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Sep 18th, 2018
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  1. Bonjour Madame XXX,
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  4. Je vous prie d'avance d'excuser l'initiative que je prends à vous contacter avec ce long, mais urgent, e-mail, n'étant pas votre élève mais de la famille d'une des élèves. Ma soeur, XXX, est actuellement en situation d'échec comme vous le savez. La rédaction de ce message est de ma propre initiative, ma soeur risquant de ne pas vouloir vous en imposer la lecture malgré sa situation.
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  7. Elle risque l'exclusion pour avoir voulu suivre à nouveau un des cours qui lui plaisaient le plus et qu'elle savait pouvoir mieux réussir en le recommencant. La situation actuelle, inexplicable au vu de sa motivation, du travail qu'elle a fournie durant tout l'été et de sa passion pour ce cours (sans parler du côté dramatique du fait d'être en échec alors qu'elle aurait pu simplement éviter cet examen en utilisant son joker sur sa première tentative), lui fait courir des risques qui dépassent le cadre académique.
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  10. Nous savons, et avons pu constater nous-même à de multiples reprises, que nombre d'élèves qui se retrouvent en situation d'échec parviennent à en sortir. Non pas car un point a réellement été oublié quelque part, ou qu'une mauvaise sommation des points a résulté en une note moins bonne, mais bien parce que ces élèves connaissent les bonnes personnes, ont une famille, ou des proches, influents qui parviennent à exercer un pouvoir suffisant sur certaines personnes clés e parviennent ainsi à contourner ce qui devrait être normalement bel et bien un échec définitif. Officiellement personne ne l'admettra, mais cela n'annule pas l'existence, bien réelle, de cette situation.
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  13. Nous n'avons pas cette possibilités. Nous sommes fils et fille d'immigrés, notre classe sociale et notre situation économique sont plus proches du bas de l'échelle sociale que du milieu. Un père violent (décédé il y a 3 ans) et une famille qui prône le marriage traditionnel et le travail à la maison pour les femmes, sans même parler de l'épilepsie de ma soeur ( qui lui cause de grands problèmes sociaux, de confiance en soi, d'incapacité importante à mettre autant de concentration dans son travail que l'élève moyen, le risque de faire une crise à tout moment, et d'autres problèmes qui découlent de la seule existence de cette maladie (beaucoup d'épileptiques n'entreprennent pas d'études)) sont autant de facteurs contre lesquels ma soeur et ma mère ( son seul soutien, étant moi-même sur Lausanne depuis de nombreuses années pour mes études à l'EPFL) doivent se battre au quotidien pour parvenir à garder la tête hors de l'eau. Tout ceci afin de permettre de réaliser notre rêve commun à ma soeur et moi : celui de s'émanciper de notre condition et avoir une vie meilleure que celle, quasi misérable, de nos parents.
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  16. La situation actuelle est la suivante: avant de venir en section GSEM, ma soeur a commencé puis quitté deux faculté ( droit, puis EPFL), plus par obligation de santé que choix personnel, sa santé ne lui permettant pas de poursuivre ses études dans ces facultés. Les études qu'elle entreprends actuellement comblent ses désirs (j'en veux pour preuve qu'elle a préféré suivre la spécialisation économie, jugée plus difficile et qui lui fait prendre des risques, mais qui convient bien mieux à sa passion pour ce domaine) et elle rêverait de pouvoir les poursuivre.
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  19. Quitter maintenant cette faculté ne signifie pas seulement qu'une élève rate une certaine formation et passera à autre chose: dans le cas présent, ce sont 4 années d'études qui sont, du moins académiquement, perdues; c'est sa passion qu'elle doit abandonner; et surtout, son rêve d'avoir une vie meilleure qui s'écroule, n'ayant plus du tout la force mentale d'entreprendre à nouveau une nouvelle faculté à zéro. La situation actuelle lui fait prendre le risque d'une dépression, et d'une aggravation de son épilepsie (la santé psychologique étant intimement relié à la santé cérébrale dans cette maladie), in fine une aggravation de sa santé en générale. Je ne vous dis pas tout ceci pour mettre ma soeur en position de victime, mais bien pour vous faire comprendre les tenants et aboutissants de cette situation qui, indirectement, vous concerne puisque lié à cet examen.
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  22. Je ne vous demanderai pas directement dans cet e-mail d'augmenter artificiellement sa note, le règlement étant ce qu'il est, ni même de me répondre, vous ayant fait déjà perdre suffisamment de temps en lecture, mais je souhaiterais vous faire prendre conscience de la situation actuelle, où ce règlement, plutôt que de créer une égalité de traitement, est la cause d'une injustice car ne prenant pas en compte les disparités socio-économiques et l'état de santé de ses élèves.
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  25. Les chances pour qu'une faute se soit glissée dans l'examen, ou qu'une autre instance de l'université lui permette d'éviter cette expulsion, sont infime (un recours en première année, où elle a eu une note insuffisante à un examen où plusieurs petites crises non générales ont eu lieu (pratiquement invisible pour qui ne connait pas la maladie), a déjà été refusé, malgré des avis psychologiques et un certificat de son neurologue: ce cas-ci le sera aussi).
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  28. J'espère avoir pu vous convaincre que s'il vous est possible, par quelque moyen que ce soit, de lui faire éviter cette expulsion, ce sera plus qu'un simple coup de main à une élève en difficulté: ce sera une occasion d'utiliser les pouvoirs d'un poste socialement et économiquement privilégié pour oeuvrer à une diminution des inégalités sociales et économiques. À plus petit échelle, cela permettra le sauvetage (et ce n'est pas une hyperbole) d'une élève qui, en ce moment-même, lutte pour éviter de subir des crises généralisées à cause de son état de stress intense.
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  31. En vous remerciant infiniment de votre patience, et en m'excusant de vous avoir pris un long temps (que je sais précieux), je vous adresse mes meilleures salutations.
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  34. Cordialement,
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