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Dec 11th, 2019
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  1. le 10 décembre. VASSILI FEODOROFF POUR « LE MONDE »
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  3. Alors que le mouvement social menace de se durcir dans la rue, la colère monte également du côté de la police nationale. Les trois principaux syndicats de gardiens de la paix, Unité SGP Police-FO, Alliance Police nationale et UNSA-Police, appellent à un « black-out complet » à partir de mercredi 11 décembre, afin de protester contre la réforme des retraites qui pourrait remettre en cause leur statut particulier.
  4.  
  5. Des fermetures symboliques de commissariats et des grèves du zèle avaient déjà été mises en place depuis le début du mouvement interprofessionnel, le 5 décembre. Les organisations menacent désormais de toucher au point sensible qu’est le maintien de l’ordre.
  6.  
  7. Des compagnies républicaines de sécurité (CRS) pourraient se mobiliser à leur tour et refuser d’assurer, au moins partiellement, leurs missions. « Mardi, nous assurerons le service pour la journée de manifestation, mais à partir de mercredi, nous mettrons le système en croix si nous ne sommes pas entendus », prévient Yves Lefebvre, le patron d’Unité SGP, le syndicat majoritaire au ministère de l’intérieur, qui fait remarquer que les gendarmes ont obtenu, de leur côté, un engagement sur le statu quo. Une alerte prise très au sérieux par les autorités, en cette période de forte mobilisation sociale.
  8. Grève du 10 décembre en direct : à Rouen, Lyon, ou Marseille, nouvelle mobilisation contre la réforme des retraites
  9. Système à deux vitesses
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  11. Des rencontres ont eu lieu ces dernières semaines entre les représentants des fonctionnaires et les locataires de la Place Beauvau, Christophe Castaner et Laurent Nunez, ainsi qu’avec le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, et sa directrice de cabinet. Des entrevues jusque-là infructueuses.
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  13. Actuellement, les fonctionnaires de police bénéficient d’un âge d’ouverture des droits à 52 ans, et d’un âge de départ légal à 57 ans
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  15. Les policiers bénéficient de conditions spéciales liées à la dangerosité de leur métier, avec une bonification d’une année, toutes les cinq années de cotisation, plafonnée à cinq années. Cet avantage pourrait, à l’avenir, n’être réservé qu’à ceux qui auraient exercé vingt-sept ans dans une fonction directement exposée au risque. Un casus belli dans la police où les agents alternent souvent au cours de leur carrière entre des postes sur le terrain et des rôles plus administratifs. Actuellement, les fonctionnaires de police bénéficient d’un âge d’ouverture des droits à 52 ans, et d’un âge de départ légal à 57 ans.
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  17. Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur, a eu beau adresser un courrier signé de sa main aux organisations syndicales, le 4 décembre, à la veille du début de la mobilisation, celui-ci n’a pas eu l’effet escompté. Il y promettait que « des spécificités seront conservées pour les fonctionnaires qui exercent des missions régaliennes de sécurité et d’ordre public pendant une période minimale ».
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  19. Les policiers, qui ont peu apprécié qu’une version quasi copié-collé soit envoyée aux pompiers, y voient la volonté de créer un système à deux vitesses pour les agents exposés et les autres. Les syndicats estiment, par ailleurs, que la négociation se joue en réalité à Matignon et que la décision est entre les mains du premier ministre Edouard Philippe, qui devait s’exprimer mercredi 11 décembre au journal de 20 heures de TF1.
  20. Lire aussi Réforme des retraites : le vrai du faux des régimes spéciaux
  21.  
  22. Au ministère de l’intérieur, on tente de temporiser, en mettant en avant les nombreuses concessions faites aux fonctionnaires au cours de l’année. En décembre 2018, alors que le mouvement des « gilets jaunes » battait son plein, les syndicats avaient déjà menacé les autorités de déposer les armes. Ils avaient obtenu une revalorisation salariale pour tous les agents, étalée en plusieurs étapes au cours de l’année 2019.
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  24. En septembre 2019, le gouvernement s’est aussi engagé à régler, au moins en partie, les très nombreuses heures supplémentaires impayées ainsi qu’à réfléchir à la refonte des cycles horaires qui génèrent mécaniquement une surcharge de travail. Des expérimentations pour une nouvelle organisation sont menées actuellement, qui n’emportent pas l’adhésion.
  25. Front uni
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  27. Les syndicats sont par ailleurs soupçonnés par certains au sein de la hiérarchie de vouloir faire monter la tension sur la dangerosité de la profession. Ces derniers jours, des lettres anonymes ont été reçues par les régisseurs des compagnies de CRS à leur domicile personnel (leurs coordonnées figurent au Journal officiel étant donné leur statut de comptable au sein de leur unité). Signés « ACAB » (« all cops are bastards »), ces courriers promettaient une réponse « œil pour œil » pour chaque blessure de manifestant, menaçant explicitement les familles des fonctionnaires.
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  29. Par ailleurs, à Pontault-Combault (Seine-et-Marne), un agent a vu sa porte recouverte d’inscriptions, parmi lesquelles « Un flic suicidé à moitié pardonné ». Dans la foulée, les organisations ont alerté sur une série de prises à partie d’agents sur la voie publique ou sur le chemin de leur domicile, à Saint-Dizier (Haute-Marne) ou à Choisy-Le Roy (Val-de-Marne). Ces accrochages ne semblent cependant pas forcément liés à leur statut de policier. Des enquêtes ont été chaque fois ouvertes pour déterminer les circonstances exactes des faits.
  30.  
  31. « Il y a un peu une course à l’échalote entre les différents syndicats pour savoir qui aura la main sur la contestation, du coup ils en font beaucoup dans la surenchère », estime un haut gradé, qui souligne l’entrée en vigueur de la loi sur la fonction publique en 2020. La suppression envisagée des commissions administratives paritaires, qui décident des mutations et des avancements, pourrait priver les organisations d’un de leurs principaux leviers d’action et faire baisser la participation aux prochaines élections professionnelles. De quoi resserrer les rangs syndicaux ?
  32. Lire notre enquête : « Allez-y franchement, n’hésitez pas à percuter. Ça fera réfléchir les suivants » : le jour où la doctrine du maintien de l’ordre a basculé
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  34. Ces derniers jours, les vues se sont rapprochées entre Unité SGP Police-FO et ses deux concurrents, Alliance police nationale et UNSA-Police, qui avaient fait cause commune dès le départ. Un front uni qui ne fait pas les affaires de la Place Beauvau, à l’orée d’un hiver mouvementé.
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