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Louis854

science po chap 7

Dec 9th, 2018
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  1.  
  2. Science politique
  3. Chapitre 7 – Les professionnels de la politique
  4.  
  5. Pourquoi dans les démocraties contemporaines il y a une spécialisation des fonctions politiques où une petite minorité d’individus tend à exercer des fonctions pol ?
  6. Voir expression de « hommes politiques » qui montre que c’est un secteur très « genré » pendant longtemps exercer exclusivement par des hommes.
  7. Expression qui montre aussi une forme de division du travail dans nos sociétés qui fait que les fonctions politiques tendent à être monopoliser par un groupe d’acteurs.
  8.  
  9. Est-ce qu’il existe un métier politique et comment se caractérise-t-il ?
  10. Métier : activité sociale spécifique qui renvoi à des notions de compétences, de diplômes, carrières, intérêts corporatistes. Voir distinction entre avoir du métier et être du métier → idée que le métier de politique est un groupe social.
  11. Etre du métier Hommes politiques groupe qui représente certaines caractéristiques en termes d’âge, de sexe ect.
  12. Avoir du métier : les compétences, le savoir-faire. Est-ce que l’homme politique a des compétences politiques et si oui lesquels ?
  13.  
  14. Question de la naissance de l’homme politique moderne. Le 1er grand sociologue à avoir défini ce qu’est un professionnel de la politique c’est Max Weber dans une célèbre conférence le savant et le politique où il définit l’homme politique moderne sous l’angle du professionnel de la politique.
  15. Il le définit comme celui qui vit « de et pour la politique » → définition remarquable qui est toujours valable aujourd’hui. Il constate qu’à la fin du XIXème dans la plupart des démocraties représentatives l’homme politique se substituent au notable. Le notable c’était la forme dominante des élites traditionnelles.
  16. Les fonctions politiques étaient assumées avant la fin du XIXème par des acteurs sociaux non spécialisés élus sur la base de leur capital nobiliaire → les élites politiques étaient essentiellement des élites sociales. Il ne consacrait qu’une partie de son temps à la politique. C’était une activité additionnelle, il ne s’y investissait guère.
  17. Fin XIXème : apparition de l’homme politique contemporain. Il en tire un revenu car les fonctions politiques vont commencer à être sujet à indemnités (et non salaire) puisque normalement la politique n’est pas un métier. La professionnalisation politique est contrainte au principe démocratique, mais il est impossible de faire de la politique sans être indemnisés car demande du temps.
  18. Cela concernera d’abord les fonctions parlementaires puis les fonctions locales. C’est les ouvriers qui vont demander à ce que les fonctions politiques soient indemnisés pour ne pas que cela soit que les riches qui les exercent → démocratisation du profil des élites avec des ouvriers qui deviennent députés, maires. Il va donc désormais se professionnaliser. Mais tous les élus ne sont pas des professionnels de la politique en France → 500 000 élus locaux dont 90% ne sont pas des professionnels, sont des conseillers municipaux ou adjoints et dont les revenus essentiels ne sont pas tirer de l’indemnité politique. Tous les professionnels de la politique n’ont pas uniquement une source de revenue et ont parfois un travail ou une entreprise à côté. La majorité quand même des politiques s’y consacrent en grande partie.
  19.  
  20. Section 1 - La sociologie des élites politiques. :
  21. Paragraphe 1 – Une définition plurielle.
  22.  
  23. La notion d’élites est plus large que celle des professionnels de la politique. Ils englobent tout un ensemble de dirigeants administratifs, intellectuels, économiques, politiques. Définition d’élite par Luc Rouban → groupe social disposant de ressources diverses (économiques, culturelles, relationnels) plus importantes et plus durables que celles des autres groupes sociaux lui permettant d’imposer un ordre institutionnel et la doctrine qui lui correspond. La notion d’élite est :
  24. Collective : communauté qui génère des normes propres de recrutement et d’excellence qui lui permet de durer.
  25. Relative : pas un groupe homogène, hiérarchie au sein des élites → exemple différenciation entre énarques entre les 1ers et les derniers.
  26. Contestée par définition : légitimité toujours mise en cause quelques soit les périodes.
  27. Débat dans la sociologie des élites qui porte sur le caractère pluraliste ou unitaire des élites → 2 théories en présence :
  28. Théorie moniste : insistent sur l’unité des élites, voir Wright Mills qui a travaillé sur les élites aux USA dans les 50’s et il montre qu’il y a une hétérogénéité apparente des élites. Il distingue 3 catégories d’élites :
  29. Economique.
  30. Militaire.
  31. Etatique → il inclut l’élite politico-administrative.
  32. Une solidarité soude les membres des élites, renforcée par le sentiment de partager les mêmes valeurs, d’être issus de milieux sociaux identiques et d’avoir une formation intellectuelle proche. Hétérogénéité de statut mais homogène dans leur valeurs. Cette analyse insiste sur le caractère homogène des élites.
  33. Théorie pluraliste : Se développe avec Robert Dahl qui dit qu’il n’existe pas une classe dirigeante mais des catégories dirigeantes en concurrence les unes avec les autres. Les diverses fractions des élites peuvent être liées par des formes de coopérations mais ont des intérêts souvent divergents.
  34.  
  35. Cas français : les études sur les élites françaises tendent plutôt à donner crédit aux analyses monistes. Une des caractéristiques du système élitaire français est la relative homogénéité des élites. Un des pays où l’élitisme est le plus exacerbé au monde. Il fonctionne à l’élitisme à tous les niveaux où les diplômes initiaux et les grandes écoles ont une grande importance.
  36. Système inégalitaire où le cout d’un étudiant à la fac est 7 fois moins élevé qu’un étudiant en grande école. On peut parler d’élites politico-administratives car le creuset de cette homogénéité c’est l’ENA qui tend à monopoliser la formation des élites qu’elle soit économique, politique et administrative. La plupart des grands dirigeants en France qu’ils soient chefs d’entreprise du CAC 40 (voir processus de pantouflage → passage du monde public au monde privée). L’ENA incarnation du système politique français, héritière d’un modèle du gouv rationnel → projet de Saint Simons au XVIIème qui a théorisé le gouv rationnel qui cherchait à substituer l’administration des choses au gouv des hommes → confier le pouvoir aux élites compétentes.
  37. L’ENA constitue une spécificité française → seul la France possède une tradition d’école de fonctionnaires, ou après la réussite d’un concours très sélectif les futurs fonctionnaires reçoivent une formation très poussée qui va déterminer très largement leur carrière. Le passage par l’ENA constitue la voie royale pour ceux qui veulent entrer dans les grands corps de l’état (Conseil d’état, Cour des comptes ou inspection des finances) → l’entrée de ces corps se fait en fonction du rang de sortie. La sélectivité sociale est très forte à l’ENA. En moyenne 70% des énarques sont enfants de parents membres de catégories supérieurs. Le poids de l’ENA s’est renforcé sous la Vème république → se met en place un système fortement intégré entre élites politiques et élites administratives très souvent les hommes politiques sont des hauts fonctionnaires. Seul 2 hommes présidents n’ont pas été haut fonctionnaire → François Mitterrand et Nicolas Sarkozy.
  38. Entre 58 et 74 près d’1/2 des futurs ministres sont passés par des cabinets ministériels (fonction publique).
  39. Le pantouflage est une pratique courante en France → quitté la haute fonction publique pour le secteur privée. Au milieu des années 2000 la moitié des inspecteurs des finances avait quittés leur corps de fonctionnaire pour des entreprises privées. En 2006 parmi les PDG du CAC 40 on compte une dizaine d’anciens de l’ENA et 16 polytechniciens. Soit imbrication soit interpénétration des élites politiques, administrative et économique.
  40. Paragraphe 2 - Elites électives.
  41. Dans les démocraties modernes, on observe une tendance à la professionnalisation politique, c’est-à-dire l’autonomisation d’un groupe social spécifique ; le personnel ou la classe politique présentant des caractéristiques sociales spécifiques, et monopolisant les fonctions électives. En ce sens, on peut parler de métier politique. Mais cette notion est problématique → la politique n’est pas un métier comme les autres. D’abord c’est un CDD décidé par les électeurs. Précarité inhérente à la fonction politique.
  42. La politique fait l’objet d’un apprentissage sur le terrain et n’est pas sanctionné par un diplôme. Certes il y a des formations à la prédisposition d’exercice de fonctions politiques mais ne garantit pas d’y accéder. Jacques Lagroye dit que « la politique est un métier qui ne s’apprends pas ou s’apprend sur le tas ». S’il existe un métier politique, il est fait de savoir très hétérogène.
  43.  
  44. Cette notion de métiers politique est parfois taboue dans le champ politique et notion dénié par les hommes politiques eux-mêmes car ils ont tendance à présenter leur activité comme relevant d’un engagement désintéressé.
  45. Reconnaître l’existence d’un métier politique c’est accréditer l’idée d’une captation du pouvoir par un groupe restreint d’acteurs politiques.
  46. La notion de professionnalisation politique pose une question démocratique surtout quand on observe que les élites politiques sont faiblement représentatives socialement de la population. Mais ces représentations sont en train de changer car certains hommes politiques revendiquent que la politique est un métier et qu’elle doit l’être. De la même manière des citoyens reconnaissent que c’est un métier et qu’il faut confier le pouvoir à des personnes compétentes.
  47. Question du rapport entre compétence et démocratie. Dans une société de compétence où les connaissances sont valorisées, l’idée qu’il faut confier le pouvoir à des individus compétents est de plus en plus légitime. La compétence devient une forme naturalisée de légitimité. La complexité croissante des problèmes publics (interdépendance des économies, mondialisation, poids des logiques financières et de gestion) peut justifier que la politique ne soit pas confiée à des amateurs (profanes) ou sans qualités particulières.
  48. Nos démocraties tendent à fonctionner comme des aristocraties électives. Concentration du pouvoir entre les mains d’un petit groupe légitimé par l’élection.
  49.  
  50. Section 2- Etre du métier, la sociographique du personnel politique.
  51. Faire de la politique son métier c’est appartenir à un groupe social spécifique présentant certaines caractéristiques sociales. C’est entrer dans une logique de carrière, prendre goût à un certain nombre de rétributions matérielles et gratifications symboliques (revenus, statut social, notoriété, estime de soi).
  52. La probabilité d’exercer un pouvoir s’accroit avec la position dans la hiérarchie sociale. C’est-à-dire que les élites politiques sont très largement issues des élites sociales dominantes. Plus les dirigeants occupent des positions hautes dans la hiérarchie politique, plus grande est la possibilité qu’ils soient issus de milieux très favorisés. La sociologie des élites politiques établit un lien entre capital social et capital politique.
  53. Paragraphe 1 - Sociographie des élites politiques.
  54. La politique est un univers d’hommes privilégiés, âgés, diplômés et issus des catégories supérieurs. Ainsi ce groupe social est peu représentatif de la population active. Cela n’a pas toujours été le cas. On peut dire que ce phénomène s’est accentué depuis les années 70.
  55. Jusqu’à la fin du XIXème étaient dominants les notables traditionnels, aristocrates, propriétaires terriens, industriels. A la fin du XIXème siècle, double ouverture sociale du personnel politique → ouverture aux professions libérales et intellectuelles (avocat, notaire, journaliste, intellectuel).
  56. Ensuite aux ouvriers : la progression des partis ouvriers et le développement du parti communiste dès les 20’s va contribuer à la promotion d’élites ouvrières. Pendant les 50-60’s, près d’1/5 des députés sont issus des catégories populaires.
  57. Profession majoritairement masculine même si on observe une féminisation du personnel pol même avec les lois sur la parité. Distinguer la place des femmes selon le type de mode de scrutin → loi de la parité s’applique aux élections municipales, départementales, régionales et européennes. Dans les instances, autant de conseillers municipaux hommes que femmes ect. La proportion des femmes à l’assemblée nationale jusqu’en 81 était de moins de 4%. Elle progresse jusqu’à 10% en 97, 18.5% en 2007 et 25% en 2012. La loi impose aux partis de présenter autant d’hommes et de femmes dans les circonscriptions et si pas tenu pénalités financières : celui qui respecte le moins la règle sont les Républicains avec 6M/an. En 2012, les femmes restent sous représenter en politique malgré les lois sur la parité.
  58. Progrès mais milieu pol très masculin. Ce qui ne favorise pas l’implication des femmes dans la politique c'est qu’elles s’occupent toujours autant des tâches domestiques et qu’elles ont ainsi moins de temps à se concentrer sur la politique. Quel que soit les indicateurs retenus (profession, étude, revenu ou origine social), les professionnels de la politique appartiennent majoritairement à la bourgeoisie et aux classes moyennes supérieurs. Très compliquer d’établir leur profession d’origine car pour une grande partie d’entre eux n’ont exercé que des activités politiques. Même en 1981, alors que la victoire de la gauche aux élections parlementaire a renouvelée les députés, les ouvriers ne dépassent pas 2% des députés. Seul 4% en 2007. Les cadres ingénieurs et professions supérieurs 30% députés, 85% des députés diplômés de l’enseignement supérieur.
  59.  
  60. Le déclin du parti communiste a entrainé une quasi-disparition des parlementaires issus du monde ouvrier. Faible mixité sociale au niveau partisan avec une polarité assez forte à droite avec profession libérale (médecins, avocats, chefs d’entreprise) et à gauche beaucoup de hauts fonctionnaires.
  61. Peu de cadres du privé font de la politique car les fonctionnaires ont des facilités de temps pour exercer leur mandat politique. Pareil pour profession libérales car ils peuvent continuer à garder leur activité en temps partiel ou à la confier à un tiers. Au niveau local on observe le même phénomène : diversité sociale plus grande chez les élus locaux mais elle tend à diminuer → la part des cadres supérieurs ne cessent de croitre dans le milieu urbain → en 77 20% des maires, auj 45% des maires. 32 000 maires de petites communes et 40% sont agriculteurs. Plus on monte dans la hiérarchie politique, plus la surreprésentation des catégories supérieurs est marquée. 90% des ministres font partis des catégories supérieures. Il y a néanmoins un phénomène que l’on observe qui nuance → depuis une vingtaine d’années, les fractions les plus dominantes de classes supérieures sont davantage attirées par les activités économiques que politiques → question de revenus. Dépréciation de la valeur sociale des activités politiques. Le capital politique et la vocation se transmettent souvent dans le cadre de la famille. Plus à droite qu’à gauche.
  62. Paragraphe 2 - La fonctionnarisation des élites politiques.
  63.  
  64. Phénomène qui s’accentue avec la Vème république. Une des dispositions les + importantes de la constitution de 58 est qu’à la différence de la IVème, il ne faut pas être nécessairement parlementaire pour être ministre. On observe une dé-parlementarisation des élites ministérielles. Arrivée d’un nouveau profil de ministres haut fonctionnaires. Idée qu’il faut promouvoir les compétences contre le modèle de la délibération parlementaire → un gouv des compétences face au modèle de la délibération parlementaire. On observe un double processus de la politisation de la haute administration + fonctionnarisation du personnel politique.
  65. Sur les 7 présidents de la Vème république, seul François Mitterrand et Nicolas Sarkozy ne sont pas issu de la haute fonction publique. La part des énarques dans les gouvernements a tendance à s’accentuer sur la période. François Hollande est un pur produit du système politico-administratif français → énarque, a d’abord exercer des fonctions de cabinet ministérielle auprès de Mitterrand, puis il devient parlementaire. Comment expliquer l’importance des salariés de la fonction publique dans le personnel politique ?
  66. Pour des raisons statutaires : les fonctionnaires ont la possibilité de se mettre en disponibilité, ce qui réduit les couts d’entrée dans la carrière politique, surtout en absence en France d’un statut d’élus → la fonction d’élu donne certes lieu à des dispositions statutaires mais est peu formalisé, notamment dans l’encouragement des cadres du privé à se lancer en politique. Mais comme ils ont peur de l’image qu’ils pourraient donner de renforcer leur privilège, il ne renforce pas le statut d’élu.
  67. Proximité au pouvoir : Les hauts fonctionnaires côtoient le pouvoir et donc cette proximité peut être à l’origine d’une vocation en pol.
  68. Le poids de l’Etat et de la culture administrative en France.
  69.  
  70. Univers privilégié, d’hommes, part importante de fonctionnaire et aussi un univers âgé. Domination de personnes d’âges mur occupant durablement les mandats électifs. Faible renouvellement des élites politiques. Les députés élus en 2002 avaient occupés 2 ou 3 mandats parlementaires pour 41% d’entre eux. 4 ou 5 mandats pour 18% et plus de 6 mandats pour 8%. Une caractéristique du métier de politique en France est qu’on réessaie ailleurs. En 2002, 33% des députés étaient de nouveaux élus, et 26% en 2007. Quand il y a des alternances, plus de renouvellement. On observe un vieillissement des élites en place. En 81, une centaine d’élus avaient moins de 40ans, 23 après les législatives de 2007. La moyenne d’âge des députés est autours de 56 ans.
  71. Comment expliquer cet âge élevé ?
  72. Règle tacite dans les partis politiques est la reconduction des sortants → on arrête la politique quand on est battu, et encore. A ce cumul dans le temps s’ajoute le cumul des positions de pouvoirs et des mandats. Le cumul des mandats est une spécificité française. Actuellement plus de 80% des députés cumul leur mandat parlementaire avec un autre mandat, 50% sont députés-maires. Ce cumul obéit à plusieurs rationalités politiques → il permet de construire l’inamovibilité électorale de 3 manières :
  73. Renforce l’implantation locale des élus : quand on est député-maire, plus implanté quand a qu’un seul mandat et permet de résister à des vagues nationales.
  74. Le cumul neutralise la concurrence au sein de son propre camp.
  75. Le cumul permet de rester dans le jeu politique dans le cas de la perte d’un des deux mandats.
  76.  
  77. Le cumul a été réglementé par 3 lois : Loi de 85, 2001 et 2013. A l’issue des prochaines législatives de 2017, il sera impossible de cumuler un poste de parlementaire et un poste de responsable de l’exécutif local. Le cumul a de multiples effets : Il accroit la professionnalisation politique + il n’est pas étranger à l’absentéisme parlementaire marqué en France + conduit à dévaluer l’activité législative.
  78. Paragraphe 3 - Les filières d’accès au métier politique.
  79. La politique obéit à des logiques de carrières. Il y a professionnalisation mais il y a des éléments de la politique qui fait que ce ne sont pas des professions comme les autres (s’apprends sur le tas, pas des diplômes d’élections).
  80. La logique de carrière ça veut dire qu’en politique il existe des filières et une progression dans une hiérarchie de postes et de positions. C’est ce qu’on appelle les cursus honorum → expression latine qui désigne l’ordre d’accès aux magistratures publiques sous la Rome antique.
  81. Dans le cadre des démocraties contemporaines, l’expression désigne la hiérarchie des positions de pouvoirs dans le parcours des dirigeants politiques, CAD le sens de la carrière politique et le prestige des postes qui jalonnent cette carrière. Tous les élus ne font pas carrière → ils ne consacrent pas tous la même énergie et n’ont pas tous la même ambition. On ne pas mettre sur le même plan le maire d’un commune de 500 habitants qu’il exerce en plus de son activité professionnelle et le député-maire depuis 25 ans qui se consacre entièrement à sa carrière pol. On peut distinguer 2 types idéaux de cursus honorum :
  82. Local, traditionnel, républicain vers ascendant : on entre en politique par le local et on gravit les échelons de la carrière politique. Le sommet représente les mandats nationaux, gouvernementaux et ministériels. Un des plus ancien cursus né avec la république. En France, l’entrée de la politique se fait par le local principalement → très forte territorialisation des carrières politiques lié à la décentralisation, nombre très important de CT à quoi il faut ajouter l’intercommunalité + scrutin uninominal de circonscription pour l’élection des députés. On ne peut pas faire de la politique en France sans faire l’économie de la conquête d’un bastion local.
  83. Inversé, national vers descendant : Il débute par l’occupation d’une position de pouvoir au niveau national (cabinet ministériel, gouv) qui est suivit d’une implantation locale à travers ce qu’on va appeler un « parachutage ». Ce cursus apparaît dans les années 60/70 et concerne d’abord les dirigeants gaullistes comme Jacques Chirac avant de se développer dans les années 80 au PS où des énarques socialistes cherchent à trouver une implantation locale. Ex : Martine Aubry, énarque, haut fonctionnaire puis devient ministre sans jamais avoir été élue. Elle arrive à Lille en 95 en tant que 1ère adjointe. Moins répandu que le 1er.
  84. Partisane : Moins courante. L’élu exerce des responsabilités partisanes avant d’être élective.
  85.  
  86. Pour faire carrière en politique, l’adhésion à un parti pol est nécessaire. Les hommes politiques s’appuient sur 2 types de ressources politiques : capitaux individuels et collectifs.
  87. Les ressources individuelles sont attachées à la personne même de l’élu → ses ressources personnels (notoriété, capital relationnel, de sympathie, ses diplômes, son héritage familial) + les ressources collectives sont liées au groupe auquel appartiennent les dirigeants, essentiellement leur parti politique qui leur confère un certain nombre de ressources (label partisan, capacité de financement, capacité de mobilisation des militants).
  88.  
  89. Qu’est-ce qu’il faut retenir sur la dimension être du métier ?
  90. Il existe bien un groupe relativement homogène socialement spécialisé dans l’activité politique, qui investissent des intérêts professionnels dans ce métier → la politique s’apparente à un métier car s’il n’y a pas de diplômes nécessaires pour exercer une fonction politique, certaines formations y prédisposent. Pourquoi les hommes politiques sont si attachés à leur mandat ? L’attachement au poste est à la mesure des coûts d’entrée dans le jeu politique et des investissements consentis dans cette activité. Demande un investissement considérable.
  91. Entrée en politique c’est se consacrer à temps plein à une nouvelle activité et souvent quitter son milieu d’origine pour s’investir pleinement dans un nouveau monde social ayant ses règles et ses codes propres. Avec le temps il devient difficilement envisageable de faire autre chose. Si les élus sont aussi attachés à leur mandat c’est que le métier procure de nombreuses gratifications et avantages que les élus tendent à occulter. La règle du jeu du désintérêt s’impose à tous.
  92. Le métier politique n’offre pas seulement des rétributions symboliques et narcissiques (sentiment de grandeur, estime de soi, considération d’autrui, capacité de séduction d’autrui) mais aussi des avantages matériels non négligeables. Les élus sont aussi mus par des idées et conceptions du bien commun.
  93.  
  94. Section 3 - Avoir du métier :
  95. On s’intéresse aux compétences, savoirs faires, au savoir être politique. La monopolisation des postes politiques conduit à celle des savoirs et des compétences légitimes. Pour être du métier, il faut avoir du métier. Etre du métier implique que l’on a du métier.
  96. La politique tend à être considérée comme une affaire de spécialistes et tend à exclure ceux qui n’ont pas les titres de légitimité qui autorisent à occuper des positions de pouvoir. Un auteur élitiste de la fin du 18ème siècle Roberto Michels écrit « Spécialité signifie autorité ». Cette dimension tend à s’accentuer car on observe une complexification de l’action publique, une vision de plus en plus experte de la politique se développe → idée que pour faire de la politique il faut disposer d’une expertise, doit être exercée par les meilleurs.
  97. Peut être vu comme anti-démocratique par rapports aux grecs antiques qui considéraient que la démocratie n’avait rien à voir avec l’expertise, était une affaire de choix de vision du monde, d’alternance. Car cette expertise empêche le choix, cela devient une affaire de science.
  98.  
  99. Si la politique est un métier dans le sens d’ensemble de compétences, comment caractériser la nature des savoirs faires qu’elle exige ?
  100. Paragraphe 1 – Les compétences et savoirs faires politiques.
  101. La politique exige un certain nombre de compétences : prendre la parole, dominer des dossiers, faire campagne, répondre à des interviews de journaliste, communiquer, construire un programme, manager une équipe.
  102. La Politique est une activité collective. Un homme po sans entourage, sans équipe n’est rien. Il doit savoir décider ou endosser une décision, rassembler, recevoir, …
  103. Max Weber dans « le savant et le politique », distingue 4 qualités politique : la passion, le sentiment de responsabilité, l’habileté, le coup d’œil.
  104.  
  105. Le métier po tient à des savoirs varié et hétérogène, il faut une série de savoirs important pour être un bon homme politique. Il y a aussi une variabilité synchronique de ces savoirs faire, c’est-à-dire que les savoirs faire politique, ici et là, sont différents. Les savoirs faires politique dépendent du type de mandat, de la culture du territoire où évolue l’élu et des types de publics auquel il est confronté.
  106. Un élu touche des publics varié, un maire d’une grande ville interagie avec des chefs d’entreprises, des jeunes de ZUS, des personnes âgées, … Il doit avoir une capacité d’adaptation et de modulation de son discours à un public varié. La capacité d’adaptation requiert un apprentissage.
  107. On observe d’un côté une rationalisation du métier politique, c’est-à-dire qu’il y a une forme d’uniformisation des compétences requises, qui deviennent de plus en plus centrale : la communication et l’économie.
  108. La maitrise du jeu médiatique, de l’autre, la maitrise des enjeux financiers enjeux, centrale de nos jours. Le métier politique demeure une forme de bricolage pourtant, selon Christian le Bart. En politique, il n’existe pas de rationalité totale, les hommes politiques font au mieux pour faire face à des contraintes très fortes, il n’y a pas une manière unique de faire de la politique. La notion de bricolage indique que la rationalité de l’homme politique est toujours limitée, la politique est un métier qui ne s’apprend pas mais seulement par expérience, en acte, sur le terrain. C’est un métier particulier parce qu’il est fait à la fois de la maitrise de savoir et de connaissance mais aussi d’un sens pratique et d’un sens du placement que seul l’expérience du jeu politique peut donner.
  109. Une des caractéristiques du métier politique est la précarité liée à l’élection, la politique est un CDD (durée du mandat) cette précarité est une forme d’insécurité chez les élus qu’ils cherchent à conjurer en rationalisant leur activité et en se professionnalisant, en se dotant de compétences ou en s’entourant de compétences.
  110. Paragraphe 2 - La rationalisation du métier politique.
  111. On a d’un côté, une relative standardisation des manières de faire de la politique.
  112. Pendant longtemps, de la fin du 19éme siècle aux années 50-60, le savoir légitime des hommes politique était la maitrise du droit, ressource et compétence indispensable, pour 2 raisons. Les juristes et les avocats étaient sous la 3éme et 4éme république dominant dans le personnel politique :
  113. • Parce que la politique était parlementaire, donc, les hommes politiques devaient connaitre les lois pour en fabriquer. Le cœur de la vie politique mais aussi de l’imprévisibilité politique, sous la 3éme et 4éme république, était le parlement. Dans ce modèle parlementaire, le droit était la discipline souveraine (type légal rationnel).
  114. • Les régimes parlementaires valorisaient l’éloquence, la délibération, montrée par Nicolas Rousselier, dans « le parlement de l’éloquence », où il montre que l’excellence politique était l’éloquence.
  115. Qui plaide ? c’est l’avocat, donc beaucoup d’avocat en politique. Homme pol brillant sous 4éme république était celui qui emportait la conviction.
  116. Certes, l’homme politique demeure un professionnel de la parole, mais l’éloquence parlementaire n’est plus un savoir-faire vraiment valorisé. A partir des années 60, les énarques et hauts fonctionnaires entrent dans le jeu politique et vont redéfinir les savoirs légitimes, il va y avoir une économisation du savoir-faire politique.
  117. La fabrication des élites en France, forte demande de culture générale. En France, considéré comme important. Le présidentialisme lettré en France, les hommes politiques et les présidents de la politique sont lettrés, souvent des intellectuels. Très haut niveau dans toute une série de domaine. Dans les années 60, économie, gestion, finance public deviennent des compétences essentiels apprise par les énarques. C’est un certain type d’économie, c’est-à-dire le néo-libéralisme, dans les années 50-70 on apprenait le keynésianisme et de nos jours, l’ENA devient le lieu d’apprentissage de la doxa libérale.
  118.  
  119. Economie managériales, gestionnaire et néo libérale. Giscard d’Estaing, de 74 à 81, incarne cette transformation de l’homme politique. Il devient président de la république en 74, c’est le 1er président de la 5éme république qui se définit comme un économiste, à la différence de De Gaulle. En 76, 1er ministre professeur d’économie : Raymond Barre.
  120. Au PS, à partir des années 80, avec l’exercice du pouvoir politique national, on voie arriver une nouvelle génération d’énarque : Aubry, Hollande, … qui se définissent en économistes, pour qui la compétence royale est l’économie. Avant : Fabius, Rocard, … qui avait vision généraliste de l’économie. La crise économique à partir des années 70 et les difficultés financières que connaissent les gouvernements renforcent encore ce processus de technicisation des savoirs politiques. Aujourd’hui : question de la dette, des finances publics, du chômage sont centrales. Les maires sont de plus en plus des gestionnaires ou des manageurs.
  121.  
  122. Les savoirs faire médiatique et relationnel. La politique se fait de plus en plus à la télévision, sur les réseaux sociaux, sur la radio, de moins en moins sur la presse. Les hommes politiques ont appris à maitriser de nouveaux codes, à maitriser leur image et leur stratégie de présentation de soi. Les hommes politiques sont des personnes qui cherchent à maitriser leur apparence, à styliser leur identité. Les hommes politiques ont intégré le devoir de communiquer, de plus en plus vite et en permanence de nos jours, ils ont intégré une loi plus structurante : gouverner c’est paraitre. Michel Rocard quand 1er ministre, (88-91) estimait que le temps consacré à la communication d’un ministre était 80% de son agenda. Beaucoup d’implication, les hommes politiques s’entourent de spécialistes et d’auxiliaire, communiquant, collaborateurs qui les aident à façonner une image attrayante et cohérente mais c’est un bricolage car la rationalité des stratégies de communication est limité, les élus ne sont pas propriétaire de leurs images. Une stratégie de communication est difficile à maitriser totalement. Les stratégies sont tous le temps exposé aux contre-stratégies des adversaires. Une tendance lourde de la démocratie contemporaine : la forme prend le pas sur le fond, les messages politiques doivent être percutants, court et incisif donc les idées n’ont peu de places. La surmédiatisation de la politique valorise un style rhétorique nouveau qui est moins idéologique, pus percutant, plus incisif. L’homme politique parle autant parce qu’il est que parce qu’il dit.
  123. Les hommes politiques communiquent à travers de ouvrages, ces ouvrages sont une manière de publiciser un homme politique (lui donner une publicité), d’accroitre leur capital culturel. Les hommes politiques cherchent à mettre en avant une singularité personnelle, ils cherchent à se mettre à distance des rôles institutionnels et d’une forme de langues de bois prescrite par la vie politique. Les hommes politiques populaires aujourd’hui sont ceux qui ne sont pas dans le moule. La publication de livres politiques traduit et renforce l’individualisation croissante du champ politique parce qu’elle émane d’un individu et qu’elle met en scène un individu. Ces livres politiques ont fait l’objet d’une étude par le Bart, il a analysé l’évolution historique du statut des livres politiques. Il observe le glissement historique d’un registre dominant de l’exemplarité à celui de l’expressivité et de la singularité. Dans le registre de l’exemplarité, l’homme politique incarne un homme d’état et les institutions et parle peu de lui-même. Il se veut exemplaire. Aujourd’hui on demande de l’homme politique de l’authenticité. Il s’agit moins de faire peuple que de faire vrai. Les stratégies de communication des hommes politiques ont changée, ils mettaient plutôt en valeur leur grandeur et leur altérité alors qu’aujourd’hui, ils mettent en avant leur proximité dut à la crise de légitimité des hommes politiques mais aussi parce que les hommes politiques cherchent à être proche physiquement car de plus en plus distant socialement.
  124. Le métier comme bricolage : le métier politique ne saurait se résumer à la maitrise rationalisée de savoir-faire bien définies, il n’existe pas de Vale Mecum du politique. La politique est une activité à la rationalité limitée et incertaine et la possession de savoir-faire ne garantit pas nécessairement la réussite politique et électorale. L’homme politique est à la fois libre et contraint, stratège et déterminé par une série de paramètre qu’il ne peut pas tous maitriser. La notion de métier politique comporte un risque, c’est d’accréditer une vision trop stratégiste de la politique, de penser que de maitriser les fils amènent à la réussite. Les hommes politiques bricolent, au sens anthropologique du terme, ils cherchent à apporter les moins mauvaises solutions et réponses aux situations politiques complexes auquel ils sont confrontés. En politique, il n’y a jamais de décisions optimales. Le bricolage politique est de 4 types :
  125. - Bricolage identitaire : l’homme politique est un entrepreneur d’identité, la sienne, qu’il cherche à rendre cohérente, visible et à valoriser. Les hommes politiques portent des identités collectives, il produit un nous, il parle au nom de groupes dont il construit l’identité : la nation, une ville, une classe sociale, la république, il doit produire des collectivités auxquelles on va s’identifier. Il doit travailler un sentiment d’appartenance. George Burdeau écrit : « gouverner n’est pas imposer une loi à une multitude disparate, c’est exercer une fonction présentée comme assortie à un ensemble unitaire dont elle prend en charge le destin. »
  126. - Bricolage rhétorique : l’homme politique est un homme de discours, on attend de lui qu’il produise des discours. On demande à un homme po de commenter l’actualité, de mettre en sens le réel, il doit mettre en transparence la société, justifier son action sans cesse, produire des énoncés qui le distingue, employer des mots emblèmes, attribuer des responsabilités, produire des causalités…
  127. - Bricolage décisionnel : l’homme politique doit prendre des décisions même si il est pris dans des décisions. Il doit paraitre comme un décideur alors que très souvent, il endosse des décisions sur lequel il n’a pas de prises. Il endosse des décisions plus qu’il n’en prend. La politique est inséparable d’un travail d’imputation.
  128. - Bricolage idéologique : un homme politique doit se référer à des traditions, à des visions du monde sans en apparaitre trop prisonnier. Aujourd’hui, valorisation du pragmatisme. En politique, une des quadratures du cercle de la politique est de s’adresser aux siens et élargir ses soutiens.
  129. Le métier politique tient à une capacité à répondre à des exigences de rôles souvent multiples et contradictoires. Le maire par exemple est pris entre 4 jeu de contraintes en France, 4 registres d’action pour le maire : le parti, le territoire, l’action public et les arènes politiques.
  130. • Le parti : le maire tire son mandat du parti auquel il appartient, il doit donner des gages aux militants de son partie.
  131. • Le territoire : le maire est un élu de terrain et le maire de tous, il doit rassembler au-delà de son camp, il doit apparaitre en fédérateur et donc gommer son identité militante.
  132. • L’action public : il doit produire des politiques publics, des projets pour la ville, les maires sont devenus des producteurs de politique public donc moins de temps pour le terrain.
  133. Notable : travail de terrain, technocrate : travail de bureau
  134. • Les arènes publics : les maires cumulent et doivent s’investir dans de multiples arènes. Du coup, le maire doit tenir ensemble ces divers registres d’actions. Le métier de maire requiert une grande capacité d’adaptation et une plasticité comportementale.
  135.  
  136. Conclusion : L’ambiguïté de la notion de métier : parler de métier d’élu n’est pas sans risque, c’est d’un certain point de vue, délégitimer et relégitimer l’activité politique. Dire que c’est un métier c’est banaliser le politique dans l’univers des métiers. C’est aussi euphémiser la captation croissante des fonctions politiques par un certain nombre d’acteurs. Dans une société qui valorise beaucoup le diplôme, l’expertise, … désigner l’activité politique comme métier c’est porté un jugement positif sur sa fonction et son utilité sociale.
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