Le scandale des abus sexuels dans le monde du patinage sur glace connaît un nouvel épisode, à Asnières-sur-Seine. Un ex-entraîneur de la patinoire des Courtines vient d'être mis en examen pour viols et agressions sexuelles, et placé en détention provisoire.
L'ancien entraîneur, 38 ans aujourd'hui, a été arrêté le 11 février chez lui, à Gennevilliers, après que trois de ses anciennes élèves ont déposé plainte, le 4 février, au commissariat local. Ces trois jeunes femmes, âgées de 26 à 30 ans, dénoncent des attouchements, agressions sexuelles et, pour deux d'entre elles, des viols, qu'elles auraient subis lorsqu'elles étaient adolescentes.
Selon leurs récits aux enquêteurs, elles se sont soumises à leur entraîneur dans les vestiaires de la patinoire, chez elles ou parfois chez lui. Les victimes présumées avaient de 14 à 16 ans
L'entraîneur a exercé au club d'Asnières entre 2004 et 2014. Le premier fait dénoncé, une agression sexuelle, remonte à 2005 pour la plaignante la plus âgée, qui avait 16 ans à l'époque. Mais selon un proche de l'affaire, il pourrait s'agir d'un geste maladroit mal interprété.
Les accusations que portent les deux autres plaignantes sont plus lourdes. Elles décrivent des viols commis entre 2007 et 2009. Elles étaient alors âgées de 14 à 16 ans. Lui, patineur avant d'être entraîneur de patinage artistique, avait de 24 à 26 ans au moment des faits reprochés.
Dès la plainte déposée et transmise au parquet, la Sûreté territoriale des Hauts-de-Seine a été saisie de l'enquête, qui a conduit, une semaine plus tard, à l'arrestation et au placement en garde à vue du coach sportif. Celui-ci travaille depuis six dans une boutique de matériel sportif. Pour ses collègues c'est «le choc»
Ses collègues « tombent de l'arbre», résume le supérieur de l'ancien entraîneur. « Je n'ai qu'à me louer de lui. Ce qui arrive est incroyable. C'est quelqu'un de travailleur, très investi, que tout le monde apprécie. »
« C'est le choc », abonde un de ses collègues, encore incrédule. De son camarade de travail désormais en détention provisoire, il dit sobrement : « C'est quelqu'un de bien et très pro ».
Pour ces deux hommes, l'ancien patineur ne peut pas avoir dévié à ce point. « A moins qu'il ait fait quelque chose de vraiment très grave, je le soutiendrai », promet déjà son patron.
Au club Asnières Patinage, l'ancien entraîneur n'a pas non plus laissé derrière lui une réputation sulfureuse. « On n'a jamais entendu parler de lui en ces termes », assure-t-on dans l'équipe dirigeante. «Des rapports sexuels consentis», selon la défense
En garde à vue, celui que les patineuses accusent n'a pas nié avoir eu des relations sexuelles avec deux des plaignantes. Des relations consenties, affirme-t-il.
« Il s'agit de rapports sexuels consentis lorsqu'il était jeune entraîneur, appuie l'avocate de l'intéressé, Me Margaux Mathieu, du cabinet Temime. Les deux plaignantes avaient une quinzaine d'années. Il n'y a jamais eu la moindre violence, ce n'est d'ailleurs pas contesté. Mon client réserve ses explications au magistrat qui instruit le dossier. »
Ces trois jeunes femmes ont déposé plainte le jour même de l'ouverture d'une enquête, à Paris, sur les accusations de viols et agressions sexuelles que la championne Sarah Abitbol a dénoncé dans un livre, « Le Silence». Un livre, qui a provoqué une déflagration dans le milieu du patinage en particulier, du sport en général. Et, visiblement, libéré la parole de potentielles victimes des déviances de leurs entraîneurs.