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Nov 23rd, 2017
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  1. Chères sœurs, cher cousin, chez Joris,
  2.  
  3. je me réjouis de ce que nous passions du temps ensemble ce soir, et je m'en réjouis d'autant plus que nous le passerons dans les anciennes carrières de Paris, communément appelées "catacombes". Vous trouverez ci-dessous un historique bref, approximatif et incomplet de ce lieu, suivi de quelques consignes de sûreté et de sécurité. Je m'efforcerai ensuite de dresser une liste de ce qu'il vous faudra apporter avec vous. Je terminerai par vous donner le lieu et l'heure du rendez-vous.
  4.  
  5. _Histoire des carrières de Paris_
  6.  
  7. Vous pouvez sauter ce paragraphe, mais lisez les autres par contre SVP ! Et ne m'en voulez pas trop si c'est illisible, incompréhensible, ou tout simplement faux : il est tôt, je n'ai pas dormi de la nuit, et n'ai pas accès à Internet dans l'avion.
  8.  
  9. Le bassin parisien fut longtemps recouvert d'un océan (d'où son nom de bassin). Durant cette période, les squelettes des animaux marins vivant dans cet océan (des sédiments) se sont progressivement déposés au fond, formant une roche sédimentaire : le calcaire.
  10. Bien plus tard, les eaux s'étant retirées, le calcaire fut recouvert d'une fine couche d'humus, mélange de terre, de sable, et autres cochoncetés. La Seine, passant par là, éroda cette couche d'humus ainsi que le calcaire sous-jacent, laissant ainsi apparaître du beau calcaire sur ses rives.
  11. Les Parisii n'en ont rien fait, n'en parlons pas. Les Romains, en revanche, y virent un excellent matériau de construction potentiel, et se mirent à l'extraire. Il s'agissait donc initialement de carrières à ciel ouvert sur les bords de la Seine. Le bon calcaire se trouvant en couche horizontale assez fine, les carriers commencèrent à creuser des tunnels pour en avoir toujours plus. Petit à petit, les carrières à ciel ouvert s'épuisèrent, et on ne trouva plus que des exploitations souterraines, ponctuées de nombreux puits (puits d'accès et puits d'aération). Les différentes méthodes d'exploitation laissèrent également derrière elles divers piliers, qu'ils soient "tournés" ou "à bras".
  12. Au fil des siècles, les carrières se multiplièrent ; il n'existait pas à l'époque de service de recensement des vides souterrains, et encore moins de service de cartographie. Impossible donc de connaître précisément le nombre, l'emplacement et l'envergure de ces vides. Certains des vides connus servirent à une époque d'ossuaires, afin de désengorger les cimetières parisiens, notamment le cimetière des Innocents et le cimetière Montparnasse. Il ne s'agit cependant pas de catacombes, personne (ou presque...) n'y ayant été enterré immédiatement après le trépas.
  13. La pierre extraite en-dessous servait donc à construire les bâtiments au-dessus. Ces bâtiments devenant toujours plus hauts, et donc toujours plus lourds, on en arriva vers la fin du XVIIIème siècle à une situation de crise : des rues entières Paris s'effondrèrent, les vieilles carrières n'étant pas conçues pour supporter une telle charge. Ces effondrement donnèrent lieu en 1777 à la création, par édit royal, de l'Inspection des Carrières (IDC).
  14. La mission attribuée à l'IDC était double : premièrement, répertorier les vides de carrières, et plus généralement cartographier le sous-sol parisien ; deuxièmement, combler les vides se trouvant sous les propriétés royales (sous les rues, principalement), et permettre un accès aux propriétaires privés afin qu'ils fassent de même - à leurs frais, bien sûr.
  15. Avec Charles-Axel Guillaumot initialement à sa tête, l'IDC s'affranchit de sa première mission de façon en creusant de façon systématique des galeries dites "de recherche", à l'aplomb des rues de l'époque. Ces galeries, que nous verrons, sont creusées dans le bloc ; on y voit encore les marques des coups de pics laissées par les ouvriers carriers. Comme leur nom l'indique, elles servaient à chercher des vides de carrières, en vue de les combler ensuite. C'est justement là la deuxième mission de l'IDC : à force de chercher des vides, on finit par en trouver ; c'est alors que commence le travail de consolidation. Ces consolidations, ou "consos", consistent en des piliers, des voûtes, des hagues, des bourrages, etc. Elles sont identifiées par un triple marquage, où figure l'année de construction, les initiales de l'inspecteur des carrières ayant supervisé les travaux, et un "numéro de série". Par exemple, la toute première consolidation est identifiée par le marquage "1 G 1777", indiquant que c'est la première réalisée en l'an 1777, sous la supervision de Guillaumot.
  16. Le deuxième inspecteur des carrières, le vicomte Héricart de Thury, adopta les méthodes de travail de son prédecesseur ; mais, plus fougueux, et en quête perpétuelle de swag, se mit en tête d'offrir aux Parisiens une attraction macabre et insolite : le musée des "catacombes" de Paris. C'est Thury qui fit arranger les ossements tels qu'on les voit aujourd'hui dans le petit sous-réseau que l'on peut visiter officiellement et légalement, et dont l'entrée se trouve place Denfert-Rochereau. C'est donc aussi lui qui donna aux carrières le nom de "catacombes".
  17. Faisons un grand bond de deux siècles... Les vides de carrières, auparavant isolés, sont maintenant reliés entre eux par des galeries de recherche, formant un immense réseau d'environ 300 km de galeries. L'IDC s'appelle maintenant IGC, Inspection Générale des Carrières. Quelques hurluberlus commencent à descendre régulièrement, et à laisser des traces de leur passage ; c'est le début des grande fresques murales, dont la plus connue est une reproduction de la vague de Hokusai, à la plage (nous la verrons). Ce microcosme a lui aussi une histoire riche et compliquée, mais je vous en dirai plus ce soir si ça vous intéresse : l'avion va atterrir, il faut que je passe aux autres paragraphes.
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