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Oct 20th, 2017
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  1. La justice ne peut plus géolocaliser les clients de Free, une faille majeure pour les enquêteurs
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  3. Cette faille, datant du 1er janvier, illustre les difficultés liées à la mise en place de la Plateforme nationale des interceptions judiciaires confiée à Thales.
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  5. LE MONDE | 20.10.2017 à 06h48 • Mis à jour le 20.10.2017 à 11h07 | Par Soren Seelow, Jean-Baptiste Jacquin et Sandrine Cassini
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  11. image: http://img.lemde.fr/2017/10/19/0/0/2138/1394/534/0/60/0/d70028a_24292-1s14zdc.vkuc5l8fr.jpg
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  13. « Oui, c’est vrai, on ne peut plus géolocaliser les clients de Free. Mais ne le dites pas trop fort ! » Ce haut fonctionnaire du ministère de la justice ne cache pas son embarras. Depuis le 1er janvier, les données de géolocalisation de plusieurs millions de clients Free (dont le propriétaire, Xavier Niel, est actionnaire à titre personnel du Monde) ne sont plus à la disposition des enquêteurs. Cette faille, pourtant largement prévisible, reste béante depuis bientôt dix mois.
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  15. La « géoloc », qui permet de retracer précisément le parcours d’une personne même lorsque cette dernière ne téléphone pas, est d’une grande utilité pour les enquêteurs. L’impossibilité de mettre en place cette « filature » en temps réel pour l’un des quatre grands opérateurs français constitue une brèche majeure dans la surveillance. « Il y a quelques trous dans la raquette de Big Brother », résume amèrement un haut responsable policier.
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  17. Cet incroyable loupé illustre les difficultés rencontrées depuis la mise en place de la Plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ), confiée au groupe Thales. Née d’une volonté de centraliser les écoutes et les réquisitions judiciaires (interceptions, bornages, fadettes, « géoloc »), la PNIJ a vocation à remplacer les prestataires privés qui traitaient jusqu’ici les données brutes fournies par les opérateurs.
  18. « Laborieuse et chronophage »
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  20. Face aux réticences des services d’enquête à utiliser cette nouvelle interface – décrite comme « obsolète, laborieuse et chronophage » par un récent communiqué du Syndicat majoritaire des cadres de la sécurité intérieure –, la loi du 3 juin 2016 leur faisait même obligation d’y recourir à partir du 1er janvier. Mais les retards se sont accumulés et c’est seulement depuis le 12 septembre que toutes les nouvelles réquisitions judiciaires passent par la PNIJ. Toutes, sauf celles qui concernent la « géoloc ».
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  22. La montée en charge laborieuse de la plateforme a en effet amené le ministère de la justice et Thales à se concentrer en priorité sur la prise en compte de l’ensemble des interceptions téléphoniques, dont le nombre a été multiplié par cinq en dix ans pour atteindre les 10 000 écoutes journalières. Cet énorme travail de mise à niveau de l’outil a retardé la livraison de la fonctionnalité « géolocalisation ». Initialement prévue fin 2017, elle a dû être repoussée à courant 2018.
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  24. En attendant que la PNIJ soit entièrement fonctionnelle, les opérateurs historiques continuent donc de suivre l’ancien protocole, en fournissant leurs données de « géoloc » au prestataire privé avec lequel ils avaient l’habitude de traiter. Sauf Free. Jusqu’au 31 décembre 2016, c’est Orange qui se chargeait de transmettre les données de géolocalisation de son concurrent, en vertu d’un accord d’itinérance permettant à Free d’utiliser son réseau en attendant d’avoir le sien.
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  26. Mais cet accord prend progressivement fin depuis le 1er janvier. De plus en plus d’utilisateurs basculent sur le réseau de Free à mesure que celui-ci se développe – notamment dans les grandes villes. Selon les informations du Monde, ce sont près d’un quart du total des requêtes de géolocalisation, tous opérateurs confondus, qui restent aujourd’hui sans réponse.
  27. A qui la faute ?
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  29. A qui la faute ? Contrairement à ses concurrents, Free n’a jamais eu l’occasion de mettre en place des interfaces d’échanges de données avec les anciens prestataires privés. L’opérateur s’est donc mis en ordre de marche pour fonctionner directement avec la PNIJ, dont personne n’a cherché à anticiper le retard à l’allumage. Consciente que la faute lui incombe en premier lieu, la chancellerie ne cherche d’ailleurs pas à se défausser sur l’opérateur. « Ce n’est en rien dû à une mauvaise volonté de Free », insiste-t-on au ministère.
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  31. Cette mansuétude n’est pas partagée dans les rangs de la police. « Free aurait pu mettre en place un service temporaire, même dégradé, déplore un haut gradé de la gendarmerie. Mais ils ont choisi de ne pas le faire. Cette entreprise fonctionne à l’économie. » Interrogé par Le Monde, l’opérateur n’a pas souhaité faire de commentaire.
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  33. Free est-il réellement responsable de la situation ? Contrairement aux interceptions téléphoniques, la « géoloc » n’est pas une obligation légale. L’opérateur peut donc plaider la bonne foi. Il n’en demeure pas moins que Free a déjà fourni des données de « géoloc » dans le cadre de requêtes administratives, émanant notamment des services de renseignement, signe qu’il en a la capacité technique. Dès son arrivée dans le mobile en 2012, le trublion des télécoms s’était dit réticent à communiquer les données de ses clients à des prestataires techniques tiers.
  34. « Solution transitoire »
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  36. Face au nombre croissant d’utilisateurs passant sur le réseau Free et aux retards à répétition de la PNIJ, le ministère de la justice affirme avoir finalement trouvé une parade. « Une solution transitoire va être mise en place dans les prochaines semaines pour que Free puisse se brancher avec ces prestataires », assure-t-on à la chancellerie.
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  38. Les carences de la PNIJ étant connues depuis de longs mois, il peut sembler étonnant que cette « solution transitoire » n’ait pas été imaginée plus tôt. Pour le dire autrement, il a été tacitement accepté qu’entre la sortie progressive de l’accord d’itinérance entre Free et Orange et la date théorique de démarrage du service de géolocalisation de la PNIJ, fin 2017, des millions de Français ne soient pas localisables pendant un an.
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  40. La situation a paru suffisamment inquiétante pour qu’un député La République en marche, Jean-Michel Jacques, interpelle la garde des sceaux, le 18 juillet, dans une question écrite. « Alors que la France est particulièrement ciblée en matière de terrorisme, il n’est pas envisageable de se priver de cette source d’informations », écrit l’élu, qui souhaite « savoir ce que son ministère compte mettre en œuvre afin de permettre (…) la géolocalisation judiciaire des abonnés de l’opérateur Free ». Sa question n’a, à ce jour, pas reçu de réponse.
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  42. En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/10/20/free-un-trou-dans-les-mailles-de-la-geolocalisation_5203566_4408996.html#9Cvg0ColuBMoUJfE.99
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