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Oct 23rd, 2016
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  1. Michael Stora : « Ces jeunes femmes flirtent avec un masochisme mortifère »
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  3. Le psychanalyste Michael Stora est cofondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines
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  5. Comment expliquer cette fascination pour les victimes ?
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  7. En France, il y a une culture victimaire très forte. Cette valorisation de la position de victime s’inscrit dans un héritage chrétien d’empathie très forte avec celui qui souffre. On est fasciné par des personnalités qui pourraient être des Christ en puissance, des martyrs, comme c’est le cas des victimes des attentats du 13 novembre 2015. Les victimes sont perçues comme des êtres différents, qui rayonnent de leur souffrance, revêtant ainsi une image de héros.
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  9. La majorité des « groupies » sont jeunes, comment explique-t-on cela ?
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  11. Il y a des périodes de notre vie où l’on est davantage perméable à la fascination. A l’adolescence (ou lors d’une adolescence qui perdure), on passe par ce processus d’identification aux victimes avec l’idée que la victime est pure. Ce postulat permet d’éviter la confrontation aux fantasmes. Les jeunes femmes en admiration devant les victimes les perçoivent comme des personnes dégagées de leurs pulsions, des personnes qui ne seraient plus que des êtres de souffrance.
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  13. La puissance des réseaux sociaux modifie-t-elle ce phénomène ?
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  15. Avec les réseaux sociaux, cette fascination s’opère avec quelqu’un l’on ne connaît pas, sur qui on ne sait rien, d’où la question du transfert qui s’opère ici de manière folle et passionnelle. L’absence de réponse va permettre de projeter la passion, cela va amplifier ce phénomène de projection amoureuse. La relation virtuelle est forcément une relation passionnelle, car ce qui est surinvesti, ce n’est pas l’autre, mais la relation. C’est un repli narcissique qui sert à se dégager de la relation à l’autre et de la relation à soi. C’est une fuite.
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  17. Cet engouement pour des victimes a-t-il quelque chose de malsain ?
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  19. En entrant en contact avec des victimes, ces jeunes femmes vont chercher à devenir elles-mêmes victimes. On flirte avec un masochisme mortifère, dans lequel les « groupies » cherchent à prendre du plaisir dans la souffrance. Cette dévotion en miroir pour les « vraies » victimes n’est saine ni pour ces jeunes femmes ni pour leur entourage, car ces personnes vont se mettre dans des situations où elles nourrissent une position de victime.
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