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Jul 24th, 2019
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  2. Affaire Legay : le procureur de Nice a disculpé la police... pour ne pas embarrasser le président Macron
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  4. Jean-Michel Prêtre s’est justifié auprès de sa hiérarchie d’avoir initialement dédouané les policiers après les blessures subies par une manifestante de 73 ans.
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  6. Par Sofia Fischer Publié aujourd’hui à 02h21, mis à jour à 10h04
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  16. Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, au palais de justice de Nice, le 19 janvier 2017.
  17. Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, au palais de justice de Nice, le 19 janvier 2017. VALERY HACHE / AFP
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  19. Il fallait éviter de mettre le président de la République en difficulté. Voilà, en substance, et selon les informations du Monde, comment le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, s’est justifié auprès de sa hiérarchie d’avoir initialement dédouané les forces de l’ordre, trois jours après les graves blessures subies par Geneviève Legay, 73 ans, lors d’une charge policière pendant une manifestation interdite des « gilets jaunes », le 23 mars.
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  21. Parmi les différentes explications données par le magistrat dans le cadre de son audition demandée par le directeur des services judiciaires en avril, M. Prêtre a affirmé qu’il n’avait pas voulu mettre le chef de l’Etat dans l’embarras « avec des divergences trop importantes » entre les versions. Et ce, de sa propre initiative.
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  23. Le 25 mars, quelques heures avant la conférence de presse du parquet, Emmanuel Macron affirmait déjà que Geneviève Legay « n’[avait] pas été en contact avec les forces de l’ordre » dans le journal Nice-Matin. Un entretien où il souhaitait aussi « peut-être une forme de sagesse » à la septuagénaire, propos qui n’avaient pas manqué de créer une polémique.
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  25. Contacté par Le Monde, le ministère de la justice a refusé de commenter les propos tenus par le procureur dans le cadre de cette audition, estimant que M. Prêtre « est totalement indépendant, et décide souverainement de la communication qu’il souhaite mener dans chaque affaire ». Tout en affirmant que, « sur la base du rapport », il n’y avait pas lieu d’engager de « poursuites disciplinaires ». « L’action des procureurs de la République est particulièrement complexe, a précisé Youssef Badr, le porte-parole de la chancellerie, d’autant plus dans ce contexte. »
  26. Lire aussi : Dans l’affaire Geneviève Legay, les maladresses en série de Jean-Michel Prêtre, procureur de Nice
  27. Témoin de la scène
  28. Genevieve Legay à Nice le 23 mars.
  29. Genevieve Legay à Nice le 23 mars. CLAUDE PARIS / AP
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  31. Quatre mois après le début du mouvement des « gilets jaunes », la préfecture des Alpes-Maritimes et la mairie de Nice étaient en effet sous tension ce 23 mars. Pour la première fois, elles avaient interdit rassemblements et manifestations dans le centre-ville, craignant des débordements à la veille de l’arrivée du président de la République et de son homologue chinois, Xi Jinping.
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  33. « Non seulement il livre une version qui ne correspond pas aux faits, estime une source proche du dossier, mais il insiste et répète à plusieurs reprises qu’il est sûr de ce qu’il assure. »
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  35. Le 25 mars, le magistrat certifiait qu’il n’y avait eu « aucun contact » entre Mme Legay et un agent de sécurité, avant de changer complètement de version quatre jours plus tard, après les révélations faites dans la presse. Des propos d’autant plus problématiques que Mediapart a révélé, le 11 juillet, qu’il était présent au centre de supervision urbain au moment où Geneviève Legay a été blessée.
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  37. Il a donc été témoin non seulement de la scène, mais aussi du refus des gendarmes d’obtempérer, estimant l’ordre donné par le commissaire Souchi de charger « disproportionné ». Par ailleurs, selon les informations du Monde, le maire (Les Républicains) de Nice, Christian Estrosi, était aussi présent dans le centre de supervision urbain ce jour-là. « Mais pas au moment de la charge », assure son cabinet.
  38. « Défense irréfléchie de l’institution »
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  40. Selon Mireille Damiano, l’avocate niçoise de Mme Legay, la décision du procureur a été prise dans une logique de « défense irréfléchie de l’institution ». « Vu le contexte, je suis persuadée qu’il a dû se dire, devant les images un peu fouillis : “C’est pas très clair, ça peut passer.” » Mais, selon l’avocate, « un procureur n’a pas à protéger qui que ce soit, fût-il le président de la République. C’est une curieuse conception de sa mission, et c’est bien la raison pour laquelle je parle de porosité malsaine et de défaut d’indépendance… »
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  42. Dans l’entourage de M. Prêtre, le magistrat est décrit comme un homme « carriériste » et « influençable », « proche des forces de l’ordre », avec qui il entretient « des liens étroits ». Il est également apprécié des journalistes pour ses conférences de presse régulières et son contact facile. « Ce n’est pas la première fois qu’il se met en avant et prend des libertés avec la vérité », assure un avocat du barreau de Nice, sous couvert d’anonymat.
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  44. Le choix de protéger Rabah Souchi, le commissaire chargé des opérations ce jour-là, en confiant les investigations sur les causes des blessures de la manifestante à la compagne de celui-ci, est venu rallonger la liste des erreurs dans la gestion de ce dossier. Cette décision interroge d’autant plus que le commissaire, par ailleurs félicité par le ministre de l’intérieur Christophe Castaner en juin, est décrit par de nombreuses sources policières comme « impulsif », donnant des ordres « démesurés ».
  45. Dépaysement de l’enquête à Lyon
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  47. Si l’initiative zélée du procureur avait effectivement pour but d’accélérer sa carrière, cela n’a pas été suivi d’effets. « Ce n’est pas tout de servir le pouvoir, estime une source proche du parquet niçois, encore faut-il le faire intelligemment, sinon il vous lâche en rase campagne. »
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  49. De son côté, la Cour de cassation a fini par évincer le procureur niçois du dossier, en choisissant de dépayser l’enquête à Lyon. La première requête, faite quatre jours après les faits par Arié Alimi, avocat de Mme Legay, avait été refusée car elle aurait impliqué, dans l’état, un dépaysement à Grasse (Alpes-Maritimes) – trop proche, encore, de Nice, avait estimé la justice. La deuxième requête, appuyée par le parquet d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) estimant que « les faits reprochés ne résultent pas d’un acte isolé mais s’inscrivent dans une opération de maintien de l’ordre (…) à laquelle ont participé plusieurs policiers, dont certains sont en relations habituelles avec les magistrats de la juridiction », a finalement abouti.
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  51. Sofia Fischer (Nice, correspondance)
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