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Mélenchon (Le Monde)

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Jul 21st, 2018
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  3. Jean-Luc Mélenchon : « Cette affaire est du niveau du Watergate »
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  5. Dans un entretien au « Monde », le chef de file de La France insoumise décrit une majorité « tetanisée » depuis l'affaire Benalla et demande à Emmanuel Macron « de s'exprimer et d'assumer ». Astrid de Villaines
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  7. Depuis son bureau de l'Assemblée nationale, vendredi 20 juillet, Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, est revenu sur la crise qui touche l'exécutif.
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  9. L'affaire Benalla s'envenime. Comment analysez-vous les derniers événements ?
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  11. Une crise politique est ouverte. L'Assemblée est paralysée. La hiérarchie de la police aussi, parce que trois mises à pied ont bousculé une règle aussi vieille que la haute fonction publique d'Etat : les fonctionnaires servent et obéissent, mais c'est le politique qui endosse les responsabilités.
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  13. Qui est responsable, selon vous ?
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  15. Emmanuel Macron évidemment. Il n'a jamais connu ni géré de crise politique de sa vie, ni en tant que maire, ni en tant que parlementaire, ni en tant que ministre. Il a réagi comme si l'Etat était une entreprise : il met à pied trois chefs de rayons et pense que tout est réglé. Il se trompe. Cette crise va durer.
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  17. Pourquoi ne demandez-vous pas la démission du ministre de l'intérieur ?
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  19. Nous n'avons pas à offrir le nom du fusible à M. Macron. Le ministre de l'intérieur est déjà disqualifié. Il a menti et beaucoup ! Plus aucun policier ne peut croire en sa parole. Bien sûr qu'il va démissionner et il ne sera pas le seul.
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  21. Que demandez-vous à Emmanuel Macron ?
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  23. Je lui demande de s'exprimer et d'assumer en respectant le Parlement. Il pourrait envoyer devant l'Assemblée le ministre de l'intérieur ou le premier ministre au lieu de le leur interdire. Le Parlement ne peut pas interpeller le chef de l'Etat, alors il nous reste la motion de censure.
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  25. Le débat sur la réforme constitutionnelle à l'Assemblée est complètement bloqué. Que répondez-vous à la majorité qui dénonce l'obstruction ?
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  27. Le comportement de la majorité est celui d'un avion sans pilote. On dirait que personne ne veut porter le chapeau. Ils sont tétanisés. Ironie de la situation : l'assemblée étudie un texte constitutionnel qui va affaiblir davantage le parlement. Et tout ce que nous dénonçons dans cette réforme constitutionnelle est en train de se vérifier avant même que cette réforme soit en place.
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  29. A l'aune des événements, avez-vous une autre lecture du mouvement social du printemps et notamment des heurts à la fin des manifestations ?
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  31. Tout au long de la période, et notamment le 1er mai, nous trouvions qu'il y avait une ambiance louche. Comment un événement prévu depuis longtemps a-t-il pu se passer aussi mal ? C'est pour cela que nous avions demandé une commission d'enquête. Les syndicats de policiers ont dit que la pagaille venait d'en haut.
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  33. Souhaitez-vous que les auditions de la commission d'enquête lancée jeudi soient publiques ?
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  35. Oui. Le règlement et notre époque l'exigent.
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  37. Y a-t-il un cabinet de sécurité officieux au plus haut sommet de l'Etat ?
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  39. A l'évidence il y en a un. Il faut le démasquer. Voyez ce troisième homme aux côtés de M. Benalla place de la Contrescarpe : c'est lui qui nous a fait partir, nous, parlementaires en écharpes, de la marche en hommage à Mireille Knoll, au lieu d'éloigner ceux qui nous empêchaient de marcher. Qui est-il ? Qui le commandait ? Il reste beaucoup de questions. Personne ne peut croire que le président de la République ne savait pas.
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  41. Comment qualifiez-vous cette affaire ?
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  43. Elle est du niveau du Watergate. Le monde entier est maintenant au courant. Si le premier ministre était venu nous voir pour assumer et dénoncer une situation inadmissible, on serait sans doute passés à autre chose. M. Macron a pensé que l'affaire s'arrêterait toute seule. Il a commis une erreur grave. Personne ne lâchera prise.
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  45. C'est une comparaison qui va loin...
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  47. C'est aussi une situation énorme. L'un enregistrait des opposants dans son bureau, celui-ci s'organise une milice personnelle. Ce n'est pas rien ! Nous sommes en République ! Il faudrait quand même se le rappeler. Si on ne réagit pas, c'est la porte ouverte à une forme de barbarie où chaque responsable qui exerce un pouvoir serait autorisé à l'exercer sans limite.
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  49. Selon vous, Emmanuel Macron ne va pas tenir...
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  51. Nous allons voir. Une crise, c'est une crise, son issue n'est pas écrite d'avance. Nous aurons fait ce que nous avions à faire comme opposition républicaine. Vous n'avez pas vu de notre part ni surenchère ni provocations. Nous marchons dans les clous de l'institution parlementaire. Des institutions que nous désapprouvons mais que nous respectons. Mais, si eux les détruisent, ils auront fait le travail à notre place.
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  53. A la lumière de cette affaire, ne trouvez-vous pas que vos déclarations sur la presse et « le parti médiatique » étaient exagérées ?
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  55. Je ne vise pas un journal ou un journaliste. C'est l'effet de système qui nous est en général hostile, sauf en ce moment, mais c'est une exception (rires). Je n'ai jamais dit que la démocratie se porterait mieux sans presse, mais nous lui demandons de la transparence et de l'éthique comme pour toutes les institutions.
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