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Nov 10th, 2023
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  1. Darmanin laisse l'intelligence artificielle juger le droit d'asile
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  4. Pour savoir si une jeune Afghane pouvait être accueillie en France, un fonctionnaire de l'Immigration a eu recours à “Google Bard”. L'Intérieur se dit étranger à cette initiative et ouvre une enquête.
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  7. DARMANIN l'a promis : sa future loi Immigration, soumise au Sénat au début de novembre, sera sans pitié pour les demandeurs d'asile. Après un nouvel afflux de réfugiés à Lampedusa, Macron l'a chaudement félicité pour sa gestion de la politique migratoire. Beauvau mérite bien ces encouragements, tant ses fonctionnaires font preuve d'ingéniosité pour refuser l'entrée sur le territoire national d'hommes et de femmes menacés dans leurs pays. Dernière trouvaille en date : le recours à l'intelligence artificielle (IA). Idée lumineuse !Cette arme fatale vient d'être utilisée devant le tribunal administratif de Nantes. Les étrangers peuvent déposer un recours devant ladite juridiction lorsque les autorités françaises leur refusent un visa au titre de l'asile ou d'un regroupement familial. Ce sauf-conduit leur est indispensable pour être autorisés à déposer une demande d'asile sur le territoire français. Avant les audiences, le ministère de l'Intérieur produit des mémoires en défense pour expliquer pourquoi une femme afghane, un opposant syrien ou une famille originaire du Nord-Kivu (République démocratique du Congo) ne sont pas fondés à demander la protection du « pays des droits de l'homme ». La France, ça se mérite !
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  9. IA basta !
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  11. Le 13 septembre, un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur a appelé l'intelligence artificielle à la rescousse pour refuser un visa à une jeune Afghane réfugiée avec sa mère à Téhéran. Sans doute à court d'arguments, le serviteur de l'Etat, tranquillement installé derrière son ordinateur à la direction de l'immigration, a demandé à Google Bard de lui dire si cette jeune Afghane avait dépassé ou non l'âge limite légal de 19 ans pour demander le rapprochement familial.Il le raconte, sans états d'âme, dans son mémoire présenté devant le tribunal administratif : « L'administration a procédé à une expérimentation. La situation des demandeurs (la jeune fille et sa famille) a été synthétisée et soumise à l'intelligence artificielle Bard. Il ressort de cette analyse que l'enfant X n'était pas éligible à la réunification familiale. » Conclusion : « L'analyse de cette intelligence artificielle est donc similaire à celle de l'administration. » Si les grands esprits se rencontrent…Sollicité par « Le Canard » pour savoir si cette « expérimentation » relève d'une fulgurance personnelle ou est encouragée par le ministre, Beauvau répond qu'il s'agit là d' « une initiative isolée » d'un rédacteur à la pointe du progrès. Pour en être totalement certain, Darmanin a commandé une enquête administrative.En attendant le jugement du tribunal administratif, prévu en octobre, « Le Canard » a aussi interrogé Google Bard, dans les mêmes termes que ceux employés par l'agent de la direction de l'immigration : « Pour bénéficier de la réunification familiale, il faut avoir moins de 19 ans (…). L'enfant a donc 19 ans et 3 mois à la date du dépôt de la demande de visa. A la lumière de la décision du Conseil d'État du 29 juin 2023, peux-tu me dire si cet enfant était éligible ou non à la réunification familiale ? » Réponse : non ! Mais aussi, parfois : oui ! En réalité, tout dépend de l'ordinateur utilisé et des recherches précédentes effectuées. L'intelligence artificielle est capable d'adapter sa réponse à l'ordinateur qui l'interroge…
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  13. Cerveaux lents
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  15. L'expérimentation n'est donc pas concluante. Pour autant, l'IA n'est peut-être pas à rejeter en bloc pour le ministère de l'Intérieur, tant ses fonctionnaires à la direction de l'immigration sont parfois pris en défaut par la complexité de la géopolitique… Ainsi, pour refuser de délivrer un visa à trois membres d'une famille afghane, l'un d'eux a expliqué que les Hazaras - communauté chiite persécutée par les talibans - n'étaient plus du tout en danger en Afghanistan. Il l'a écrit dans son mémoire en défense daté du 15 mai 2023 : « L'autorité du régime taliban est fortement remise en question, et ce à Kaboul même. » Les barbus, c'est donc fini ; à Kaboul, la démocratie déboule… et les opposants aux talibans n'ont plus rien à craindre.Face à des analyses aussi fulgurantes, le recours à l'intelligence artificielle pour statuer sur les demandes de droit d'asile ne serait-il pas un moindre mal ?
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