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Couliano - Éros et magie à la rennaissance 1484

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Jun 28th, 2015
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  1. L'État occidental, aujourd'hui, est-il un vrai magicien ou est-il un apprenti sorcier qui met en mouvement des forces obscures et incontrôlables ?
  2.  
  3. Cela est fort difficile à dire. En tout cas, l'État-magicien – à moins qu'il ne s'agisse de vulgaires prestidigitateurs – est de loin préférable à l'État-policier, à l'État qui, pour défendre sa propre « culture » périmée, n'hésite pas à réprimer toutes les libertés et l'illusion des libertés, se transformant en une prison où tout espoir est perdu. Trop de subtilité et trop de souplesse sont les défauts majeurs de l'État-magicien, qui peut se dégrader et se transformer en État-sorcier ; un manque total de subtilité et de souplesse sont les défauts majeurs de l'État-policier, qui s'est dégradé au rang d'État-geôlier. Mais la différence essentielle entre les deux, celle qui joue entièrement en faveur du premier, c'est que la magie est une science des métamorphoses, elle a la capacité de changer, de s'adapter à toutes les circonstances, de s'améliorer, tandis que, au contraire, la police ne reste jamais que ce qu'elle est : dans ce cas, le défenseur à outrance de valeurs périmées, d'une oligarchie politique inutile et nuisible pour la vie des nations. Le système des contraintes est condamné à dépérir, car ce qu'il défend n'est qu'un amas de formules sans vitalité aucune. Au contraire, l'État-magicien n'attend que de développer des nouvelles possibilités et des nouvelles tactiques, et c'est justement l'excès de vitalité qui dérange son fonctionnement. À coup sûr, lui non plus n'est à même d'exploiter qu'une partie infime de ses ressources magiques. Mais on devine que celles-ci sont d'une richesse extraordinaire, qui, en principe, devrait sans aucune peine déraciner l'arbre sec de l'idéologie policière. Pourquoi cela n'arrive-t-il pas ? Parce que la subtilité de ses jeux internes épuise l'attention de l'État-magicien, qui s'avère peu préparé à aborder le problème d'une magie fondamentale et efficace dans ses relations externes. Ce monstre d'intelligence se retrouve sans armes dès qu'il s'agit de projeter des opération à long terme ou de se créer une visage « charmant » dans les relations internationales. Son pragmatisme sans façons et sans ménagements aboutit à lui créer une image qui, pour être assez fausse, n'en est pas moins répugnante aux yeux de ses partenaires, et ce défaut de promesses et de discours byzantins s'avère, somme toute, contre-performant, autant que ses excès manifestes d'intelligence et son incapacité notoire à proposer des solutions radicales.
  4.  
  5. Si l'on peut s'étonner que l'État-policier puisse encore fonctionner, on peut également se demander pourquoi l'État-magicien, qui dispose de ressources illimitées, marche si mal, au point qu'il semble perdre chaque jour du terrain devant les progrès idéologiques et territoriaux de l'autre.
  6.  
  7. La conclusion est inévitable : c'est que l'État(magicien épuise son intelligence à créer des diversions internes, se montrant incapable d'élaborer une magie à long terme pour neutraliser l'hypnose provoquée par les cohortes policières qui avancent. Mais l'avenir paraît quand même lui appartenir, et même une victoire provisoire de l'État-policier ne laisserait pas de doutes sur ce point : la contrainte par la force devra se plier devant les procédés subtils de la magie, science du passé, du présent et de l'avenir.
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