Autoroute 0

AUTOROUTE 0 (court-métrage)

Scène 1 :
Série de de plans  larges et proches dans une station-service d’autoroute. Gros plan sur une porte blanche, bruit de chasse d’eau, le Personnage Principal, Marc, sort en rajustant sa braguette.
Gros plan sur le comptoir de la station, les mains de Marc posent des snacks, une note de consommation d’essence et un plan de la région. Bruit plus fort quand le plan est posé. le titre du film est écrit dessus .
Bruit de caisse enregistreuse. Marc dit au revoir et sort de la station.

Scène 2 :
Intérieur de la voiture de Marc. Jingle d’une chaine radio qui diffuse un journal d’infos (inaudible). Il conduit sur une autoroute de campagne bordée de buissons, très fréquentée. On voit des maisons et des trains défiler au loin.
Une photo en noir et blanc est accrochée à son rétroviseur : Celle de la fille/femme de Marc. L’air dépité de Marc et sa conversation au portable permettent de comprendre qu’il est en route pour son enterrement. La discussion est soudain interrompue par un vacarme venant du dehors, marc doit raccrocher pour comprendre ce qu’il se passe.
Bruits de klaxons. Marc voit une file de voitures bloquées devant lui, il sort la tête par sa vitre et se rend compte que la file est plus longue que prévu. Une vue aérienne nous permet de comprendre qu’on a affaire à un embouteillage géant. Il essaye de ne pas s’énerver et quitte l’autoroute.

Scène 3 :
A la sortie Marc voit trois bifurcations, deux pour des villages proches et la troisième pour une autre autoroute : La A0. En voyant les voitures passer le PP se rend compte que personne ne prend la A0, sur le panneau aucun nom de ville n’apparaît, juste les signes A0 et la distance. Il décide de s’y engager pour prendre un raccourci.
Il roule pendant un moment sur la A0 et se rend compte qu’il est le seul à y circuler. Soudain l’autoroute passe par un tunnel, dans une colline. Il roule dans le tunnel, vide, les lumières jaunes aux murs se reflètent sur lui en défilant. Soudain il voit une lumière aveuglante au bout du tunnel, à mesure qu’il se rapproche de la sortie.

Scène 4 :
Plan d’ensemble très large, la voiture de Marc sort du tunnel, de profil, dans un paysage très brillant ressemblant à un désert de verre sur lequel l’autoroute continue.
Silence total.
Intérieur de la voiture de Marc, il a l’air impressionné mais sans caricature (pas de bouche bée, pas de cri, pas de réaction brusque). Il continue de rouler. Il roule déjà depuis un moment sur cette autoroute complètement vide. Gros plan sur la jauge d’essence qui sera bientôt vide. Marc retient un râle. Il tombe sur une station-service (qui fait restauroute), au milieu de ce paysage inconnu. Aucune voiture n’est garée ici.
Marc essaye de faire le plein mais toutes les pompes sont vides. Il entre dans la station : Personne. Bruits de pas très forts quand il marche. Juste deux ou trois papiers qui traînent sur le sol.
Il repart aussi vite.

Scène 5 :
Marc se rend compte que le tunnel est maintenant trop loin, parce qu’il n’a plus assez d’essence pour faire demi-tour. Il décide donc de continuer sa route dans l’espoir de trouver une solution.
Il roule longtemps. Des heures peut-être, impossible de le savoir, même le Soleil ne semble pas bouger. Dans ce paysage de verre étrange des montagnes se dessinent au fond, dans la direction de son autoroute aussi déserte que droite.
Ce qui devait arriver arrive. La voiture tombe en panne à court d’essence. Elle s’immobilise au milieu de l’autoroute.
Une brise forte souffle dehors, émettant un sifflement pareil à celui d’un orgue de verre.
Marc sort de sa voiture pour voir l’état du moteur. La poussière de verre portée par le vent lui entaille la peau. Il se réfugie dans sa voiture. Il est dans un état proche de l’attente car il ne sait pas quoi faire.

Scène 6 :
Marc est bloqué dans sa voiture en panne, à attendre que le vent s’arrête pour sortir. Le vent souffle encore et la nuit tombe lentement, assez lentement pour avoir le temps de ressentir la soif et la faim.
Quand le vent s’arrête enfin Marc s’apprête à sortir quand il se rend compte que les paysages de verre autour de lui ont été remplacés par les flots sombres et agités d’une mer de nuit. Une sorte d’eau dont le niveau monte peu à peu.
Affolé, il se réfugie debout sur le toit de sa voiture mais le niveau continue de monter et bientôt il se retrouve obligé de nager dans cette « mer » de plus en plus agitée pour ne pas couler à son tour. Les flots sombres, presque solides, comme du pétrole, s’étendent à perte de vue d’un horizon à l’autre, chaque fois plus agités. Le ciel est lourd et la mer violente.
Marc nage sans but pour ne pas y passer mais au bout du compte les vagues l’emportent. Alors qu’il commence à  se noyer l’homme voit une lumière venir du fond de la mer. Dans un dernier effort il plonge pour voir ce qui brille sous ses pieds.

Scène 7 :
Changement de décor, Marc se retrouve de l’autre côté des flots, la caméra se retourne verticalement. A sa grande surprise pas d’eau mais un autre ciel, plus bleu, plus brillant, sur une autre mer, plus calme, plus plate.
Il arrête de nager, fait la planche pour se reposer et pousse un grand rire de soulagement. Quand il se remet à nager un rivage sauvage se profile au large. Terre ! Il nage alors dans sa direction.
Une haute falaise coiffée de nuages épais se profile à l’horizon au fur et à mesure que Marc se rapproche en nageant. Il finit par s’échouer dans une petite crique de sable fin, nichée dans un creux de la falaise.  Apres quelques instants de repos bien mérités, Marc décide de gravir la falaise a la force de ses mains pour savoir ce qui l’attend de l’autre cote.
Scène 8 :
Au sommet de la falaise c’est un brouillard épais qui l’attend, de couleur dorée, d’aspect duveteux et couvrant ce qui semble être une prairie sans fin. Impossible de voir à plus de quelques mètres, une ombre humaine attend pourtant Marc dans la brume. En s’approchant il la reconnait immédiatement : C’est bien sa femme/fille, celle qui l’attendait dans un cercueil à l’autre bout de sa route.  Les deux personnages s’étreignent dans la joie de se retrouver enfin. Et soudain le protagoniste est pris d’angoisse se rendant compte que la personne avec laquelle il se trouve est morte.
Retour sur l’autoroute, toujours agitée par le bruit des klaxons. Un lent dezoom en plongée totale nous montre la voiture de Marc défoncée par un accident. Sa main pend par une fenêtre dont le sang coule doucement. La sirène d’une ambulance se rapproche en hors-champ.

FIN