Je suis peu active sur Twitter, mais j’y lis beaucoup de monde. Au delà de me mes followers, j’aime lire et remonter les débats chauds du moment.
Depuis plusieurs mois, le seul débat chaud qui soit, c’est le débat sur le sexisme, les hommes qui agressent, la culture du viol, le viol des femmes.

Je n’arrive pas à savoir à quoi ceci peut nous mener.
Lutter contre les inégalités et les agressions faites aux femmes est forcément positif, non ?

Je n’en suis pas si certaine. Pas comme ça.
A vouloir lutter contre le sexisme par les armes, à vouloir faire preuve de féminisme systématique, à vouloir être celle qui s’indigne le plus et qui hurle le plus fort, certaines créent un schéma de défiance permanent (et violent) vis à vis des hommes. Elles considèrent que les hommes sont les agresseurs. Tout semble permis dans la lutte. Tout devient agression, tout devient culture du viol, tout devient viol.

La culture devient viol, l’humour devient viol, l’art devient viol, tout est viol, tant qu’il touche d’une manière ou d’une autre à l’intimité. Plus rien ne doit être dit, plus rien ne doit choquer. L’homme doit changer de trottoir s’il marche derrière moi, ne doit pas me regarder avec envie si je porte des bas, ne doit pas me parler si je ne lui ai rien demander. Il doit rester là bas, baisser les yeux, et ne pas me violer. Parce que l’homme viole.

En lisant ces échanges, je me sens parfois gênée de voir ce discours qui généralise allègrement et qui considère de fait que chaque homme est responsable des 60 000 viols commis par an dans le pays.
60 000 c’est énorme, 60 000 ça veut dire que tous sons fautifs.

Non.

60 000 viols par an, c’est 60 000 violeurs.
Ca n’est pas un homme sur 2, ni un homme sur 5, ni un homme sur 10.
C’est un violeur au milieu de 1000 habitants en France.
C’est 999 « non violeurs » au milieu des 1000 personnes qui vivent autour de nous.
A ces 999, on leur demande de changer de trottoir.
On leur demande de changer de comportement.
On leur demande de se méfier de leurs regards ou de leurs mots quand ils nous abordent.
On leur explique qu’ils doivent se taire, que leur regard sur tout ça ne compte pas. Qu’ils doivent s’excuser, s’excuser d’être insultés et harcelés, parce qu’ils sont hommes, et parce qu’il existe des hommes qui violent.

Le sexisme n’est pas le viol. Même si un violeur n’est pas forcément un malade, même si tout le monde peut être violeur, tout le monde n’est absolument pas violeur. Non.

A vouloir faire croire aux hommes qu’ils sont fautifs et qu’ils contribuent à la culture du viol, le résultat va être désastreux. Je commence moi même à devenir complètement paranoïaque, imaginant croiser des agresseurs à chaque minute. Alors que non, je croise simplement des hommes, des gentils, des pénibles, des distants, des collants, des rigolos, des libidineux, des adorables, des connards, des coincés.

Dénoncer le sexisme, lutter contre le viol, aider les victimes, oui. Ne rien lâcher.
Créer un climat de peur et de défiance permanent vis à vis des hommes, non.
Je ne veux pas avoir peur des hommes.

« Tu n’as pas été violée, tu ne peux pas comprendre ».