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RoninBlanc

Deux choses sur l'écriture, effarant !

Sep 16th, 2019
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  1. http://www.leparisien.fr/societe/mais-pourquoi-nos-enfants-ecrivent-ils-si-mal-16-09-2019-8152722.php
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  5. Par Vincent Mongaillard
  6. Le 16 septembre 2019 à 06h22, modifié le 16 septembre 2019 à 06h58
  7. Il n'y a pas que les fautes d'orthographe qui s'invitent de plus en plus dans les classeurs. Il y a aussi des pattes de mouche, des mots gribouillés, des majuscules « à l'ancienne » massacrées, des minuscules illisibles, des carreaux dépassés, des lignes droites non respectées.
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  9. Alors que démarrent ce lundi les évaluations pour le 1,8 million d'écoliers de CP et CE1, deux niveaux où l'on apprend à façonner de belles lettres, nombreux sont les professeurs à avoir noté une dégradation de l'écriture de leurs élèves. Certes, à l'heure des réseaux sociaux et des SMS illimités, les jeunes n'ont jamais autant fabriqué de mots. Mais jamais aussi, ils n'ont écrit aussi mal quand il s'agit de coucher des paragraphes sur du papier.
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  11. LIRE AUSSI > «Ça fait mal au pouce» : des élèves confient leur difficulté avec l’écriture manuscrite
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  13. Au fil des décennies, le temps dédié en classe à l'apprentissage de la graphie a fondu. « Dans les années 1960, un instituteur de CP y consacrait dix heures hebdomadaires. Aujourd'hui, si on arrive à deux heures, c'est la fête ! » constate Laurence Pierson, prof des écoles durant 19 ans avant de devenir graphopédagogue proposant des cours particuliers de rééducation de l'écriture.
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  15. Parallèlement, les maîtres et maîtresses ont été de moins en moins initiés à l'enseignement des « gestes ». « Il faudrait instaurer des modules obligatoires durant leur formation. La chaîne de transmission s'est interrompue », regrette l'experte. « On ne m'a jamais appris à tracer les lettres. On est jeté dans la fosse aux lions, pour ça comme pour tout le reste d'ailleurs ! » tacle un « instit'» à Toulouse (Haute-Garonne).
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  17. « Ils n'en voient pas l'utilité à l'ère du numérique »
  18. Internet et les smartphones ont brutalement mis fin chez les ados à la production d'écrits manuscrits à la maison, hormis les devoirs. Et même en classe, dorénavant, il peut leur arriver de tapoter sur un clavier plutôt que de noircir une feuille blanche. Alors dans ces conditions, la qualité générale d'écriture de jeunes à la posture inappropriée mais aussi nettement moins entraînés à enchaîner les boucles s'amoindrit forcément.
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  20. « C'est une catastrophe, on ne peut pas leur faire écrire plus de trois ou quatre lignes. C'est pénible pour leurs doigts, car le geste ne fait plus partie de la routine et, en plus, ils n'en voient pas l'utilité à l'ère du numérique », décrit Rachid Djouadi, proviseur adjoint dans un lycée pro de Seine-Saint-Denis ayant longtemps enseigné l'économie et la gestion. « Avec les copies du bac, huit fois sur dix, j'avais des difficultés à déchiffrer », évalue-t-il.
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  22. Mais pourquoi nos enfants écrivent-ils si mal ?
  23. « On est passé à une autre époque. La tablette est entrée dans la maternelle, on distribue les exercices à trous pour gagner du temps, car écrire fatigue les enfants. On a perdu en rigueur, je trouve ça dommage », confie Michèle Guérin, jeune retraitée de l'Education nationale après avoir été 35 ans institutrice dans la Sarthe. Quand elle officiait, elle était à cheval sur la technique du « geste » de l'écriture cursive, en attaché, aujourd'hui nettement concurrencée par la « détachée » aux lettres d'imprimerie baptisée scripte. « On travaillait la motricité, je me battais pour ça. Même avec les cours moyens, on faisait encore des séances. Mais bon, j'ai l'impression maintenant d'appartenir à l'école des dinosaures », sourit l'autrice du livre « Maîtresse ! » (Éditions de l'Opportun, 2017).
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  26. Une graphie grossière s'avère pour certains éléments très pénalisante. « Il y a des enfants que je ne sais pas aider, par exemple un élève qui n'écrit qu'en capitales », témoigne une enseignante en CM2 dans un rapport fraîchement publié de l'académie de Créteil consacré à la production d'écrits des élèves en éducation prioritaire.
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  28. Des « cahiers matelas » gonflés de polycopiés
  29. « Cela peut être un facteur d'échec scolaire mais aussi d'autocensure chez ceux qui ne vont pas développer leurs pensées à l'écrit parce que le geste leur est douloureux », observe Diane Granoux, 35 ans, prof d'histoire-géo dans un lycée de Seine-Saint-Denis. Contrairement à certains collègues, elle ne « sanctionne pas » les élèves aux écritures de médecin, car « ils ne font pas exprès ».
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  31. À ses yeux, le matériel généralement utilisé - un encombrant stylo quatre couleurs et du papier de mauvaise qualité - est en partie responsable. En classe, elle a remarqué que « le passage à l'écrit est toujours compliqué », jamais spontané. « Il faut systématiquement leur demander », souligne-t-elle. Alors elle écrit souvent « à leur place » en distribuant des photocopies « sinon on n'avance pas ». « D'autant qu'on doit boucler un programme gigantesque », rappelle-t-elle.
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  33. Si le pouce et l'index sont moins sollicités, les « copieurs », eux, tournent à plein régime afin de combler les ralentissements manuels. L'enquête de l'académie de Créteil met l'accent sur ces « cahiers matelas » gonflés de polycopiés. Un petit écolier y raconte comment il a utilisé, non pas sa plume, mais « deux bâtons de colle en une semaine ! »
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  35. Des remises à niveau entre 45 et 65 euros la séance
  36. Face à la propagation de hiéroglyphes dans les cahiers de la jeunesse, une nouvelle profession est née ces dernières années : graphopédagogue. L’association 5 E (Enseignement de l’écriture pour élèves, étudiants et enseignants) en fédère une cinquantaine aujourd’hui dans l’Hexagone.
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  38. Posture générale, position de la feuille, mobilité des doigts, forme des lettres… tout se répare dans l’écriture manuscrite. Une rééducation nécessite en moyenne 6 à 8 séances de remise à niveau. « On donne aussi des exercices à la maison, à raison de 10 minutes de travail quotidien », explique Laurence Pierson, qui exerce à Paris.
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  40. Parmi ses élèves, un gamin en maternelle qui tient très mal son crayon et un brillant étudiant de 25 ans qui prépare le concours de l’ENA et qui entend bien soumettre aux correcteurs une copie très lisible. Selon les cabinets, la séance d’environ une heure est facturée entre 45 et 65 euros.
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  45. http://www.leparisien.fr/societe/ca-fait-mal-au-pouce-des-eleves-confient-leur-difficulte-avec-l-ecriture-manuscrite-16-09-2019-8152725.php
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  48. Par Vincent Mongaillard
  49. Le 16 septembre 2019 à 06h35, modifié le 16 septembre 2019 à 06h57
  50. Faire chauffer la pointe d'un stylo Bic dans un cahier est visiblement devenu un sport éreintant. « Je transpire de la main tellement j'ai mal, je ne dois pas bien tenir mon stylo, il faudrait que je m'entraîne de nouveau », souffle Ibrahima, 14 ans, un ado en 4e au collège-lycée Jules-Ferry à Paris (IXe arrondissement). « Ça donne des courbatures au poignet et ça fait mal au pouce », poursuit l'un de ses potes. Le duo préfère nettement plus « taper » sur un clavier d'ordinateur ou un écran de tablette et de smartphone. « Je suis plus à l'aise pour écrire et ça fatigue moins », apprécie Ibrahima. Il regrette d'avoir « une mauvaise écriture » qui a pu lui coûter deux points ici ou là lors d'un contrôle. « Mais je suis un bon élève », précise-t-il.
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  52. LIRE AUSSI > Mais pourquoi nos enfants écrivent-ils si mal ?
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  54. En classe de 6e, Edgar, 10 ans, a du mal à « bien positionner » sa main pour tenir son crayon. « Je n'aime pas écrire en attaché, j'écris en script depuis le CE2. Mais à la rentrée, la prof de français a demandé que ce soit en attaché », raconte-t-il. Sa camarade Hourya, aussi, a abandonné l'écriture cursive pour celle à la gloire des lettres non liées. « Cela me détend plus la main », compare-t-elle.
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  56. En première au lycée, Grégoire, 16 ans, concède avoir parfois « une écriture de cochon » quand « on nous force à écrire vite ». « Le problème, c'est que ça ne donne pas envie de relire nos cours », regrette-t-il. Il s'entraîne donc à bien ré-écrire ses leçons, notamment parce que son prof de français est « très exigeant là-dessus ». Il essaie aussi de faire des efforts en classe. « Mais quand je m'applique, je me concentre plus sur la qualité de l'écriture que sur le cours en lui-même », souligne celui qui, à l'issue d'un marathon de prise de notes, a des « douleurs articulaires ».
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  58. « Je n'ai pas bien appris le geste »
  59. En première année de classe préparatoire littéraire, Aïcha, 18 ans, confesse également avoir « une mauvaise qualité graphique » quand elle dégaine son stylo. « Il m'arrive d'avoir du mal à me relire. Je n'ai pas bien appris le geste, j'écris gros. Lors des prises de notes, je trouve ça long, pénible et laborieux », confie-t-elle. En cours, comme « ça va très vite », elle « loupe parfois des morceaux ». « Mais j'ai compensé en développant ma mémoire auditive », lâche-t-elle.
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  61. Selon elle, les professeurs se sont aussi adaptés. « Ils savent que les élèves n'aiment pas écrire alors ils impriment les cours », lâche-t-elle. Hors les murs de son établissement, elle reconnaît qu'elle laisse de moins en moins de « traces » sur du papier. « Quand j'étais plus jeune, j'écrivais des poésies, des carnets intimes. Mais tout ça, c'est fini à l'heure de YouTube ! » constate la demoiselle. En deuxième année de prépa littéraire, Tristan, 19 ans, tient plutôt la cadence dans la prise de notes manuscrites. À la différence de nombreux camarades, lui n'a pas opté pour l'ordinateur en classe. « Quand j'écris, j'enregistre mieux », note-t-il.
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