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Jun 20th, 2014
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  1. copyright - nonoko - http://www.lescitesdor.com/forum/
  2.  
  3. Acte III
  4. La capsule
  5.  
  6. La scène laisse apparaître à présent deux niveaux : la pièce principale de la nef et la cale en dessous.
  7.  
  8. Scène 1
  9.  
  10. Fond de cale : Mendoza regarde la trappe se refermer, puis se tourne vers la capsule. A l'intérieur, Athanaos le fixe, poings sur la paroi de verre, et tente de lui dire quelque chose.
  11.  
  12. Mendoza : L'avantage de cette capsule, Athanaos, c'est que je n'ai pas à entendre tes reproches. A moins que tu ne me supplies de te délivrer...(il soupire et va s'asseoir dos à la capsule). Comprends-moi : c'était bien mon intention. Enfin, c'est toujours mon intention, je n'oublie pas la promesse faite à Esteban....je ne sais pas pourquoi je lui ai fait cette promesse stupide d'ailleurs...j'ai l'impression que mon cerveau n'est plus aussi performant depuis que...Bref, autant dire que je me suis mis moi-même dans cette situation...délicate. (il rit, puis renverse la tête contre la capsule et se tourne légèrement vers Athanaos, qui s'est accroupi pour être à sa hauteur, comme pour essayer de l'entendre.) Tu vois, maintenant par exemple, je pourrais revêtir l'exosquelette, du moins je pourrais essayer, parce que je ne sais pas si je pourrais tenir dedans, et j'arracherais les chaînes, et tu serais libre...mais les enfants sont là-haut, tu imagines ? Ambrosius est imprévisible...Ou plutôt, j'attendrais qu'Ambrosius redescende et je l'enfermerais à ta place dans la capsule ! ( un temps. Athanaos secoue frénétiquement la tête mais Mendoza ne le voit pas) Au fait, je me demande où il cache la clé du cadenas.....j'aurais du penser à le fouiller hier soir....(il baisse soudain la tête et la prend dans ses mains. Athanaos se frappe le front.) Madre de dios ! Mais qu'est-ce qui m'a pris ? (il se lève brusquement ; Athanaos se redresse également et tape du poing contre la paroi, mais Mendoza lui tourne le dos et jette un regard circulaire vers la cale, puis murmure ) Que suis-je donc allé faire dans cette galère ? (il s'effondre et reste prostré tandis qu'Athanaos tambourine comme un fou en criant quelque chose qu'on n'entend pas).
  13.  
  14. Scène 2
  15.  
  16. Retour à la surface : Ambrosius fait rouler l'épée de Mendoza sous la méridienne puis actionne la porte de la nef, il a retiré l'exosquelette. Les enfants entrent.
  17.  
  18. Esteban, essoufflé et affolé, penché en avant, les mains sur les genoux : Pff...pfff....Enfin ! (il se jette sur le dos au sol, bras en croix) Aaaah !.....J'aurais pas du manger tant de cerises hier, j'ai encore le ventre tout ballonné !
  19.  
  20. Zia, s'agenouillant aussitôt près de lui : Pauvre Esteban ! Attends ! Je vais te mâchonner quelques feuilles de menthe, ça va te soulager, tu verras !
  21.  
  22. Esteban, tournant la tête vers elle : Ah, Zia, ma Zia....
  23.  
  24. Tao, qui arrive enfin, l'air renfrogné, traînant les pieds : Mpff ! Bon, il est ici ou pas ? J'aurais bien aimé finir ma nuit, moi ! Esteban, tu fonces toujours tête baissée sans demander l'avis des autres, c'est énervant à la fin !
  25.  
  26. Pichu, qui déboule : Alerte ! Alerte ! Mendoza a disparu ! Mendoza a disparu !
  27. Tao, se bouchant les oreilles : Rhâââââh ! Pichu, va coucher !
  28.  
  29. Esteban : mais c'est pas un chien !
  30.  
  31. Pichu : Va coucher ! Va coucher !
  32.  
  33. Zia : Dis, Tao, tu es sûr qu'il comprend toujours tout ce qu'il dit, Pichu ?
  34.  
  35. Tao, haussant les épaules et se croisant les bras : Peuh ! Comment oses-tu mettre en doute l'intelligence d'un descendant de Mu ?
  36.  
  37. Esteban : Aaaaah...par pitié, Tao ! (il se redresse péniblement) C'est pas le moment ! Je me sens tout chose et Mendoza n'est pas là !
  38.  
  39. Zia : attends ! (elle finit de machouiller) Tiens!Ouvre la bouche, ça ira mieux après ! Voooilààà...
  40.  
  41. Tao, grommelant : Mendoza, Mendoza...parce que Môssieu s'inquiète des disparitions de Mendoza à présent ! Si ça se trouve, c'est lui qui est en train de nous chercher !
  42.  
  43. Esteban, se remettant debout, face à Tao : Et tu l'as déjà vu nous abandonner en plein sommeil, toi ? Non ! Il est toujours là pour veiller sur nous et tout à l'heure, quand le coucou du matin nous a éveillés de son doux hululement venu du fond des bois, et que mes yeux endormis ont cherché en vain l'éclat de la cape bleue de notre cher compagnon, l'angoisse a étreint mon cœur et le terrible étau du pressentiment de quelque malheur fatal a arraché son cri d'alerte à notre fidèle Pichu, tu ne peux le nier !
  44.  
  45. Tao, baillant : Pfff..ce que tu peux être sensible ! Il a du aller coucher ailleurs, Pedro et Sancho n'ont pas arrêté de ronfler, je n'ai pas pu fermer l'oeil de la nuit. Tiens, Ambrosius, je t'emprunte ton canapé, tu permets ?
  46.  
  47. Ambrosius, qui est resté à observer Pichu voleter à droite et à gauche dans la nef : Mon pauvre Tao ! Je t' en prie. Quelle terrrible nuit tu as du passer ! Mais, dites-moi, les enfants, si j'ai bien compris, Mendoza a disparu ? (Tao va se coucher en baillant).
  48.  
  49. Esteban : un grand malheur est arrivé, je le sais, je le sens ! (il lève les bras au ciel)
  50.  
  51. Zia, tripotant son médaillon : oui, moi aussi, je le sens, quelque chose de terrrrible est arrivé !
  52.  
  53. Ambrosius : Ah ? Vous êtes sûrs ? Mais comment pouvez-vous en être sûrs ? L'hypothèse de Tao me semble tout à fait plausible, et votre inquiétude me paraît fort disproportionnée à la situation...
  54.  
  55. Esteban : L'hypothèse ? Quelle hypothèse ?
  56.  
  57. Ambrosius : Mais...votre ami est allé coucher ailleurs, tout simplement ! (il lève les bras)
  58.  
  59. Zia : Non, non, je le sais, je le sens ! Jamais Mendoza ne nous a abandonnés, même au milieu des pires ronflements de Pedro et Sancho !
  60.  
  61. Tao : Eh eh eh ….c'est ton sixième sens d'élue qui te fait dire ça ? Ah la la la la...
  62.  
  63. Esteban : Tao ! Prends garde à toi ! (il va vers le canapé et serre les poings). Excuse-toi !
  64.  
  65. Tao, allongé, avec de grands gestes : Ooooh....pardon, chers élus....
  66.  
  67. Pichu : Mendoza couché ailleurs ! Couché ailleurs !
  68.  
  69. Tao, le désignant de la main : Tiens, même Pichu est de notre côté, hein, Ambrosius ! Incline-toi, Esteban !
  70.  
  71. Zia : Oh ! Pichu ! (elle joint les mains) Alors, guide-nous !
  72.  
  73. Tao, se levant: Allez, viens mon Pichu, tu l'as vu partir, Mendoza, tu sais où il est, hein ? (à Esteban) Si tu n'avais pas foncé comme un malade tout à l'heure, il nous aurait déjà emmenés près de ton cher Mendoza, si ça se trouve !
  74.  
  75. Esteban : comme un malade, comme un malade, ben justement ! Je voudrais t'y voir !
  76.  
  77. Ambrosius : Allons, allons ! Point de querelles stériles, en cette heure grave, si nous partions tous à sa recherche, guidés par Pichu ? (il essaie de faire voler Pichu vers la sortie).
  78.  
  79. Zia : Oh oui ! (elle se tourne vers Esteban, qui a la tête baissée et les poings serrés). Oh, Esteban ! Hâtons-nous ! Je suis trop morte d'inquiétude ! Et si Mendoza était allé dormir au bord d'un précipice et avait roulé au fond pendant son sommeil ? Peut-être les corbeaux sont-ils déjà en train de le dépecer à l'heure qu'il est, et sommes-nous incapables d'entendre ses râles d'agonie ?
  80.  
  81. Ambrosius : Allons, Zia, ne dramatisons pas ! (il essaie toujours de chasser Pichu, qui revient toujours vers la méridienne d'où il essaie de tirer quelque chose)
  82.  
  83. Pichu : Alerte ! Alerte ! Mendoza ! Mendoza ! (il tire avec acharnement, tandis qu'Ambrosius se précipite)
  84.  
  85. Ambrosius : Eh ! Ma méridienne ! Mais il va me la détruire l'animal !
  86.  
  87. Scène 3
  88.  
  89. Fond de cale. Les cris de Pichu parviennent aux oreilles de Mendoza, qui se relève enfin et regarde vers le plafond, avant de hausser les épaules et de retourner à la capsule, face à Athanaos, il s'appuie des deux mains contre la paroi, tête baissée.
  90.  
  91. Mendoza, dans un murmure : Qu'ils me trouvent donc...et que ma honte et ma trahison éclatent au grand jour ! (il secoue la tête) Mais qu'est-ce que je dis ? (il regarde Athanaos et se recule, poings sur les hanches). Et toi aussi tu me juges, tu as tout vu, à moins que tu aies eu la décence de baisser ta capuche sur tes yeux , et tu penses que je suis une râclure de la pire espèce, n'est-ce pas ? Et tu en es sûr, aussi sûr qu'on puisse l'être avoir avoir été témoin d'un spectacle pareil ! (il rit) Tu n'as fait que voir, et tu prétends savoir ce que moi-même j'ignore, expliquer ce que je ne puis m'expliquer, et tu me juges ? (Athanaos le fixe sans bouger). Etait-ce l'effet de la pleine lune ? Les ronflements de Pedro et Sancho ont-ils fini par me taper sur le système ? Avais-je mangé trop de cerises ? Encore que j'ignorasse qu'une trop grande consommation de ces fruits juteux pût induire de tels effets....Si du moins j'avais bu une décoction de queues de cerises, j'aurais peut-être pu comprendre ! (un temps, puis, yeux dans les yeux avec Athanaos) Non, non, rien ne peut expliquer ni justifier un tel comportement, et tu as raison de me fixer ainsi, Athanaos ! Je me sens plus fatigué que si j'avais mille ans, et plus usé qu'un vieux ressort rouillé...(il lève la tête vers le plafond) Qu'ils me trouvent...qu'ils me trouvent donc.....
  92.  
  93. Scène 4
  94.  
  95. A la surface. Pichu tire toujours avec acharnement.
  96.  
  97. Tao : Vas-y, mon Pichu ! Tu as trouvé quelque chose ?
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  99. Esteban : Un indice ! Pichu ! Tu es génial !
  100.  
  101. Zia, les mains jointes : mon dieu ! Je crains le pire !
  102.  
  103. Pichu finit par arracher le ceinturon de Mendoza qui était resté coincé dans la méridienne.
  104.  
  105. Tous : Oh !
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  107. Ambrosius réagit le premier et essaie d'attraper le ceinturon, mais Pichu s'envole plus loin.
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  109. Ambrosius, le poursuivant : vas-tu venir ici, maudit volatile ! Rends-moi ce ceinturon, il me sert à maintenir les ressorts du canapé ! Espèce de brisefer !
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  111. Zia : on dirait le ceinturon de Mendoza !
  112.  
  113. Esteban : tu as raison, Zia, mais que diable ?
  114.  
  115. Tao, examinant le matelas de la méridienne : où sont les ressorts, Ambrosius, je ne vois rien, je ne sens rien ! (il cherche sous le canapé et aperçoit l 'épée de Mendoza qu'Ambrosius y a cachée) Oh !!! L'épée de Mendoza !
  116.  
  117. Esteban et Zia : Hein ????
  118.  
  119. Ambrosius s'est arrêté de courir, tout essoufflé. Tous se tournent vers lui. Tao a pris l'épée et l'a remise à Esteban qui l'examine.
  120.  
  121. Esteban : c'est bien elle.....Ambrosius ?
  122.  
  123. Pichu est allé se poser en haut de la bibliothèque, le ceinturon au bec. Petit moment de flottement, tous fixent Ambrosius.
  124.  
  125. Ambrosius : Oh et puis zut, vous êtes trop forts ! Ça devait être une surprise, mais tant pis !
  126.  
  127. Esteban : Quoi ? Mendoza a couché ici, c'est ça la surprise ?
  128.  
  129. Tao, se frappant le front : Meuh non, ce que tu peux être bête, c'est pas une surprise, ça ! Une surprise, c'est quelque chose qui doit nous faire plaisir et qu'on doit garder secret, tu comprends ? Si Mendoza avait couché ici, d'abord, pourquoi se serait-il caché, hein, puisqu'il ne s'est pas montré, et ensuite, en quoi c'est censé nous faire plaisir, je te le demande ??
  130.  
  131. Ambrosius : bravo, bravo, mon jeune ami, excellent raisonnement ! (il lui prend les épaules et le secoue) Ha ! ha !ha !ha !
  132.  
  133. Esteban : pourquoi ris-tu ?
  134.  
  135. Zia : alors, c'est quoi la surprise ?
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  137. Ambrosius : la surprise ! Hum, oui, oui, je vais vous la révéler dans un instant, bien sûr, maintenant ce n'est plus un secret, alors, je vais tout vous dire, n'est-ce pas...Eh eh eh.....
  138.  
  139. Tao, levant soudain le doigt, tout excité : attends, moi, je sais, je sais !!
  140.  
  141. Esteban : Ah oui, Môssieur je sais tout, tu devines les surprises à présent ?
  142.  
  143. Tao : Ah aaah ! Facile, hein, Ambrosius ?(il lui fait un clin d'oeil). La surprise....c'est que Mendoza est allé nous cueillir encore plus de cerises, et il a demandé à Ambrosius de lui prêter une hotte en osier à harnacher sur son dos, comme celle qu'on voit là, dans ce coin, tiens, pour mettre les cerises.
  144.  
  145. Esteban : et pourquoi il aurait laissé son ceinturon ? Gros malin !
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  147. Zia : et son épée ?
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  149. Tao : mais pour mieux pouvoir fixer le harnais de la hotte ! Et l'épée l'aurait gêné pour grimper dans les cerisiers !
  150.  
  151. Esteban : et il est allé faire ça en pleine nuit ?
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  153. Tao : Ben...je suis pas sûr, là (coup d'oeil à Ambrosius), mais il paraît que les fruits cueillis à la pleine lune sont plus goûteux, non ? Et hier, c'était la plein lune, n'est-ce pas Ambrosius ?
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  155. Ambrosius, lui donnant une grande tape dans le dos : Ah ah aaah !.....brillant, mon jeune ami, brillant !!
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  157. Esteban : Comment ? Il a deviné juste ? C'est pas possible !
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  159. Ambrosius : allons, allons, ce serait trop facile ! Mais il n'est pas tombé loin...n'avez-vous pas mangé assez de cerises hier ?
  160.  
  161. Esteban : ah ça oui ! Parce que si c'est ça la surprise, moi j'ai eu ma dose !
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  163. Ambrosius : Ah ! Voilà ! Voilà ! Mendoza le savait fort bien....Or, qu'y a-t-il de mieux pour se remettre après un excès de cerises ? Zia ?
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  165. Zia : Euh...des feuilles de menthe ?
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  167. Ambrosius : Ha ! Ha ! Ha ! Bien essayé ! Mais tu as encore beaucoup à apprendre ma petite ! Nooon ! Du poisson, du bon poisson grillé, c'est radical, croyez-moi ! Surtout au petit-déjeuner!Quand l'estomac a travaillé toute la nuit à une digestion difficile, il lui faut du léger, du salé, du grillé, de l'anguille pêchée toute fraîche au petit matin !
  168.  
  169. Tao : Waouh ! (il renifle) Je sens d'ici la bonne odeur ! Dis Ambrosius, tu crois qu'il est déjà en train de les faire griller au campement ?
  170.  
  171. Esteban, dans un murmure : ce serait donc ça la surprise ? (levant les yeux vers Ambrosius) C'est vraiment ça la surprise ?
  172.  
  173. Ambrosius : Oh, allons, Esteban, qu'y-a-t-il ? N'est-ce pas une délicate attention ? Tu n'aimes pas l'anguille ? Ah, l'unagi grillée, fameuse spécialité japonaise, un vrai plat d'élu ! (il se frotte le ventre)
  174.  
  175. Esteban : si mais....et l'épée, le ceinturon ?
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  177. Zia : oui, oui, l'épée, le ceinturon ? Il ne s'en sépare jamais ! Oh, quelle est cette angoisse qui toujours m'étreint le cœur ?
  178.  
  179. Tao : Rôôôô, c'est pas fini oui ? Il a laissé l'épée pour être plus à l'aise dans l'eau, et le ceinturon, ben...tiens, oui, pourquoi il l'a laissé ? Il aurait pu mettre plein d'anguilles dans sa besace ! Et pourquoi il est venu te voir en pleine nuit d'abord ? Il pouvait pas se débrouiller tout seul pour pêcher trois poissons ?
  180.  
  181. Ambrosius : Ah, mon jeune ami, quel esprit perspicace, rien ne t'échappe, et je vais être forcé de trahir le secret, mais baste, nous ne dirons rien à Mendoza, n'est-ce pas ? Son honneur et sa dignité sont en jeu ! Alors, promis ?
  182.  
  183. Tao : eh eh ! Promis !
  184.  
  185. Ambrosius : Esteban ? Zia ?
  186.  
  187. Esteban (baissant la tête) : Promis, mais comme le poids de cette trahison pèse déjà sur mon cœur !
  188.  
  189. Zia : je n'y comprends rien, mais c'est promis. Oh, vite, vite, Ambrosius, ce suspens est insoutenable !
  190.  
  191. Ambrosius : Bon, voilà donc le fin mot de l'histoire (il s'éclaircit la gorge) : Mendoza...
  192.  
  193. Tao, l'interrompant : je sais ! Je sais ! est venu te voir pour...
  194.  
  195. Esteban et Zia : par pitié, Taoooooo !!!!!!
  196.  
  197. Ambrosius : oui, donc, je reprends (il s'éclaircit la gorge) : Mendoza est venu me trouver à l'heure où blanchit la campagne et m'a dit...
  198.  
  199. Tao : qu'il voulait que tu l'aides à pêcher !
  200.  
  201. Esteban : Taooooo ! Non, mais n'importe quoi, Mendoza peut bien pêcher tout seul ! Tu l'as dit toi-même en plus ! Laisse Ambrosius parler à la fin !
  202.  
  203. Zia : oui, ce suspens est trop insoutenable !
  204.  
  205. Tao : Rôôôôô.....
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  207. Ambrosius : et donc, à l'heure où blanchit la campagne....
  208.  
  209. Tao : tu l'as déjà dit !
  210.  
  211. Esteban, Zia et Ambrosius : Taoooooo !!!!!
  212.  
  213. Tao : c'est bon, c'est bon, je me tais...
  214.  
  215. Ambrosius : et donc Mendoza m'a dit : Ambrosius, vite...
  216.  
  217. Tao : j'ai besoin de toi pour une affaire urgente !
  218.  
  219. Ambrosius (légèrement énervé): Non ! Non ! Et non ! (il se reprend) Il n'a pas dit ça tout à fait comme cela ! (un temps, pendant lequel il fixe Tao, lequel le regarde bras croisés) Il m'a dit : Ambrosius, vite, lève-toi, (car je dormais, voyez-vous) j'ai besoin de toi pour une affaire de la plus haute importance ! La santé physique et mentale d'Esteban est en jeu !
  220.  
  221. Esteban: c'est pas vraisemblable, Mendoza ne parle pas comme ça ! Et puis, santé mentale, faut pas exagérer tout de même...
  222.  
  223. Tao : Ah ! Quoique...tous les organes sont liés, tu sais...mon père disait toujours...
  224.  
  225. Ambrosius, lui jetant un regard noir : Oui, bon, en tout cas il voulait que je lui prête mon fameux filet de corps, invention brevetée, qu'il suffit de revêtir avant de plonger et hop, les poissons se prennent direct dedans quand on passe dans un banc, pêche miraculeuse assurée ! Je lui en avais parlé tantôt quand il m'avait dit que le condor s'était posé près d'une rivière à anguilles. Et donc il fallait bien qu'il enlève son ceinturon pour le porter, ce filet, et pour l'épée, tu avais raison, Tao, qui plus est il aurait pu se la faire subtiliser s'il l'avait déposée sur la rive, donc il m'en a confié la garde, on n'est jamais trop prudent, même si nous sommes au Japon. Mais il ne fallait surtout pas que vous sachiez comment il était parvenu à pêcher toutes ces anguilles, et que vous vous doutiez que je lui était venu en aide d'une quelconque façon ! Question d'honneur et de dignité !
  226.  
  227. Tao : on ne dira rien, promis ! Oh, oh, oh ! Quelle histoire, tout de même, pas vrai, Esteban ? Et j'avais presque tout deviné.....
  228.  
  229. Esteban : Hum. (il fait la tête, yeux baissés et bras croisés).
  230.  
  231. Ambrosius : eh bien, qu'y a-t-il encore, Esteban ? Te voilà rassuré, non ? Il ne vous reste plus qu'à aller retrouver Mendoza ! A l'heure qu'il est, il doit avoir rempli sa mission, et probablement est-il en train de vous chercher ! Vous ne voudriez pas qu'il s'inquiète !
  232.  
  233. Zia : oui, tu as raison, retournons vite au condor ! En plus on a laissé Pedro et Sancho tout seuls. Si on n'est pas revenus à temps, ils vont se prendre une raclée, les pauvres !
  234.  
  235. Tao : oh la la ! Y z'avaient qu'à se réveiller comme tout le monde !
  236.  
  237. Ambrosius : Hum ? Ils ne savent pas que vous êtes ici ?
  238.  
  239. Tao : Ben non, on a eu beau les secouer, rien à faire, ils ronflaient comme des sonneurs !
  240.  
  241. Ambrosius : Ah, bah...de toute façon, j'y songe, Mendoza devait repasser par la nef pour me rendre le filet et récupérer ses affaires, alors, pas d'inquiétude, il doit encore être à la rivière. Par contre, s'il vous trouvait ici, la surprise serait gâchée, quel dommage !
  242.  
  243. Tao : Ah ça, c'est sûr ! Allez, Esteban, Zia, en route, dépêchons-nous ! Le premier arrivé aura double ration d'angu...(il est interrompu par un éternuement sonore) Qui a éternué ??
  244.  
  245. A ce moment là le grondement de la machine à laver s'élève, le sol se met à trembler.
  246.  
  247. Esteban : Ah ! Qu'est-ce que c'est ? Un tremblement de terre ?
  248.  
  249. Pichu : Alerte ! Alerte !
  250.  
  251. Tao : Mais qui a éternué ?
  252.  
  253. Scène 5
  254.  
  255. Retour à fond de cale : Mendoza éternue encore trois fois mais de façon plus discrète, en se pinçant le nez. A chaque fois, il se plie en deux. La troisième fois, il pousse un cri de douleur étouffé, grimace et tourne plusieurs fois sur lui-même dans un joli mouvement de cape avant de venir se rasseoir dos à la capsule en soupirant profondément. Le grondement de la machine s'entend en sourdine. Athanaos s'accroupit et frappe la paroi de la capsule pendant tout le début de la tirade de Mendoza.
  256.  
  257. Mendoza : Ah, Madre de dios, Athanaos, j'ai du me déplacer une côte, c'est pas possible, j'étais pas assez endolori de partout comme ça après mes exploits nocturnes...et par-dessus le marché voilà que je m'enrhume, Ambrosius aurait pu penser à installer un système de chauffage performant dans sa nef, tiens, au lieu de toutes ses stupides inventions issues de la technologie de Mu, il aurait pu innover avec un radiateur à vapeur solaire, il l'aurait fait breveter, ça se serait vendu comme des churros, il serait riche et célèbre à l'heure qu'il est, il nous aurait laissé tranquilles, et toi et moi on serait pas dans cette galère, moi à me les geler parce que ma tunique tourne dans sa foutue machine, et toi à jouer les poissons rouges dans ton bocal ! (nouveau soupir et exclamation étouffée) Aïe ! Il a intérêt à me remettre ça vite fait, s'il tient à ce que je lui conserve mon amitié...(nouveau soupir) Dis, Athanaos, on est toujours amis, pas vrai? Après tout ce que j'ai fait pour toi, et que je suis encore prêt à faire, ça me chagrinerait, vraiment, si nous devions être brouillés...(il se tourne enfin vers lui en gémissant, Athanaos cesse de tambouriner ) Bon, d'accord, il y a Ambrozarès entre nous....(il rit puis gémit aussitôt) La peste soit de ce maudit alchimiste ! Tu sais qu'il songeait à se débarrasser de toi en larguant la capsule au-dessus de la mer du Japon ? Et que l'idée ne lui est pas encore totalement sortie de la tête ? Il n'est pas du genre à s'embarrasser d'animaux domestiques, alors un poisson rouge géant, tu penses bien....d'autant que renverser la capsule toutes les douze heures, il faut le faire ! Tu aurais pu trouver mieux comme système, franchement....Quand je lui ai demandé comment il comptait faire sans toi si jamais Esteban réclamait des preuves de vie, il m'a répondu qu'il avait d'abord songé à te couper une phalange ou deux avant de te larguer, au cas où, mais qu'à présent il songeait à me faire endosser ton rôle.....je lui ai fait remarquer que je ne tenais pas à hériter de ton masque et de ta tenue radioactifs, alors il a paru réfléchir...je crois que je parviendrai bientôt à le persuader de t'épargner, ne t'inquiète pas....j'ai quelques atouts de mon côté, tu en conviendras aisément, n'est-ce pas? (Athanaos baisse la tête) Vois-tu, la solution idéale selon moi, et qui contenterait tout le monde, c'est qu'Ambrosius te lobotomise, après tout, tu en as vu d'autres, et l'avantage c'est qu'en choisissant bien la zone du cerveau, on pourrait te rendre à Esteban sans danger que tu nous trahisses, Ambrosius et moi, ou que tu salisses notre mémoire, en cas de malheur, vu que tu n'en aurais plus, de mémoire...Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, ma promesse à Esteban serait respectée sans que j'y perde mon honneur et ma dignité, le secret d'Ambrosius serait gardé et nous pourrions continuer tranquillement à vous tromper, toi et les enfants, en toute impunité ! (il se lève, se tourne vers la capsule dans un mouvement de cape ) Le plan parfait, non ? (il écarte les bras avec enthousiasme, grimace aussitôt de douleur et se tient la côte) Aaah....mais avant toute chose, il faudra qu'Ambrosius me remette ça en place, je parie que ce sera plus agréable qu'avec le vieux maître shaolin... (Athanaos se détourne, s'assoit au fond de la capsule, la tête sur les genoux. Mendoza contemple la capsule) Tiens...avec le tremblement, c'est drôle, on dirait que ça fait plus de bulles.....
  258.  
  259. Scène 6
  260.  
  261. Retour à la surface. Grondement de l'essorage, sol qui tremble.
  262.  
  263. Ambrosius : Ah ! Ah ! Ah ! Ce que vous avez pris pour un éternuement n'était que le signal m'avertissant du début du cycle d'essorage ultra-rapide de ma géniale machine à laver ! En temps normal, cela me permet de mettre à l'abri les choses fragiles, tenez, comme cette tasse, qui....(la tasse de chocolat laissée par Mendoza a fini par atteindre le bord de la table et se brise au sol) Oh, quel dommage, une porcelaine de la dynastie Ming ! (il en profite pour vérifier les attaches de l'étagère à éprouvettes).
  264.  
  265. Tao : une machine ? Dis, dis, c'est quoi cette machine ? On peut la voir, oh oh oh, je suis sûr que c'est encore un truc de mes géniaux ancêtres de Mu, hein, pas vrai ? J'ai raison, hein, Ambrosius, hein, hein ?
  266.  
  267. Esteban se renfrogne et tourne le dos en soupirant, tandis que Zia vient se blottir dans ses bras.
  268.  
  269. Zia : en tout cas, ça secoue drôlement fort, je ne suis pas rassurée, moi ! Oh, Esteban, serre-moi dans tes bras !
  270.  
  271. Esteban, ton protecteur, se rengorgeant : oui, viens ma Zia, ne crains rien ! (à part) Sainte Elodie, priez pour nous !
  272.  
  273. Tao, sautillant autour d'Ambrosius qui ramasse les débris de la tasse avec une balayette) Alors, tu me la montres, dis, tu me la montres ? Ça marche comment ? Elle est où ?
  274.  
  275. Ambrosius, se dirigeant vers la poubelle, suivi de Tao sautillant d'excitation et tanguant à cause du tremblement : à la vapeur solaire, bien évidemment ! Mais il te faudra être patient pour la voir, mon jeune ami, ce ne sera pas pour cette fois !
  276.  
  277. Tao : Hein??? Mais....Pourquoi ???? (bras au ciel) Ambrosius, c'est trop cruel ! Pitié, pitié, demande moi ce que tu veux, tiens, je briquerai le pont, je ferai la poussière de la bibliothèque, j'irai te cueillir des cerises, je t'attraperai une anguille pour ton déjeuner...
  278.  
  279. Ambrosius, lui mettant la main sur l'épaule : je te remercie, Tao, et j'apprécie ton zèle, vraiment, c'est juste qu'aujourd'hui ce n'est pas possible, mais ce n'est que partie remise, rassure-toi ! (chuchotant à l'oreille de Tao d'un air de confidence) Tu comprends, j'ai mis à laver certaines affaires que la décence m'interdit de nommer et surtout de montrer à de jeunes âmes innocentes, qui plus est féminines....
  280.  
  281. Tao (fort) : Aaaah ! Compris ! T'as lavé tes caleçons, c'est ça ?
  282.  
  283. Ambrosius : Chuuut !!!! (regard vers Zia) elle pourrait nous entendre !
  284.  
  285. Tao : Peuh, non mais, t'as vu comme ils sont collés les deux élus, là, tu pourrais leur montrer le caleçon de Mendoza que cela ne les émeuvrait pas plus que ça !
  286.  
  287. Ambrosius : le caleçon de ...(rougissant) Tao, voyons !
  288.  
  289. Tao : Ben quoi ? Tout le monde en a, non ? Y'a pas de honte ! (d'un air de confident, à l'oreille) J'ai même vu la....
  290.  
  291. Ambrosius, se redressant, indigné : Tao, que diable ! Cette conversation devient fort déplacée ! (à ce moment là, le grondement cesse, on entend le plop)
  292.  
  293. Tao : ça y est, ça y est, c'est fini, alors, alors, tu me la montres ?
  294.  
  295. Ambrosius d'un air pincé: mon jeune ami, il me semble avoir déjà répondu. Je n'ai pas été élevé sur une île déserte au milieu de nulle part, moi. Je tiens à conserver ma dignité !
  296.  
  297. Tao : oh, ça va, j'ai compris....Pfff...ces adultes, quels coincés tout de même !
  298.  
  299. Ambrosius : Voilà, je vois que tu es redevenu raisonnable, à la bonne heure. Mais ce n'est que partie remise, je te le promets ! (se retournant vers Esteban et Zia, toujours collés). Allons, les enfants, il ne faudrait pas que Mendoza vous trouve ici ! Partez vite à présent, et à plus tard au campement, quand Mendoza aura récupéré son épée et son ceinturon, eh eh eh !
  300.  
  301. Esteban, repoussant Zia, poing en l'air : Ouaih ! A nous les bonnes anguilles ! (il écarte sans ménagement Zia et court à la porte) En route, les amis ! (il disparaît, suivi de Pichu qui répète « à nous les bonnes anguilles »)
  302.  
  303. Zia, bras tendus : Oh, Estebaaaan ! Attends moi ! (elle va vers le miroir, se recoiffe de la main et secoue sa superbe chevelure dans un gracieux mouvement de tête, avant de disparaître à son tour) J'aaaarriiiive !
  304.  
  305. Tao : Pfff...bon, ben à tout' Ambrosius. (il part en baillant et traînant les pieds. Au moment de sortir, il se retourne brusquement, doigt pointé vers Ambrosius) Mais c'est promis, hein ?
  306.  
  307. Ambrosius, qui se précipitait déjà vers la machine, se retourne, effrayé : Comment ?? Oh, mais bien sûr, mon jeune ami ! (Tao le fixe longuement avant de disparaître à reculons, toujours le doigt pointé. Ambrosius pousse un soupir de soulagement et repart. On entend au dehors le bruit d'une chute).
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  309. Zia, voix off : Oh, Tao, ça va ? Tu ne t'es pas fait mal ?
  310.  
  311. Tao : laissez-moi tous tranquille ! Les adultes, les élus, j'en ai marre !
  312.  
  313. Ambrosius va ramasser le ceinturon que Pichu a laissé tomber et le contemple pensivement avant de soupirer.
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  315. Scène 7
  316.  
  317. Retour à la cale. Grand silence.
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  319. Mendoza, frissonnant et resserrant sa cape sur ses épaules, debout, dos à la capsule :Tiens, on dirait que l'essorage est terminé.... je suppose que ma tunique sera bientôt sèche...Tout est calme, tu as remarqué ? Ambrosius a du parvenir à éloigner les enfants, il est si habile....(soupir) Cela signifie que mon calvaire n'est pas près de s'achever....(soupir) Si seulement il m'avait embroché la dernière fois, à la cascade, avant de te ravir à nos yeux...tout cela ne serait plus mon problème, alors que maintenant, je navigue sans boussole....(bras croisés, se tournant vers Athanaos, toujours assis, qui lève la tête).....être ou ne pas être un traitre, telle est la question....si on n' a pas une avarie avant d'arriver à la prochaine cité d'or , j'aurai eu une chance de cocu...(geste de désespoir) Ah ! Pourquoi n'ai-je pas le courage d'Ambrosius, qui nous surplombe par delà le bien et le mal, qui ne songe qu'à lui-même, débarrassé des entraves de la morale, libre comme la mouette rieuse qui plane allègrement au dessus des navires en perdition ? Pourquoi ne puis-je mentir et manipuler les enfants sans remords ? Et toi ? (geste vers Athanaos) Tu ne vaux pas mieux que les autres, va...j'ai bien volé la pyramide pour toi....tout ça parce que tu es le père d'Esteban, quelle blague ! Ça justifie tout, n'est-ce pas ? (il s'approche de la capsule et se colle à elle, Athanaos se redresse) Au fait, il faudra que tu m'expliques un jour pourquoi tu portes le même costume que Zarès...j'ai failli en avoir une attaque à Pékin, quand j'ai vu ce Zarès flotter dans la capsule, là , d'un coup, j'ai cru halluciner ! (rêveur) Deux Zarès.....(se reprenant et reculant). Va, va, le monde est un cloaque, alors autant se vautrer dans la boue....j'avoue que j'ai adoré voler cette pyramide....jouer au chat et à la souris avec Ambrosius....provoquer sa colère, déchaîner sa haine, tout cela devait me rapprocher de mon but, périr de sa main ! Et je me payais le luxe de croire que je me sacrifiais pour la bonne cause, pour toi, pour Esteban, histoire de me donner bonne conscience, alors que je ne songeais qu'à mettre fin à mon tourment ! (il éclate de rire) J'ai cru mourir quand j'ai constaté que je n'étais pas mort ! Tiens, voilà, c'est ça ! J'ai compris ! (il frappe du poing dans sa main) C'est ce traumatisme qui a déclenché ce maelström qui risque de nous engloutir dans le plaisir et la souffrance, enfin, la souffrance, surtout pour toi....une trépanation, ouououhhhh ! ! (il se met à marcher de long en large devant la capsule, très exalté ; Athanaos le suit des yeux) La nuit dernière, la pleine lune, les ronflements, les cerises, tous ces éléments n'ont fait qu'attiser cette douleur que tous attribuaient à tort à la tristesse de n'avoir pu empêcher l'irréparable, ton enlèvement ! Quand j'ai quitté le campement, je croyais venir te délivrer, mais en réalité, en avais-je l'intention ? Je n'en sais rien. Partir, seul, ainsi, en pleine nuit, n'était-ce pas pure folie ? Non, non, je dois cesser de me mentir à moi-même ! (il s'arrête, continue à parler, les yeux dans le vide, d'un ton très calme) Quand je suis parvenu à la nef, j'ai surpris Ambrosius en train d'actionner le mécanisme pour descendre dans la cale. J'ai attendu qu'il disparaisse, j'ai tiré mon épée, et j'ai actionné le mécanisme à mon tour. Ma tête était emplie du seul battement de mon cœur, tandis que je m'enfonçais dans les ténèbres de ma destinée.... Je me souviens que la capsule luisait de cette même lueur glauque, mais ce n'est pas vers elle que mon regard fut attiré immédiatement comme par un aimant....Il était là, tout nimbé de vapeur solaire et paré de son armure afin de procéder à la manœuvre de renouvellement d'oxygène de la capsule...J'ai lâché mon épée...au bruit qu'elle fit en tombant sur le sol, il se retourna et m'aperçut...(il frissonne et ferme les yeux) Stupéfaction, haine, plaisir, désir, que crois-tu que son visage refléta à ce moment précis, Athanaos ? J'aime à penser qu'il m'attendait...(il ouvre les yeux et se tourne vers Athanaos) Je devais avoir l'air très bête, n'est-ce pas ? (Athanaos pose les mains contre la paroi et secoue négativement la tête. Mendoza sursaute) Tu...tu entends ce que je dis ?? (Athanaos secoue la tête négativement) Non, bien sûr....(Mendoza s'approche et pose à son tour les mains contre la paroi) Tu comprends ce que je dis...tu lis sur mes lèvres, c'est ça, enfin, quand tu le peux....(Athanaos secoue la tête affirmativement. Mendoza éclate alors d'un grand rire, se plie en deux en criant « ouch ! » puis se redresse en s'appuyant sur la paroi) Eeeeh....(il fixe Athanaos qui articule quelque chose, puis il se jette soudain sur la paroi qu'il embrasse. Athanaos, surpris, recule violemment contre l'autre paroi) Ha ha ha ! Merci, mon ami ! Tu m'as remis la côte en place ! Dis, tu te souviens ? (il commence alors à sauter, faire virevolter sa cape dans tous les sens, tantôt se plaquant contre un mur, tantôt se jetant à plat ventre, ou sur le dos contre une table, tantôt roulant à terre puis bondissant, pour finir par se plaquer dos au sol, s'arc-bouter en jetant une jambe en l'air avant de se redresser, jambes écartées, bras en croix, tête renversée en arrière) Quelle nuit, par saint Georges, quelle nuit ! (regard à Athanaos, qui s'est pris la tête dans les mains) Tout de même, j'aurais bien aimé qu'Ambrosius me montre ses talents d'ostéopathe...
  320.  
  321. Scène 8
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  323. Ambrosius, arrivé en catimini pendant le show de Mendoza, sortant de l'ombre, juste derrière lui : Ce sera avec plaisir, mon bel oiseau bleu, mon martin-pêcheur !
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  325. Mendoza, se retournant brusquement en faisant voler sa cape : Ah ! Mon sanglier rouquin, te voilà enfin !
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  327. Etreinte passionnée, Athanaos se laisse tomber au sol dans la capsule.
  328.  
  329. Ambrosius : allons, allons, ce sera avec plaisir, mais plus tard, pour l'heure, une mission urgente t'attend, mon beau martin-pêcheur! Tiens, prends ta tunique, elle est quasiment sèche, j'espère que ton rhume ne va pas tourner à la bronchite. (Mendoza détache la cape pour enfiler la tunique)
  330.  
  331. Mendoza : merci, à ce propos justement, il faudrait absolument installer le chauffage central dans la nef !
  332.  
  333. Ambrosius : oui, j'y ai songé souvent, mais une chose après l'autre, n'est-ce pas, que veux-tu , pour l'instant la priorité ce sont les cités d'or ! Bon, on a frôlé la catastrophe tout à l'heure, mais j'ai réussi à garder le contrôle de la situation, la naiveté de ces enfants est confondante !
  334.  
  335. Mendoza : Hum...(il rattache sa cape) J'avais toute confiance dans ta réussite.....Mais dis-moi, pourquoi m'appelles-tu ton martin-pêcheur ?
  336.  
  337. Ambrosius : parce que tu es bleu et que tu vas pêcher ! (plus bas) et parce qu'une partie de ton anatomie m'évoque irrésistiblement les mouvements gracieux et délicieusement saccadés de ce charmant volatile....
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  339. Mendoza : Ambrosius, voyons ! Athanaos pourrait t'entendre !
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  341. Ambrosius : lire sur mes lèvres tu veux dire ? (il s'approche de la capsule, toque à la paroi et articule lentement) Oh eh, Athanaos, cher ami, ça va ?
  342.  
  343. Mendoza : allons, laisse le tranquille ! Ce n'est pas drôle !
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  345. Ambrosius, se retournant, surpris et vaguement soupçonneux : te voilà redevenu bien sérieux, tout à coup !
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  347. Mendoza : excuse-moi, mais tu as parlé toi-même d'une mission urgente !
  348.  
  349. Ambrosius : oh, bien sûr ! Tu as raison...je t'explique : ne m'en veux pas, mais je m'en suis sorti comme je pouvais...bref, les enfants t'attendent au campement avec une cargaison d'anguilles fraîches qu'il faut t'empresser d'aller pêcher, ils ont très faim, surtout Tao ! Moi, j'ai une autre lessive à faire tourner, tu m'excuseras de ne pouvoir t'aider...N'oublie surtout pas ton ceinturon et ton épée en partant ! (il pousse Mendoza vers le monte-charge)
  350.  
  351. Mendoza : et je vais les pêcher avec quoi, les anguilles ?
  352.  
  353. Ambrosius : ah ben là, tu te débrouilles, j'ai pas le matériel pour, désolé !
  354.  
  355. Mendoza : et je vais les transporter dans quoi ?
  356.  
  357. Ambrosius : Bah, tu feras un baluchon avec ta cape ! Allez, assez perdu de temps, file !
  358.  
  359. Mendoza saute lestement dans le monte-charge et se retourne pour saluer de la main Ambrosius.
  360.  
  361. Mendoza : compte sur moi, Ambrosius ! Je serai à la hauteur, comme toujours !
  362.  
  363. Ambrosius, tandis qu'il disparaît vers le plafond : va, cours vole et bonne pêche, mon bel oiseau ! (il met la main sur son cœur) Ah ! Quelle est cette angoisse soudaine ?
  364.  
  365. Fin du troisième acte.
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