emportait formait à chaque partie une plaie de la
  34. grandeur d'un écu de six livres.
  35. « Après ces tenaillements, Damiens qui criait beaucoup sans
  36. cependant jurer, levait la tête et se regardait ; le même tenailleur
  37. a pris avec une cuillère de fer dans la marmite de cette drogue
  38. toute bouillante qu'il a jetée en profusion sur chaque plaie.
  39. Ensuite, on a attaché avec des cordages menus les cordages
  40. destinés à atteler aux chevaux, puis les chevaux attelés dessus
  41. à chaque membre le long des cuisses, jambes et bras.
  42. « Le sieur Le Breton, greffier, s'est approché plusieurs fois
  43. du patient, pour lui demander s'il avait quelque chose à dire.
  44. A dit que non; il criait comme on dépeint les damnés, rien n'est
  45. à le dire, à chaque tourment : " Pardon, mon Dieu! Pardon,
  46. Seigneur. " Malgré toutes ces souffrances ci-dessus, il levait de
  47. temps en temps la tête et se regardait hardiment. Les cordages
  48. si fort serrés par les hommes qui tiraient les bouts lui faisaient
  49. souffrir des maux inexprimables. Le sieur Le Breton s'est
  50. encore approché de lui et lui a demandé s'il ne voulait rien
  51. dire; a dit non. Les confesseurs se sont approchés à plusieurs
  52. et lui ont parlé longtemps; il baisait de bon gré le crucifix
  53. qu'ils lui présentaient; il allongeait les lèvres et disait toujours :
  54. " Pardon, Seigneur. "
  55. « Les chevaux ont donné un coup de collier, tirant chacun
  56. un membre en droiture, chaque cheval tenu par un exécuteur.
  57. Un quart d'heure après, même cérémonie, et enfin après plu-
  58. sieurs reprises on a été obligé de faire tirer les chevaux, savoir :
  59. ceux du bras droit à la tête, ceux des cuisses en retournant
  60. du côté des bras, ce qui lui a rompu les bras aux jointures. Ces
  61. tiraillements ont été répétés plusieurs fois sans réussite. Il
  62. levait la tête et se regardait. On a été obligé de remettre deux
  63. chevaux, devant ceux attelés aux cuisses, ce qui faisait six
  64. chevaux. Point de réussite.
  65. « Enfin l'exécuteur Samson a été dire au sieur Le Breton
  66. qu'il n'y avait pas moyen ni espérance d'en venir à bout, et lui
  67. dit de demander à Messieurs s'ils voulaient qu'il le fit couper
  68. en morceaux. Le sieur Le Breton, descendu de la ville a donné
  69. ordre de faire de nouveaux efforts, ce qui a été fait; mais les
  70. chevaux se sont rebutés et un de ceux attelés aux cuisses est
  71. tombé sur le pavé. Les confesseurs revenus lui ont parlé encore.
  72. Il leur disait (je l'ai entendu) : " Baisez-moi, Messieurs. "
  73. Le sieur curé de Saint-Paul n'ayant osé, le sieur de Marsilly
  74. a passé sous la corde du bras gauche et l'a été baiser sur le
  75. front. Les exécuteurs s'unirent entre eux et Damiens leur disait
  76. de ne pas jurer, de faire leur métier, qu'il ne leur en voulait pas;
  77. les priait de prier Dieu pour lui, et recommandait au curé de
  78. Saint-Paul de prier pour lui à la première messe.
  79. « Après deux ou trois tentatives, l'exécuteur Samson et celui
  80. qui l'avait tenaillé ont tiré chacun un couteau de leur poche
  81. et ont coupé les cuisses au défaut du tronc du corps; les quatre
  82. chevaux étant à plein collier ont emporté les deux cuisses après
  83. eux, savoir : celle du côté droit la première, l'autre ensuite ;
  84. ensuite en a été fait autant aux bras et à l'endroit des épaules et
  85. aisselles et aux quatre parties; il a fallu couper les chairs jusque
  86. presque aux os, les chevaux tirant à plein collier ont remporté
  87. le bras droit le premier et l'autre après.
  88. « Ces quatre parties retirées, les confesseurs sont descendus
  89. pour lui parler; mais son exécuteur leur a dit qu'il était mort,
  90. quoique la vérité était que je voyais l'homme s'agiter, et la
  91. mâchoire inférieure aller et venir comme s'il parlait. L'un des
  92. exécuteurs a même dit peu après que lorsqu'ils avaient relevé
  93. le tronc du corps pour le jeter sur le bûcher, il était encore
  94. vivant. Les quatre membres détachés des cordages des chevaux
  95. ont été jetés sur un bûcher préparé dans l'enceinte en ligne droite
  96. de l'échafaud, puis le tronc et le tout ont été ensuite couverts
  97. de bûches et de fagots, et le feu mis dans la paille mêlée à ce
  98. bois.
  99. « ... En exécution de l'arrêt, le tout a été réduit en cendres.
  100. Le dernier morceau trouvé dans les braises n'a été fini d'être
  101. consumé qu'à dix heures et demie et plus du soir. Les pièces
  102. de chair et le tronc ont été environ quatre heures à brûler.
  103. Les officiers au nombre desquels j'étais, ainsi que mon fils, avec
  104. des archers par forme de détachement sommes restés sur la
  105. place jusqu'à près de onze heures.
  106. « On veut tirer des conséquences sur ce qu'un chien s'était
  107. couché le lendemain sur le pré où avait été le foyer, en avait
  108. été chassé à plusieurs reprises, y revenant toujours. Mais il n'est
  109. pas difficile de comprendre que cet animal trouvait cette place
  110. plus chaude qu'ailleurs 1."
  111. Trois quarts de siècle plus tard, voici le règlement rédigé par
  112. Léon Faucher « pour la Maison des jeunes détenus à Paris1 » :
  113. ART. 17. La journée des détenus commencera à six heures du
  114. matin en hiver, à cinq heures en été. Le travail durera neuf
  115. heures par jour en toute saison. Deux heures par jour seront
  116. consacrées à l'enseignement. Le travail et la journée se termi-
  117. neront à neuf heures en hiver, à huit heures en été.
  118. ART. 18. Lever. Au premier roulement de tambour, les détenus
  119. doivent se lever et s'habiller en silence, pendant que le sur-
  120. veillant ouvre les portes des cellules. Au second roulement, ils
  121. doivent être debout et faire leur lit. Au troisième, ils se rangent
  122. par ordre pour aller à la chapelle où se fait la prière du matin. Il
  123. V a cinq minutes d'intervalle entre chaque roulement.
  124. ART. 19, La prière est faite par l'aumônier et suivie d'une
  125. lecture morale ou religieuse. Cet exercice ne doit pas durer plus
  126. d'une demi-heure.
  127. ART. 20. Travail. A six heures moins un quart en été, à sept
  128. heures moins un quart en hiver les détenus descendent dans la
  129. cour où ils doivent se laver les mains et la figure, et recevoir une
  130. première distribution de pain. Immédiatement après, ils se
  131. forment par ateliers et se rendent au travail, qui doit commencer
  132. à six heures en été et à sept heures en hiver.
  133. ART, 21. Repas. A dix heures les détenus quittent le travail
  134. pour se rendre au réfectoire; ils vont se laver les mains dans
  135. leurs cours, et se former par division. Après le déjeuner, récréa-
  136. tion jusqu'à onze heures moins vingt minutes.
  137. ART, 22. École. A onze moins vingt minutes au roulement de
  138. tambour, les rangs se forment, on entre à l'école par divisions.
  139. La classe dure deux heures, employées alternativement à la
  140. lecture, à l'écriture, au dessin linéaire et au calcul.
  141. ART. 23. A une heure moins vingt minutes, les détenus quit-
  142. tent l'école, par divisions et se rendent dans leurs cours pour
  143. la récréation. A une heure moins cinq minutes, au roulement du
  144. tambour, ils se reforment par ateliers.
  145. ART. 24. A une heure, les détenus doivent être rendus dans
  146. les ateliers : le travail dure jusqu'à quatre heures.
  147. ART. 25. A quatre heures on quitte les ateliers pour se rendre
  148. dans les cours où les détenus se lavent les mains et se forment par
  149. divisions pour le réfectoire.
  150. ART. 26. Le dîner et la récréation qui suit durent jusqu'à
  151. cinq heures : à ce moment les détenus rentrent dans les ateliers.
  152. ART. 27. A sept heures en été, à huit heures en hiver, le travail
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