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- Sur la page d'accueil le 21 avril, JV propose un guide d'achat pour "les meilleurs robots aspirateurs pas cher", ainsi qu'un article sur Atlas, "le nouveau robot humanoïde de Boston Dynamics […] tout simplement incroyable". En fouillant, on trouve sur le site des contenus plus surprenants : "Faut-il se laver tous les jours ? Les scientifiques et experts se déchirent sur ce sujet brûlant" ; "Le plus grand aéroport du monde est déjà en construction. Ce sera une aérotropole entière avec six pistes d'atterrissage." "Aujourd'hui, JV ne répond quasiment plus à sa fonction première : informer, alerter et expliquer l'industrie du jeu vidéo. Cela fait forcément du mal, surtout quand on a porté à bout de bras pendant tant d'années un contenu qu'on estimait le plus qualitatif possible", déplore Maxime*, ancien journaliste et rédacteur en chef. Aux côtés des tests de jeux vidéos, le site s'est en effet longtemps démarqué pour ses dossiers de fond : interviews des "femmes inspirantes du jeu vidéo en France", analyses du phénomène des microtransactions et du secteur vidéoludique chinois, ou encore coulisses du développement d'Half-Life, une œuvre culte.
- Retour en juin 2014. Webedia, éditeur de Puremedias, Purepeople ou Allociné, acquiert jeuxvideo.com, pour la somme de 90 millions d'euros. "On a appris la nouvelle via la presse. C'était un moment difficile, plein d'incertitudes, car on était une petite équipe basée à Aurillac, avec une assez grande autonomie par rapport au contenu qu'on produisait", raconte Damien*, un journaliste historique du site. Après un déménagement à Paris, jeuxvideo.com va très vite être confronté à un nouveau paradigme : celui de la rentabilité. Lors d'une réunion, Webedia explique aux salariés que "les clients sont les annonceurs", et suggère aux journalistes d'écrire des articles sponsorisés, une tâche normalement réservée au pôle marketing. "Les rédacteurs en chef ont freiné des quatre fers et Webedia a finalement renoncé. Au début de notre collaboration, le dialogue était possible et le groupe n'imposait pas encore ses pratiques", relate Damien. Maxime, lui, se souvient également de "relations apaisées" entre 2014 et 2020. "Cédric Siré, le PDG de Webedia, n'a jamais vraiment interféré dans la ligne éditoriale du site. On nous a bien demandé de faire quelques news pour des évènements dont nous étions partenaires, comme les Pégases (les César du jeu vidéo, ndlr), mais rien de vraiment hors-sujet", appuie-t-il.
- L'OBSESSION DU SEO
- En mars 2020, la pandémie de Covid-19 rebat toutefois les cartes. Tandis que les audiences d'Allociné et de Purepeople se seraient effondrées, jeuxvideo.com connaît au contraire des chiffres records - jusqu'à 9,3 millions de visiteurs uniques durant le premier confinement. "Là, Webedia s'est dit qu'il y avait un coup à jouer : ils ont voulu élargir les thématiques traitées pour attirer toujours plus de monde, au point de réduire progressivement les articles sur le jeu vidéo", se souvient Jonathan*, un ancien salarié. Pour incarner cette stratégie, l'éditeur nomme Alexandre Nassar au poste de directeur éditorial, puis change le nom du média, devenant JV. Selon onze personnes interrogées par ASI, cette arrivée aurait grandement contribué à l'état actuel du site. "Alexandre Nassar nous a dit en réunion qu'il n'avait aucun affect pour JV, et qu'il était là pour qu'on gagne plus d'argent. Dès lors, tout notre contenu s'est articulé autour de Google Trends (un outil qui permet de connaître la fréquence à laquelle un terme a été tapé dans le moteur de recherche Google, ndlr), que cela parle ou non de jeux vidéo", assure Maxime.
- Chaque semaine, les journalistes soumettent ainsi à leurs rédacteurs en chef des idées d'article, parmi les sujets les plus populaires du moment. Leur proposition doit également comporter un titre - avant la rédaction dudit papier, donc -, en réfléchissant aux mots-clés qui permettront d'être le mieux référencé sur Google. Ce principe d'optimisation, appelé "SEO" (pour "Search Engine Optimization"), est aujourd'hui le nerf de la guerre au sein de JV, d'après la majorité des personnes interrogées par ASI. "De nombreuses propositions d'articles étaient rejetées si les titres ne plaisaient pas aux chefs. Ce qu'il y avait à l'intérieur était totalement secondaire, si bien que nos papiers n'étaient souvent même pas lus", développe Deborah*, une ancienne journaliste rapidement "exaspérée" par ce fonctionnement. Guillaume Leviach, passé par JV de 2015 à 2023, se rappelle aussi une mauvaise expérience. En février 2023, le journaliste écrit un article sur les trente ans de Star Fox, une série emblématique de Nintendo. Mais son chef décide de retirer le nom du jeu dans son titre, privilégiant une version plus grand public - et mieux référencée sur les moteurs de recherche : "Le Star Wars de Nintendo fête ses 30 ans ! À quand un épisode Nintendo Switch ?" "Ce qui est absurde, c'est que le jeu n'a rien à voir avec Star Wars. Mais comme la logique du SEO prévalait en toutes circonstances, j'ai fini par arrêter de défendre mes titres initiaux", commente Guillaume.
- Interrogé à ce sujet par ASI, Fabien Metsa, le rédacteur en chef actuel du site, tempère. S'il confirme bien que les journalistes doivent proposer un titre avant de rédiger leur article, "jamais nous n'avons rejeté une proposition sur ce seul fondement", soutient-il. "On choisit de traiter un sujet parce qu'on estime qu'il est d'abord intéressant. Par contre, vu que la moitié de nos articles sont consultés via Google Discover (l'algorithme qui propose aux internautes des contenus en fonction de leur activité sur le web, ndlr), il est important qu'ils aient un titre aguicheur", précise-t-il. Exemple en 2021 : cette année-là, JV publie un article intitulé : "Le jeu attendu pendant plus de dix ans... qui était une immense arnaque." "On parlait dedans de Limbo of the lost, un jeu sorti en 2007, qui n'était clairement pas recherché par les joueurs sur les moteurs de recherche. Pourtant, grâce à ce titre et parce que l'histoire est captivante, c'est devenu l'article jeu vidéo le plus lu du site !", relate Fabien Metsa. Le 21 avril dernier, JV a donc décidé de réécrire un article sur le sujet. Avec un titre toujours accrocheur : "Entre plagiats et malédiction, voici l'histoire d'un des pires jeux de tous les temps !"
- DES "BONS PLANS" À LA PELLE
- Autre changement de taille avec l'arrivée d'Alexandre Nassar d'après les salariés : la multiplication des articles "bons plans", où figurent pêle-mêle des réductions pour des jeux, des consoles, des casques et même… des frigos connectés. "À la fin de l'année 2020, face à la baisse des revenus publicitaires, Alex a créé une équipe de journalistes pour développer l'affiliation. Ce système permet à JV, lorsqu'un lecteur achète un produit via le lien qui figure dans l'article, de prendre une commission", expose William*, un journaliste historique de la rédaction. Ces "bons plans", "utiles pour la survie du site" selon Maxime, vont cependant devenir de plus en plus envahissants : en 2013, JV recensait 165 articles de ce type, contre 4374 en 2021 et 5720 en 2022. "Au bout d'un moment, je n'assumais plus de travailler pour le site : mes papiers de fond étaient noyés par ces articles, qui n'avaient aucun intérêt journalistique", critique Benjamin*, un ancien pilier de JV. Il faut dire que les tarifs pour réaliser ces papiers sont très attractifs, selon des documents internes consultés par ASI : 250 euros la journée pour un freelance, bien loin des 75 euros rétribués pour le test d'un jeu vidéo.
- Ces montants sont d'autant plus surprenants que la notation des jeux a longtemps été une priorité pour la presse vidéoludique. Au-delà d'articles approfondis, les journalistes de JV passaient de 2013 à 2020 "la moitié" de leur temps à écrire des tests, d'après la majorité de ceux interrogés par ASI. "Le site était un véritable guide d'achat pour les lecteurs. Mais avec l'arrivée des démos et des let's play (une vidéo où quelqu'un joue et commente en direct, ndlr) sur Twitch ou Youtube, les gens ont commencé à se détourner de ce format, car ils pouvaient désormais se faire leur propre opinion", éclaire Mathieu*, ancien freelance. Si cette tendance expliquerait en partie la diminution des tests sur le site - 1 030 en 2013 versus 90 en 2023 -, le rôle d'Alexandre Nassar est là encore pointé du doigt.
- "J'ai le souvenir d'une réunion, fin 2021, où il nous a explicitement dit qu'une news avec un bon titre faisait dix fois plus de vues qu'un test qui prend trois jours", affirme Benjamin. Sur la notation, cinq journalistes interrogés par ASI confient également que Nassar et les deux rédacteurs en chef actuels seraient plus frileux à l'idée de mettre de mauvaises notes aux jeux, les éditeurs menaçant dans ce cas de ne plus acheter de contenus publicitaires. "On a eu des situations où les tests étaient déjà rédigés, mais où on a attendu la tendance Metacritic (un site qui agrège les notes de tous les médias sur un jeu, ndlr) pour éventuellement s'aligner dessus", illustre Samy*, un ancien CDI. Questionné par ASI, Fabien Metsa conteste : "On n'a jamais changé une note par rapport à Metacritic, et le site se porte suffisamment bien économiquement pour ne pas craindre les éditeurs." En revanche, l'actuel rédacteur en chef le reconnaît : la notation des jeux s'aligne aujourd'hui sur les volontés du lectorat. "Si tu penses que 16 est une bonne note mais que ce n'est pas le cas de tes lecteurs, ils risquent de se dire que tu as détruit le jeu. Il faut donc que notre grille d'évaluation soit la même que la leur", exemplifie-t-il.
- UNE CLAUSE DE "NON-DÉNIGREMENT"
- Modification des notes ou pas, le "virage éditorial" de JV ne fait aucun doute pour la totalité des salariés sollicités par ASI. En janvier 2023, Alexandre Nassar a poursuivi dans cette voie, en "internalisant" les news, essentiellement rédigées par les freelances depuis 2016. "Concrètement, les CDI ont désormais deux jours de la semaine où ils ne font que des brèves, ce qui réduit encore les articles de fond", résume Guillaume, qui a vécu cette réorganisation comme "une régression". "Le problème, c'est que les freelances produisaient les articles qui faisaient le plus d'audience sur le site. Si tu veux essayer de garder des mecs en interne, c'est très compliqué à justifier", oppose Fabien Metsa, qui précise que deux freelances ont récemment été embauchés en CDI, grâce à ce système. Pourquoi, alors, ne pas expliquer aux lecteurs ce qui se passe en interne, d'autant que beaucoup déplorent l'évolution du site ? "Parce que nous n'en avons pas le droit", avance Deborah, dont l'ancien contrat de travail, consulté par ASI, évoque "un devoir de réserve et de discrétion à l'égard du groupe Webedia", la journaliste s'engageant à "s'abstenir de toute parole, critique, déclaration ou comportement susceptible de nuire […] à la réputation, à l'image ou à la notoriété" de l'entreprise. Un autre salarié de JV, lui, s'est vu imposer une clause de "non-dénigrement" à son départ, l'obligeant "à ne rien dire ou faire qui puisse nuire à la société Webedia", et ce pendant près de dix ans, selon un document auquel ASI a eu accès. Contacté sur tous ces points, Alexandre Nassar n'a pas répondu à nos sollicitations.
- EcranLarge, en revanche, n'a pas hésité à communiquer. Car le basculement de JV est loin d'être une exception dans le paysage des médias gratuits consacrés à la pop culture. Le 5 juillet 2023, le site spécialisé sur le cinéma (une rubrique est aussi dédiée aux jeux vidéo) publie sur Twitter "un message de service", dans lequel il explique la présence sur son site de ces "news de merde". "Vous trouvez cette news nulle ? Sachez qu'on est dans l'obligation de jouer ce jeu, parce que notre existence et survie est plus que jamais un défi", peut-on notamment y lire. "J'ai fait ce post parce que l'équipe était exaspérée de recevoir des reproches de lecteurs à ce sujet. Oui, ça nous saoule de devoir obéir aux règles de Google. Mais Google demande ça aux médias parce que les gens lisent ces articles. C'est un cercle vicieux", clarifie auprès d'ASI Geoffrey Crété, le rédacteur en chef.
- Contrairement à JV, EcranLarge ne dispose pas en interne d'une équipe spécialement consacrée au SEO. "Mais on a des consultants extérieurs qui nous aiguillent sur les titres, et tous nos journalistes sont formés à cette pratique", poursuit-il. Ces enjeux de référencement n'épargnent pas non plus les articles de fond. Comme celui sur le film de Mike Figgis, intitulé : "Secret Story rencontre 24H chrono : Timecode, le tour de force du multi-plan-séquence." "Ce titre est emblématique de ce qu'on essaye de faire : on utilise des comparaisons amusantes, ici Secret Story (jeu télévisé dont la nouvelle saison a été lancée le 23 avril sur TF1, ndlr), pour amener les gens curieux vers un film pointu, qu'ils pourraient aimer", explicite Geoffrey Crété. A terme, EcranLarge devra toutefois trouver d'autres sources de revenus. Hormis les partenariats avec les distributeurs, "qui grandissent au fil des années", l'équipe réfléchit d'ores et déjà à un système d'affiliation, similaire à JV. "Au fond, on se pose collectivement la même question : les sites gratuits ont-ils seulement un avenir ?, interroge le rédacteur en chef. Parce que les médias sont tous en train de se battre pour des miettes."
- * Le prénom a été modifié pour préserver l'anonymat des sources.
- Et pour rappel JDG c'est
- - Un raté sans aucun talent qui s'est fait connaître à 35 ans en pompant intégralement le concept et des blagues d'un youtubeur qui avait déjà tout inventé, l'Angry video game nerd. '''Il est du même acabit que Roi des rats.'''
- - Une serpillère qui s'est jeté sur Twitch quand il a vu que ça pouvait rapporter gros
- - Traine avec full gauchistes alors qu'il est de droite et s'écrase complètement face à eux, les positions pro police qu'il a tenues par le passé il ne les tiendrait pas face à eux.
- - A pris le melon à tel point qu'il ne répond pas quand on lui dit bonjour (comme en témoigne courageusement un khey qui l'a croisé à l'aéroport de Nantes) alors qu'il ne représente pourtant rien et qu'aucune TV mainstream n'a jamais voulu de lui
- - Pour se venger des TV françaises, qui a raison n'ont jamais voulu de lui, il s'est cru intelligent de promouvoir la RTBF (TV publique belge) en expliquant qu'on peut la voir grâce à son vpn de merde - Un misogyne qui déclaré « Ma copine est une asiat qui fait le ménage et la poussière »
- - Et n'oublions pas qu'avant tout cela il s'était signalé en faisant passer pour une fille sur la guilde Wow...
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