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Jul 17th, 2017
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  1. Entretien avec monsieur Pomparler
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  3. Alors qu’il aurait pu simplement frapper à la porte sans crainte qu’on l’ignorasse comme de petits enfants apeurés, monsieur Pomparler entra sans avertissement dans le salon de madame Ducas avec son associé et ami, monsieur Favreaux. Ils discutaient sans gêne et avec une ouverture sympathique à la vue, ils parlaient ainsi, je vous dis, vivement, ne négligeant pas les gestes de bras exubérants, les reproches exagérées et à moitié crues et les excuses modestes qui nous étaient adressés, malgré qu’ils nous eut à peine accordé un regard avec ces propos. Encore sans la moindre trace d’adhésion aux conventions bourgeoises, ils s’empressèrent tour à tour aux baisers de la main de madame Ducas et ils se fondèrent d’un choc somptueux sur le canapé. Nous espérions ne pas les dérangez, car cela aurait été une sauvagerie impardonnable chez la haute société que les Ducas entretenaient à loisir. Madame ne savait que faire, alors je lui suggérai d'écouter leurs dires bien attentivement.
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  5. Vous vous moquez! dit Pomparler, tout en y joignant une volée du dos de la main, comme fouettant la fâcherie que Favreaux venait de lui servir.
  6. Non, jamais! voyez, c’est en revenant à nos sources, c’est-à-dire à notre enfance chéri, que nous retrouvons les tours les plus sublimes et pourtant les plus simples qu’un farceur se doit d’appliquer lorsque le temps est bon à l’usage.
  7. Mais un seau d’eau!
  8. Oui, surtout!
  9. Je n’y crois pas. Je malmène le ministre Savoie depuis combien de siècles, déjà? Deux ans bien pointés, à bien y penser. Au départ, je faisais des faux rencarts : avec ma fine écriture épistolaire, je lui faisait aimer une maîtresse mystérieuse aux cils fins et au sourire narquois, or il ne put jamais prévoir que derrière elle se cachait un si grossier personnage. Je le fit promener le long des plus splendides lacs, je le fit rêvasser sur les plus somptueuses terrasses, je le fit même fréquenter les ruelles les plus douteuses, ce sans jamais voir un fruit de cette amourette fière et soudaine. Quels transports puissants que ceux qui nous font mettre de côté nos obligations sociales, professionnelles et même morales pour un brin de coeur heureux! Mais son coeur eut un jour un moment de lucidité, alors que je flanchais mes voyelles et raturait mes consonnes à supplier un prêt chez sa maison, car monsieur Savoie, vous vous rappelez sans doute, était le protecteur de lady Suzette, et que le ministre ouvrait tous ses colis, car il ne voulait plus entendre les cris lamentables des petits gamins à l’amour facile.
  10. Ironique, non? demanda Favreaux à leur nouveau public.
  11. Que oui! coupa court monsieur Pomparler. Mais monsieur Savoie avait la malheureuse habitude de placer ses lettres et les siennes dans le même tiroir moisi; c’est ce que j’appris quand lady Suzette me fit part des brusqueries soudaines de son père quand elle tentait de s’informer au sujet de ces mystérieux billets roses qu’il recevait et tentait maladroitement de lui cacher. Eh bien, alors qu’il s’éprenait d’une nostalgie mensongère en relisant mes doux billets, ses yeux firent un bon sur les plaintes enjouées à l’endroit de lady Suzette et il remarqua les similitudes de vocabulaire et d'écriture; malgré que j’eus habituellement tenté de produire des modèles épistolaires irréprochables pour monsieur Savoie et des ébauches gênantes pour lady Suzette, je dus ce jour-ci donner un traitement d’honneur à lady Suzette si j’aurais espérer un prêt quelconque; car, même chez elle, la bonté avait bien ses limites. La similitude fut sans rappel et je me suis tiré dans le pied en y ajoutant mon adresse complète, ce qui me força un soudain déménagement qui attrista grandement la tenancière, car je payait toujours à terme et l’accueillait toujours de mots doux. Mais j’eus au moins le génie de garder l’anonymat, sauf une lettre majuscule, signé P.
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  14. Il connaissait désormais son ennemi, mais ne s’attendait certainement pas à deux ans du même carrousel actionné par le même conducteur. Mais pourquoi le tourmenter, déjà? Je dois avouer que, n’étant que bien récemment votre partenaire dans cette amusante entreprise, je n’eus jamais le loisir de comprendre pourquoi cet homme en particulier valait un tel jeu.
  15. Faut-il vraiment soutenir mes actes d’un motif? À la bonne heure. C’est plutôt simple : si le ministre Savoie n’était pas là, lady Suzette devenait soudainement disponible! Mais cessez donc de m’interrompre et laissez-moi le loisir de continuer ma chronologie comique et voyez pourquoi un seau d’eau ne fera jamais honneur à monsieur Savoie. Les billets m’ont semblé, par la suite, démodés et comme manquant de goût, une invention populaire qui nous provient du XIXe siècle et même avant, digne des petites aventures d’un Sue, mais sans un développement trop amusant; et puis lady Suzette ne m’éveillait plus aucun intérêt particulier, Savoie m’absorbait entièrement désormais. J’avais risqué mon cou et aurais dus, raisonnablement, m’en tenir à cela. Mais qui pu, à ce jour, faire rimer raison et Pomparler? La tentation fut trop forte et j’entrepris mes projets les plus loufoques, dont certains avec vous.
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  17. C’était durant les nocturnes semaines plaintives et poétiques de Pointcarré, journaliste dénonciateur de première augure au M… qui, à cette époque, n’était qu’un petit feuillet à peine remarqué, qu’on eût préféré comme mouchoir plutôt que comme source absolu du savoir objectif et garanti; mais cela, comme vous en êtes renseignez, n’est plus le cas depuis bien longtemps déjà, depuis le déboire des ministères qu’on prit au jeu des actions. Eh bien, qu’importe la gloire soudaine des autres quand il est question de monsieur Savoie, je vous le demande en toute rhétorique.
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  19. Il s’agit ici de Pointcarré, celui qu’on reconnaît aux grandes tirades essoufflées et essoufflantes qui nous semblent mêlé d’alexandrins finement insérés tellement son discour semble en tout temps à la fois juste et radieux de bon sens. L’affaire éclatante des ministres ayant tenu le rebord de sa pensée, il lui fallut toutefois confirmer les faits comme tout journaliste intelligent l’aurait fait : il concerta avec ses amis des causes et des conséquences d’une telle infamie et, au sortir d’heures amusantes sous une lune claire et grosse, il lui sembla raisonnable d'ébruiter les faits à petits débits, donc de ne pas tout dire.
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  21. Je ne puis vous dévoiler le nombre d’actions qui auraient véritablement été flouées, mais disons que le cabinet de monsieur le ministre Savoie en fut suffisamment touché, j’imagine, pour que, lorsque la nouvelle lui vint, il se jeta dans l’immédiat vers le kiosque à journaux le plus près et lu tout le traité vigoureux que Pointcarré en faisait et son insistance sur le recours d’une source anonyme qui n’acceptait pour identité que monsieur P. Je ne sais pas si la coïncidence lui parvint instantanément, mais je suis presque assuré que l’idée fit son chemin éventuellement, car je lus sa virulente réponse, dans laquelle il soulignait que certaines mouches puériles devraient cesser de l’achalander pour des pacotilles sans fond. Je m’imaginais déjà la scène, la lèvre rehaussée par une petite joie : Savoie qui écrivait furieusement un billet, le raturant de toute sa longueur, le tâchant de la sueur de son front, le déchirant par un mouvement trop brusque…
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  23. Maintes manigances insignifiantes suivirent ainsi tout le cours des mois. Il sortait dans un café avec sa fille? J’assurais au serveur sa bonté éternelle et lui conseillait de payer un verre à un parfait inconnu sous la note de Savoie, sans qu’il le sut et, pendant un temps quand même, sans qu’il ne s’en aperçut. Prenait-il une marche nocturne, un jour de pluie, alors qu’il sortait du bureau? Soudainement, ma voiture toussait sévèrement et le seul remède que je pus lui fournir fut d'accélérer près de Savoie et de l’éclabousser de long en large; ce stratagème ne fit pas long feu par contre et vous pouvez facilement imaginer pourquoi,
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  25. les jours pluvieux se faisant plus rares l’été à nos pieds et monsieur Savoie en alerte constante, mais sans avoir la sagesse de relever les quelques numéros de ma voiture. Et bien d’autres bassesses, croyez-moi; si vous m’eussiez abordé avec votre projet actuel à cette époque bien jeune, j’y aurais souscrit volontier. C’est d’ailleurs ces coups ridicules que j’exécutai avec vous : des coups simples qui ne dépendait pas d’une coordination trop intense.
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  27. Mais, le coup de théâtre complet, que dis-je, le chef-d’oeuvre, ce fut certainement la confrontation épique, cette rencontre qu’étrangement nous, hommes de conflits volontiers, appréhendons naturellement d’une crainte terrible, mais aussi d’une joie engourdissante.
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  29. Faisons, par contre, un saut dans ce récit fantastique et parlons des atouts physionomiques d’un jolie dandy français comme on ne les conçoient pas en toute bonne société. Je vous parles de celui dont la moustache raffinée, cirée et respectable fait jaillir en vous un profond respect, celui dont le complet moule à la perfection son corps jeune et vigoureux, celui qui sait tenir sa langue, mais sait aussi déployer les plus érudits des constats, celui dont le pas de danse rend jaloux même les danseurs de renom; enfin, je vous parle aussi de cet homme qui n’en ait pas vraiment un, un hybride. Son pas est si élégant, qu’on ne peut, avec l’appuis d’un seul regard, décerner si sa démarche quotidienne est celle d’un chien poli ou d’une lionne apprivoisée; sa parole glisse et se fond dans nos oreilles, au point où on en oublie le sens véritable pour ne se concentrer que sur sa mélodie harmonieuse, l’arrangement inouï des mots, la prononciation juste et éclairée des syllabes et le mouvement brusque mais charmant des lèvres; son corps convient à tous les tissus, on ne peut s’y tromper, sa taille petite laisse amplement à désirer, ainsi que d’autres attributs grossiers que vous devinez déjà sans aucun doute et qui complémentent le portrait que je vous couche ici; enfin, vous avez là une moustache virile en effet, mais lorsqu’elle disparaît, ce ne serait pas surprise que d’y confondre des traits féminins : un visage ovale, des yeux perçant de frivolité, un nez fin, mimi, des sourcils bien taillés en fines pointes et des cheveux abondants. Enfin, déguisez cette chose peu commune en femme et vous avez un piège presque complet.
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  31. Ce fameux personnage dont je vous parle, c’est moi-même et ne vous en étonnez pas. Je dois vous jurez que je fais une belle toile lorsque qu’on me taille une jupe et un veston de jeune écolière. Bien sûr, on enlève ma moustache du portrait. Traitez-moi de dorianiste ou de narcissique, ce que je dit n’est que fait irréfutable! Mais allons, écoutez toujours, soyez ouvert au farfelu, j’accouche mon chef d’oeuvre.
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  33. Il était parvenu à mon oreille bourgeoise que, parmi les connaissances que je jonglais à ce moment, une petite célébration était en vue sans aucune véritable raison préalable pour la justifier; on ne voulait alors que s’amuser. Et il m’était aussi parvenu, par un hasard tout aussi complet, que lady Suzette serait de la partie. Je su à cet instant quelle devait être ma tâche pour ce soir-là. Alors que mon plancher boisé recevait les mille pas furieusement comptés de mes chaussettes, je dévisai dans ma tête toute les sornettes qu’il m’aurait été donné d’affliger au pauvre ministre, mais aucune configuration, aussi comique et réussi fût-elle, ne sut me combler parfaitement.
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  35. Je m’y résignai pour cette nuit et me couchai sur ma faim, espérant que la nuit fasse le travail pour moi cette fois-ci. J’eus au moins dix rêves étranges dont je n’aurais pas le loisir de partager ici avec vous, ceux-ci n’étant pas à propos, mais j'eus du moins une brillante idée concernant toutes ces femmes mariées ou seules qui allaient célébrer avec nous et ma pensée me dirigeai vers l’injustice qu’aucune femme n’eut le loisir de connaitre le ministre tel que je le connaissais et que j’étais décidément le seul être humain
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  37. capable de le saisir entièrement. Cela me fit souvenir mes jeunes jours fous, durant lesquelles je prenais un plaisir intime et coupable à me balader dans les rues étroites de Montmartre, arborant des vêtements masculins aux semblances féminines, une démarche fine et recherchée, une cascade capillaire resplendissante et pas un poil au corps ni au visage, sauf les sourcils et les cheveux bien entendu. Souvent on me fit un geste en bas ou une vrille de soufflerie, mais, lorsqu'on m’étudiait plus profondément, beaucoup plus profondément, on remarquait la tromperie. Ces déboires ne s’étant passé il n’y a pas si longtemps que ça, j’entrepris de me tenter au jeu encore une fois pour le ministre. Au bureau, on me fit d’abord de grands compliments sur ma jeunesse évidente quand je m'étais rasé, même que certains furent épris d’une jalousie sans fondement et presque violente par instants; le couturier ne me glissa pas un seul mot lorsque que lui demandai de transformer un tailleur proprement masculin en rêve féminin; mes quelques amies ne firent aucune objection à ce qu’elles me montre leurs pavanage ou à danser durant des heures s’il le fallait pour étancher leur soif de plaisirs spontanés; et, enfin, tous les coiffeurs de la ville ont dû cocher leur calendrier une fois de plus lorsqu’ils comprirent qu’aujourd’hui n’était pas encore le jour où mes cheveux tomberaient sous leur lame (mais les épilateurs, eux, furent gagnant.) C’était une histoire de deux ou trois jours et j’étais aussi prêt qu’on peut l’être en ces situations particulières. J’avoue que cette scène m’excitait d’une jubilation enfantine et qu’aucune trace d'inquiétude ne fit son chemin en mon coeur; me voir ainsi vêtu, d’une robe mi-longue qui se fendait sur la hanche droite. d’un bustier orné d’une couture argentée et d’une auréole voilant mes épaules, mais aussi doué d’une peau blanche si douce, fine, parfaite, sans trace de pilosité quelconque, un terrain vierge qui semblait n’attendre que la dévastation des caresses rugueuses et un visage si charmant, qui supportait des joues qui ne demandaient qu’à se faire pincer comme on pince celles des enfants et des lèvres qu’on auraient mieux fait vite de violenter de courts baisers mitraillés puissamment, sans relâche, me voir ainsi, je disais, m’aspirais une confiance éternelle en mes capacitées. Et mon buste, vous direz, comment ais-je pu créer l’illusion d’un buste? Je ne le fit tout simplement pas. J'étais si petit, d’une allure si frêle malgré ma corpulence très minimale, que ma fragilité suggérée faisait mon innocence. Penser à ces femmes qui sont plates comme des planches, mais qui sont tout-de-même jolie à cause de leurs autres attributs; c’est la même histoire. Ainsi, je serrai mon corset aussi fort qu’il m’était permis, valorisant alors ma taille minuscule et mes hanches étroites. Ayant le corps un peu gras, mais sans excès, le serrement de ma poitrine produisait de simples courbes estompées, illusoires.
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  39. Venait donc la nuit tant attendu et j’étais, à mon plus sincère avis, la plus menue des attractions de cette avenue. Je m’en plaignais un peu, car il ne m'a paru d’aucune difficulté particulière de se mettre aussi jolie que je l’étais ce soir-là; mais, vous le savez, lorsqu'une femme se marie, elle se relâche, paresse souvent quand elle le peut et devient gourmande : on ne peut l’éviter. J'étais mieux mis qu’elles, voilà tout. On consommait à ces soirées, à mon expérience, beaucoup d’alcool, cette drogue sociale. Sociale oui, mon ami, car que vous vivez la conscience éclairée par la retenu ou embrumée par l’alcool, vous tenterez toujours de vous accrochez à l’épaule de votre confrère ou consoeur. L’alcool, voyez, engourdit votre gêne sociale, vous permet un dialogue commun et intime avec des individus de la même espèce que vous, mais cela au coût d’un corps soudainement lourd et difficilement navigable. Encore, l’alcool ne vous isolant pas du monde, mais vous en rapprochant, vous serez atteint de certains moments de lucidités spontanés, durant lesquelles votre vie vous semblera ne se réduire qu’à ces quelques heures en bonne compagnie et vous tenterez tout pour que cette nuit soit la meilleure de votre vie. Peut-être vous réveillerez-vous je ne sais où, sous la cuvette ou dans les bras d’une parfaite inconnue, mais du moins vous pourrez soupirer j’ai vécu.
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  42. Cependant, j’attendais encore et toujours l’arrivée de lady Suzette accompagnée du ministre. Durant mon attente, plusieurs hommes se faisaient conquérant d’un jour et s’y tentait, certains ne me glissant que des regard lâches et furtifs; d’autres, plus courageux, ne lesinaient pas de s’en prendre une bonne poignée au passage. Malgré tout, jamais mon jeu n’avait fléchit, même lorsqu’on me discutait de la trivialité survenu cette semaine dans le petit journal local ou qu’on m’essayait un verre ou deux des bassettes boissons alcoolisées. Soudain, plusieurs invités se dirigèrent vers l’entrée, car la resplendissante lady Suzette venait de déclarer sobrement son entrée. Elle tendait la joue ça et là, prenait les compliments comme on prend le déjeuner quotidien, renvoyait les louanges qui sortaient du lot; bref, elle tenait les chiens fermement en laisse, comme à l’habitude. Je dois avouer ici que je fus surpris d’un soudain ennui à l’idée que lady Suzette allait désormais recevoir la majeure portion des éloges de la soirée et que ma gloire venait de prendre l’alte voyageur. Mais, enfin, je fus tout-à-fait mécontent lorsque je ne la vis pas accompagnée de monsieur Savoie.
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  44. L’heure qui suivit fut rempli en grande partie de mes va-et-vient entre les petits groupuscules d’amis et le seuil de la porte d’entrée, un embarrassant dilemme entre la gêne d’avoir potentiellement échoué après tout ces efforts déployés et la résignation qu’un jour meilleur viendra peut-être. Je pris enfin mon courage et m’apprêtait à quitter les lieux d’un pas bien ferme et décidée, aussi décidé fût-il qu’aucun policier ou geôlier n’aurait su me retenir, que mon nez percuta un arrêt et vint se fondre maladroitement dans le torse d’un invité tardif. Il est complètement inutile ici de vous faire languir pour une évidence, car il s’agissait bien sûr du ministre Savoie, dont l’arrivée tardive ne sembla nullement irrité qui que ce soit, l’alcool ayant forcément adoucit les moeurs strictes des embourgeoisés présents. On lui fit une place alors qu’on préparait une partie de carte et je m’arrangeai pour m’asseoir aussi près de lui qu’il m'eût été permis sans devoir me mettre à dos lady Suzette, qui considérait le ministre Savoie avec une grande sympathie et un amour amical sincère. Lady Suzette prit sa droite et je pris sa gauche. Le ministre était un homme froid et sans compassion apparente lorsqu’en public, mais, et je ne sais pas s’il se jouait de nous ce soir-là, il était le plus estimé des amis assis autour de cette table. On l’appelait par son prénom, on lui proposai une concoction alcoolisée dite divine, on lui recommandait des attractions de la ville, enfin on l’aimait de toutes les façons possibles. Je n’en croyais pas mes douces oreilles ensevelies et je blâme encore aujourd’hui mes cheveux de m’avoir fourbé un instant.
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  46. Savoie jouait des cartes savantes, des combinaisons jusqu’ici impensées, mais cela allait, à mon sens, prendre fin bien rapidement. Au début, je n'offrait que des regards à moitiés assumés qu’il me renvoyait en détournant son regard brusquement, je riais et lui demandais s’il allait bien, s’il avait quelque chose de particulier ou d’anodin en tête; il tentait du mieux de ses capacités de me répondre droitement, mais certains mots flanchaient et il se sentait, visiblement, franchement embêté d’avoir couché une phrase si faiblement composée. Ensuite, je pris un peu plus le dessus et me mis à jouer à cogner ses pieds raides avec la pointe de mes petites souliers, car il avait un peu compris la tournure que venait de prendre les choses, mais tentait tout-de-même d’en cerner le sens absolu. Il ne pouvait travailler qu’avec des axiomes; eh bien, monsieur Favreaux, je lui servit volontier cet axiome lorsque je laissai glisser ma main le long de sa cuisse, rejoignant sa main moite. Inutile, je crois, de vous annoncer qu’il dût s’excuser de la partie, se sachant désormais perdant d’avance à cause du développement soudain et déconcertant de sa soirée. Je le laissai aller car, au contraire, ma partie venait de tourner à mon avantage et j’en retiens même à ce jour des économies généreuses.
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  48. Le jeu terminé et les louanges distribuées, je recherchai immédiatement monsieur Savoie. Flairant le dépit
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  50. confu, je le retrouvai accoudé au rebord d’un fenêtre, jasant avec deux autres hommes bien propre et bien juste. Les deux inconnus peinaient à se tenir debout correctement et se plaignaient silencieusement que Savoie ait pu trouver le premier un lieux si confortable. Le ministre, lui, n’avait bu que quelques gouttes, question de ne pas déplaire, et ne commençait guerre à en ressentir les effets. Ce n’était, comme vous le comprendrez, pas à son avantage, puisqu’une pression gênante lui faisait poser des regards furtifs dans la foule, comme guettant pour un assassin. Ce fut bien pire pour lui, lorsque je pris sa main et l’emmenai au deuxième étage. Il ne comprit pas encore comment j’avais pu le conduire où que ce soit sans qu’il ne s’en aperçoive et me le demandait en balbutiant six fois au moins, mais je ne lui répondit rien à ce sujet. Je ne fit que persévérer dans mon jeu avec des rires discrets et intimes.
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  52. Arrivé à la chambre, je me jouais complètement de lui en faisait ma poupée. Je lui déshabillai la cravate et la chemise tout en le placardant à la porte refermée, lui fit savoir qu’il vaudrait mieux pour lui d’annoncer qu’il devra dormir ici ce soir tout en tentant maladroitement d’atteindre ses lèvres avec les miennes et plusieurs autres folies qui vous font désirez les femmes. Et puis, les tables ont tournés et ce fut Savoie qui prit le dessus. Il me serra d’abord les épaules, m’arrêtant net, il me pris sous les jambes me regardant fixement, me fit faire deux bonds sur le lit lorsqu’il m’y projetta et s'allongea somptueusement sur mon jeune corps. Il ne lésina pas non plus de me passer la main le long de la taille jusque sous mon cou et l’autre qui se glissait plus bas, bien plus bas. Je fus évidemment bien surpris de cette tournure qui, je croyais, ne se trouvait que dans les feuilles roses et je restait là, la bouche bien ouverte, le sourire maladroit, béant comme si le Christ était enfin revenu et qu’il voulait d’abord me serrer la main.
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  54. Il s'apprêtait justement à m’embrasser. que je l’eus voulu ou non, lorsque je l'interrompit en une syllabe. P. C’était une coïncidence purement comique que, lorsqu’il tentait encore de saisir fermement le sens de ma parole, il était sur le point de, justement, saisir mon P. Vulgaire et jeunot, je sais, mais véridique. Lorsque son esprit commença à y voir plus clair, il dégringola du lit et une horrible sensation de dégoût tordait son visage.
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  56. Je me levai doucement, comme me réveillant d’un rêve sensationnel et me dirigeai vers la porte en riant légèrement, la tête troublée de plusieurs blagues circonstancielles et d’un plaisir inavoué à piéger ceux de son propre sexe, le même que j’eus senti quelques années plus tôt. Mais, alors que j’entonnais la première marche de l’escalier vers la réception, j’entendis claquer la porte de la chambre et je le vis fumant d’une colère inhumaine, la main tremblante et la moustache luisante de sueur. était-il fâché que P soit allé si loin cette fois-ci ou qu’il eut un instant aimé la scène? Qu’importe, puisque mon plan prenait une tournure intéressante! Je savais un toit accessible à ce bâtiment, alors je montai aussi rapidement que ma jupe mi-longue et mes petits souliers mals adaptés me le permettait et j’atteignis le toit recouvert d’une fine couche de poudre hivernale. J’estimai, le temps que les marches aient terminées d’essoufler Savoie, les distances qui me séparait des maisons voisines et je me crus bien malchanceux, car aucune d’entre elles ne fut assez près. Non mais, quelles sont les chances de se dégoter un voisinage aux habitations aussi éloignés que celles-ci en pleine ville! Plus le temps de penser du coup, car Savoie m’avait sous les yeux à présent. Il examinait l’ennemi de toujours, l’instigateur de ses souffrances occasionnelles, le P.
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  58. Il n’y eut pas de dialogues comme vous pourriez vous les imaginer; je voyais bien dans son regard que cette poursuite ne fut de sa part qu’un élan de courage momentané et que rien n’en découlerait ce soir-là. Ou, peut-être, eût-il craint d’effleurer un si jolie visage. Enfin, il prit du repos lorsque lady Suzette l’interpella. Avant de descendre, il me lança son doigt, me pointant d’un geste assez maladroit et peu
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  60. convainquant. Je descendis moi aussi quelques instants plus tard et crus bien entendre l'hôte regretter que Pomparler n’avait pas pu venir. Et je quittai, la jubilation dans le coeur.
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  62. Voilà monsieur Favreaux, pourquoi votre idée ridicule de seau d’eau ne fera, à mon sens, jamais l’affaire, dit monsieur Pomparler, sur le même ton qu’on emploierait pour expliquer à un enfant pourquoi on ne court pas autour de la piscine. Ce n’est pas seulement pour le cas de monsieur Savoie, qui, s’il est certainement sur ces gardes en tout temps, ne serait qu’ennuyé de petits tours comme celui que vous me proposez. Il finirait par se demander « ah, et puis, quoi encore? N’a-t-il déjà plus d’idée en tête? Il faudra grandir, je suppose » et ne prêterait plus aucune attention à mes jeux. C’est aussi pour mon cas que ces pacotilles nuisent, car mon génie de la farce nécessite toujours plus d’espace pour la création.
  63. Vous me forcez la main avec vos histoires fraîches, mais je comprend votre point.
  64. Enfin! donc vous voyez mon bon fondé.
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  66. Ces répliques furent dites d’un calme habitué; ce qui me fit craindre pires sottises, qu’on ne sut aujourd’hui, de la part de monsieur Pomparler. Je m’informai sur l’état de madame Ducas, qui me sembla bien fraîche à la sortie d’une histoire pourtant si chaude. Le sourire joint cordialement, on ne dit pas une phrase; ils les composèrent pour nous. Ils nous souhaitère tous deux du succès pour notre entreprise littéraire et ils quittai ensuite aussi confortablement qu’à leur entrée.
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  93. Entretien avec madame Sévigny: première partie
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  95. On la reconnaissait à ces échasses prises dans deux filets collants opaques qui lui servaient de jambes, sa taille qu’on comparait aisément à une poire bien enviable, son derrière pour le moins distrayant, son buste plat et son cou allongé sur lequel on pouvait remarquer des marques grises estompées, des petites en formes de lèvres, tout comme des grandes qui pourraient inquiéter les esprits saints. Ces marques descendaient le long de son torse et ne semblaient jamais finir de descendre. Madame Sévigny, dont les interminables années d’existence libertine n’avaient vraisemblablement jamais réussie à refroidir le caractère, se couchait le long du divans, le dos enfoncée confortablement, la tête posée sur un accoudoir et les membres allant à tout va, comme s’étirant éternellement, jusqu’à ce qu’elle résignai ses bras à se croiser derrière sa tête et ses jambes à se recroqueviller, ses orteils touchant l’autre accoudoir. Malgré que le temps se fit frigide ce mois-ci, madame Sévigny se présenta en habit de joyeuse fille, un corset bien serré et, à part les collants et une petite fourrure de printemps, absolument rien d’autre. Et enfin, ses cheveux, ses fantastiques cheveux qui ressemblaient à un nuage capillaire qui s’était chamaillé tout la nuit contre le poid de l’humidité et qui avait finalement renoncé à la victoire. C’était un femme fine et franche comme on en rencontre peu et son accoutrement ni sa démarche en démentait. Son confort garanti, elle débita abruptement son récit.
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  97. N’avez-vous jamais examiné un corps d’homme? Et je veux dire, un vrai, celui d’un homme regulier. Non pas celui que vous vous imaginez, pas celui d’un Roland, ni nécessairement celui d’un éclopé; non, non, je vous parle d’un corps aussi simple que ceux que le bon Père me sert toutes les semaines. Ce corps d’hommes aux fesses écrasées, fripées, à l’organe sexuel irrégulièrement poilu ou formé, aux bras qui ne semblent jamais avoir dut lever une seule charge de leur vie tellement ils pendent faiblement, à la tête qu’on croit sans cou, puisqu’ils sont du même format et qu’on ne sait plus où ça commence ou finit, à l’haleine chaude et vide, aux cheveux déjà tombant peu importe l’âge mensonger qu’on me sert, aux gesticulations embarrassées comme si on leur avait jamais appris comment on fait l’amour justement à une femme; bref, ce corps qui dégoûte au premier regard, mais qui ne surprend pas plus qu’un touriste à Saint-Sauveur-en-Puisaye quand on s’y est habitué, qu’on se résigne à aimer le premier soir, mais qu’on finit par apprécier comme un vieil ami qui n’y peut rien au fond, rien contre le périple de la vieillesse solitaire, une vieillesse d’homme quoi!
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  99. Savez-vous, au juste, pourquoi on s’y habitue dans le métier? Et bien, ma dame et mon homme, c’est pour une simple raison : parce que ce corps est habité par quelqu’un. Parce qu’un corps, c’est qu’une poubelle ambulante qui abrite un petit trésor, nommément l’homme lui-même. Le corps, dans ce seul cas, n’est qu’un moyen pour cet homme, cette conscience, d’accéder à un morceau de plaisir quelconque, aussi superficiel et frivole soit-il. On a tous un coeur à aimer, qui veut se déchirer de l’intérieur comme il veut rester intact, on est tous coincé dans un tiraillement éternel entre les aimer tous ou se contenter de quelques uns. Dans un coeur, il y a de la place; dans un corps, il y a du coeur. C’est cette ambivalence horrible qui, poursuivant l’homme et la femme inconditionnellement, m’emmène à mon métier. Ou peut-être, encore, je m’en suis convaincu à force de réaliser qu’on m’estimais comme une amie de corps. C’est sympa non, certains on une amie de coeur, mais moi je maintient plusieurs amis et amies de corps! Mais c’est tout de même un plaisir réel que de plaire à un corps, même si on sait qu’on ne fera jamais l’affaire à un coeur. Il y a une jouissance, et j’ai choisis ce mot trop justement je crois, à voir un corps gémir par votre faute, voir un pas manqué à cause d’une phrase, un verre cassé à cause d’un mot. C’est tout dans le
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  101. jeu du joueur, et nous les femmes savons jouer d’instinct. Mais là, ce que je vous ait illustrer, c’est des corps qui flanche à cause du coeur, pas à cause d’un corps-à-corps. Maintenant penser aux soupirs raccourcis par l’anticipation de la verge qui menace de s’échapper à tout instant ou aux fétiches servi à satiété ou aux gestes accélérés d’un corps qui veut se mouiller dans l’action à l’instant. Un nouveau corps à explorer, c’est toujours désinvolte, intriguant, aventureux, amusant même. Vous parvenez à en oublier toutes ces pacotilles physiques dont je vous ais parlé plus tôt, vous réalisez qu’il y a un corps à plaire maintenant et que seul vous pouvez y arrivez adéquatement.
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  103. Mais c’est qu’on se découvre aussi! On croit qu’on sert toujours son prochain, mais on en retire quelques secrets, quand même. Tenez, restez bien posée sur vos fauteuil, le temps que je vous jase une histoire intime; mais n’allez pas conter cette histoire à qui que ce soit, sinon j’en connais un qui pourrait s’éprendre d’une fierté un peu trop grande!
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  105. J’habite un logement résidentiel bien simple et raisonnablement peu désiré de ceux de votre trempe. Les murs sont usés, troués en dizaines d’endroits qui vous cause un grattement de tête tout en vous demandant ¨comment un trou si profond a pu logiquement se produire à cet endroit?¨, couverts d’une peinture grise déteinte, aussi déteinte que les illusions des premiers tenanciers, qui avaient vraisemblablement cru faire un excellent commerce en s’appropriant cet édifice miteux de trois misérables étages (c’est ce qui se passe quand on achète à distance avec comme seule information des photos choisit leur étant occasionnellement envoyées par la poste.) Sur lesdits murs, je disais, on peut discerner le contour de tâches douteuses, provenant sans doute de l'agaçante humidité environnante et des insectes qui étouffaient. On a aussi des enfants du dehors, c’est-à-dire des enfants qu’on jette à la porte le soleil levé et le repas servi et qu’on ne rentre que lorsque maman a fini sa tâche avec le papa de ce mois-ci, qui font le va-et-vient des escaliers quand l’extérieur les avait écorchés de leur énergie infantile et que leurs derrière ne supportait plus les marches raides, plates et grinçantes. On sentait, à part l’humidité collante, les fumoirs personnels et on entendait quelquefois ces petits bruits qui vous donnes des frissons car vous vous doutez de leurs provenance, quelquefois un silence lourd et puissant. C’était un foutoir louche, quoique calme; mais ça n’avait jamais empêché une seule fois à un de mes corps en quête de caresses de venir les monter, ces trois étages de débauche et de négligence. Et bien entendu, qu’on ne se leurre pas! jamais ma porte n’était verrouillé. Quand on a peu de chose et que vos voisins vivent aussi de peu, on comprend rapidement que l’idée d’un vol devient presque immédiatement un non sens complet, car quoi voler, à part peut-être des clopes qui traines ou des vêtements sales? Ah non alors, comme on a rien à se faire prendre, on laisse toujours tout à l’air libre. Ainsi, ma porte restait la plupart du temps ouverte et je ne la fermais que pour les courses occasionnelles, comme un symbole qu’il était inutile de s'enquérir de ma présence, étant sortie. Mais comme j’attendais un nouvel homme, qu’on surnommera Ledoux, elle était ouverte, bien entendu. C’est curieux, quand on reçoit des hommes bien mit comme Ledoux, on se demande ce qui pousse ceux-ci à venir ici, qui leur a glissé le mot de mon existence et de ma palette de services, si il y a une autre femme dans le cadre. Quand je le vis, j’étais accoudé sur une rampe qui donnait sur l’entr’deux de mon étage et du précédent. Je fis ma superficielle, puisque ça m’amuse parfois de me rattacher momentanément à une habitude délaissé il y a quelques hommes de ça déjà. C’était un garçon gras de taille, aux cheveux bien cirés et à la démarche un peu molle, lente; j’ai supposé à l’instant que, ses jambes me semblant irrégulièrement maigres et fragiles, il faisait attention de ne pas débouler les escaliers. Il grimpait avec le souffle plutôt court, comme je l’aurais imaginé, considérant que les escaliers se trouvent à l’extrémité de chaques étages; du coup, si vous voulez monter du rez-de-chaussé au deuxième étage, vous
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  107. devez passer deux rangés d’appartements miteux et atteindre l’escalier du fond et ainsi de suite jusqu’au troisième étage, dans un constant va-et-viens alternant entre les cages d’escaliers et les longs corridors. Mais enfin, je jugeais Ledoux sans me considérer un instant, moi qui s'était habillée avec un air de conservation particulier, le chemisier bleu marine et la jupe assortie. Je laissai glisser un petit bruit signalant ma pitié et lui offrit mes voeux de courage : plus que quelques marches et tes poches seront vides, garanti! Il traînait avec lui un petite mallette, car s’il voulait s’amuser, il fallait qu’il emmène ses jouets avec lui. Quand il m'aperçut, il esquissa un sourire peu convaincant. Et je ne lui en veut pas, il voulait sans doute tenir sa bonne impression. Je le menai jusqu’à ma porte, d'où, je m’imagine, il fut soulagé de constater que mes appartements n’est pas semblé aussi terrible que le bâtiment l’aurait laissé croire. C’est le cas, en effet, puisque j’use d’un petit truc ingénieux : sur une lampe sans parasol dont l'ampoule a jauni, je pose un foulard transparent qui prend bien la chaleur. Ainsi, la lumière maintenant orangé ne peut en aucun cas agacer l’oeil ou troubler un sentiment d’intimité quelconque; car avec des murs aussi mince que les miens, eh bien disons que les murs ont des oreilles et un nez. Cette lampe dont je vous parle, je n’en use que la nuit, quand les rayons passant par la fenêtre ne font plus l’affaire.
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  109. Mes appartements sont bien simple : quand on y entre, c’est un grand espace ouvert. De gauche à droite, on y aperçoit une petite aire de cuisine, un espace qui ne permet que quelques pas et qui ne peut pas soutenir deux personne ou plus; une table à manger, qui sert aussi de comptoir de cuisine, accompagné de deux tabourets en faux cuir fleuri, et le fleuri ressort du portrait car, si vous ne le saviez pas déjà, quand on se débrouille financièrement, on doit se résigner à voir beaucoup de blanc dans sa cuisine et à assister à son jaunissement progressif; on poursuit avec le salon occupé à se partager l’espace amoindri entre une table à pieds en verre et un divan bien mou, tellement qu’il faut être vigilant si jamais on y sommeille un peu, car on risquerait de ne jamais pouvoir en ressortir sans devoir déployer d’importants efforts ou d’étonnantes contorsions physiques, et la seule fenêtre du logis, couverte d’un store vertical; ensuite la chambre à coucher contenant mon lit douillet, précédée de deux paravents persiens à moitié déployé, mais on y viendra plus tard à ce lit sur lequel j’ai vécu de grandes aventures, je vous assure; juste à côté, la seule porte de l’habitation, mis à part celle de l’entrée, qui cache la toilette et la douche verticale. Ajouter un teint brun chaleureux et un peu d’orange endurcit par-ci par-là et vous avez maintenant un portrait approximatif de mes quartiers.
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  111. Monsieur Ledoux semblait non seulement agréablement ravi d’une si heureuse surprise, mais il ne voulait pas non plus perdre de temps et se dirigea immédiatement, à petits pas, dans le salon et s’asseya sur le divan. Je fis de même et lui dit de se détendre, qu’il allait bien dormir ce soir de toute façon, que j’étais sa gardienne pour ce soir. Je le taquinais tant que je le pouvais, avant qu’on dumes devenir sérieux. Il souriait niaisement tout en gardant les yeux fixé sur sa petite mallette, alors je lui en demandai le contenu. Une nouvelle robe? Un gâteau? Des billets d’argent? Un chat? Oh. Non, pas du tout. C’était des fouetteries, comme je les avais surnommé. La mallette contenait une cravache, une solide pagaie de ping pong en bois et un fouet à lanières. J’en fus vraiment surprise et j’en restai choquée quelques instants. Je lui demandai s’il y tenait tant que ça, qu’on pouvait s’amuser autrement. Mais c’est alors qu’il s’y mit de bon train et m’ordonna de me mettre à plat ventre sur ses genoux, se que je fis doucement et avec hésitation. Je me tenais là, le bas du ventre sur ses genoux, ne sachant que trop faire avec mes bras ni mes jambes qui trainaient par terre, tellement le divan s'enfonçait. Il comprit aussitôt l'inconfort de ma situation embarrassante et il m’avança le corps de façon à ce que mon derrière fut bien accessible pour la fessée et que mes jambes soient tendues, alors que ma tête virait presque à l’envers si je ne forçait pas son élevation
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  113. pour ne pas prendre trop de sang à la tête et que mes mains touchaient maintenant le plancher. J’avais maintenant plus de bassin sur ses genoux que de bas de ventre. Ce n’était certes pas plus confortable au fond, mais ça n’importait pas vraiment.
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  115. Il prit d’abord la pagaie et m’encocha un solide coup de départ qui me fit fléchir de tout mon être; je m’étais mise à gesticuler dans tous les sens tellement le choc me prit de court. Je sentais la brûlure que le coup m’avait laissé et il me laissa reposer un instant. C’était chaud et ça ne semblait ne plus jamais vouloir s’en aller pendant un moment, mais la chaleur diminua peu à peu et devint même un peu agréable. Je repris le contrôle de mes jambes, qui s’étaient raidit, et de mes bras, qui s’étaient appuyé sur sa cuisse. Comme pour se faire pardonner des préliminaires qu’il avait si odieusement mis de côté il y a quelques secondes de ça, il se mit à me caresser d’abord les fesses avec des mouvements circulaires ordonnés, me les massant, et se mit à les pincer tendrement, comme s’il en estimait la teneur grasse. Il en fut assez satisfait pour qu’il s’attèla au frottement de l’intérieur de mes cuisses en relevant d’abord ma jupe à la hauteur du bas de mon dos, frôlant mes parties de prêt. Non mais il se jouait de moi, je croyais, il me fait languir maintenant!
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  117. Et bien, même pas le temps d’y penser qu’il m’enfile un autre coup! mais cette fois-ci c’était pire encore, puisque je n'avais pas ma jupe pour me défendre, sauf un ridicule sous-vêtement qui fit une piètre armure. Encore un gémissement prononcé et une gesticulation générale involontaire; du moins, cette fois-ci contrôlée quand même. Je pouvais aisément imaginer mon visage à ce coup, comment je ne fis que froncer des yeux rapidement, en éprouvant mes paupières et leurs contours, en mordant légèrement le rebord de ma lèvre inférieure. C’est alors que je me surpris, lorsque je repris mes esprits, à relever mes fesses instinctivement et à écarter mes jambes légèrement : c'était pour mieux recevoir et les coup et les caresses. Ses caresses, il les recommença et, mes fesses étant à présent bien sensible à la tournure des évènements, je sentis sa main comme je n’eus jamais sentie une main auparavant : comme si un fantôme m’effleurait solidement. C’est sans doute que lui aussi s’excitait et que ses poignes devenaient plus fortes, plus prononcées, mais que mon derrière engourdi et réchauffé n’arrivait plus exactement à me transmettre l’heure juste quant à la nouvelle puissance qu’il exerçait. Ses mains, qui me semblaient si petites il y avait à peine trente minutes de cela, tentaient de toucher à un maximum de surface, empoignant à grandes bouchées tout le bas de mon corps, le caressant plus rapidement et avec plus de vigueur. C’est qu’il voulait maintenant me posséder, me consommer, se fondre en moi, me cultiver, m’inculquer, et autres, et autres.
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  119. Ça avait dut être une belle vision pour lui, des fesses bien grasses et bien rondes qui rougissaient à vue d’oeil! Mais enfin, il était devenu fou dingue maintenant et il devait me fouetter encore plus, alors il me servit deux coups successifs, un pour chaque côté : j’en poussai un petit cri d’agréable surprise. Je ne flanchait plus, je souriais un peu, j’étais toujours confuse. Hélas, ce ne fut pas assez pour lui et, au lieu de me passer une main coureuse à l’intérieur des cuisses, il écarta mes jambes encore un peu plus et se mit à flatter ma culotte du haut vers le bas, par un mouvement bien rapide et ordonné, comme son habitude le stipulait à présent. C’était une cascade d’envie qui m’envahissait à présent, j’aurais voulu tomber au sol, raide de volonté sexuelle violente, ou sauter hors de mon poste pour lui prendre son essence d’homme; mais je me retins du mieux que je le pus, car si j’avais agis ainsi, j’aurais manqué ma fessé. Alors qu’il me lessivait la surface couverte de mes organes génitaux, il me servait de petites claques de sa pleine main et il y allait d’une vitesse fulgurante, ne manquant pas de me faire souffrir d’une rougeur à en mourir. J’avais terriblement chaud, le souffle en manque, la bouche sèche et le torse rougis et ruisselant de minuscules
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  121. rivières composées de ma sueur. Je m’agrippai de toutes ma puissance disponible à sa cuisse, qui était devenu maintenant mon seul appui en ce monde de vices irrésistibles. Je notai que, durant la fouetterie, il ne dit pas un mot, sauf sa respiration qui devenait, raisonnablement, de plus en plus prononcée. Je pouvais l’imaginer déjà combattant une verge prête à servir, car il avait encore deux fouets à rendre utile. Il retira ma culotte sauvagement, mais ne la descendit pas plus bas qu’à la hauteur de mes genoux, qui déjà peinaient grandement à s’ordonner de n’importe quelle manière.
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  123. En quelques secondes, il posa sa pagaie sur le divan et une de ses mains sur le bas de mon dos pour me retenir. Je sentis qu’il investissait un doigt en moi, et puis qu’il frottait furieusement mes parois à la recherche du bon endroit : ce qu’il fit rapidement. C’était l’hystérie, j’en jouissais à plein poumon, on me transportait dans un monde sensationnel, qui transcendait la conception mortelle du plaisir, mon corps était submergé par des cascades chaleureuses sans répit et mes jambes se bousculaient en frappant le sol comme si j’avais gagné un prix. Vous comprendrez que ce fut indescriptible lorsqu'il s’y mit à deux doigt. Disons seulement que je n’étais plus une personne intelligible et raisonnable; j’étais devenu une bête hypersensible, ne recherchant rien d’autre que l’acquisition des plus grands plaisirs charnels pour mon seul avantage.
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  155. Entretien avec madame Sévigny : deuxième partie
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  157. Cher lecteur qui lisez ce verbatim amateur : vous pouvez vous imaginez que, depuis que madame Sévigny prit le loisir de partager avec nous, sans aucune retenu apparente, son aventure, madame Ducas le vivait gravement mal et était, bien évidemment, la première personne à démontrer son choc absolu. Elle restait assise, atterrée, totalement impuissante et maladivement livide devant ce tsunamie de libertinage. J’allais justement proposer poliment à madame Sévigny de revenir un autre jour si son agenda le permettait, car madame Ducas n’allait vraiment pas bien et que si son cerveau nous aurait été visible, nous y aurions vu, en lieu d’une masse gélatineuse ordonnée, un fouilli informe et souillé. Mais c’est que madame Sévigny est du genre absorbant et elle ne pu s’empêcher de continuer, au grand désespoir de la pauvre madame Ducas.
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  160. Il sortit soudainement ses doigts, à mon grand malheur! mais c’était une peine momentanée, car il s’y remit avec sa pagaie, mais avec encore plus de fermeté et sans aucune pauses cette fois-ci. Quoi dire de plus? C’était devenu, à mon sens, une soirée éternelle remplie de joies éternelles. Mes fesses endolories devaient être si rouge; ce derrière bien rond et bien gras devait se faire punir! Je convulsais insouciamment sur place et j’en jouissais presque autant que si on m’eus servit une verge bien raide. Des coups, des coups, plus de coups, plus fort, encore plus fort! je le suppliait avec mes soupirs expressifs et mes gestes irrationnels. Je souffrais tant, mais d'une souffrance enivrante.
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  162. C’en était, à son avis, assez de la pagaie pour ce soir. Il lui restait cependant encore un fouet à lanières et une cravache; je les attendaient comme on attendrait l’éclatement d’une guerre et sa fête le même jour : avec de la crainte et un fond d’excitation qui font palpiter le coeur. D’une voix échauffé, il me suggéra de me mettre debout, ce que je fis en prenant la peine d’enlever complètement ma culotte. Libéré de mon poid, il se leva aussi et me traîna par l’arrière-bras jusqu’à la cuisine, où il guida devant le comptoir. Les bras serrant mes côtes, il détacha les boutons de ma jupe et la mise au sol d’un mouvement bien brusque et, ensuite, parcouru ses mains en des caresses puissantes et chaudes le long de mes jambes, arrêtant la course folle d’une d’entre elle sur mon sexe et l’autre sur ma poitrine. Dans cette position, qu’on pourrait décrire comme la cuillère debout, il recommençait son manège à deux doigts et se mis à me tâter avec vigueur, comme s’il craignait que je m’évapore sous ses yeux d’un moment à l’autre. Les jambes bien écartées, mais pas trop quand même pour ne pas perdre l’équilibre, je joignais mes mains sur les siennes, voulant ressentir son énergie, sa puissance, sa violence. Il me baisait le cou férocement, le mordillant quelquefois, ce qui me faisait flancher; en plus de la tornade chaleureuse qui me possédait en bas.
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  164. Mais ce n’était pas aussi intense que ce qui suivit : il se retira tout-à-fait, se mit à desserrer sa ceinture, baisser sa braguette et sa culotte pour me montrer son érection bien pointé. Je m’étais retournée et j’allais me pencher pour la saliver dans toute sa longueur, mais il m’en retint et me dit de tenir ses yeux en vue. Il me rapprocha de lui et, mes jambes serrées sur son sexe, il frotta sa fusée entre celles-ci avec des allez-retours successivement accélérés, comme ceux que vous vous attendriez d’une partie de fesse standard. Il usait ainsi de mon corps pour se masturber, je n’étais qu’un petit terrain de jeu désormais apprivoisé et il me fixait dans les yeux avec ce regard qui vous dit ¨je vous ais maintenant capturé et vous ne pouvez plus vous échappez.¨ Ses paumes fermement posées sur mes hanches et les miennes sur ses épaules, il y allait
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  166. de bon train. C’est fou comment il me donnait envie, son sexe si près du miens, qui me frottait sans cesse, me faisait espérer que ce serait aussi bon qu’à cet instant lorsque qu’il s’y mettrait vraiment!
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  168. Le plaisir ayant, à son goût, été culminé dans cette position, il alla prendre sa cravache et me suggéra de prendre mon aise. Je fis ce que je pouvais, en tenant mes paumes sur le comptoir et en écartant mes jambes, laissant mes mauvaises fesses rouges bien en vue pour recevoir mon traitement. La cravache ressemblait à un tue-mouche d’extrême précision ou à cet ustensile de cuisine qui sert à ramener au centre les dépôts d’aliments qui restent sur les paroies internes d’un bol. Les coups de cet instrument était cette fois-ci plus aisément retracable dès l’impact, car à l’opposé de la pagaie, la cravache ne peut couvrir que de petites zones à la fois. Mais, si elle était déployé avec un excellent tour de poignet et une force suffisante, la douleur et le plaisir qu’on en reçoit peut se comparer à celle qu’on ressentirait d’une pagaie. En tout cas, c’est ce que je sentis. On pouvait, lorsque le coup sonné, m’entendre échapper un petit gémissement joyeux et, quand le coup terminé, je grognait pour en demander davantage. Il y alla au hasard, me balayant d’abord une main agrippante sur la surface de mon derrière hypersensible, pour ensuite m'asséner un coup. Je sentis l’outil adoré me violenter tantôt le bas des fesses, tantôt en leur centre, même que parfois il en prenait une pleine poignée et fouettait, d’un revers astucieux, la partie dégagée. Ça devait déjà faire une heure ou deux qu’on jouait à ce jeu et pourtant mon système ne se lassait pas de cette langueur, car on le possédait vraiment dans le sens physique. Chaque claquement éveillait en moi une vivacité d’esprit nouvelle, un sentiment de folie profonde, une hystérie érotique.
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  170. Mais ma chaire approchait son seuil de tolérance et les coups solides qu’il me servait me faisait perdre l’équilibre pendant un moment. Alors il me prit à bras-le-corps et nous allâmes au lit. C’était un lit couvert confortablement, d’une courtepointe richement brodée, mêlant des teintes profondes de rouge, brun, jaune, en plusieurs carrés de différent formats; les couvre-oreillers suivaient le même arrangement. Le matelas étant bien épais, on devait soit s’y lancer, soit y grimper doucement. Il relâcha sa prise brutale un instant pour ensuite me ressaisir en m'embrassant les lèvres furieusement d’une énergie carburée par le désir charnel. En se caressant maladroitement, on se déshabillait mutuellement : nous savions. Nous optères pour un saut peu gracieux sur le lit. À présent tout-à-fait nu, sans cachoterie, deux bêtes indomptables, nous ne luttèrent guère longtemps contre notre instinct. On se tenait à genoux au centre du lit et nos corps se frottaient frénétiquement, nos mains courraient le long de nos cheveux, de nos dos et, ensuite, de nos fesses. C’est qu’on voulait se fondre l’un dans l’autre, ne faire qu’un avec nos corps impuissants contre ces cascades joyeuses.
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  172. Je lui pris son sexe et le poussai contre les oreillers, pour qu’il puisse en profiter confortablement. Je donnais des lichettes timides au début, question d’humecter la peau et la rendre un peu plus élastique; ce ne fut pas très difficile, j’en salivais depuis un bout déjà et sa verge avait atteint son expansion maximale. En tenant le bout de son engin, je glissais ma main au plus bas niveau possible, près de son bassin, et je rétractais ce mouvement vers l’opposé, tirant son phallus par le fait même, comme si je voulais lui extirper son sperme. Maintenant sa peau bien flexible après quelques répétitions, je lui plongeai sa verge dans ma bouche bien humide et lui fit plusieurs tours de langues somptueux, langoureux, tellement qu’il en jouissait lui-même. J’alternais entre les léchettes et et des va-et-viens buccaux. Je faisais ces derniers en préparant ma langue à prendre la forme phallique qui allait y être posée et en cachant la surface de mes dents sous le rebord de mes lèvres, sans nécessairement les retrousser entièrement, car quand seulement le bout de sa verge restait dans ma bouche, mes lèvres l’embrassait gentiment. Il y a certainement une jouissance unique et compréhensible à se faire aspirer la paille, quand on y pense. Penser à quel point
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  174. c’est agréable de se faire rouler la langue par une autre, de sentir tout ces fluides qui se mélangent et se bousculent dans un endroit aussi humide et odieux que la bouche. Maintenant, penser au même procédé, mais, cette fois-ci, qu’on se fasse astiquer la poignée, l’un des endroits le plus sensible de notre corps. Ainsi, on ressent des sensations extraordinaires et excitante à la dizaine. Parfois, je m’arrêtai pour le masturber à l’ancienne et contempler mon travail : il était tout rouge et avait perdu toute sa rosé préliminaire!
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  176. Mais alors, ce n’était pas juste! Il profitait solitairement de cette situation! J’avais, à mon avis, autant droit que lui à mon plaisir. C’est vrai, car se prendre une verge, ça vous assèche la bouche en quelques instants. Qu’il perde lui aussi sa salive, alors. Je lui lâchai son engin et je grimpai sur lui pour ensuite me retourner, le sexe devant son visage et le sien devant le mien. J’écartai bien mes jambes, encore une fois, pour qu’il pût y faire un travail irréprochable. Sa tête accoudée légèrement sur un oreiller, il prit son aise et m'étonna d’un coup de main pleine sur mes fesses refroidies et puis je senti sa langue chatouilleuse me parcourir le sexe de haut en bas, me léchant quelquefois de toute la surface de sa langue. C’était des frissons divins qui me parcourait et ça me déconcentrait, tellement que je dus quelquefois interrompre mon travail complèment pour pouvoir bien saisir l’ampleur de mes jouissances. Il dut éventuellement me tenir les jambes, car parfois, par folie involontaire, je les repliait sur moi-même ou les raidissait promptement. J’étais si incapable de lui offrir ma bouche que je me résignais à lui lécher maladroitement les parois de son sexe.
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  178. Enfin je n’en pouvait tout simplement plus d’attendre, alors, Ledoux toujours étendu, je lui enfilai d’abord un préservatif que j’avais prise de sous un oreiller avant que j’eus mon derrière à sa disposition une fois de plus, et je me mise en position pour me faire faire une partie de plaisir standard, face à lui, ses mains jointes aux miennes. Ça a pris quelques secondes, le temps que mon sexe déjà décontracté puisse s'accommoder à son bâton, mais quand on y arriva enfin, oh! j’en sentais chaque centimètre, le glissement incertain du gland qui semble vouloir vous transpercer d’abord pour ensuite savoir se faufiler confortablement en moi ainsi que son corps qui emplissait mon corridor. Il vint frapper à ma porte plusieurs coups lents sensuels, d’abord, pour me préparer sans doute au deuxième temps. Je sentais distinctement chaques petites secousses et je les savourais toutes, tous ses aller-retours durant lesquelles mon corps s’habituait peu à peu à son format et cernait son contour de tout les sens possibles; c'était des gâteries bien mérité je crois, même si les rebondissements me faisaient souffrir le bas des fesses, un souvenir de ma soirée de garce. Il somma un arrêt, durant lequel il me prit le haut du corps plus prêt de lui. J’allongeai mes jambes un peu vers l’arrière en me couchant sur lui, faufilant ma tête dans le creux de son épaule et les bras joints derrière son cou. Il me serra fort contre son corps avec ses bras qui longeait mon dos et il commença à littéralement me défoncer le sexe avec sa puissance exemplaire et toujours étonnante. Mes cris de jouissances étaient saccadées, j’étais sur un manège sans fin apparente et je m’agrippai de toutes ma force à son cou, m’enfonçai encore plus gravement dans son épaule. Ayant capté ma situation éblouie, il se mit à me déverser son souffle chaud sur mon visage couvert et il jouissait lui-même avec des gémissements parfaitement audibles. Comment un homme pouvait-il tenir une telle cadence sans interruption? Cette splendeur grandiose qui me possédait dura encore plusieurs minutes, jusqu’à ce qu’il s’en lasse et me proposa implicitement d’aborder la prochaine pose.
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  180. Je débarquai de sa verge tout-à-fait trempée de mes fluides internes sans difficulté, mais j'étais déjà obsédé et me dépêcha de me mettre en position pour le recevoir à nouveau. je m'étendis sur le côté droit, dos à lui, une jambes en longueur et une autre dégagé. Avec sa main gauche, il alla rejoindre ma côte
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  182. supérieure en le passant sous ma côte inférieure et, avec l’autre main, il tint mes jugulaires avec son bras entre mes seins. Je redressai mes fesses pour lui offrir une entrée plus agréable et je courbait mon torse pour recevoir ses baisers. Son sexe entré correctement, il n’hésita pas un instant pour reprendre le rythme décadent qu’il avait abandonné tout à l’heure et. Cette fois-ci, même si le mouvement était essentiellement le même, je pouvais distinctement sentir sa verge me chauffer les parois d’une joie transpirante. J’avais depuis maintenant quelques moments, le torse bien rouge et le corps trempé dans la sueur corporelle qu’on se partageait volontier. De ses doigts, il appliqua une pression sur les veines de mon cou et je sentis la conscience me quitter peu à peu. Les orgasmes que je sentais dans cet état second m’était décuplés et je les sentais m’exploser intérieurement; je rêvais l’orgasme idéal, celui qui me faisait fondre sous une chaleur torride et exotique. En cet état de pur plaisir divin, il ne pouvait plus m’embrasser, car j’en bavais; je semblais hors de moi. Il ôta ses doigts un moment pour me masturber un peu en me frottant furieusement la cerise. Donc j’étais à demi consciente, la cerise en compote et défoncé à souhait : imaginez le portrait et dites vous que ce manège dura une éternité ou deux. Par malheur, lui considérait la partie comme presque achevé et sortit promptement pour me servir son sexe encore tout trempé de mon fluide visqueux, enleva sa protection et le fit faire un autre tour dans ma bouche, sauf qu’il dirigeait le rythme des secousses là aussi. Quand il vint à souhait, il s’assura de toucher le fond de ma gorge avec son gland et m’injecta son sperme, qui coula le long de ma gorge jusqu’en moi. C’était unique, cette sensation là aussi, de recevoir la semence d’un homme oralement, de s’en nourrir ainsi.
  183.  
  184. Tout-à-fait abattue et gémissante, je restai longtemps nue sur mon lit, les jambes écartées, me caressant le corps en intégrale avec des mouvements faibles et peu coordonnés. Il me laissa dans cet état et, au petit matin, on reccomencai ce petit manège une dernière fois. Je ne retiens qu’une déception de cette aventure et c’est qu’on ait oublié le dernier fouet.
  185.  
  186. Je sais, je sais, c'était une débauche à peine admirable, mais j’y ais bien appris! J’y ais appris que y’a pas seulement le corps des autres qui comptent, mais le miens aussi; et que cette femme là adore se faire fouetter!
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  188. Lorsque madame Sévigny eut finit sa bien longue tirade éprouvante, je ressentais un embarras immense et sans remède pour madame Ducas, qui ne faisait qu’en trembler et n’arrivait pas à comprendre la tournure des choses, comment une si tranquille journée avait bien pu tourner au cauchemars en si peu de temps. Sévigny riait un peu dans son coin et semblait se remémorer quelques souvenirs heureux, puis elle soupira un long moment et se leva. Elle me baisa tendrement les joues et tenta d’enlacer madame Ducas dans ses bras, mais elle ne bougeait plus et restait là à regarder dans le vide. C’était une rude journée et elle méritait de se reposer; oh oui, certainement, beaucoup de repos.
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