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Sciences Po : cette mystérieuse organisation propalestinienne qui embrase les campus (2024)

Dec 28th, 2024
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  1. Le Point.fr, no. 202405
  2. dimanche 19 mai 2024
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  4. Sciences Po : cette mystérieuse organisation propalestinienne qui embrase les campus
  5. Par Baudouin Eschapasse (avec Bartolomé Simon)
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  7. Le mouvement « Students for Justice in Palestine », né aux États-Unis il y a trente ans, promeut l'intifada dans les universités européennes. Son antenne à Sciences Po est très active.
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  9. Quel point commun existe-t-il entre les universités de Columbia , Harvard, Princeton et UCLA aux États-Unis, La Sapienza en Italie, Sciences Po et la Sorbonne en France ? Ces établissements ont tous été « occupés » récemment par des étudiants dénonçant la situation dans la bande de Gaza. Et chacun de ces campus continue d'être le cadre de manifestations où des étudiants expriment bruyamment leur soutien à la cause palestinienne.
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  11. L'agitation à l'oeuvre dans ces établissements n'est pourtant pas leur seul dénominateur commun. Au coeur de ces mouvements de contestation, on retrouve en effet une même association baptisée « Students for Justice in Palestine » (SJP). Un mouvement d'« étudiants pour la justice en Palestine » qui revendique être présent dans plus de 350 universités et grandes écoles à travers les États-Unis.
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  13. Cette organisation s'était illustrée au lendemain des attaques du Hamas en distribuant auprès de la jeunesse américaine divers tracts où les actions terroristes étaient présentées comme des « actes de résistance ». SJP a notamment produit des flyers glorifiant les tueurs qui ont débarqué en parapente au festival de musique Nova massacrant 364 jeunes participants.
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  15. Tract de « Students for Justice in Palestine » distribué sur les campus américains mi-octobre 2023. - DR
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  17. SJP multiplie depuis six mois, au sein des universités américaines, les conférences sous forme de meetings politiques et les blocus, interdisant l'accès aux amphithéâtres et aux bibliothèques à ceux qu'il présente comme ses ennemis : les « sionistes ». Depuis quelques jours, l'association entame un nouveau cycle d'action en perturbant les cérémonies de remise des diplômes.
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  19. Après avoir tenté d'interrompre le discours du comédien Jerry Seinfeld, invité le 12 mai par la direction de la Duke university, en Caroline du Nord, à qui ils reprochaient d'avoir exprimé sa sollicitude aux victimes des massacres du 7 octobre, des étudiants se réclamant du mouvement SJP se sont mis en scène, à l'université de Columbia (New York) lors de leur dernière journée de scolarité, le 15 mai. Drapés de keffiehs et de drapeaux palestiniens, certains sont montés récupérer leurs titres universitaires et les ont volontairement déchirés devant le public.
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  21. Le SFJ, une organisation mondiale
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  23. L'association, qui a pour hymne le chant « From the river to the sea, Palestine will be free » (« de la rivière [du Jourdain] à la mer [Méditerranée], la Palestine sera libre »), assume vouloir « exporter l'intifada » sur les campus du monde entier. Elle cible ainsi, depuis octobre, les établissements d'enseignement supérieur de l'Hexagone : Sciences Po en tête.
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  25. Khaled Abu-Qare, 28 ans, a inauguré une antenne de « Students for Justice in Palestine » à Sciences Po le 11 octobre 2023, quatre jours après les massacres perpétrés par le Hamas dans le sud d'Israël. - DRUne antenne de SJP a ainsi été ouverte à l'Institut d'études politiques de Paris, le 11 octobre, à l'instigation de Khaled Abu-Qare, un étudiant en master au sein d'un programme d'échange d'un an baptisé « Advanced Global Studies ». Ce Palestinien de 28 ans, issu de l'université Bir Zeit à Ramallah, avait déposé une demande d'ouverture d'une antenne de cette association américaine dès son entrée sur le campus de la rue Saint-Guillaume en septembre. Sollicité par Le Point, Khaled Abu-Qare n'a pas donné suite à notre demande d'entretien.
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  27. Après avoir réuni la signature d'une cinquantaine d'étudiants, ce militant a été autorisé par la direction de l'établissement (conformément à son règlement intérieur) à inaugurer « SJP Sciences Po », quatre jours après les massacres du 7 octobre en Israël. Contactée, la direction de Sciences Po précise qu'il s'agit d'une « initiative » étudiante, et non d'une association à proprement parler. Elle ne reçoit donc aucune subvention de la part de l'école et voit son autorisation renouvelée tous les semestres.
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  29. Comment SJP s'étend en France
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  31. Le 21 octobre, deux semaines après les pogroms commis par le Hamas, alors que les corps mutilés des victimes israéliennes n'étaient pas tous identifiés et que les inhumations des morts dans les kibboutz n'étaient pas achevées, SJP commençait à dénoncer un « génocide » à l'oeuvre contre la population palestinienne. L'accusation a fait florès dans le débat public depuis lors.
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  33. Le but de « Students for Justice in Palestine » est officiellement de sensibiliser les étudiants français à la tragédie vécue par les Gazaouis. L'association a créé à cette fin de multiples comptes sur les réseaux sociaux. Notamment sur Instagram où coexistent deux pages dédiées à « SJP Sciences Po ». Y est dénoncée sans relâche la réponse militaire israélienne aux attaques du Hamas. On peut y consulter, en temps réel, le décompte macabre des Palestiniens tués (chiffres transmis par l'organisation qui administre Gaza). Mais jamais n'y est évoqué le sort des otages israéliens, ni celui des 1 200 tués, des 7 500 civils blessés ou encore des 20 000 déplacés, du côté de l'État hébreu.
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  35. « Lorsqu'a été organisée la première manifestation de rue devant l'IEP, le 22 avril, une minute de silence a été tenue en l'honneur des Gazaouis. Nous avons demandé qu'y soit associée la mémoire des Israéliens assassinés par le Hamas. Nous nous sommes vu opposer un refus de la part des militants propalestiniens », relève Samuel Lejoyeux, président de l'association des étudiants juifs de France (UEJF).
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  37. Simple manque d'empathie de la part des membres de SJP ? Pas seulement. Des propos troubles ont ainsi été tenus dans lesquels, sous couvert d' antisionisme , se serait exprimée une réelle haine antijuive. Ces comportements ont conduit à près de 80 signalements auprès de la direction qui a promis de saisir la commission disciplinaire de l'établissement à laquelle concourt une magistrate professionnelle.
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  39. Des investigations sont actuellement conduites pour établir si certains des faits enregistrés relèvent d'un antisémitisme caractérisé et doivent donner lieu à des poursuites pénales. Mais l'instruction de ces dossiers est particulièrement lente.
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  41. Obsession anti-sioniste
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  43. Est notamment visé un happening, organisé le 26 avril, au cours duquel des manifestants ont brandi face aux caméras leurs paumes peintes en rouge, après que la candidate de La France insoumise Rima Hassan eut appelé les étudiants de Sciences Po au « soulèvement ». Les mains rouges faisaient-elles allusion à celles tendues par des terroristes, le 12 octobre 2000, après le massacre à mains nues de deux soldats israéliens à Ramallah ? Une majorité de militants propalestiniens récuse cette idée. Mais la coïncidence est troublante.
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  45. Récapitulons.
  46. Dans l'affaire des mains ensanglantées à Sciences-po,
  47. il y a :
  48. 1) Les ignares qui ne savent pas qu'en montrant leurs mains rougies, ils font référence à l'éviscération de deux Israéliens en 2000 à Ramallah. On les comprend, ils n'étaient pas nés.
  49. 2) Les... pic.twitter.com/nN2ElaynKy
  50. -- Raphaël Enthoven (@Enthoven_R)
  51. April 28, 2024
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  53. SJP Sciences Po réunissait, en octobre dernier, entre 20 et 25 adhérents, issus de diverses associations d'extrême gauche : notamment Attac et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). La médiatisation de leurs actions leur a permis d'élargir cette base en conviant jusqu'à 200 sympathisants certains jours dans l'amphithéâtre Boutmy rebaptisé mi-avril « amphi Gaza ». SJP fait partie du comité Palestine, un groupe informel de 300 étudiants environ, né lui après le 7 octobre 2023.
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  55. Il faut dire que, très vite, les leaders de La France insoumise (LFI) leur ont emboîté le pas. Jean-Luc Mélenchon, venu sur place le 22 avril, a dénoncé à plusieurs reprises un « génocide » à l'oeuvre à Gaza et encouragé les étudiants « à participer continuellement à la protestation contre le maccarthysme qui s'installe dans ce pays » (sic). Lors de ces coups d'éclat rue Saint-Guillaume, Le Point a aperçu Elias d'Imzalène, fondateur du collectif contre « l'islamophobie » Perspectives Musulmanes et de l'ex-site Islam et Info. Espère-t-il profiter de la situation à Sciences Po pour faire naître une mobilisation massive pro-Gaza ?
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  57. La menace de nouvelles occupations à Sciences Po
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  59. Le collectif SJP, au sein du Comité Palestine, multiplie depuis trois mois les démonstrations de force : des dizaines de jeunes investissent régulièrement « la Péniche », le hall de l'IEP ainsi surnommé en référence à la forme du banc qui trône en son centre. Ils s'allongent au sol pour évoquer les morts palestiniens ou montent sur des tables pour scander au microphone des slogans d'un goût parfois douteux. « Hier Varsovie et Treblinka [l'un des camps de la mort nazis situé en Pologne, NDLR], aujourd'hui Gaza », a-t-on pu entendre sur place.
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  61. Ces mêmes étudiants font planer sur l'institution la menace continue d'une nouvelle « occupation ». La direction de l'établissement pensait avoir obtenu de leur part la promesse de renoncer à un blocage de l'établissement en échange de l'organisation d'une grande conférence à l'américaine (un « town hall ») sur la question palestinienne. SJP Sciences Po n'en a pas moins tenté à deux reprises d'implanter des tentes sur la pelouse des deux sites de l'établissement fin avril.
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  63. Prospectus de l'antenne du SJP de Bard College (État de New York) vantant la « résistance palestinienne » et encourageant la poursuite des actions « par tous les moyens ». - DRAu point que la direction a fini par appeler la police pour obtenir l'évacuation des lieux. « Il fallait libérer les salles qui devaient servir quelques jours plus tard pour les examens », justifie-t-on en privé à la direction de l'IEP. D'autres locaux ont été proposés aux étudiants du SJP pour qu'ils puissent se réunir. « Mais ils les ont refusés car ces salles ne donnaient pas sur la rue et ne pouvaient donc pas permettre d'accrocher des banderoles destinées à être photographiées depuis l'extérieur de l'établissement », note une source proche de l'école.
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  65. La demi-douzaine d'enseignants contactés, dans le cadre de cette enquête, ont tous demandé à témoigner sous couvert d'anonymat. « Dès qu'on ose critiquer ces jeunes, on voit déferler sur sa messagerie des centaines de mails », justifie l'un des professeurs qui confie avoir le plus grand mal à travailler dans ces conditions. « Ce qui frappe quand on croise ces groupes, c'est leur degré extrême de fanatisme. Et leur violence verbale », évoque un autre.
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  67. Le boycott des universités israéliennes en ligne de mire
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  69. Si les membres de SJP demandent un cessez-le-feu à Gaza, le véritable objectif de l'association dépasse largement l'arrêt des combats. Lors de sa venue à l'IEP, le 30 novembre dernier, l'activiste palestino-américaine, par ailleurs avocate au sein du cabinet DLA Piper, Lara Elborno a exposé sans ambages le véritable but de ce mouvement étudiant : le boycott d'Israël, à commencer par ses universités et centres de recherche.
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  71. Peu importe que les facultés israéliennes soient le lieu où est le plus contestée la politique conduite par le gouvernement Netanyahou, la stratégie de l'association SJP est la même que le mouvement BDS. Contactée, Lara Elborno n'a pas donné suite à notre demande d'interview.
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  73. Khaled Abu-Qare tente lui aussi de faire pression sur la direction de l'IEP pour qu'elle dénonce ses conventions avec les universités de l'État hébreu. Y compris lorsque ces accords concernent des programmes dits de médiation ou de résolution de conflits. Le mot d'ordre est le même dans toutes les antennes de SJP à travers le monde. Il faut dire que la consigne vient de la maison mère « National Students for Justice in Palestine » laquelle défend cet objectif prioritaire de couper tout lien avec Israël.
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  75. Fiche d'enregistrement de l'association « Students for Justice in Palestine » à l'université de Berkeley, le 27 août 1993. - DRLe siège de ce mouvement, installé à Berkeley où l'organisation a été enregistrée pour la première fois en 1993, fournit des fiches pratiques développant un argumentaire détaillant les programmes ciblés. Certains d'entre eux permettent à de jeunes conscrits de Tsahal de reprendre leurs études après leur service militaire de trois ans. « C'est la preuve que les universités israéliennes travaillent main dans la main avec les forces d'occupation [comme SJP désigne l'appareil de défense de l'État hébreu, NDLR] », lit-on, comme un copié-collé, sur les pages Instagram des nombreuses filiales du groupuscule propalestinien.
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  77. Hatem Bazian, l'éminence grise du SJP
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  79. Ce discours est largement inspiré par les écrits d'Hatem Bazian, 59 ans, professeur de droit islamique au Zaytuna College (Californie), par ailleurs chargé de cours à Berkeley. Un enseignant que le Jerusalem Center for Public affairs présente, dans un rapport de 2018, comme l'un des fondateurs du SJP. Hatem Bazian est toujours son éminence grise. Il dispense des formations à ses membres et les transmet aux diverses antennes de l'association à travers les États-Unis.
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  81. Or, ce natif de Naplouse, ayant émigré aux États-Unis à la fin des années 1980 pour suivre un cursus de philosophie à l'université de San Francisco, n'est pas un inconnu des services de sécurité américains. Il a longtemps travaillé pour l'ONG KindHearts, outre-Atlantique. Une association caritative dissoute en 2006 par le Département d'État américain pour avoir participé à des levées de fonds... en faveur du Hamas.
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