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- L'opéra, c'est parfois un peu long sur la fin,
- Surtout quand on est jeune ou lorsque l'on est loin.
- À deviner la scène au travers de jumelles
- Vite on se lasse, et l'imagination s'en mêle.
- Au milieu d'un palabre auquel je ne comprends
- Que l'envie du héros de courtiser madame,
- Il s'interrompt soudain, muet, et elle attend,
- Ainsi que le public, dont la rumeur émane.
- Malgré les chuchotis, le chanteur reste coi
- Et au lieu de scander les mots d'amour prévus,
- Il sort placidement ses jumelles, et, sans voix,
- Les orientent droit sur... mon visage éperdu !
- Bientôt la main de l'homme est jointe à son regard
- Il pointe un long index sentencieux sur moi.
- C'est à présent la voix du ténor qui prend part
- À son accusation, et donc à mon émoi.
- Tandis que gravement il profère en chanson
- Et en langue inconnue mon sévère jugement,
- La foule d'un seule geste porte son attention
- Sur mon humble personne - atterrée maintenant.
- La cantatrice joint son timbre cristallin
- À cette imprécation, fort mélodieusement.
- Toute la salle ensuite fait choeur au dur refrain
- Exposant au grand jour mes tares et manquements.
- N'en pouvant plus, je crie - je hurle mon tourment,
- Auquel on me répond d'un "chut" intransigeant
- Me ramenant, d'un coup, au vrai monde. Ma foi !
- L'opéra, c'est un peu long sur la fin, parfois.
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