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La responsabilité de Pétain dans le désastre de 1940

Jul 26th, 2017
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  1. LA RESPONSABILITÉ DU MARÉCHAL PÉTAIN DANS LE DÉSASTRE MILITAIRE DE MAI-JUIN 1940
  2.  
  3. par le général (cr) Alban Merglen.
  4. (Guerres mondiales et conflits contemporains, No. 184, octobre 1996)
  5.  
  6. Le maréchal Pétain, membre a vie du Conseil supérieur de la guerre de 1919
  7. a 1939, a eu une influence omniprésente et dominante sur la politique militaire
  8. de l'entre-deux-guerres. Sa doctrine défensive s'est matérialisée dans la
  9. construction de la ligne Maginot, comme dans les instructions de base pour Faction des
  10. grandes unités: IGU de 1921 et IGU de 1936. En cette période sensible de 1939
  11. 1940, il a exposé ses conceptions militaires dans une préface de 17 pages du livre
  12. du général Chauvineau: "Une invasion est-elle encore possible ?" 1re édition en
  13. mars 1939 (Hitler entrait a Prague), 2e édition en février 1940 (cinq mois après
  14. la campagne victorieuse hitlérienne en Pologne).
  15.  
  16. Dans cette longue préface, il affirmait autoritairement la supériorité de la
  17. défensive par le feu et la fortification et soulignait clairement l'infériorité du
  18. char. De nombreux officiers, entre autres le général Estienne et le colonel de
  19. Gaulle, préconisaient une doctrine basée sur la manœuvre mobile des chars. Le
  20. maréchal Pétain, non seulement ne les a pas appuyés, mais avec le général
  21. Weygand ("rien n'est a créer, tout existe"), a repoussé leurs idées et a empêché tout
  22. effort de modernisation en ce sens.
  23.  
  24. La thèse de doctorat du colonel Saint-Martin: Le concept blinde des
  25. années 1930. De la doctrine a l'emploi, 1944, a prouvé ces faits. Cette thèse a reçu
  26. l'approbation et les marques de considération des hautes autorités militaires ainsi
  27. que le prix militaire de 1'Association de 1'Arme blindée cavalerie. Basé sur
  28. d'abondantes archives militaires et les déclarations de nombreux experts, cette
  29. thèse doit être considérée avec attention par tout historien qui veut traiter de ces
  30. problèmes et porter un jugement sur les origines et responsabilités du désastre
  31. militaire de mai-juin 1940.
  32.  
  33. L'erreur doctrinale française était particulièrement grave et même
  34. incompréhensible alors que l'Allemagne nationale-socialiste de Hitler affirmait et
  35. présentait ouvertement sa conception offensive blindée diamétralement opposée.
  36.  
  37. La France avait une DLM (division légère mécanique) alors qu'étaient créées
  38. en 1935, 3 "Panzer Division" (divisions blindées) allemandes. En fin 1938,
  39. Hitler avait 6 "Panzer Division", 4 "leichte" (divisions légères mécanisées) et
  40. 4 divisions d'infanterie motorisées. Et en fin 1939, 10 divisions blindées, très
  41. entraînées et ayant l’expérience pratique de la guerre. Alors qu'en France
  42. il n'y avait en septembre 1939 que 2 DLM et 2 brigades cuirassées. Ce n'est
  43. qu'en janvier 1940 que furent créées 2 DCR (divisions cuirassées de réserve),
  44. une autre en mars, une quatrième en mai 1940. Evidemment, sans 1'organisation,
  45. l’entraînement et expérience des divisions "Panzer" allemandes.
  46.  
  47. Aussi le 10 mai 1940, l’armée française lançait dans les Ardennes contre les
  48. divisions "Panzer" allemandes 3 brigades de cavalerie (à cheval) et 5 DLC (
  49. divisions légères de cavalerie, a moitié a cheval, a moitié mécanisées), qui se feront
  50. héroïquement repousser et écraser.
  51.  
  52. Ces cas concrets très significatifs des doctrines de guerre opposées sont assez
  53. peu considérés par les historiens militaires français, mais ont été
  54. remarquablement étudiés par le colonel beige A. Bikar dans la Revue beige
  55. d'histoire militaire (années 1975, 1983 et 1984, 1985, 1987 et 1988, et 1989).
  56.  
  57. Pendant ce temps, l’armée française conservait sous le béton de la ligne
  58. Maginot un personnel d'active de haute valeur: 23% des officiers, 31% des
  59. sous-officiers, 20% de la troupe. Qui resteront inactifs, l'arme au pied jusqu’à la
  60. mi-juin 1940. Pour alors se replier dans des circonstances lamentables, en se
  61. battant héroïquement mais inutilement en rase campagne. L'historien "amateur"
  62. Bruge a décrit ces combats trop ignorés en ses remarquables volumes sur
  63. l'histoire de la ligne Maginot (1973 a 1989). Ces ouvrages devraient être lus avec
  64. attention par les historiens français traitant trop souvent dans l'abstrait de cette
  65. sinistre période. Ils y trouveraient tant d'exemples de ce qu'a coûté au combat à
  66. l’armée française sa doctrine dépassée, basée sur la puissance du feu enterré et la
  67. longue ligne défensive prônée par la préface de Pétain au livre de Chauvineau.
  68.  
  69. Un autre historien "amateur" a expose les mêmes faits et événements
  70. concernant les unités de chars françaises, prouvant combien le désastre français
  71. de 1940 est du a cette énorme faute doctrinale: De Wailly (Weygand, de Gaulle
  72. et quelques autres, 1983); De Gaulle sous le casque, 1990; La victoire évaporée,
  73. Abbeville 1940, 1995).
  74.  
  75. II faut aussi vouloir bien étudier des ouvrages d'historiens militaires
  76. étrangers sur cette tragique campagne de mai-juin 1940 qui vit disparaître en six
  77. semaines cette armée française encore estimée être la première du monde un an
  78. auparavant. L'infériorité de la doctrine de guerre française y est disséquée avec
  79. plus de lucidité et de réalisme que dans quelques ouvrages français
  80. hagiographiques sur le maréchal Pétain :
  81.  
  82. V. Wieland, Zur Problematik der franzosischen Militarpolitik und Militardoktrin in
  83. der Zeit zunschen den Weltkriegen, 1973 (allemand).
  84.  
  85. R. A. Doughty, The seeds of disaster ? Development of French Army doctrine 1919
  86. 1930,1985 (americain).
  87.  
  88. Et surtout le remarquable livre allemand, paru en fin 1995, de K. H. Frieser,
  89. Blitzkrieg - Legende ? Der Westfeldzug 1940 (Miinchen Oldenbourg Verlag,
  90. 473 p.).
  91.  
  92. Publié sous l'égide de l'Office de recherches d'histoire militaire allemand
  93. (Freiburg, Potsdam), base sur une masse imposante d'archives et d'ouvrages
  94. allemands et internationaux, il met en lumière avec des précisions et des détails
  95. révélateurs combien cette éclatante victoire allemande fut la conséquence d'une
  96. doctrine et de méthodes de guerre basées sur les principes de surprise, de vitesse,
  97. de puissance concentrée, de mobilité matérielle et intellectuelle (les bases des
  98. grandes victoires du général Bonaparte et de l'empereur Napoléon Ier), en opposition
  99. avec les conceptions dogmatiques françaises de défensive.
  100.  
  101. Ce remarquable livre de l'historien militaire allemand Frieser explique pour
  102. quoi et comment "l'invasion" décrétée impossible par le général Chauvineau
  103. en 1939-1940 et garantie comme telle par le maréchal Pétain fut réalisée en six
  104. semaines malgré les moyens militaires français et allies au moins égaux a ceux
  105. des Allemands, et malgré le courage et l'esprit de sacrifice (120 000 tues) de ces
  106. régiments et divisions françaises handicapées par l'erreur fondamentale de doc
  107. trine et son corollaire, le manque de réaction et d’énergie d'un haut-
  108. commandement assommé par l'inattendu matériel et moral de cette guerre pourtant prévue
  109. et si mal préparée.
  110.  
  111. II faut bien le reconnaître et dire avec Péguy: "Ayant subi cela, pour la
  112. vérité nous n'accepterons pas qu'on nous force a la lâcher pour ménager les
  113. susceptibilités, les amour-propres, les épidermes de quelques individus".
  114.  
  115. géneral (cr) Alban Merglen.
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