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- Quelques questions de principe A propos des accointances de No Pasaran...
- Il y a quelques mois, à l'occasion de la venue en France d'antifascistes
- russes, une polémique a éclaté sur internet concernant les liens entre un
- certain antifascisme et l'Etat. Il n'est pas toujours facile de s'y
- retrouver dans la nébuleuse antifasciste (qui n'est peut-être pas
- nébuleuse pour rien…), mais les points soulevés sont particulièrement
- clairs et précis et les questions qu'ils soulèvent cruciales d’un point de
- vue militant. Des compagnons ont donc jugé nécessaire, comme dans toute
- polémique, d’étudier les arguments des uns et des autres, à commencer
- parvérifier leur véracité. Puis, vu les questions soulevées, de porter le
- débat sur la place publique.
- La polémique a éclaté lorsqu'un internaute (avec lequel les rédacteurs
- del’article n’ont rien à voir) a dévoilé que les fameux antifascistes
- russes invités en France avaient des liens avec "Searchlight", magazine
- britannique qui affiche certes un bel antifascisme mais dont le rédacteur
- en chef reconnaît avoir des liens avec les services secrets de son pays.
- Ce même internaute faisait par ailleurs remarquer que le mouvement qui
- faisait venir en France ces Russes (en l'occurrence le conglomérat
- "Réflex", "Scalp", "Réseau no pasaran"), fait partie d'un réseau appelé
- United (auquel appartient également Searchlight).
- Qu'est-ce donc que cet United ?
- C'est, d'après ce qu'affirme son site, "le plus grand réseau pan-européen
- antiraciste". Il regroupe 560 organisations et lutte contre le
- nationalisme, le racisme, le fascisme et pour les droits des immigrants et
- des réfugiés. Très bien jusques là. Sauf que, si l'on se donne seulement
- la peine de lire ses rapports d'activité, on a directement connaissance de
- la liste des organisations qui financent United. C'est là qu'on rigole.
- Dans le rapport d'activité 2006, on relevait en vrac, parmi les généreux
- donateurs : la Commission Européenne, le Conseil de l'Europe, le Conseil
- mondial des Eglises (!), le Conseil culturel de Suède, le Groupe
- parlementaire européen des Verts, le Groupe parlementaire européen
- Socialiste, le Groupe parlementaire européen Communiste, le Ministère des
- affaires étrangères Suisse, etc. Bien pire, deux ministères de la police
- (au moins) financent directement United : le ministère de l'intérieur
- britannique et le ministère de l'intérieur néerlandais. Et c'est bien de
- ce réseau que Reflex (auquel appartient le Scalp) est membre !
- Ces révélations qui appelaient soit un démenti formel (si elles étaient
- fausses) soit, dans le cas contraire, des explications politiques ont
- certes soulevé une vive polémique, mais les explications se font toujours
- attendre.
- Ainsi le principal mis en cause, le réseau No- Pasaran (auquel appartient
- Reflex, tout comme le Scalp) s'est fendu d'un communiqué tonitruant (dont
- nous reproduisons plus loin les principaux extraits) mais qui, sur le
- fond, se garde bien de donner quelque explication que ce soit.
- Remarquons tout d'abord que le Scalp-no pasaran se garde bien de démentir
- formellement les deux accusations qui ont lancé la polémique :
- - à savoir tout d'abord qu'ils participent eux-mêmes à un réseau financé
- par la police
- - ensuite que le directeur de la revue Searchlight est en relation avec la
- police secrète britannique.
- Ne démentant pas formellement, ils tentent de noyer le poisson en parlant
- "d'allégations fumeuses". Reconnaissons que ces deux termes sont fort
- habilement choisis : une allégation, c'est une affirmation quelconque (le
- terme allégation en lui-même n'implique pas qu’elle soit vraie ou fausse),
- et quelque chose de fumeux est simplement quelque chose d'approximatif.
- Bref, après avoir lu le communiqué, on ne sait pas si le Scalp affirme
- qu'il s'agit de mensonges ou s'il reconnaît que c'est la vérité,
- simplement approximative… Les rédacteurs du communiqué ont ainsi fait
- preuve, avec finesse, de beaucoup de prudence. Ils ont eu grandement
- raison. Car non seulement les deux allégations sont fondées, tout à fait
- exactes, mais de plus elles n'ont rien de fumeux puisque chacun peut en
- trouver confirmation sur les sites suivants, qui sont réputés pour leur
- sérieux et leur fiabilité :
- http: //libcom.org/library/searchlight- for-beginners-larry-o-hara
- et
- http://www.katesharpleylibrary.net/bull ... kslb28.htm
- "Searchlight" & the State
- Relevons, à notre tour, une allégation, cette fois-ci parfaitement
- mensongère dans ce fameux communiqué : ce n'est pas à l'avocat de la
- victime que les invités russes du Scalp apportent leur aide mais… au
- Procureur. Il y a là plus qu'une nuance ! La preuve est ici aussi facile à
- administrer, et par la même méthode. Sur le site des amis des intéressés
- (http://www.searchlightmagazine.com/inde ... Solidarity ) on
- peut lire en effet : "Here in St Petersburg, anti-fascists have actively
- helped the public prosecutors as expert witnesses since the early 1990s
- and have run some successful campaigns." Or, sans conteste possible,
- "public prosecutors" se traduit en français par Procureur, certainement
- pas par avocat. Ce passage de la revue Searchlight est donc parfaitement
- limpide : "Ici, à Saint- Pétersbourg, les anti-fascistes aident activement
- le procureur du ministère public [l'équivalent de notre Procureur de la
- République] comme témoins experts depuis le début des années 1990 et
- mènent des campagnes efficaces." Bref, c'est au Procureur, à l’émissaire
- direct du ministère de la justice d'un pays très autoritaire (pour ne pas
- dire plus…) que les invités russes du Scalp apportent tout leur soutien
- actif depuis 18 ans. Une paille.
- Revenons maintenant aux trois affirmations morales que le conglomérat
- Scalp-No pasaran-Réflex martèle dans son communiqué. Un bref commentaire
- suffira :
- - "La solidarité - lit-on dans le communiqué - [c’est] mettre en place un
- réseau de contacts et d'échange." En soi, le propos est intéressant. Mais
- quand le "contact" et "l'échange" s'étendent jusqu'à la police, chacun
- comprendra qu'un révolutionnaire préfère couper les ponts !
- -"L'internationalisme - lit-on ensuite - [c’est] accepter et comprendre la
- réalité à laquelle sont confrontés nos camarades étrangers." Et la
- "réalité" à laquelle sont confrontés - camarades ou pas - les étrangers,
- c'est celle des expulsions organisées par … les ministères de l'intérieur
- … ceux-là mêmes qui financent le réseau international des rédacteurs du
- communiqué. A ce stade d'incohérence, est-il besoin de s'appesantir ?
- - Enfin, nous dit-on, " L'antifascisme ce n'est pas traquer chez les
- antifascistes qui agissent d'hypothétiques défaillances". Qualifier de
- simple défaillance une collaboration clairement établie avec le Procureur,
- c'est un euphémisme particulièrement pervers. D’autant que ces
- défaillances ne sont pas hypothétiques.
- Au lieu de répondre aux principales questions que posent ces révélations
- (à savoir, est-il légitime qu'un groupe antifasciste collabore avec l'Etat
- ? Surtout dans le cas présent, l'Etat russe, qui n'a pas grand chose à
- envier aux Etats fascistes ; est-il normal qu'un réseau antifasciste
- perçoive des financements de la police ?) ce communiqué est un numéro de
- criailleries. Cette affaire devrait interroger tous ceux qui ont, à un
- moment où à un autre participé à des manifestions du Scalp-no pasaran, ce
- qui est d'ailleurs le cas de divers militants de la CNT-AIT, dont les
- auteurs de ces lignes. Aussi, aux questions ci-dessus, nous voyons nous
- dans l'obligation d'en ajouter au moins deux autres :
- - Comment se fait-il que ces données aient pu rester cachées si longtemps ?
- - Les membres "de base" du Scalp étaient-ils au courant ?
- Nous attendons la réponse.
- Des militants
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