Appel à constituer des assemblée inter-luttes partout en France et au-delà !

Voilà maintenant 7 mois que nous, Gilets Jaunes, battons le pavé inlassablement, semaine après semaine, par vents, par neige ou par canicule.

Qu’avons-nous obtenu ?
Du gouvernement, des miettes !

Mais est-ce que ça nous étonne tant que ça ? Est-ce que le premier discours du président qui a suivi le 17 novembre, avec son visage dur et froid, ne nous disait pas déjà la vérité de ce qui allait suivre ? Que ce président nous méprise, qu’il ne reculerait pas dans sa politique des riches contre les pauvres, qu’il nous piétinerait jusqu’au dernier, sans compassion et sans scrupules.
Comme il le fait avec les hôpitaux, avec l’éducation, avec les postiers, avec les cheminots, avec tous les travailleurs mais aussi bientôt les retraités et les chômeurs.

Nous ne sommes pas assez travailleurs, pas assez rentables, trop assistés, il ne cesse pas de nous le répéter dans toutes les petites phrases qu’il laisse échapper quand il fait semblant de rendre visite au peuple mais qu’il ne parvient pas à dissimuler son mépris pour ce peuple.

Mais en vérité nous avons obtenu plein de choses : nous avons redonné de l’espoir à beaucoup de gens qui luttaient déjà et qui ne pensaient pas que la rue pourrait encore leur appartenir. Nous avons suscité l’admiration et inspiré d’autres révoltes ailleurs dans le monde. Nous avons créé des endroits dans les QG des ronds-points, sur les manifestations et actions, dans nos assemblées, où la solidarité et le partage a un sens, où des gens que personne n’écoute jamais ont pris la parole et ont pu proposer et décider des choses.
C’est vrai que nous sommes moins nombreux, que nous devons chaque jour faire face au mépris de celles et ceux qui ne nous ont pas rejoint et parfois nous jugent durement, nous disent de rentrer à la maison. C’est vrai que les médias ont participé à nous invisibiliser, à nous démoraliser, à nous réduire et nous stigmatiser. C’est vrai que la police et la justice nous ont blessés, emprisonnés, humiliés et isolés par milliers et que nous avons souffert du silence de beaucoup de ceux qui nous entourent.

Mais l’heure n’est pas venue de baisser la tête, de rentrer chez nous, si du monde nous a quitté et que nos cabanes sont nombreuses à avoir brûlé, beaucoup restent et sont reconstruites, des assemblées ont toujours lieu partout en France, des milliers de personnes viennent encore sur les manifestations, organisent des dizaines de blocage comme ce samedi 22 juin.
Il y a 7 mois nous sommes arrivés par surprise dans un paysage de luttes que se partageaient jusqu’à ce jour des militants syndicaux, associatifs, politiques en tous genres, qui nous ont souvent accueilli avec méfiance et plein de préjugés, aux premiers jours. Mais nombre d’entre eux ont laissé leurs étiquettes au vestiaire et ont enfilé le gilet jaune parce qu’ils n’avaient plus senti le souffle de la révolution aussi près d’eux depuis de nombreuses années.

Le gouvernement a pris peur, les riches ont pris peur, ils se sont souvenus de la prise de la Bastille, que la colère du peuple pouvait tout emporter en enfonçant les portes d’un ministère. Alors ils ont frappé, durement, ont mutilé et affirmé ensuite que c’était légitime, pour se protéger eux.

Aujourd’hui nous pourrions leur faire encore bien plus peur, en réunissant autour du braséro les postiers, les cheminots, les enseignants, les gilets jaunes, les syndicalistes, les associatifs, et toutes les personnes qui luttent seules ou avec leurs proches ;
Ce dimanche 23 juin, à Bar-le-Duc, nous nous sommes retrouvés dans un parc pour une première assemblée inter-luttes de Meuse. Sont venus des gilets jaunes mais aussi des militants politiques et syndicaux, et pas seulement de Meuse. Et nous sommes ressortis de l’assemblée avec une première date commune et l’envie de tous et toutes d’avoir un calendrier de lutte en commun, notamment pour soutenir les hôpitaux qui appellent désespérément à l’aide.

De la même façon qu’on pensait, à tort, que des personnes aussi différentes ne pourraient pas cohabiter longtemps sous un gilet jaune, nous pouvons nous retrouver dans des assemblées inter-luttes sans forcément que nous nous mettions d’accord sur tout, l’essentiel est que nous puissions agir ensemble, partager nos dates, nous connaître et nous retrouver plus nombreux à certains moments et au fil des prochains mois !

Nous appelons donc partout en France à constituer des assemblées inter-luttes, d’additionner nos colères et non de les exprimer en concurrence les unes avec les autres !

Que la rue revienne au peuple et que la politique se fasse par le peuple et pour peuple !