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À Genève, Tariq Ramadan couchait avec ses élèves mineures

Nov 3rd, 2017
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  1. https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/geneve-professeur-tariq-ramadan-seduisait-eleves-mineures/story/25742018
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  3. Accusations – Quatre Genevoises témoignent de l’emprise psychologique qu’exerçait sur elles leur brillant professeur, Tarik Ramadan, dans les années 80 et 90 à Genève. Image : Getty Images
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  5. Par Sophie Roselli ABO+
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  7. C’est arrivé bien avant les deux accusations de viol en France. Et bien avant qu’il devienne le célèbre islamologue controversé. Tariq Ramadan, 55 ans, a enseigné plusieurs années dans sa ville natale de Genève, où il n’a pas laissé que des bons souvenirs. La Tribune de Genève a découvert qu’il a tenté de séduire sans succès une de ses élèves de 14 ans. Il est même arrivé à ses fins avec trois autres, âgées entre 15 et 18 ans. Les faits remontent aux années 80 et 90, lorsque le professeur de français et de philosophie œuvrait au Cycle des Coudriers puis au Collège de Saussure. Quatre Suissesses, que nous avons pu retrouver au fil de notre enquête, acceptent de témoigner. Une manière de soutenir celles qui osent dénoncer aujourd’hui les abus de cet homme. Ces Genevoises, non musulmanes, toutes actives dans la fonction publique, qui ont fondé une famille, craignent de parler à visage découvert. Elles décrivent l’emprise psychologique qu’exerçait sur elles leur brillant professeur. Des agissements dénoncés également par Stéphane Lathion, un ancien de la garde rapprochée de Tariq Ramadan.
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  9. Sandra* avait 15 ans lorsque le jeune et séduisant Tariq Ramadan s’est rapproché d’elle. Comme d’autres, elle se souvient encore des mots du professeur, qu’elle trouvait bizarres : « Je me sens proche de toi. Tu es mature. Tu es spéciale. Je suis entouré de beaucoup de monde mais je me sens seul. » Comme d’autres, elle a été invitée à rester dans la classe après les cours. Puis elle a accepté de boire des cafés avec lui en dehors de l’école. « J’étais à l’aise et mal à l’aise. La confusion s’était installée dans ma tête. A deux ou trois reprises, nous avons eu des relations intimes. A l’arrière de sa voiture. Il disait que c’était notre secret », confie celle qui n’avait alors pas la majorité sexuelle (lire ci-contre). Elle en avait parlé à sa meilleure amie. Pas à ses parents.
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  11. A l’époque, Tariq Ramadan était considéré comme un fils d’immigrés parmi tant d’autres à Genève, cité internationale et multiculturelle. Son père, Saïd, figure des Frères musulmans exilé en Suisse, avait créé le Centre culturel islamique des Eaux-Vives. Son grand-père avait fondé la confrérie. Tariq, le fou de foot devenu enseignant, parlait peu de religion en classe. Il versait plutôt dans l’humanitaire, s’investissait dans des projets pédagogiques, à travers l’association Coopération coup de main, organisait des voyages d’études. Sa proximité avec ses élèves le rendait très populaire. Il avait même pris l’habitude de les inviter en tête à tête à déjeuner au restaurant et les emmenait dans sa voiture personnelle.
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  13. « Il était un homme tordu, intimidant »
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  15. Léa* s’en souvient encore. Elle avait 14 ans lorsqu’il lui a fait des avances durant le trajet. « Il a mis sa main sur ma cuisse en me disant qu’il savait que je pensais à lui le soir avant de m’endormir. Ce qui était faux. C’était de la manipulation. Il disait qu’il pensait à moi mais qu’il était marié. J’étais mal, mais je ne pouvais rien dire. C’était mon prof. » Dans son cas, il n’y a pas eu de passage à l’acte, mais Léa a subi les foudres de ce professeur « possessif et jaloux », qui la qualifiait d’aguicheuse. Elle a résisté, en a parlé autour d’elle, y compris à ses parents. Avec le recul, elle remet les choses en perspective : « Avant d’être ce leader musulman, il était un homme tordu, intimidant, qui usait de stratagèmes relationnels pervers et abusait de la confiance de ses élèves. Il avait une telle emprise sur nous…»
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  17. Cette emprise, Agathe* la ressent encore dans sa chair. « J’ai été abusée et violentée. Je me suis beaucoup efforcée d’oublier, mais tout ressort maintenant avec ces affaires…» La voix déraille. La mère de famille se confie pour la deuxième fois en plus de vingt ans. « Quand j’avais 18 ans, j’étais, comme d’autres élèves, captivée par le discours de ce professeur charismatique. Il m’a proposé des cafés en dehors des cours. Et puis j’ai eu des relations sexuelles avec lui. Il était marié et père de famille. Cela s’est passé trois fois, notamment dans sa voiture. C’était consenti mais très violent. J’ai eu des bleus sur tout le corps. Il m’a toujours fait croire que je l’avais cherché. L’histoire s’est sue et il m’a menacée, en exigeant le silence de ma part. Moi, je n’avais rien compris ! Mais c’était de l’abus de pouvoir pur et simple ! » A l’époque, Tariq Ramadan avait même une double responsabilité en tant que doyen.
  18.  
  19. La trame de l’histoire se répète quelques années plus tard avec Claire*. « J’avais 17 ans, quand on a commencé à s’embrasser et 18 ans quand on a eu des rapports sexuels. C’était très régulier. Je pensais que cela s’arrêterait après ma matu, mais les liens ont perduré. J’étais fascinée, sous son contrôle. Il me prenait, me jetait, instaurait une relation de dépendance. Il a créé les bases d’une relation malsaine.» La jeune femme n’a jamais été menacée, ni subi de violences physiques. Elle avait en tout cas parlé de cette drôle de relation à plusieurs camarades de classe.
  20.  
  21. Jamais condamné par la justice genevoise
  22.  
  23. Comment ces agissements ont-ils pu rester secrets pendant presque trois décennies ? L’une de nos interlocutrices dit avoir ressenti du « dégoût » et de la « honte » après coup, l’empêchant de le dénoncer. Des sentiments souvent propres aux femmes abusées. A cela s’ajoutent l’emprise psychologique du professeur et sa notoriété acquise au fil du temps. Sans oublier la forte implantation de la famille Ramadan à Genève, microcosme de 500 000 habitants, qui a aussi pu décourager.
  24.  
  25. Toutes nos interlocutrices ont laissé échapper des confidences à l’époque et peinent à croire que le personnel encadrant n’en ait rien su. Plusieurs anciens fonctionnaires contactés se souviennent de rumeurs, sans avoir eu connaissance de dénonciations visant Tariq Ramadan. « Si les faits sont avérés, nous sommes profondément choqués », réagit Pierre-Antoine Preti, responsable de la communication du Département de l’instruction publique (lire ci-contre). D’après nos recherches, Tariq Ramadan n’a jamais eu affaire à la justice genevoise.
  26.  
  27. C’était plus qu’une rumeur, affirme aujourd’hui haut et fort Michel Roch, 62 ans, chimiste. Il n’a jamais travaillé avec Tariq Ramadan, mais en avait entendu parler lorsqu’il était doctorant : « A Genève, le fait que Tariq Ramadan n’avait pas l’éthique professionnelle qu’il prétendait avoir devenait un secret de Polichinelle à l’époque. Ma femme, professeur de latin, et moi-même, avons recueilli entre 1989 et 1992 les confidences de six élèves de Tariq Ramadan. Elles avaient entre 14 et 18 ans, ont toutes été manipulées, voire plus. Je leur avais dit de porter plainte et de le signaler, mais elles ne voulaient pas le faire. »
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  29. « Il a abusé de son pouvoir d’enseignant »
  30.  
  31. Un spécialiste suisse de l’islam, ami de Tariq Ramadan durant vingt ans jusqu’à un point de rupture en 2003, accepte de s’exprimer pour la première fois sur ce sujet sensible. Stéphane Lathion, enseignant et cofondateur du Groupe de recherche sur l’islam en Suisse, qui a accompagné pendant des années Tariq Ramadan à travers l’Europe, tient à le dire : « Je me suis trompé sur l’idéologue. J’étais convaincu qu’il pouvait faire bouger l’islam. Au fil du temps, son discours citoyen est devenu rigoriste. Il faut bien reconnaître que cela a préparé le terrain à une acceptation d’un discours salafiste plus dur. » Le Genevois s’est trompé aussi sur l’homme et le vit comme une trahison. Après leur éloignement, des personnes ont commencé à se confier à lui.
  32.  
  33. « Je n’avais jamais rien remarqué pendant des années, mais à partir de 2003, j’ai entendu des rumeurs, des soupçons. J’ai reçu un coup de massue il y a deux ans, quand un ami m’a parlé d’une ancienne élève de Tariq Ramadan à Genève qui avait souffert d’une relation violente avec lui. Une autre s’est confiée à moi ces derniers jours. Je ne suis pas surpris de voir des témoignages surgir de partout. Non seulement les faits relatés sont choquants, mais ils révèlent en plus le décalage entre son attitude et son discours sur un islam moralisateur, qui prône des relations sexuelles dans le cadre exclusif du mariage. »
  34.  
  35. Certains crient au complot sioniste, français, saoudien ou autres. D’autres sont dubitatifs. Pour Stéphane Lathion, ces accusations de toutes parts et non coordonnées ne montrent qu’une chose : « Tariq Ramadan est un prédateur qui a abusé de son pouvoir d’enseignant, de prédicateur et d’intellectuel pour séduire des femmes et des jeunes filles, qui en ont souffer. »
  36.  
  37. * Identités connues de la rédaction
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  39. --------------
  40.  
  41. https://mobile2.24heures.ch/articles/59fce30bab5c375b48000001
  42.  
  43. Vendredi 3 Novembre 2017 22:44
  44.  
  45. Le modus operandi d’un habitué des réseaux sociaux
  46. Tariq Ramadan
  47.  
  48. Des femmes assurent avoir été abordées par Tariq Ramadan sur Facebook, via un profil non officiel.
  49.  
  50. Témoignage d’une Française de confession musulmane.
  51.  
  52.  
  53. Antoine Hürlimann
  54. @ahurlimann
  55.  
  56.  
  57. Depuis que deux femmes ont déposé une plainte pour viol contre Tariq Ramadan, deux camps se déchirent sur les réseaux sociaux. Les pros et les antis s’affrontent à coups de théories complotistes, d’accusations en tout genre et de captures d’écran. Sur Facebook toutefois, de plus en plus de femmes, souvent de manière anonyme, assurent avoir été approchées à des fins sexuelles par l’islamologue genevois. Toutes racontent plus ou moins la même histoire. Elles seraient tombées sous son charme, avant d’avoir été quittées ou abusées. Ensuite, ces femmes assurent avoir voulu dévoiler les véritables mœurs de celui qu’elles jugent à mille lieues de son image pieuse. En réponse à ce grand déballage, elles auraient subi de nombreuses pressions de la part de Tariq Ramadan, mêlant des menaces, notamment la diffusion des photographies intimes, et des poursuites pénales.
  58.  
  59. Parmi ces témoignages, celui d’Hayet*, une Française de confession musulmane domiciliée dans l’Hérault, éclaire le modus operandi de Tariq Ramadan. A commencer par sa technique d’approche. Il choisirait les femmes qui l’intéressent parmi les nombreuses abonnées à sa page Facebook officielle (plus de 2 millions de personnes le suivent). «J’avais posté un commentaire sous sa photo de profil. Je lui disais en rigolant: beau gosse Tariq, tu n’aurais pas un fils ou un cousin à me présenter? Quelques jours après, je recevais un message privé sur Facebook d’un profil à son nom.» Hayet croit d’abord avoir affaire à un usurpateur: «Je ne pouvais pas penser une seconde qu’un homme marié aussi pieux que Tariq Ramadan puisse parler à une femme sur les réseaux sociaux.»
  60. Les jours passent, les messages défilent. Le doute s’insinue. Hayet se dit que son correspondant est peut-être bien Tariq Ramadan. «Vers la fin de mai 2013, il restait très évasif sur ses intentions. Il conversait très simplement avec moi. Je lui demandais avec insistance de prouver son identité, et il me proposait de discuter via Skype. Face à mes refus – je ne comptais pas avoir une conversation vidéo avec un inconnu, Tariq ou pas Tariq –, il m’a envoyé un enregistrement vocal. J’ai directement reconnu sa voix.» 24 heures a pu écouter cet enregistrement: «Voilà, comme ça, tu entends ma voix, et puis c’est à toi de savoir. C’est bien moi, donc je ne vais pas commencer à insister pendant trente ans. Tu veux le savoir, tu le sauras. Tu dis que tu ne veux pas le savoir et en même temps tu reviens systématiquement avec tes doutes, ça va. Je veux dire, je ne suis pas un enfant, je n’ai pas le temps. Voilà très chère, prends soin de toi, et puis à toi de savoir exactement ce que tu veux mais prends une décision au lieu de jouer à ce jeu où on n’est pas loin de l’insulte, au fait. Merci. Salam alaykoum.»
  61.  
  62.  
  63. Ce qui va définitivement convaincre la jeune Française, c’est un colis, reçu à son domicile. «Après avoir écrit à Tariq Ramadan que je me rendais à la plage, il m’a rétorqué que je devais trouver une meilleure activité que d’aller montrer mon corps à tout le monde. Je lui ai donné mon adresse et je lui ai demandé de m’envoyer deux de ses livres. Ceux-ci sont arrivés chez moi, expédiés depuis son bureau situé au cœur de Saint-Denis.» Rassurée et contente d’avoir pour contact une personnalité «importante», Hayet souhaite désormais poursuivre ses discussions avec Tariq Ramadan. Mais celui-ci se fait rare. «Pendant environ un mois, jusqu’à la fin juillet 2013, il n’a plus répondu à mes messages.» Troublée, elle demande conseil autour d’elle.
  64. «Un ami m’a dit que j’avais été naïve, et qu’il ne me répondait plus parce que je n’étais pas entrée dans son jeu et que nous n’avions pas les mêmes intentions. Il m’a dit de lui parler de manière un peu plus crue et il reviendrait.» Elle lui envoie ces quelques mots: «Tu me manques.» La réponse tombe immédiatement. «Ensuite, il n’a pas fallu l’encourager beaucoup. Il a tout déballé, y compris des propositions sexuelles.» Sidérée de découvrir ses «véritables intentions», la jeune femme peine encore à y croire: «Naïvement, j’ai essayé de lui faire la morale en lui disant qu’il ne devait pas tromper sa femme, lui qui parle de l’adultère comme d’un péché très grave.» La réaction n’est pas celle qu’elle attendait: «Il a commencé à être menaçant et m’a bloquée des réseaux sociaux. Rapidement, j’ai constaté que je n’étais pas la seule à avoir reçu ce genre de messages sexuellement explicites et que certaines femmes affirmaient avoir été abusées par lui. Les femmes musulmanes le portent en haute estime et lui vouent une admiration sans faille. Lui en profite. J’ai donc décidé de publier tout ce que j’avais accumulé sur Tariq Ramadan, pour montrer son vrai visage.» Elle a aussi raconté son histoire à Lucia Canovi, une Française convertie domiciliée en Algérie, qui consacre plusieurs chapitres aux agissements supposés de l’islamologue suisse dans son livre Le double discours. Tariq Ramadan le jour, Tariq Ramadan la nuit, paru en octobre. Toutefois, les propos de l’auteure sont à prendre avec des pincettes tant ils sont véhéments.
  65.  
  66. En réponse à ses démarches, Hayet aurait reçu un e-mail de Tariq Ramadan la menaçant de la poursuivre en justice, avec un avocat, Me X (ndlr: nom connu de la rédaction) en copie. Ce dernier se retrouve aussi dans un courrier recommandé envoyé par un bureau d’avocats genevois enjoignant Hayet de mettre fin à «ses activités». Contactée par téléphone au sujet de Me X, l’avocate qui a signé la lettre affirme ne pas le connaître. Son associé a par contre déclaré «n’en avoir rien à f… de ces questions» et a demandé qu’on ne le dérange plus. Vérification faite auprès du Conseil national des barreaux français et dans tous les registres cantonaux des avocats, ce Me X n’apparaît nulle part. Aucune trace de lui, non plus, sur les réseaux sociaux ou sur les autres moteurs de recherche. Une question se pose: cet avocat existe-t-il vraiment? Quant au profil Facebook désigné par Hayet, il paraît authentique. La page officielle de Tariq Ramadan l’a identifié 17 fois sur des photos de l’intéressé. De plus, son administrateur utilise de nombreuses applications pour gérer des pages et des contenus publicitaires. Cependant, la modératrice de son site Web nous a assuré dans un premier temps qu’il s’agissait d’un faux profil. Relancée sur la question des photos, elle est revenue sur ses propos: «Effectivement, notre community manager me confirme que le compte que vous nous avez signalé est lié à notre page officielle.» Malgré plusieurs tentatives via son avocat, Me Yassine Bouzrou, Tariq Ramadan est resté injoignable. *
  67.  
  68. Prénom d’emprunt
  69.  
  70. ---------------------------------
  71.  
  72. https://www.marianne.net/societe/tu-finiras-suicidee-dans-la-seine-la-deuxieme-victime-de-tariq-ramadan-revient-sur-8-ans-de
  73.  
  74. "Tu finiras suicidée dans la Seine" : la deuxième victime de Tariq Ramadan revient sur 8 ans de terreur
  75.  
  76. Par Magazine Marianne
  77. Publié le 22/11/2017 à 13:10
  78.  
  79. Huit ans après le viol dont elle accuse Tariq Ramadan, "Christelle" nous livre son récit de cette terrible nuit mais aussi celui des années qui ont suivi et du calvaire psychologique qu'elle a enduré, la réduisant au silence et la poussant au suicide.
  80. La peur et la honte. Comme de nombreuses victimes d'agressions sexuelles ou de viols, Christelle* n'a pas tout de suite réussi à parler après le viol dont elle affirme avoir été la victime en 2009 par Tariq Ramadan. Finalement, elle aura mis 8 ans à pouvoir sortir de son silence.
  81.  
  82. Dans un long entretien à Marianne, cette femme de 42 ans, la deuxième à avoir porté plainte pour viol contre le prédicateur, détaille aujourd'hui sa rencontre avec Tariq Ramadan, puis l'effroyable viol qu'elle dit avoir subi, et enfin les terribles années qui ont suivi.
  83.  
  84. "Pendant trois ans, il a continué à me harceler psychologiquement", raconte-t-elle au sujet de l'homme dont elle a eu le sentiment que "c'était vraiment l'idée de violer qui lui plaisait". Harcèlement, pressions, coup de téléphones anonymes, menaces, filatures : Christelle décrit "une pression psychologique cruelle, très intense, qui m'a amenée à une tentative de suicide".
  85.  
  86. En novembre 2009, soit peu après l'agression dont elle s'affirme victime, la jeune femme avait pourtant essayé d'affronter celui qu'elle craignait tant, lors d'une émission de Frédéric Taddeï dont Tariq Ramadan était l'invité. C'est là qu'elle rencontre notre chroniqueuse Caroline Fourest, à laquelle elle se confie une première fois. Avec l'intention, à l'époque, de porter plainte.
  87.  
  88. Mais Christelle ne parvient pas à aller plus loin. "Arrivée devant deux policiers à l’entrée du commissariat, je leur ai dit : 'Je viens porter plainte. J’ai été violée par Tariq Ramadan'. Ils m'ont dévisagée (…), j’avais l’air d’une folle. Je me suis mise à pleurer et je suis repartie". Et puis il y a eu cette phrase, qu'un homme vient lui glisser à une terrasse : "Arrête tout ou tu finiras suicidée dans la Seine". C'est ce jour-là que Christelle appelle Caroline Fourest pour lui dire "J'arrête tout".
  89.  
  90. Il aura fallu donc huit ans, et le témoignage de la première femme à accuser publiquement Tariq Ramadan, Henda Ayari (qui est aujourd'hui sous protection policière) pour déclencher ce nouveau déclic : "Je me suis dit : 'Maintenant faut y aller. Tu ne peux pas la laisser toute seule'."
  91.  
  92. *Le prénom a été changé
  93.  
  94.  
  95. ----------------------------
  96.  
  97. http://forumdesdemocrates.over-blog.com/2017/11/violences-sexuelles-le-systeme-tariq-ramadan.html
  98.  
  99. violences sexuelles: le système Tariq Ramadan
  100.  
  101. C'est la chute d'un prédicateur médiatique, mondialement connu et longtemps influent dans une partie de la communauté musulmane. Depuis la première plainte pour viol à son encontre, il y a un mois, Tariq Ramadan est visé par plusieurs témoignages accablants de femmes. Les unes l'accusent de viols et de harcèlement – des faits pénalement répréhensibles –, d'autres évoquent des relations extraconjugales consenties, à mille lieues de son discours rigoriste. Mais toutes racontent « l’emprise » mentale qu’aurait exercée l’islamologue suisse sur elles, profitant de son statut d'intellectuel célèbre.
  102.  
  103. Comment le silence a-t-il perduré pendant des années ? Selon des éléments et des témoignages de femmes, et d'anciens proches, recueillis par Mediapart, Tariq Ramadan a longtemps profité d'une mécanique de contrôle et de menaces. De son côté, le prédicateur musulman, qui n'a pas répondu à nos nombreuses sollicitations, dément et dénonce « une campagne de calomnie » (lire notre boîte noire).
  104.  
  105. C'est l'onde de choc mondiale déclenchée par l'affaire Weinstein aux États-Unis, et une libération de la parolesans précédent sur les réseaux sociaux, qui ont suscité le premier témoignage à l'encontre de Tariq Ramadan, le 20 octobre. Les deux affaires présentent un point commun : elles interviennent à un moment où ces personnalités médiatiques sont en déclin et en perte de pouvoir, après avoir été longtemps influentes – le premier dans le monde du cinéma, le second dans la communauté musulmane.
  106.  
  107. Professeur universitaire, directeur de centres de recherche, auteur d'une trentaine d'ouvrages, conférencier hyperactif, et figure médiatique internationale bénéficiant du label « vu à la télé », Tariq Ramadan affiche, à 55 ans, un CV bien rempli. Durant son ascension, dans les années 1990, il a formé toute une génération de militants et acquis une large audience dans le monde musulman. Tout en essuyant de vives critiques de la part de ceux qui le soupçonnent de communautarisme et d'islamisme radical, et jugent ses positions « ambiguës » et « dangereuses ».
  108.  
  109. Ces dernières années, le blason de l'intellectuel musulman s'est toutefois terni (lire l'enquête de Mathieu Magnaudeix). Tariq Ramadan ne joue plus le rôle de leader structurant dans le champ religieux qui était le sien. Certains soutiens l'ont lâché. Plusieurs de ses conférences ont fait l'objet de tentatives d'interdiction – comme en 2016 par Alain Juppé à Bordeaux –, et sa demande de nationalité française s'est heurtée à une levée de boucliers, ses détracteurs estimant ses valeurs « contradictoires » avec celles de la France.
  110.  
  111. C'est dans ce contexte de perte de vitesse, et en pleine vague de témoignages sous les hashtags #Balancetonporc et #Metoo, que la première plaignante s'est exprimée. Ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, Henda Ayari a déposé plainte pour viol à l'encontre de l'islamologue le 20 octobre. « Je vais vraiment avoir besoin de soutiens, mes ami(e)s, car en balançant le nom de mon agresseur, qui n'est autre que Tariq Ramadan, je sais les risques que j'encours... », a écrit la quadragénaire sur Facebook (lire son témoignage dans Le Parisien).
  112.  
  113. http://www.leparisien.fr/faits-divers/tariq-ramadan-accuse-de-viol-henda-ayari-une-des-victimes-presumees-se-confie-30-10-2017-7362729.php
  114. https://dai.ly/x66ugfo
  115.  
  116. Une semaine plus tard, une deuxième plainte pour viol est déposée par Christelle, une Française convertie à l'islam. Elle aussi accuse le prédicateur de l'avoir violée dans une chambre d'hôtel, en 2009. Selon son récit, l’islamologue lui aurait administré des gifles au visage, aux bras, aux seins et des coups de poing dans le ventre, puis lui aurait imposé une fellation et une sodomie, puis à nouveau des coups et un viol. « Je ne comprenais rien, j’avais les larmes aux yeux. […] J’ai hurlé de douleur en criant stop ! », a-t-elle relaté dans un témoignage adossé à sa plainte, et révélé par Le Monde et Le Parisien. Tariq Ramadan l’aurait ensuite violée avec un objet, toujours selon son récit.
  117.  
  118. Leurs deux témoignages, précis et présentant de nombreuses similitudes, sont d’une grande violence (lire notre article du 28 octobre). Les deux femmes ont été entendues par la police judiciaire dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris. Dans Le Parisien, le même jour, une troisième femme, Yasmina, témoigne de « harcèlement sexuel » et « menaces » que lui aurait fait subir l’islamologue suisse.
  119.  
  120. Six jours plus tard, de nouveaux témoignages arrivent, de Suisse cette fois-ci. Dans la Tribune de Genève trois anciennes élèves du « Professeur Ramadan », âgées alors de 15 à 18 ans, affirment avoir eu des relations sexuelles avec lui. Elles dénoncent son « emprise » psychologique. L'une d'elles décrit des rapports « consentis mais très violents ». « La confusion s'est installée dans ma tête. (...) Il disait que c’était notre secret », témoigne une autre. Une quatrième, à l'époque âgée de 14 ans, dit s'être attiré les foudres de l'islamologue après avoir refusé ses avances. Elle dépeint un « homme tordu, intimidant », « possessif et jaloux », « qui usait de stratagèmes relationnels et pervers et abusait de la confiance de ses élèves ».
  121.  
  122. Tariq Ramadan a fermement démenti toutes ces accusations et contre-attaqué à Paris et Genève avec quatre plaintes – deux pour « dénonciation calomnieuse », une pour « diffamation » et une pour « subornation de témoin ». Il a dénoncé, dans plusieurs communiqués, des « allégations anonymes » et une « campagne de calomnie » déclenchée par ses « ennemis de toujours ». « Le droit doit maintenant parler [...], nous nous attendons à un long et âpre combat », indiquait-il le 28 octobre. Le 11 novembre, il est à nouveau sorti du silence pour dénoncer, dans un message Facebook diffusé en français, anglais et arabe, des « excès médiatiques » et « un climat délétère » : « De tous les bords, de façon anonyme ou pas, on lit des commentaires excessifs, racistes, antisémites, islamophobes, irrespectueux à l'endroit des femmes. Depuis plus de trente ans, j'appelle à la mesure, à l'écoute. »
  123.  
  124. Depuis, d'autres témoignages émergent. Les uns dénoncent une « emprise » mentale du prédicateur, parfois difficile à qualifier juridiquement mais que les victimes vivent comme une grande violence. Les autres font état de relations extraconjugales – tantôt épistolaires-érotiques, tantôt sexuelles – qu'aurait entretenues Tariq Ramadan. Si celles-ci sont en contradiction totale avec son discours moral et conservateur, elles ne semblent pas pénalement répréhensibles.
  125.  
  126. Depuis un an, une équipe d’une dizaine d’avocats accompagne bénévolement une demi-douzaine de femmes qui dénoncent le comportement de l'islamologue suisse. « Ce sont des femmes musulmanes, en déshérence sociale et spirituelle, qu'il a alpaguées sur Facebook, explique Calvin Job, l'un des avocats pénalistes de ce “pool”. Elles ont été sous emprise et s’estiment victimes de prédation sexuelle. À certaines, il a proposé un mariage, en mentant sur sa situation matrimoniale réelle, à d’autres il a parlé de sexualité et a plus ou moins franchi les étapes assez vite. Il n’y a pas, a priori, matière à des plaintes pénales, mais il peut y avoir une dimension d’abus de vulnérabilité. »
  127.  
  128. Cette petite équipe travaille avec « la certitude que l’affaire Ramadan est un dossier à tiroirs » et qu’il faut « encourager et accompagner la libération de la parole, être à l’écoute, résume Me Job. Il y a une grosse prudence de leur part, parce qu’elles redoutent la capacité de nuisance de Tariq Ramadan et ses proches, mais aussi parce que c’est très compliqué d’apporter la preuve d’un harcèlement ». Leur travail consiste, depuis un an, à recueillir témoignages et éléments, « si jamais elles franchissent le cap de la crainte et décident de parler ouvertement ». « La justice est un monde de riches, de Blancs, qu’elles ne connaissent pas. Notre message a été de leur dire qu’on était accessibles, que nous n’étions pas les avocats des puissants, mais celui des justes », ajoute Calvin Job.
  129.  
  130. Ce noyau d'avocats s'est adjoint les services de Me Thomas de Gueltzl, spécialisé en cyber-harcèlement. « Si ces femmes décident de parler publiquement, un flot de haine peut se décharger, avec du harcèlement, des commentaires, des menaces, qui ne seraient pas forcément liés directement à l’équipe de Tariq Ramadan. Notre rôle est de les protéger », explique Me de Gueltzl. Henda Ayari en a fait l’expérience : après avoir déposé plainte, elle a reçu un flot d’insultes et de menaces de mort.
  131.  
  132. DES MENACES JUDICIAIRES D'UN AVOCAT INTROUVABLE
  133.  
  134. Comment expliquer que ces témoignages, nombreux et détaillés, n'aient pas filtré avant ? Plusieurs personnes interrogées disent avoir entendu parler d'une « réputation de coureur », voire d'« obsédé », mais « pas de viols ». Certaines femmes ont tenté de sonner l'alarme. Des bribes de témoignages ont été postées sur des forums ou sur les réseaux sociaux, des vidéos et des messages vocaux attribués à l'islamologue ont été mis en ligne sur YouTube et Facebook, puis rapidement signalés et supprimés.
  135.  
  136. Majda Bernoussi fait partie de ces femmes qui disent avoir frappé à de nombreuses portes sans être entendues. En 2014, cette trentenaire belge, d'origine marocaine, a relaté être tombée malade après une relation « chaotique, destructrice » de quatre années avec l'islamologue. Elle a posté des vidéos sur Internet, retirées depuis, et a raconté son histoire dans un manuscrit de 81 pages intitulé Un voyage en eaux troubles avec Tariq Ramadan, qui n’a finalement jamais été publié.
  137.  
  138. Des journalistes ont été contactés par des victimes présumées – c'est le cas de Ian Hamel et Caroline Fourest, tous deux auteurs de biographies sur l'islamologue, ou de confrères du Parisien et du Monde. Mais en l'absence de dépôts de plaintes et de témoignages à visage découvert, ils ont jugé les éléments trop faibles pour les publier sans s'exposer à des poursuites judiciaires. « Je savais depuis 2009, a écrit sur son blog l'essayiste Caroline Fourest, le 28 octobre. Juste avant mon duel annoncé face à lui sur France 3, des victimes ont commencé à me contacter. Je les ai rencontrées. Elles m’ont montré des photos explicites et raconté des horreurs, mais les agressions subies restaient impossibles à révéler sans plaintes. »
  139.  
  140. De son côté, l'ancien « Monsieur islam » du ministère de l'intérieur et des cultes, Bernard Godard, a expliqué à L'Obs avoir été informé du fait que Tariq Ramadan « avait beaucoup de maîtresses, [qu']il consultait des sites, [que] des filles étaient amenées à l'hôtel à la fin de ses conférences, [qu']il en invitait certaines à se déshabiller, [que] certaines résistaient et [qu']il pouvait devenir violent et agressif ». À Mediapart, il précise avoir simplement recueilli, « en 2009-2010 », « deux témoignages indirects de gens qui l'avaient connu » : « Ils m'ont dit : “Ces derniers temps on a des rumeurs disant qu'il est devenu un peu plus violent.” Il lui arrivait de demander à des filles de monter dans sa chambre et il pouvait être insistant, très pressant, voire même violent si la fille résistait – des violences verbales, il les insultait. Mais je n’ai jamais entendu parler de viols, insiste le spécialiste de l'islam. C'était du “j’ai entendu dire que...”, et dans le contexte d’il y a six ou sept ans, où le harcèlement, à tort, n’était peut-être pas pris en considération. On disait – et c'est triste : “C’est pas normal”, point barre. »
  141.  
  142. Plusieurs femmes expliquent ce long silence par des « menaces » et des « intimidations » dont elles auraient fait l'objet, ainsi qu'une forme de « chantage » avec des photos ou vidéos « compromettantes ». C'est le cas de Sara, 36 ans, résidant dans l'Hérault. Si elle n'a jamais rencontré Tariq Ramadan, elle a eu de nombreux échanges épistolaires sexuels avec lui, en 2013. Après l'avoir interrogé sur ses intentions et contradictions par rapport à ses « valeurs religieuses », puis avoir décidé de révéler sur les réseaux sociaux son histoire – et celles d'autres femmes avec lesquelles elle était en contact –, elle dit s'être attiré ses foudres.
  143.  
  144. « J’ai compris qu’il se servait de son image pour attirer les filles. Il m’a bloquée sur toutes les applications et réseaux, relate-t-elle. J’ai créé un faux compte Facebook, et j'ai laissé un commentaire sous une publication où il parlait de respect, en l'interrogeant sur son respect des femmes. Le message a été effacé », assure-t-elle. Quelques minutes après, une femme la contacte en message privé. « Elle essayait de me soutirer des informations. Le lendemain, Tariq Ramadan m’a envoyé les copies d’écran de la conversation que j’avais eue avec cette dame, en me disant de faire attention à qui je parlais. »
  145.  
  146. L'islamologue affirme ensuite ne pas la connaître et menace de la « signaler pour harcèlement ». Puis viennent les menaces judiciaires. En novembre 2013, Sara reçoit deux e-mails d'un certain « Me Jean-Pierre Allaman », qui se présente comme « avocat au barreau de Paris et Genève » et conseil de l'islamologue.
  147.  
  148. Dans ces courriels, qui ne respectent pas les formules juridiques consacrées, aucune coordonnée ne figure. Mais surtout, l’avocat est introuvable sur Internet, tout comme dans les registres des barreaux de Paris et de Genève, d’après nos vérifications. Tariq Ramadan a-t-il envoyé lui-même ces e-mails dans le but de mettre la pression sur la jeune femme – une pratique punie par le code pénal (lire ici et là) ? Questionné par Mediapart, il n'a pas répondu.
  149. D’autres courriers suivront, cette fois-ci de cabinets d’avocats bruxellois et genevois bien réels, dénonçant du « harcèlement » et une « atteinte à la vie privée ». Dans l’un d'eux, l’avocate dit prendre la suite de son « confrère » Jean-Pierre Allaman. Contactée par le journal suisse 24 heures, elle a affirmé ne pas le connaître. Joint par Mediapart, aucun d'eux n’a souhaité s’exprimer, invoquant le « secret professionnel ».
  150.  
  151. Sara a ensuite reçu un e-mail d’intimidation d’une personne se présentant comme Ahmed Mawlawi, un ancien « proche de Tariq ». L'homme lui explique que si elle poursuit ses publications sur les réseaux sociaux, il divulguera des éléments personnels la concernant :
  152. Tariq Ramadan se cache-t-il derrière ces courriels “Gmail” ? Nos e-mails envoyés à ces adresses sont tous restés sans réponse, et l'intéressé n'a pas souhaité nous répondre. Parallèlement, Sara dit avoir vu fleurir plusieurs profils Facebook à son nom et y voit la main du prédicateur. Une autre femme mettant en cause les agissements présumés de Tariq Ramadan a d’ailleurs reçu des e-mails d’intimidation d’une adresse “Gmail” au nom de... Sara (voir ci-dessous).
  153.  
  154. Cette autre femme, c’est Lucia Canovi, une Française convertie domiciliée en Algérie, qui a publié le 12 octobre un livre intitulé Le Double Discours. Tariq Ramadan le jour, Tariq Ramadan la nuit. Vivement critiquée pour ses vidéos – dans lesquelles elle explique tour à tour que la « Terre est plate » ou que Tariq Ramadan serait « sataniste » –, Lucia Canovi a été en contact ces dernières années avec plusieurs « maîtresses » de l'islamologue. Dans son manuscrit, elle relate ses « aventures sordides » supposées. Cet ouvrage, et plusieurs publications sur Internet, lui ont valu une série de mises en demeure de Tariq Ramadan et de son avocate, mais aussi des e-mails anonymes la menaçant explicitement, elle et sa famille. « Vous en subirez les conséquences avec vos familles et vos enfants. On ne laissera pas faire et on est prêt à tout », peut-on notamment lire (cliquez sur les e-mails pour agrandir).
  155.  
  156. Sauf mention contraire, toutes les personnes citées ont été jointes par Mediapart ces deux dernières semaines. Amélie a été interviewée les 1er et 2 novembre, Sara le 7 novembre. Elles nous ont donné leur véritable identité mais ont souhaité se protéger en témoignant sous ces prénoms d'emprunt. D’autres femmes nous ont livré leur témoignage mais n'ont pas voulu qu'il apparaisse dans l'article. D'autres encore, que nous avons sollicitées, n’ont pas souhaité s’exprimer publiquement, mais sont en lien avec la petite équipe d'avocats citée dans l'article. S'agissant des e-mails de Jean-Pierre Allaman, nous avons notamment joint le Conseil national des barreaux, l'Ordre des avocats de Paris et la Commission de la réglementation de l’exercice du droit (CRED).
  157.  
  158. Depuis le 28 octobre, Mediapart a sollicité à de multiples reprises Tariq Ramadan et son avocat, Yassine Bouzrou, en vain. « Je ne souhaite pas communiquer », nous a répondu Me Bouzrou. Également sollicité, Hani Ramadan n'a pas répondu.
  159.  
  160. Pour Sara, qui dit être en contact avec plusieurs autres femmes, Tariq Ramadan imposerait le silence grâce à ce type de « chantage ». « Au début, il vous pose plein de questions sur la famille, les voyages, etc. Il essaye de cerner la personne, ses fragilités. Il demande aussi aux femmes des photos, des vidéos, à caractère un peu sexuel et il tente de vous intimider », affirme-t-elle. Elle évoque par exemple le cas de cette femme, mariée, mère de famille, qui aurait eu une relation avec l’islamologue : « Il avait une vidéo d’elle en train de lui faire une fellation, donc il la faisait chanter avec ça », assure-t-elle.
  161.  
  162. C’est aussi ce qu’a relaté Yasmina : « Il disait qu'il avait des choses compromettantes sur moi. Il s'est servi de son aura dans la communauté et a abusé de mes faiblesses. »Quant à Henda Ayari, elle assure que lorsqu'elle a fait part à Tariq Ramadan de sa volonté de porter plainte, il l’aurait « menacée de représailles » et de « s’en prendre à [ses] enfants ». Il aurait également agité la menace de divulguer des « photos compromettantes ».
  163.  
  164. « Il y avait des menaces à chaque fois que ces femmes voulaient parler », témoigne Ian Hamel, qui a été en contact avec plusieurs d’entre elles. « Elles m’ont assuré qu’il intervenait lui-même sur les réseaux sociaux pour insulter ses détracteurs, sous divers pseudonymes. Il pouvait aussi appeler leur frère aîné ou leur père. » Majda Bernoussi a ainsi reçu « des menaces » à coups de « messages vocaux » et « courriers d’avocats dont on ne trouve aucune trace dans les annuaires professionnels », atteste le journaliste.
  165.  
  166. Lui-même explique avoir essuyé « insultes » et « menaces » de la part de l’islamologue dans le cadre de la biographie qu’il réalisait : « En interview, il peut changer d’attitude en deux secondes si vous dites quelque chose qui ne lui plaît pas, il commence à insulter : “ordure”, “salopard”. » Après l'enquête en cinq volets de Mediapart, en 2016, l'islamologue avait répliqué dans une vidéo de près de trente minutes.
  167.  
  168. Au fil des années, certaines femmes sont rentrées en contact. Et d’après Sara, Tariq Ramadan aurait tenté de « semer la zizanie » entre elles. Exemple avec cet e-mail du 27 novembre 2013, dans lequel l’islamologue explique à Sara que Majda Bernoussi « a un vrai problème psychologique » et multiplie les « crises » et « délires jaloux ». « À Majda, il a dit que j’étais frustrée parce qu’il m’avait rejetée, relate Sara. À moi, il a raconté qu’elle était folle. »
  169.  
  170. Un autre élément expliquerait la spirale du silence, selon plusieurs témoignages : l'« emprise » psychologique et morale qu'aurait exercée Tariq Ramadan sur ces femmes, grâce à son statut d'homme « savant », « religieux », « respectable ». « Emprise », le mot revient d'ailleurs dans la bouche de plusieurs témoins. Le prédicateur joue de l’influence et de la grande admiration qu’il suscite chez ses fidèles, notamment celles qui se tournent vers lui en quête de conseils religieux ou spirituels. « C'est un gourou, ses fans, notamment les jeunes femmes, se précipitent à ses conférences, c'est un peu le bon Dieu », analyse le journaliste Ian Hamel, auteur d’une biographie fouillée en 2007.
  171.  
  172. En 2014, Majda Bernoussi a détaillé au journaliste cette « emprise » mentale. C'est à son retour de La Mecque, et sur les conseils de son entourage, qu'elle a sollicité l'islamologue. Elle lui a envoyé ses textes, dans lesquels elle relate sa vie, marquée par la violence. « Aie confiance, je vais te guider vers la lumière », lui a-t-il répondu.
  173.  
  174. Dans L’Obs, une autre jeune femme, Naïma, évoque une relation consentie mais « extrêmement toxique » avec Tariq Ramadan, qu’elle décrit comme un « prédateur »: « Après être passée entre les mains de Tariq, on n'est plus la même personne. Il prend possession de l'esprit de l'autre. » Amélie, 28 ans, abonde : « Parfois il dépassait les bornes dans le contrôle sur moi », dit-elle en citant des SMS reçus qu'elle a compilés : « Tu étais censée être soumise et obéissante » ; « Tu dois me répondre plus vite et tu dois m’obéir. Tu es vraiment contente qu’on se connaisse ? Avec l’intelligence, le corps et le cœur ? Tu sens un peu ? ».
  175.  
  176. « Une fois il m'a dit qu'il était mon sultan, poursuit-elle. Dès qu’il y avait le moindre désaccord, ou si je ne répondais pas à ses textos dans les dix minutes, il faisait des crises de colère, puis il m’envoyait un texto “je pense à toi…” au milieu de la nuit. J’avais l’impression d’avoir des disputes de couple avec quelqu’un que j’avais vu deux fois, et qui n’était pas du tout mon compagnon ! Il me faisait des déclarations passionnelles, lyriques, je ne savais pas si c’était de la manipulation ou si c’était sincère. »
  177.  
  178. L'histoire d'Amélie, évoquée dans L'Obs, a commencé, comme beaucoup d'autres, sur Facebook. En août 2011, un message est arrivé dans sa boîte privée, selon son récit. Cette étudiante, alors âgée de 22 ans, n'avait jamais rencontré Tariq Ramadan, qu'elle avait simplement « vu à la télé, avec [sa] maman ». « C’était quelqu’un que j’admirais beaucoup même si je n’étais pas musulmane à l'époque [elle s'est convertie plus tard – ndlr] », raconte-t-elle à Mediapart. En découvrant le message, elle pense d’abord à « un faux profil ». « Ça me paraissait impossible que ce soit lui, il n’y avait pas de raison qu’il m’envoie un message, je ne suis personne. »
  179.  
  180.  
  181.  
  182. Elle ne prête pas attention, puis un second message arrive quelques jours plus tard, s’étonnant de son absence de réponse. L’islamologue a lu une interview d’elle sur la cause palestinienne et veut lui proposer « un projet ». « Je ne suis pas une militante très impliquée, donc j’étais sceptique. Je lui ai dit de m'appeler si c'était bien lui. » Trois semaines plus tard, elle a la surprise de recevoir un coup de fil du quinquagénaire, qui lui propose de se rencontrer, « dans un lieu discret », un restaurant, près de la gare de l’Est, à Paris. Elle accepte, « pour savoir ce qu’il y avait derrière tout ça ».
  183.  
  184. Selon son récit, Tariq Ramadan se serait rapidement montré « familier ». « Sur le chemin, je lui envoie un texto pour lui dire que je serai un peu en retard. Il me répond : “Dis donc, ne commencez pas!” ; “Eh oh, la petite en retard, autoritaire, qui ne répond pas ! Il y a des punitions qui se perdent là”, j’ai trouvé cela bizarre. Puis il est carrément passé au tutoiement », affirme-t-elle. Au restaurant, la jeune femme lui demande ce qu’il veut. « Il m’a répondu qu’il était là pour ce qui pouvait m’intéresser : des discussions, des projets, des relations. Il m’a dit que ma personnalité l’avait touché dans l’interview, et que je lui plaisais. »
  185.  
  186. Très vite, l'islamologue se serait mis « à parler de sexe ». Après le rendez-vous, « des textos très explicites sexuellement » auraient suivi, « dans lesquels il parlait beaucoup de rapports de domination sexuelle. Il disait qu’il voulait que je me donne à lui entièrement, corps et âme, il me parlait de fellation, puis de sodomie. J’étais très choquée, on ne s’était encore jamais touchés, je ne l’avais vu qu'une fois. Je lui disais que je voulais aller plus lentement. Il me reprochait de ne pas donner assez, d'être trop froide, trop distante ». La jeune femme accepte un deuxième rendez-vous, dans un café. « D’abord il m’a fait du pied. Après, il m’a demandé d’aller aux toilettes et de l’attendre là-bas. J’ai dit non, c’était hors de question », assure Amélie.
  187.  
  188. Sara a été contactée d’une manière similaire, en mai 2013. Après avoir laissé un message ironique (« Beau gosse Tarik t’as pas un fils ou un cousin à présenter ? ») sur la page Facebook officielle de Tariq Ramadan – « pour moquer les messages de ses fans » –, elle raconte avoir été sollicitée par un compte au nom de l’islamologue. Elle aussi pense d'abord à un profil « fake ». « Il m’a dit :“Connecte-toi sur Skype si tu veux en avoir le cœur net” », relate-t-elle. Elle refuse. Méfiante, elle alerte son compte officiel Facebook, sans obtenir de réponse.
  189.  
  190. Leur correspondance se poursuit, jusqu’à un message vocal, que Mediapart a pu écouter : « Voilà, comme ça tu entends ma voix, et puis à toi de savoir. C’est bien moi, donc je vais pas commencer à insister pendant trente ans », s'impatiente-t-il. Il lui propose un café à Paris, elle décline. Dans leurs échanges sur l'application Viber, que Mediapart a consultés, l'islamologue alterne propos sexuels et messages dans lesquels il lui reproche une « attitude froide » et lui demande de « donner plus », d’être « plus libre sans chichis ». « Sois présente! Lâche-toi et sois en confiance » ; « J’ai besoin de plus », écrit-il.
  191.  
  192. « Je lui ai dit: “Je n’aime pas ça.” Il m’a dit : "Je sais, c’est pour ça que je le fais.” »
  193.  
  194. Au-delà d’échanges épistolaires crus, Tariq Ramadan pouvait se montrer brusque, voire violent, selon certaines femmes. Amélie raconte comment à deux reprises il l’a invitée dans sa chambre d’hôtel, tard le soir. Si elle décline la première invitation, elle accepte la seconde. « J’étais dans une phase très dépressive, je ne dormais pas, je ne m’alimentais pas, je me sentais très seule, et le jour de mon anniversaire, il a été la première personne à m’envoyer un message. J’ai été touchée, et c’est le seul moment où j’ai baissé la garde. Je me suis dit : “Finalement, il s’intéresse à moi, il est gentil.” »
  195.  
  196. À l’hôtel, l'intellectuel apparaît d’abord prévenant, selon son récit. « Il ne m’a pas sauté dessus, il m’a offert d’abord un cadeau, on a discuté. » Mais plus tard, alors qu'ils se déshabillent, il lui aurait « mordu les seins », assure-t-elle, au point d'avoir encore « des croûtes de sang quelques jours plus tard ». « C’est une pratique que j’ai trouvée violente et que je n’ai pas désirée, explique-t-elle. Je lui ai dit : “Je n’aime pas ça.” Il m’a dit : "Je sais, c’est pour ça que je le fais.” J’ai trouvé ça très, très choquant, j’ai fondu en larmes. »
  197.  
  198. La jeune femme dit avoir profité qu'il se rende aux toilettes pour « faire semblant de dormir, pendant quatre heures ». « J’étais terrorisée, j’ai gardé les jambes croisées, serrées. Il ne m’a pas touchée, il est resté éveillé toute la nuit, assis, la lumière allumée. Il ne faisait rien, il n’a pas fait sa prière du matin. Toutes les trente minutes, il me disait :“Ça va, tu dors?” » Aujourd'hui, Amélie a pris contact avec un avocat et estime que son récit peut éclairer l'enquête en cours, mais elle n'envisage pas de plainte, jugeant leur relation « consentie ».
  199.  
  200. Selon les récits de ces femmes, le prédicateur semble évacuer assez rapidement la religion et la spiritualité dans les conversations. « Très vite », parler de l’islam « ça ne l'intéressait plus », a expliqué Majda Bernoussi. « Il me disait qu'il était tombé amoureux de la fille du manuscrit. Il exigeait ma confiance absolue. Il me disait qu'il était divorcé devant Dieu et les hommes. Je l'ai cru. Un homme de cette envergure ne ment pas, c'est bien connu. » Yasmina, qui a témoigné dans Le Parisien, indique avoir d’abord reçu « des conseils religieux » de la part de l'islamologue, qu’elle avait sollicité, puis « un jour il a réclamé [sa] photo ». « Il voulait savoir à quoi ressemblait celle avec laquelle il échangeait. Il m'a trouvée mignonne. À partir de là tout a dérapé, entre nous, c'est devenu pornographique. »
  201.  
  202. Amélie, de son côté, a « très vite compris que ce qui l’intéressait ce n’était pas le projet [sur la Palestine]. Il en parlait à peine et de manière très vague ». L'étudiante explique avoir été « intimidée » par son statut de « personnalité publique » et de « guide moral » : « Je me disais: “Je suis en train de parler à Tariq Ramadan, c'est fou.” Je rougissais. Il m’a dit : “Vous me plaisez.” Je lui ai demandé s’il était marié, et comment ça lui paraissait compatible avec la religion musulmane. Il n'arrivait pas vraiment à me répondre. »
  203.  
  204. La plupart de ces femmes ont en commun d’avoir été en contact avec l’islamologue à un moment très difficile de leur vie. Majda Bernoussi lui avait raconté son parcours douloureux. Amélie sortait d’une relation avec un compagnon harceleur et traversait une dépression profonde. Naïma était « engloutie par les problèmes » et se disait : « Ce n'est pas n'importe qui, il faut lui faire confiance. » Henda Ayari vivait quant à elle une séparation très difficile avec son mari, un salafiste. « J’avais perdu la garde de mes trois enfants, j’étais seule, sans argent, sans logement, sans travail. Une assistante sociale m’a conseillé de retirer mon voile pour trouver du travail. J’ai suivi ses conseils. Mais je culpabilisais (...) Tariq Ramadan m’a apporté les réponses que je cherchais », a-t-elle témoigné. Ces femmes racontent toutes avoir été flattées de l’intérêt que leur portait le célèbre islamologue, qui les a mises en confiance.
  205.  
  206. Certaines affirment que le penseur musulman leur avait demandé de taire leur relation. Amélie précise qu'il a coupé tout contact en octobre 2012 après avoir appris qu'elle avait mentionné à un responsable associatif de la communauté musulmane l’avoir « rencontré quelques fois ». L’étudiante dit avoir reçu un message « qui disait, en substance : “Tu as trahi notre secret, tu devrais avoir honte.” »
  207.  
  208. Le statut et l'influence de Tariq Ramadan dans la communauté musulmane auraient aussi joué un rôle, selon plusieurs de nos interlocuteurs. « Longtemps, Tariq Ramadan est apparu comme intouchable. C’est quelqu’un qui n’accepte pas du tout la critique et peut se montrer très menaçant à l’égard de ceux qui le contestent », souligne Saïd Branine, le directeur d'Oumma, principal site d'information musulman. « Certaines femmes ont pu avoir eu peur de témoigner, elles craignent certainement des menaces de lui ou de ses proches », estime-t-il. D'autant que le prédicateur « a réussi un tour de force », selon lui : « S’identifier comme le défenseur de l’islam et laisser penser que lorsqu’on l’attaquait, c’est systématiquement l’islam qui était attaqué. »
  209.  
  210. Ces dernières années, certains anciens soutiens de Ramadan, pourtant fâchés, ont eu du mal à le critiquer, par peur de contribuer à sa stigmatisation, de crainte aussi que cela ne se retourne en réalité contre les musulmans.
  211.  
  212. Pour le sociologue Omero Marongiu-Perria, ancien membre de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France), la célébrité et les réseaux importants de l'islamologue ne sont pas étrangers à cette omerta. « Il a acquis une notoriété importante, grâce à son charisme – il se présentait en homme charmant, maîtrisant parfaitement la langue française –, sa filiation – il est le petit-fils du fondateur des Frères musulmans égyptiens –, mais aussi à une infrastructure qu'il a construite », analyse le spécialiste de l'islam, qui rappelle que Tariq Ramadan « n'a jamais été un fils d'immigrés issu des quartiers, un self-made-man ou un homme isolé » mais qu'il est né « dans une famille bourgeoise et s'est constitué par la suite un réseau de militants et d'élites ».
  213.  
  214. Durant son ascension, dans les années 1990, le prédicateur « a écarté une à une toutes les personnes critiques », poursuit Omero Marongiu. « Lorsque des militants critiquaient sa stratégie ou son discours, il rétorquait : “Ce sont des gens qui veulent prendre ma place” ou qui “sont inféodés au système”. C'est cette même stratégie de défense qui est utilisée aujourd'hui dans les affaires de violences sexuelles », estime le sociologue, qui a publié une tribune remarquée sur l'affaire.
  215.  
  216. À cela s'ajoute la peur des réactions des proches et au sein de la communauté musulmane. « Le tabou de la sexualité est important », souligne Saïd Branine, qui insiste sur la « dimension psychologique et morale » : « Certaines femmes redoutent la honte vis-à-vis de leurs mari, père ou frère, des remarques comme “pourquoi tu t’es retrouvée avec un inconnu dans une chambre ?”. »
  217.  
  218. L'avocat Éric Morain – qui défend plusieurs femmes en France et en Suisse, dont Christelle – relate la difficulté pour ses clientes de témoigner. « Ces femmes avaient mis un “couvercle” sur ce qui s’était passé, et sont aujourd’hui logiquement dans un processus de maturation, mais avec un effet boomerang : tout cela étant devenu public et très médiatisé, elles se sentent exposées ; elles reçoivent par ailleurs un ensemble de menaces ou de pressions diverses. Elles ont une vie sociale, culturelle, religieuse, donc certains peuvent leur dire, y compris des membres de leurs familles d’ailleurs, qu’il serait mieux de ne pas témoigner. Et malgré cela, certaines le font. »
  219.  
  220. Y a-t-il eu des alertes auprès du premier cercle de Tariq Ramadan ? Durant notre enquête, plusieurs personnes nous ont affirmé que son frère Hani Ramadan avait été mis au courant – à l'oral et à l'écrit. L’islamologue helvète aurait balayé ces accusations, en estimant qu'elles relevaient de la vie privée, et en rejetant la faute sur les femmes. Contacté, il n'a pas répondu.
  221.  
  222. Depuis le début de l'affaire, le directeur du Centre islamique de Genève parle de « calomnies ». Après la plainte d'Henda Ayari, il a dénoncé, dans une vidéo, des « rumeurs » et « médisances », et prédit un « terrible châtiment » à ceux qui « accus[ent]un individu innocent d'avoir forniqué ou violé, relayant un récit qui est le fruit de [leur]imagination malveillante ». Le 29 octobre, sur son blog et sur les réseaux sociaux, il a demandé de relayer largement une publication qui laissait entendre que l'affaire Ramadan était le fruit d'un complot sioniste. Ce billet a depuis été supprimé.
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