Reportage spécial : à l'intérieur de la révolution du Peuple Intègre

Bonjour à tous

Me voici donc assigné à résidence (niveau 2 de sécurité sur les 5 niveaux prévu par l'ambassade)
De là ou je suis, toutes les informations que nous écoutons à la radio nous paraissent irréelles.
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(Omega FM, une radio locale, l'antenne de RFI ayant été arraché lors du saccage de la télévision nationale. RFI est revenue depuis ce matin, mais ils relaient beaucoup d'infos venant d'Omega)

6h - 12h :
En effet, mon quartier est très calme depuis le départ du soulèvement.
Oui, car ici, on parle bien d'un soulèvement populaire. À l'heure où j'écris ces lignes le peuple réclame l'aide des militaires (en la personne du général Kouamen Logé), qui ont accéder au pouvoir par la proclamation de l'état d'urgence.
D'autres se dirigent vers le palais de la présidence à Kosiam (quartier Ouaga 2000) pour déloger Blaise.
Ils ne s'arrêteront qu'au départ officiel de ce dernier. C'est leur seul objectif.

Les gens n'ont pas respecté le couvre-feu instauré cette nuit. Beaucoup sont restés dehors pour continuer les actes de désobéissances civiles et pour s'organiser pour la journée du lendemain.

Il y a pour l'instant 10 morts (prise de l'assemblée et capture de François Compaoré, (le frère de Blaise, il a été rattrapé à l'aéroport) mais cela reste insignifiant par rapport aux centaines de milliers de gens descendus dans la rue)

Il règne ici un climat de révolution. Le peuple est en colère mais ne prend pour cible que des représentations du pouvoir, ou encore, les commerces tenu par les pontes du parti de Blaise.
Des scènes de pillage se déroulent cependant depuis hier, mais toujours sur ces mêmes cibles, et le message communiqué par les radios et également dans les rues est : "Nous n'avons pas besoin de ça" ; Sous-entendu, "nous ne sommes pas là pour ça" , ce qui ne peut s'entendre du point de vue des ordinateurs pillé dans le palais de justice, un peu moins pour les sacs de riz qui circule dans les rues depuis...

12h :
Je viens d'entendre à l'instant que Blaise n'est officiellement plus président du Faso. L'info vient de tombée mais elle est vraisemblable vu le merdier dans lequel il est embarqué.
Nous attendons maintenant le discours du chef de l'état major de l'armée qui doit se tenir lors d'une conférence de presse, en présence des leaders des partis d'opposition, qui devrait annoncer le nom du nouveau président du Burkina.

13h :
Blaise prend la fuite accompagné par un commando "armé jusqu'aux dents" en prenant la direction de Pô. Deux possibilités sont à envisager :
Soit il fuit vers la frontière pour quitter le pays, l'aéroport de Ouaga n'accueillant plus d'avion, et c'est ce qui serait le mieux.
Soit il va effectivement vers Pô, rejoindre son meilleur bataillon, des militaires avec lesquels il a un rapport privilégié, ce qui pourrait annoncer une volonté de résistance de la part de Blaise, et donc, des affrontements armés dans les heures qui viennent. Ce qu'on ne peut malheureusement pas à exclure, vu le personnage…

13h15 :
C'est officiel, Blaise Compaoré n'est officiellement plus le Président du Faso (annonce télévisée de Blaise, probablement pré-enregistrée vu la qualité de diffusion. Le pouvoir est vacant. (il n'a pas prononcé le mot "démission")

14h30 :
Aucune prise de parole de l'armée, contrairement à ce qui a été annoncé au palais. les gens commencent à entrer dans la caserne contenant l'état major de l'armée.

14h33 : l'annonce officiel est faite : c'est le Général Traoré (le chef d'état major pendant le règne de Blaise lui-même) qui accède à une présidence de transition. Il doivent être capable d'organiser des élections sous 90 jours, d'après la constitution.
Il dissout le gouvernement et l'assemblée dans la foulée, avant de suspendre la constitution.

14hxx : Le cortège de Blaise est aperçu dans les localité en direction de Pô. La population de Pô déclare haut et fort sa désapprobation de l'ancien chef de l'état dans sa localité. Ils ont décidé de barricader les routes pour qu'il n'y parvienne pas. (la méthode qu'il utilisent depuis une semaine pour chopper les gars…) D'autre part, ce cortège est constitué de troupes d'élites qui sont peut-être entraînées à ce cas de figure.

15h : La nouvelle se répand. Le départ de Blaise provoque des scènes de liesse dans Ouaga.
Les gens sont partager par la satisfaction et la méfiance, ils veulent Kouamen Logé, il est connu pour être resté à l'écart des questions et des affaires politiques et il est à la retraite.

16h : Les gens sont globalement d'accord. Blaise ne pourras plus revenir et les gouvernants ont peurs pour lui succéder…
Le peuple à gagné cette bataille. Ils entament de rentrer chez eux avant la nuit. (Qui crains un peu quand même un peu par les temps qui courent)

18h : A la radio, à l'heure où j'écris ses lignes (18h), des débats ont lieux sur Oméga FM pour clarifier la situation et la rendre intelligible au plus grand nombre.
Des questions de sauvegarde de la constitution pour se protéger d'un coup d'état militaire probable sont évoquées. La question d'un collège de transitoire ou d'un représentant civil unique faisant consensus pour remplacer le président de l'assemblée nationale est posée. Entres-autres...



Climat global :

Mon quartier populaire est toujours aussi calme x)
Les gens sont rentré chez eux. Il faudra sans doute repartir demain. Ce n'est pas terminé.
Ils ont balayé, ils veulent maintenant nettoyer
Le peuple agit sainement. Ils font ce qu'il ont à faire, c'est tout.
Le Peuple Intègre est fidèle à sa réputation et demain est un autre Soleil…

En direct de Ouaga ;)

Bisous à tous