Chapitre 2 : Nous te connaissons

Deux mois ont passé depuis le départ de Hoky. La routine continuait, je partais travailler toute la journée pour me nourrir et continuait à rester impassible devant la ville. Néanmoins, je me posais plusieurs questions.
Comment pouvais-je être sûr que mes parents étaient décédés ?  C'est vrai, je n'avais aucune preuve, malgré ma vieille enquête qui n'avait pas pu aboutir à quoi que ce soit, je restais sceptique.
Comment Hoky avait-il pu communiquer avec la fameuse fille de Rkown qui le draguait ? N'est-il pas censé être impossible de discuter avec quelqu'un de l'autre côté ? Je n'arrivais toujours pas à trouver de réponse.
Kown était une ville remplie de mystère. Aucune personne de mon entourage n'était au courant de l'ascension de la ville. Sur comment elle avait été construite, les choix qui ont mené à une séparation de classe sociale et financière. Au final, ce ne sont pas que les employés qui sont au courant de rien, mais bien tout le peuple, du moins à Howa.

C'est à ce moment-là que j'ai décidé de me remuer les méninges et d'essayer de trouver quelqu'un qui pourrait m'aider. Justement, j'avais une personne très particulière en tête.
Il était 22h, les gardes effectuaient leur ronde vers minuit, ce qui me laissait un large panel de temps pour mener à bien ma mission. Je regardais ma montre accrochée à mon poignet droit en écoutant le bruit de l'aiguille tournoyante.

- C'est l'heure, j'espère qu'à son âge, il ne dormira pas de si tôt.
J'ouvre donc la porte, malgré l'horaire, je regarde quand même dans la rue si les gardes sont présent. Intuition bonne puisque un en question se dirige vers ma maison avec sa lampe torche. Je ferme délicatement ma porte en laissant un petit courant d'air s'échapper pour pouvoir écouter ses pas.
Après une longue et stressante minute, je pris mes jambes à mon cou et couru vers la maison du vieil homme. Devant son domaine, je toqua à la porte.
- Êtes-vous là Monsi..
A peine eu le temps de prononcer une phrase d'accroche, que la porte s'ouvra. Je vis un vieil homme très souriant me regardant avec un air joyeux. Qui répliqua immédiatement :
- Je savais que tu allais venir, tôt ou tard, mais je le savais. Entre s'il te plaît, il ne vaut mieux pas que les gardes sachent que tu es ici.
Une fois entré, je m'assois donc sur le fauteuil apparemment mit à disposition pour les visiteurs. Il me proposa un café que je n'ai évidemment pas pu refuser.
- Monsieur, comment savez-vous que j'allais venir tôt ou tard ?
- Ta curiosité et ton ignorance reflète toute la joie que j'ai sur mon visage, ça crève les yeux et j'aime les hommes comme toi. Tu cherches des réponses, je me trompe ?
- Oui, je me pose beaucoup de questions que j'aurais dû me poser bien auparavant.
A ce moment-là, il lâcha un petit sourire vicieux et enchaîna :
- Qu'est-ce que tu attends, je t'écoute petit chenapan !
- Alors voilà, j'ai un ami de longue date, Hoky, qui est récemment parti il y a deux mois à Rkown, son père faisant parti de la BVF a été muté. Seulement, Hoky m'avait dit un de ces jours qu'il avait réussi à communiquer avec une personne de Rkown lorsqu'il était à Howa. Je me demandais comme cela était possible.
- Très bonne question. Veux-tu la réponse ?
A peine après avoir posé la question qu'il continua :
- Cela fait fort longtemps que je vis ici, je pourrais te dire un tas de choses, mais je vois que tu as ta priorité, je suppose que tu veux pouvoir discuter avec Hoky. Il existe un moyen en effet. Assez de risque pour être honnête, assez pour ne pas comprendre pourquoi Hoky en a prit pour ne parler qu'avec une simple fille.
- Ah bon ? Fin, je me doutais que ça comportait des risques, mais à ce point-là, ça m'étonne un peu, qu'en est-il du moyen pour communiquer avec Rkown ?
- Quelques fois par semaine, des cargaisons sont en provenance de Rkown pour Howa, ou l'inverse d'ailleurs. Le portail est régulièrement ouvert à ces moments-là, il faudrait à priori que la personne avec qui tu veuilles communiquer soit à l'autre bout du portail et que toi-même soit à l'entrée pour pouvoir lui transmettre le message, par écrit bien sûr. Très risqué cela dit, si tu te fais attraper, je ne sais pas ce que les gardes feront de toi. Mais il existe un autre moyen, moins risqué.
- Je vous écoute.
- Il y a un garde en particulier qui fait secrètement passer des messages à travers les deux villes. Seulement..
- Il faut être digne de sa confiance j'imagine, c'est ça ?
- Oui, tu commences à saisir. Mais pas que, il faut également travailler pour lui. Si tu te loupes, il ne prendra aucun risque et dira aux gardes de mauvaises choses sur toi, assez pour t'offrir un billet non remboursable pour la prison de Rkown.
- Combien de personnes ont tenté le coup ?
- Peu de personnes sont au courant de son double jeu. Et parmi ces gens, peu également se servent de lui. Mais aucun d'eux n'a été malhonnête envers lui. Du moins, de ce que je sais. Je ne connais que son visage, ni son nom ou un quelconque autre détail m'est connu. Je ne vais pas te le décrire, car le trouver est une étape à franchir pour qu'il t'accorde sa confiance.
- J'aurais tellement de questions à lui poser également, je reviendrais plus tard euh.. comment vous appelez-vous ?
- Ne m'appelle pas, tout le monde sait qui je suis, ce que je sais. Mais personne ne me connaît, allez va, Tim, tu as des choses à élucider il me semble non ?
- Merci pour tout, vraiment, je vous en suis très reconnaissant. Mais d'ailleurs, comment connaissez-vous mon prénom ?

Le silence était d'or désormais, il lâcha un simple sourire en guise de réponse et me montra le chemin vers la porte de sortie. Après cela, je guettais aux alentours si les gardes étaient encore de la partie. Puis je fini par rentrer chez moi, plan en tête pour trouver ce fameux messager. Le lendemain allait être une journée compliqué en travail.

Le lendemain, le réveil sonna. J'étais motivé. Je n'avais qu'un seul objectif en tête désormais. Il fallait simplement attendre un temps libre. J'effectua donc mes tâches quotidienne, aller au puit, attendre le repas, croiser les frères E2 et voir leur joie de vivre au quotidien, travailler ect.. J'avais désormais une heure devant moi, je savais plus ou moins comment j'allais m'y prendre.

Premièrement, je savais qu'un homme avec une telle envergure n'allait pas être si ressemblant aux autres gardes. Qu'il traversait Rkown et Howa à travers le portail régulièrement dans la journée. Ce n'était que supposition, mais c'était déjà un bon début pour éliminer des choix. Je me suis donc dirigé vers le portail, comme une simple personne et attendais près d'une maison, assis en regardant les gardes. Quelques uns m'avaient interpellé, ils avaient tous le même uniforme ; noir, avec un chapeau selon la météo et une ceinture blanche. Les gens disent que cette ceinture symboliserait la paix dans le monde. Un des hommes que je soupçonnais d'être le messager faisait de nombreux aller-retour entre Rkown et Howa, mais rien de plus. Un autre en faisait moins régulièrement, mais était très discret et avait l'air de mépriser tout les autres gardes. Le dernier me faisait tourner la tête, il avait l'air de prendre à coeur son rôle de garde, je ne l'avais pour l'instant pas vu aller à Rkown mais était très souriant auprès du peuple, chose rare de nos jours. Cela peut paraître bête, mais c'est ces types de personnes là qui sont souvent le plus suspect à mes yeux. Une heure s'était écoulée depuis mon arrivée, je n'avais remarqué aucun autre garde en particulier, j'ai donc fini par me lancer, en prenant compte du troisième garde et de son comportement envers les gens.

- Aïe ! J'ai trébuché, ouille qu'est-ce que ça fait mal..
Comme prévu, le troisième garde s'approcha de moi et constata mon état. En me demandant comment j'allais, je lui fis :
- J'ai besoin de votre aide.
- Ne vous en faîtes pas, je vais appeler du secours.
- Non, j'ai besoin de votre aide, la vôtre.
- Je ne vois absolument pas de quoi vous voulez parler, souhaitez-vous que j'appelle les secours, oui ou non ?
J'étais désorienté, je ne savais pas quoi en penser, j'espérais que ce garde allait être mon homme.
- Non, non, ne les appelez pas. J'aurais juste besoin d'un peu de répit, j'ai mon ami Hoky qui m'attend à la maison, je ne dois pas tarder.
- Oh très bien, à plus tard et faîtes attention la prochaine fois !
Après cette scène, le garde s'approcha d'un autre que je ne soupçonnais pas du tout. Les deux me regardaient donc désormais. Quelques secondes plus tard, le garde qui m'avait recueilli s'est approché de moi en me disant :
- Reviens d'ici une heure, ce sera lui qui t'enverras un message.
- Lui ? Qui ? Hoky ?
- Ne pose pas de questions, nous savons qui tu es, nous t'offrons le premier message gratuitement.
- Vous savez qui je suis ?
Après ces paroles, le garde s'en alla, il fallait donc que j'attende une heure. Il était 17h45, d'ici une heure le repas pourrait être servi et si je ne suis pas à l'heure, je ne pourrais donc pas manger ce soir.
- C'est pas grave, tant que Hoky me donne de ses nouvelles, tout ira au mieux.
L'heure passée, je me rendis donc au même endroit, comme convenu. Le même garde qui m'avait adressé la parole me tendit une lettre. Je la pris dans ma main et l'ouvra instantanément. Avant d'avoir pu lire le message, le garde me disa :
- Nous ne lui avons pas laissé le temps de te raconter toute sa vie, seulement une phrase était suffisante, nous sommes pointilleux sur ça.
- Oh, je comprends, ne vous en faîtes pas.

Sur le papier, une seule phrase était donc logiquement écrite. J'avais les yeux remplies de peur, mais également d'ignorance.

~ Tim, il se passe des choses bizarres de l'autre côté...
Hoky. ~